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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 10:26
barbarie
barbarie

Nous sommes tous des "barbares"

A la fin du XX° siècle, des intellectuels ont créé "L'Académie universelle des cultures" : ils s'étaient assigné pour objectif de penser le XXI° siècle, et, en particulier, le métissage des civilisations et la lutte contre l'intolérance... Impuissance des intellos engagés... On voir où l'on en est : guerres, tortures, terrorisme, barbaries en tous genres...

Barbarie, parlons-en ! Les médias occidentaux n'ont que ce mot à la bouche, à la plume, à l'image...En effet, depuis que des extrémistes islamistes ont égorgé devant une caméra, pour une information spectaculaire mondiale, nos yeux se sont effrayés...

Comme l'écrivait William Golding, "Le mal absolu est au coeur de l'Homme."

"Barbare "signifie " Celui qui ne sait s'exprimer." Pour les Romains, c'était "l'étranger", celui avec qui on ne communique pas; en effet, le dialogue est impossible entre les Occidentaux et les intégristes musulmans. La seule solution c'est tuer, éliminer...

Or ces djidahistes savent ce qu'ils font; ils croient lutter pour leur vérité, un idéal religieux, qui leur montre les atrocités coloniales et guerrières des Occidentaux depuis des siècles : Moyen-Orient, Afrique exploitées pour leurs richesses naturelles, Américains utilisant le napalm au Viet-Nam, après avoir opéré un génocide des Indiens, Espagnols et Portugais décimant les Amérindiens au nom de la religion chrétienne, Français torturant en Algérie et répondant à la "barbarie" des militants du FLN…Litanie des barbaries sous tous les cieux, et ne parlons pas des nazis et des camps de la mort staliniens ou khmers...

La barbarie n'est donc pas une pratique neuve, contemporaine; ce qui est nouveau, c'est son aspect médiatique : montrer l'horreur dans une mise en scène macabre. Le "spectacle" donné à voir à la télévision est plus horrible que l'événement lu, raconté dans le journal : l'image est toujours plus insoutenable, c'est pour cela qu'elle est censurée par la quasi totalité des médias.

Nos commentateurs et nos dirigeants semblent découvrir la "barbarie"; et le bon peuple est révolté, à la suite de leurs commentaires et de leurs cris de "vierges effarouchées"; or le crime barbare marque l'Histoire des hommes : sans remonter à la préhistoire où régnait la loi de la jungle, ni l'Antiquité, où esclaves et prisonniers mouraient lors de la construction de monuments admirables, on peut parler des guerres de religions en France (la Saint-Barthélémy), des massacres vendéens et de la guillotine durant la Révolution, des exactions lors des guerres coloniales : viols, tortures, destructions de villages entiers et monstration de ces actes barbares…Des photos montrent encore les criminels exhibant leurs trophées : victimes innocentes souvent (villageois, jeunes filles violentées) même si le contexte de la guerre permet la barbarie et le non-respect de la loi et des valeurs humaines….A la guerre, tout est permis ! Et les Djidahistes sont en guerre ! (ceci n'est pas une excuse, bien sûr, mais ils ne font qu'utiliser des méthodes ancestrales…) !

N'oublions pas non plus que la "barbarie" montrée en place publique était acceptée par tous, lors de décapitations de traîtres, à l'issue de la seconde guerre mondiale : épuration et vengeances barbaresques en tous genres. On décapitait parfois un innocent…comme les terroristes islamistes le font aujourd'hui, au nom de leur croyance...

JPBonnel

- - - document : Barbarie disent-ils…

Les décapitations filmées d’otages occidentaux en Irak et d’un randonneur français en Algérie suscitent légitimement un sentiment d’horreur et une condamnation unanime et sans appel. Ces assassinats insensés ne peuvent être le fait que de criminels pervers au service d’une idéologie déviante. Ces mises en scène macabres viennent à la suite d’images tout aussi insoutenables montrant des exécutions de masse d’hommes désarmés. L’émotion produite par ce théâtre de la cruauté est cependant froidement manipulée par des médias et des relais politiques en Occident. La qualification sans cesse reprise de « barbaries », perpétrées par des « barbares », répond à la volonté de déshumaniser les auteurs de ces atrocités. Hors du limès de la Civilisation, ils ne relèvent plus du droit commun et ne sont plus passibles des lois ordinaires. Il s’agit pour la propagande blanche, conforme à ses usages établis et ses traditions éprouvées, de dénoncer l’irréductible barbarie de « l’autre » présenté comme totalité indistincte pour mieux soumettre ou exterminer, au-delà des criminels, toute une société. Ou comme dans les cas de l’Irak et de la Syrie de détruire des Etats.

Ces assassinats médiatiques sont représentés par les organes de propagande comme des actes irrationnels d’une radicale altérité, quasiment non-humaine. Mais bien davantage, des échelles du Levant à celles de Barbarie, ces atrocités seraient inhérentes à une sphère ethnico-religieuse, l’Islam, qui malgré des nuances langagières, reste intrinsèquement dangereuse, quasi-incompréhensible et systématiquement opposée à un Occident dont, par essence et définition, les valeurs humanistes sont définitivement supérieures à toutes les autres.

Dans un amalgame éhonté mais clairement assumé, les musulmans d’ici et d’ailleurs, suspectés de connivence « culturelle » avec les assassins, sont sommés par des policiers de la pensée de se désolidariser publiquement de ces crimes. Il leur est enjoint d’approuver la nouvelle guerre moyen-orientale de l’Occident et les bombardements « vengeurs » décidés par la Civilisation.

Ces arguments d’une propagande essentialiste visant à diaboliser des communautés toutes entières sont odieux et totalement ineptes. Cette propagande de stigmatisation et de culpabilisation est d’autant plus inacceptable que ces journalistes-procureurs seraient particulièrement bien placés, s’ils faisaient leur métier, pour évoquer, en spécialistes, la sauvagerie systématique et des exactions d’une ampleur sanguinaire inouïe de ceux dont les armes se tournent contre les populations arabo-musulmanes depuis des décennies.

Ces journalistes, qui martèlent le mot de barbarie, qu’ont-ils écrit sur les centaines de milliers de morts civiles en Irak, sur le recours au phosphore blanc et aux munitions à l’uranium appauvri contre des populations civiles ? Qui parmi ces parangons de la Civilisation a évoqué le sort de ces dizaines d’enfants mal formés à Falloujah et ailleurs du fait de l’utilisation d’armes interdites ?

A-t-on entendu des cris d’indignation de la part de cette presse au garde-à-vous, lorsque la très civilisée Madeleine Albright, ancienne secrétaire d’état américaine, justifiait la mort de cinq cent mille enfants irakiens ? Qui de cette presse ou de ces chaines de télévision s’est insurgé devant le fait que dans ce pays des droits de l’homme des criminels au moins aussi sadiques que ceux de l’Etat Islamique puissent mourir dans leurs lits grâce aux amnisties et à l’amnésie d’Etat ?

Mais il n’est nul besoin de remonter aux guerres coloniales au nom des « Lumières » de la génération précédente pour reconnaitre une même sauvagerie contemporaine, tout aussi indécente, qui se drape des valeurs de la Démocratie et des Droits de l’Homme. Barack Obama, prix Nobel de la paix, peut ainsi mener sept guerres depuis qu’il a reçu cette distinction qui a définitivement perdu toute signification morale. Qui parmi ces médias évoque les dizaines de milliers de victimes innocentes des frappes de drones à travers le monde ? La mort, sous les missiles guidés et les bombes « intelligentes », de cinq cent enfants de Ghaza n’est -elle pas une « barbarie » ? Tout comme les bombardements d’écoles gérées par les Nations Unies seraient tout au plus les dégâts collatéraux de frappes chirurgicales. Il est vrai que sans images et ensevelis sous la mystification et le silence complice des journalistes de l’infotainment, les dizaines de milliers de morts des guerres asymétriques n’existent pas. Pures statistiques, les cadavres déchiquetés de pauvres et de désarmés ne suscitent aucune émotion.

Il n’est donc nul besoin d’effectuer de minutieuses recherches pour découvrir que la réalité de la « barbarie » est fort différente de ce que cette presse en battle-dress veut faire accroire. On ne tentera pas non plus d’établir ici la généalogie politique de l’Islamisme fanatique fabriqué par les monarchies du Golfe et armé par l’Occident. Qui se souvient des missiles français Milan, des armes anglaises et américaines généreusement fournis aux « moudjahidine » afghans, hier freedom-fighters et aujourd’hui talibans extrémistes ?

Les mises en scène d’assassinats abjects dans des circonstances horribles par des psychopathes apolitiques ne peuvent, en aucun cas, servir de prétexte à des manipulations haineuses. Le discours sur la barbarie asséné par les relais de propagande, destiné à désigner de faux ennemis intérieurs, vise à faire taire ceux parmi les musulmans en Europe qui dénoncent les aventures guerrières au Moyen-Orient. A faire oublier ceux commis par les alliés de l’Occident. Et également, en jouant sur la peur à jeter en pâture des minorités visibles « d’apparence musulmane » à une opinion matraquée que l’on cherche à conditionner depuis des années. Ces gesticulations autour d’une soi-disant barbarie musulmane ne parviennent pas à masquer la vérité sanglante d’un Occident colonialiste hier, impérialiste aujourd’hui, qui assume sans discontinuer depuis le dix-neuvième siècle ses guerres éminemment civilisées et très sanguinaires dans le monde arabo-musulman. Les criminels de l’Etat Islamique ont été à bonne école.

Dans le dispositif éprouvé de préparation psychologique, la barbarie de l’autre est la justification ultime de la guerre. Or, les « guerres » éternelles contre le terrorisme, engagées depuis des dizaines d’années, loin d’avoir endigué le phénomène, l’ont généralisé et complexifié. Il ne fait guère de doute, à la lumière de l’expérience, que le refus d’approches politiques et la fascination pour la guerre manifestée par les dirigeants occidentaux, outre une dangereuse régression du droit international, ne produira qu’un surcroit de subversion.

Les premiers et les pires barbares sont parmi nous.

FONDATION FRANTZ FANON
27 septembre 2014 - (lundi 29 septembre 2014)

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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