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21 février 2015 6 21 /02 /février /2015 11:16
Survol du camp d'Argelès en février 1939

Survol du camp d'Argelès en février 1939

Exposition

De la chute de Barcelone à la Retirada.

Report of Wide World Photo for The New York Times

Depuis 1989, Perpignan est l'incontestable capitale internationale du photojournalisme. Pourtant, 50 auparavant, la ville est déjà projetée au premier plan de l'actualité mondiale, au cœur de l'activité des photojournalistes avec la Retirada. La chute de Barcelone, le 26 janvier 1939, provoque le premier exode civil de masse en Europe. Le département des Pyrénées-Orientales passe ainsi, en seulement deux semaines, de 250 000 habitants à près de 800 000. L'urgence humanitaire se double alors d'une crise sanitaire de premier ordre et trois immenses camps de concentration sont établis sur la côte roussillonnaise. Près de 330 000 républicains espagnols y seront internés.

La Retirada à la une de la presse internationale

Du 27 janvier au 10 février 1939, la Retirada est couverte par la presse internationale. A partir du 28 janvier 1939, un pool de plus de 135 journalistes rejoint le Roussillon pour informer les lecteurs de cet événement majeur de la politique internationale qui annonce la chute de la République espagnole. De nombreux photojournalistes sont également présents à la frontière catalane et réalisent pour les agences photographiques comme Fulgur, Keystone ou Wide World Photo for The New York Times une série de reportages pour les plus grands titres.

Retirada, Perpignan en état d'urgence

Les bureaux parisiens de l'agence américaine Wide World Photo for The New York Times [Photo NYT] restent, durant toute la Retirada, en liaison directe avec son correspondant local, le Studio Chauvin. Les clichés pris par une dizaine de photojournalistes à Cerbère, Port-Vendres, Le Perthus, Saint-Laurent-de-Cerdans ou Bourg-Madame sont envoyés par Bélinogramme depuis le siège du studio d'Augustin Chauvin, situé au 13 boulevard Clemenceau, à ceux de la délégation parisienne de l'agence photographique américaine. La position hégémonique sur le marché de la photo de presse de Photo NYT permet aux images qu'elle diffuse de faire les unes des grands journaux toutefois certaines, comme le démontre l'exposition « De la chute de Barcelone à la Retirada. Report of Wide World Photo for The New York Times », sont demeurées jusqu'à aujourd'hui inédites.

Capa, Chim ou Chauvin... le reportage de NYT Photo

Les 42 tirages photographiques originaux présentés à l’exposition du MUME –qui furent montrés l’année dernière à la Casa de la Generalitat de Catalunya à Perpignan– permettent de redécouvrir un patrimoine visuel essentiel de l'histoire du XXe siècle mais également d'éclairer d'un jour nouveau celle du photojournalisme. En effet, par la couverture dynamique et engagée de la Guerre Civile espagnole, cette profession gagne ses premières lettres de noblesse et les photo-reporters sortent enfin de l'anonymat. Ils commencent à représenter des signatures reconnues et leur écriture photographique des faits bénéficie d'une véritable reconnaissance populaire. Le reportage de Photo NYT reprend les clichés pris en Roussillon de son correspondant local, Augustin Chauvin, ainsi que ceux de deux noms émergents de la photo de presse : David Seymour-Chim ou Robert Capa.

« Capa saint et sauf à Perpignan »

Le 28 janvier, ces deux photo-reporters sont présents sur la frontière catalane. Robert Capa quitte définitivement l'Espagne. L'exposition « De la chute de Barcelone à la Retirada. Report of Wide World Photo for The New York Times » montre deux clichés pris ce jour-là. La communication de ces clichés aux bureaux parisiens de Photo NYT permet d'avoir les premières nouvelles de Capa depuis le 26 janvier. Le photo-reporter avait donc réchappé aux bombardement de l'aviation fasciste qui pilonnait l'avancée des réfugiés républicain vers la frontière. Olivia Chambers, des bureaux parisiens de The March of Time annonce au directeur de la photographie du magazine Life par télégramme : « Capa sain et sauf à Perpignan ». Wilson Hicks envoie en réponse, le 31 janvier 1939, le message suivant : « Vous auriez pu y rester, comme je le craignais, après le travail photographique que vous avez réalisé dans l'Espagne loyaliste, vous n'auriez pas été bien traité par les ennemis des loyalistes si vous étiez tombé entre leurs mains. Life a été très satisfait de vos photos d'Espagne et de Chine. J'espère que votre modestie n'en souffrira pas si je vous dis que vous êtes aujourd'hui le photographe de guerre numéro un ».

Rober Capa couronné à Perpignan en 1939

Pour le commissaire de l'exposition « De la chute de Barcelone à la Retirada. Report of Wide World Photo for The New York Times », Eric Forcada, « il était important, que en 2014, année de célébration du 75e anniversaire de la Retirada et 25e anniversaire de la création du festival Visa pour l'image de revenir sur un événement qui a impacté de manière décisive l'histoire du XXe siècle ainsi que celle du photojournalisme. Si la relation entre photojournalisme et Guerre d'Espagne a été largement étudiée, celle qu'il a entretenu avec la Retirada reste quasiment inédite. Cette exposition ainsi que son catalogue entendent participer à la réparation de cet oubli ».

Lorsqu'en 1946, Robert Capa écrit ses mémoires de guerre, « Sligthly out of focus – Juste un peu flou », il entend rappeler le sens et le poids historiques de son reportage du mois de janvier 1939. « Les journalistes avaient écrit leurs articles, j'avais pris mes photos mais cela n'intéressait personne ou presque, et quelques années plus tard, des milliers d'autres êtres humains en fuite avaient couru sur des milliers d'autres routes et s'étaient fait tuer, devant les mêmes troupes et les mêmes croix gammées ».

Le photographe de guerre numéro un exprime ainsi l'une des missions essentielles du photojournalisme, celle de témoigner de l'horreur, la montrer au monde, pour qu'elle ne se répète.

Vous pouvez télécharger des images des œuvres exposées sur “ HYPERLINK "https://www.dropbox.com/sh/otozb0jdqs3hv43/AABVg3FEJu9F5V9sJgjqBPhYa?dl=0" Dropbox”.

Exposition :

« De la chute de Barcelone à la Retirada. Report of Wide World Photo for The New York Times »

Commissaire : Eric Forcada

Lieu : Museu Memorial de l’Exili

Dates : du 24 janvier au 22 mars 2015

Entrée : libre

Renseignements : 00 34 972556533 + QR Code

L'exposition « De la chute de Barcelone à la Retirada. Report of Wide World Photo for The New York Times » est une production de la Casa de la Generalitat de Catalunya a Perpinyà, de Mare Nostrum Éditions avec la collaboration du Museu Memorial de l'Exili de la Jonquera. Elle compte avec le soutien de la Ville de Perpignan

Catalogue:

« De la chute de Barcelone à la Retirada. Report of Wide World Photo for The New York Times »

Auteur : Eric Forcada

Langues : Français, Catalan & Anglais

Pages : 128 p.

Prix : 25 euros

Éditions : Mare Nostrum Éditions, Perpignan

Renseignements : www.marenostrumedition.com

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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