Violences de l'Etat, du salariat, de Picasso (Aux Abattoirs, au Grand Palais)

Place Picasso, galerie d'art Miliou, Céret

*Picasso, ça rapporte et le musée du Marais, à Paris, loue les oeuvres à l'étranger et, en ce moment, aux Abattoirs de Toulouse, musée d'art contemporain.*

Je constate d'abord que la statue de MAILLOL, installée autrefois à l'arrière du bâtiment, en extérieur, et consacrée à l'aviation, a disparu...

Ensuite, je rentre dans le volumineux espace qui fut consacré à l'abattage des animaux, avec les violences et défoulements humains que l'on connaît : j'ai assisté à des tueries de moutons à coup de masse sur le crâne… Ainsi, les monstruosités, les êtres hybrides et la violence de monde montrée par Pablo, ne sont pas déplacées…

Le musée déploie des petits formats et des brouillons (à part l'énorme "Dépouille du Minotaure en costume d'Arlequin") sur des murs immenses, dans des salles où le visiteur déambule, comme dans une bulle vide… Expo décevante, comme, à Paris, au Grand Palais, la "Picasso. mania" qui tente de montrer la postérité du peintre...

La violence marque l'évolution de l'homme, avec ses guerres, ses massacres, ses génocides… De nos jours, la violence est partout, à la télé, dans les séries policières, dans les ventes d'armes autorisées en Amérique, dans les bombardements que s'autorisent les grandes puissances : la Russie défendant le sanguinaire Bachar, les USA bombardant un hôpital, la France, se disant en légitime défense, menant seule des raids en Syrie...

L'Etat exprime chaque jour sa violence "légitime" (pour préserver la sécurité des citoyens, la police et l'armée peuvent exercer leur violence) avec ses répressions et son cortège de morts injustes, de Charonne à M. Houcekine, jusqu'au jeune écolo Rémi Fraysse, il y a peu...

Vous allez dire : ils ont été élus de façon démocratique, ils peuvent mettre en branle la violence qui leur semble juste, participer à une guerre pour vendre des armes et c'est bon pour notre industrie !

Cependant les bavures sont légion et, par chance, des contre-pouvoirs existent : associations, syndicats, avocats non véreux, lanceurs d'alerte, journalistes honnêtes...

Mais quand des syndicalistes molestent et dénudent des dirigeants d'entreprise, on a l'impression qu'il s'agit de violence barbare, injuste...

Or, si vous apprenez que 7900 licenciements (cas à Air France) sont programmés, que vous risquez le chômage, la pauvreté, le délitement de votre couple, l'exil hors de la société, votre réaction violente n'est-elle pas légitime ? Elle est compréhensible et si elle demeure silencieuse, personne ne parlera de vous...

La violence du salariat (plus personne n'ose parler de prolétariat, et le langage marxiste est refoulé, comme suranné ou…trop dangereux ?) a le droit de s'exprimer à l'encontre des dirigeants, des élus responsables, tout en respectant leur intégrité physique…

Mais quand la révolte brute, désordonnée, s'organise en révolution, tout est possible, tout est permis et la société française, engluée dans la crise du libéralisme, dans le chômage, la désindustrialisation et les problèmes autour de l'identité et de l'immigration, pourrait voir la violence des catégories sociales s'exacerber...

JPB

* Picasso, horizon mythologique, jusqu'au 31 janvier 2016, de 12 h à 18h (7 euros-05 34 51 10 60)