Collioure : itinéraire des lieux insolites ou méconnus
Tout le monde connaît l'église de Notre-Dame des Anges dont le fameux clocher a été diffusé de par le monde, depuis la fin du XIX° siècle, par le peintre Signac puis, à partir de 1905 par les "Fauves" Derain et Matisse, venus habiter à Collioure et s'étonner devant les bâtons de dynamite de la couleur locale !
De même, les touristes visitent le Château Royal des rois d'Aragon et les plus courageux montent jusqu'au Fort Saint-Elme, au-dessus du moulin et de la colline Matisse…
Cependant, la baie du petit port, "cernée par un cirque de montagnes", comme l'écrit Patrice Teisseire-Dufour (*) présente des lieux insolites, des objets anodins au premier abord, mais historiques et chargés de signification et de culture…
Ainsi, en marge de la contemplation passive de la lumière unique du site, à l'écart des galeries de peinture et des cafés qui bordent les plages et le Boramar, le promeneur sera intrigué par la tour du port d'Avall : à la plage du faubourg, plus populaire, la tour de douane marque l'ancienne présence de l'ancien fanal du XIII° siècle : ce monument discret est remarquable grâce à sa robe de schiste, la pierre du pays et du massif proche des Albères…
Ancien port de l'antique Illibéris, actuelle ville d'Elne, Collioure (appelée autrefois Caucolibéris ou port de la ville nouvelle), la station touristique possède aujourd'hui peu de marques de son prestigieux passé : peu de barques catalanes, quelques bittes d'amarrage… Il faut cependant être attentif aux quais et aux baloirs (parties du quai) et, en particulier, au magnifique cabestan qui a été bien conservé sur la plage du Boramar, entre deux cafés : ce cabestan servait à tirer la barque de l'eau et à la faire monter sur la grève.
En passant devant la façade de l'église marine, il faut lever les yeux pour lire l'inscription qui date de la révolution française, unique sur un édifice religieux consacré au rite : "liberté, égalité, fraternité" : le promeneur pourra entrer et considérer les neuf retables; dehors, il pourra admirer l'architecture de cet édifice en forme de bastion militaire ou de navire, la proue face à la mer; l'usage est de plaisanter sur la forme et la couleur rose du clocher, ancien phare ou fanal; surtout il faut s'extasier sur les mâchicoulis en brique qui cachent des latrines, construites pour l'armée en 1725, et en activité il y encore un an…
La foule envahit les plages et les restaurants du Boramar; pour trouver le calme et l'insolite, il faut monter dans le quartier de ruelles qui abrite la rue Bellevue, ou la rue Saint-Jean…On découvre alors la maison rose du peintre Willy Mucha qui résida longtemps à Collioure et confectionna un livre d'or esthétique aussi admirable que celui qui est conservé par le célèbre café des Templiers, tapissé de centaines de tableaux…
La flânerie prendra fin avec le parcours des placettes où s'organisent d'inlassables palabres : c'est surtout durant la saison creuse que les "sénateurs" colliourencs parlent, place du 18 juin, ou sur le boulodrome au pied du château, ou encore à l'ombre des platanes, près de l'auberge Quintana, qui fut la halte ultime du poète machado.
Les lieux les plus étranges seront la Rue du Soleil, rendue célèbre par le romancier local, mais publié chez Gallimard, François Bernardi, dans le haut quartier du Faubourg, ainsi que les jubeas et autres arbres exotiques de la villa Palmar, trouvée en remontant le cours du Doui : il s'agit de la maison de Charles Naudin, botaniste qui créa là un jardin d'acclamation qui inspira Matisse…
Voici des détails peu connus et des endroits peu parcourus ! Bien sûr, il ne faut pas négliger les hauts lieux de Collioure, et en particulier le musée d'art moderne, près de la coopérative vinicole des Dominicains, qui convie à une belle promenade vers le moulin, entre les oliviers et les terrasses bordées de schiste, les fameuses et savantes "fixes" catalanes…
Jean-Pierre Bonnel
(article envoyée au journal L'Indépendant début juillet, non publié)
(*) revue Pyrénées, n° spécial, été 2015 : "Balades et randonnées"- 6,95 euros.
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* Perpignan, festival Sirocco :
Festival Sirocco
Du 8 au 11 septembre
Mardi 8 septembre 18h30 Palais des rois de Majorque
Vernissage des expositions Valérie Renoux, Hassan Madji, Brahim Karim & Mohamed Barakat
Mercredi 9 septembre 16h Palais des rois de Majorque
Contes pour enfants
Jeudi 10 septembre Palais des rois de Majorque
19h Conférence-débat Les portes des Orients par Alem Sarre Garcia
Vendredi 11 septembre Palais des rois de Majorque
17h Ouverture du marché des créateurs
18h30 Chants du monde
20h Jo « Stick »
21h30 Marita Musiques du monde
23h. Ezza