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25 octobre 2016 2 25 /10 /octobre /2016 08:04
Gustav Malher et sa "sirène diabolique" - Alma par Oscar Kokochka - couverture du livre de F.Giroud
Gustav Malher et sa "sirène diabolique" - Alma par Oscar Kokochka - couverture du livre de F.Giroud
Gustav Malher et sa "sirène diabolique" - Alma par Oscar Kokochka - couverture du livre de F.Giroud

Gustav Malher et sa "sirène diabolique" - Alma par Oscar Kokochka - couverture du livre de F.Giroud

Alma Malher, la belle intellectuelle viennoise, de Berlin à Cerbère (Pays catalan)

 

En lisant la biographie de l'"épouse du grand compositeur, on se demande où l'auteur a mis la vérité et s'il ne s'est pas laissé déporter du côté des rumeurs er des légendes pour plaire au public et insister sur ce destin unique...

C'est, cependant, une initiation à la vie d'une femme mue par l'art et l'amour...

Il faut la placer dans le contexte de l'Autriche qui a compris que la culture et l'art pouvait gommer les nationalismes agités au coeur de l'empire multinational. Mais la "joyeuse apocalypse" va arriver : le fascisme, l'antisémitisme, l'exil des élites juives et intellectuelles...

Ses laissons et mariages sont multiples : après Schlinder, elle se remarie avec K.Moll; puis c'est la passion avec Gustav. Celui-ci est vite attrapé par la maladie (crises d'hémorroïdes, page 44 créant des hémorragies internes lui faisant frôler la mort. ces "maux souterrains" se poursuivent avec une gravissime maladie cardiaque.

 

Les lettres d'amour du musicien sont impérissables, surtout les vingt pages datées du 19 déc. 1901 Pourtant un traumatisme de l'enfance va l'éloigner du lit conjugal commun et des liaisons sexuelles : Malher était obsédé par l'image de la Vierge comme figure représentative de l'idéal féminin qui élève l'homme…

Le livre est intéressant car il évoque toute une époque intellectuelle, ainsi la figure de Karl Kraus (p. 84) dont le portait a été fait par W. Benjamin (Ecrits français f folio Gallimard)

Dans le mariage avec un homme aussi célèbre, Alma va s'effacer, renoncer à son art, et devenir une femme au foyer. Complice de son homme, enfants…puis la trahison, les rapports extra-conjugaux: c'est l'adultère avec Gropius. Mais elle ne quitte pas Gustav : pour ne pas le tuer ou parce que "sa soif d'égards, son appétit de dominâaion vont être comblés"..?

Ensuite, à trente-deux ans, c'est la passion physique avec Kokoschka : "Il la peint tout le temps, il est jaloux possessif…"

Les laissons et mariages avec les grands artistes et écrivains du rems se poursuivent : le 18.8.1915, Alma Schindler veuve Malher épouse, à 36 ans, le lieutenant Walter Gropius, 31 ans, futur créateur du Banhaus, installé en 1933 dans une usine désaffectée et investi par la police nazie car le mouvement artistique est considéré commune "source de l'art dégénéré et "bouillon e culture bolchevique"…Il se réfugiera à Londres. Alma a une fille avec lui, Manon qui mourra très jeune et pour qui Alban Berg composera le "Concerto à la mémoire d'un ange"…

Enfin, c'est l'amour avec l'écrivain Franz Werfel, qui obtiendra la gloire aux USA. Ils sont heureux, voyagent en Italie en 1938 mais l'Allemagne va annexer l'Autriche. C'est l'exil : elle, l'antisémite, va partir en exode avec les juifs, les apatrides pourchassés par Hitler. Emigrée, la voici à Zurich, puis Paris, à Sanary, enfin à Marseille pour tenter de s'embarquer pour l'Amérique; mais pas de visa…Ils tentent de se rendre à Bordeaux, mais sont bloqués à Carcassonne….

Ils arrivent à prendre un train mais sont bloqués à Pau, puis à Lourdes: ils perdent leurs mallettes …Tout cela fait penser aux derniers jours de W. Benjamin : Lourdes, Marseille, la mallette perdue, la traversée des Pyrénées…

Enfin, Varian Fry va les aider : un visa américain sur leur passeport tchèque, mais pas question d'avoir un visa de sortie de France (régime de Vichy).

L'Américain chargé par les USA d'aider les réfugiés d'une certaine notoriété, va désigner un jeune passeur catalan pour guider, à travers les Pyrénées, de Cerbère à Portbou, Alma, le clan Werfel, Golo, le fils de Thomas Mann, son frère Heinrich et son épouse.

 

Ayant franchi les Albères, le groupe retrouve FRY à Portbou, qui les attend avec tous leurs bagages; ils vont passer au Portugal et s'embarquent sur un bateau grec. A New York, Klauss Mann, le fils aîné de Thomas, attend le bateau des réfugiés, intellectuels autrichiens et allemands. Ils sont en bonne forme et ont le teint hâlé à cause du beau temps au cours de la longue traversée. Seule Alma, écrit Klauss, "paraît un peu rapetissée; elle a l'air d'une reine déchue."

En effet, c'est la fin du voyage pour Alma: la vieillesse, le déclin de son royaume, et la mort…

 

JPBonnel

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* biblio (extrait wikipédia) : Fille du peintre paysagiste Emil Jakob Schindler et de sa femme Anna Bergen (1857-1938), Alma grandit à Vienne. Parmi les amis de son père, on compteGustav Klimt, à qui elle aurait donné son « premier baiser ».

Elle est généralement reconnue comme une femme ambitieuse que plusieurs contemporains décrivent négativement. La lecture croisée du chapitre féroce d'Elias Canetti ("Trophées" dans Jeu de regard. Histoire d'une vie. 1931-1937.), du journal intime d'Alma (qui contient ses propres hésitations et aspirations) et de la somme d'Henry-Louis de La Grange, biographe de Mahler, permet de se faire une idée des tiraillements entre la légende et le caractère réel de la femme qu'on devine pas toujours facile à saisir.

Issue d'un milieu cultivé, musicienne, belle, intelligente, indépendante d'esprit, Alma est courtisée du Tout-Vienne. Elle fréquente quelques personnages éminents de la capitale, dont Klimt, le directeur de théâtre Max Burckhard et le compositeur Alexander von Zemlinsky. C'est en 1901, lors d'une soirée chez Bertha Zuckerkandl (belle-sœur de Georges Clemenceau) qu'elle fait la connaissance de Gustav Mahler arrivé à Vienne depuis peu1. Un an après ils se marient. Alma et Gustav, de dix-neuf ans son aîné, mènent une vie de couple tumultueuse. C'est l'amour passion même si la nature possessive d'Alma et son aptitude à séduire tous les grands hommes passant sur son chemin mettent plusieurs fois en péril l'harmonie du couple. Son charme naturel et sa vivacité transforment Mahler qui rencontre, grâce à elle, d'éminents artistes comme le poète dramatique Gerhart Hauptmann, les peintres Gustav Klimt et Koloman Moser ou le chef de file de l'avant-garde musicale viennoise, Arnold Schönberg.

 

** Alma par F. Giroud : 4ème de couverture pour l'édition de poche (pocket 2005):

"Tu n'as désormais qu'une profession : me rendre heureux..." Gustav Mahler demande à Alma Schindler de renoncer à toute ambition personnelle. Elle l'aime. Elle accepte. Elle épouse le grand compositeur.

Peu douée pour l'abnégation, cette femme belle, jeune, talentueuse, promise à un brillant avenir de musicienne, se révolte. Frustrée, elle devient cruelle. Mahler lui vole sa vie. Il le paiera cher. Il mourra de l'avoir trop aimée.

Après Mahler, d'autres grands créateurs viennent se jeter dans les filets de cette "sirène viennoise" qui exerce désormais sur les hommes l'empire qu'elle n'a pu exercer sur son art Oskar Kokoschka, le peintre expressionniste ; Walter Gropius, l'architecte fondateur du Bauhaus J écrivain Franz Werfel.

Elle aime ces hommes, mais elle les brise. Elle cultive "l'art d'être aimée", le seul qu'elle puisse encore exercer...

 

*débat :

 

 

"Alma Schindler, devenue Alma Mahler-Werfel (1879-1964), nous a laissé quelques compositions musicales de sa main - des lieder, cinq de 1910, quatre de 1915 et cinq de 1924 ; mais il y en aurait bien d'autres qui pourraient être exhumés - mais, honnêtement, parti pris ou pas en faveur de l'un des hommes dont elle a porté le nom - Gustav Mahler -, les créations connues n'atteignent pas en importance et en profondeur l’œuvre de ce dernier : plusieurs cycles de lieder, 9 symphonies et une dixième inachevée (ou "complétée-terminée", d'après les esquisses, par des musicologues et/ou compositeurs). Il est difficile de dire si quelque chose de majeur aurait pu venir de la main d'Alma avant 1910 si Gustav ne lui avait pas demandé de renoncer à sa propre création artistique pour permettre à son époux de se consacrer à sa double carrière de compositeur et de directeur d'opéra. Mais, au vu de ce que nous connaissons, les deux œuvres ne peuvent pas être classées au même niveau, bien qu'il faille reconnaître à celles d'Alma une certaine originalité. 

Alma fut l'élève de Zemlinski, qui fut lui aussi un grand musicien, et elle subit cette influence, dont on sent l'empreinte dans ses propres partitions.

Sans doute aussi faut-il chercher des références du côté de Brahms, de Wolf, de Mahler, de Berg, de Schoenberg et de quelques autres. 

Les œuvres d'Alma ne sont pas ignorées, mais peu d'interprètes les inscrivent à leur programme, et il y a sans doute là une injustice.

Françoise Giroud n'a pas creusé la question, et c'est dommage. Elle semble l'avoir fait délibérément. Bien sûr, elle n'était pas une spécialiste, aussi ne doit-on pas le lui reprocher.

Sensible au fait qu'il y avait en Alma une véritable fibre artistique, elle l'a surtout montrée plus comme une femme dont la vie est marquée justement par les arts, non seulement parce qu'elle fréquenta des poètes, des peintres, des musiciens, des sculpteurs et des architectes, et qu'elle en épousa certains (Gustav Mahler, Walter Gropius, Franz Werfel) mais aussi et surtout parce qu'elle s'intéressa de près, avec des yeux et des goûts d'esthète à tous les arts. Surnommée de manière très désobligeante la Veuve des Quatre arts, elle mériterait mieux que des portraits sulfureux ou à l'emporte-pièce. Et sans doute mieux aussi que de simples plaidoyers louangeurs ou des comparaisons désavantageuses. Françoise Giroud, dans son travail sur Alma, n'a pas totalement répondu à ces multiples exigences, malgré tout son talent.

Il faudrait enfin consacrer à Alma Schindler-Mahler-Werfel une vraie biographie. 

- - -

 

"Françoise Giroud, faisant le portrait d'Alma Mahler, nous parle un peu d'elle-même, comme je le fais en écrivant mes impressions sur son récit. Tout ce qu'elle nous relate factuellement est exact, mais son interprétation choisit un angle de vue qui n'est pas tout à fait le mien (j'ai moi aussi beaucoup fréquenté Alma par le biais des écrits sur son premier mari et autres témoignages).

Alma, de par sa longue existence (1879-1964), a traversé presque la totalité d'un siècle bouillonnant tant sur le plan artistique qu'historique. Elle a vécu au plus près les révolutions créatrices comme politiques. Elevée au sein de la haute bourgeoisie viennoise, elle a bénéficié d'une éducation soignée sur le plan philosophique et artistique. Ambitieuse et consciente très tôt de son pouvoir de séduction, d'une beauté majestueuse, elle est à bien des égards fascinante, et ceci explique que, suivant les témoignages, elle soit dépeinte comme une femme exécrable et dominatrice ou comme une femme ayant sacrifié sa vocation artistique et créatrice pour des hommes qui l'auraient « utilisée » comme muse n'ayant pas ou peu son mot à dire. Porteuse d'un tel destin, Alma ne pouvait que susciter des légendes, et elle n'a pas été en reste pour créer la sienne propre. S'agissant d'un destin humain, au fond, n'y-a-t-il qu'une seule vérité ?Françoise Giroud s'attache à la femme qui voulait être libre, autonome, ayant renoncé à son ambition artistique, victime de l'image « inférieure » du sexe dit faible, qui n'aurait eu d'autres choix que de rester muse et user de sa séduction pour essayer de se réaliser. Autant dire qu'elle en fait un emblème pour un combat féministe louable. Seulement, à mon avis Alma est bien plus complexe que ce portrait orienté, certes subtilement, mais orienté tout de même. S'il est vrai qu'elle a renoncé, à la demande deMahler avant leur mariage, à toute ambition de compositrice, elle n'a pas été une muse passive, et a su, dans le carcan de son époque, je le reconnais volontiers, s'accomplir de bien des façons. La première frustration au sein de son mariage avec Mahler n'a pas été artistique mais sexuelle, Mahler mobilisant toute son énergie à sa vie de créateur. Mais, comme très tôt dans sa vie de femme, Alma a su gérer le problème en prenant des amants qui la comblaient. Elle a toujours été d'une incroyable beauté, et les nombreuses photos d'elle sont témoignages d'une femme forte et épanouie. Elle a toujours aimé Mahler, l'a assisté, de son plein gré, lui a donné deux enfants, et a salué le père qu'il était pour ses filles. Après la mort de Mahler, survenue alors qu'elle était encore très jeune (1911), elle a continué à être maîtresse de sa vie amoureuse. Oui, elle a été l'inspiratrice de ses amants ou maris créateurs, mais elle n'est jamais restée dans l'ombre, a toujours su tirer son épingle du jeu et satisfaire son désir de paraître et de fréquenter les hautes sphères. Elle a composé une centaine de lieder, a été artiste peintre. Tout le monde sera d'accord pour reconnaître en elle un grand courage, car Alma a connu bien des épreuves, que ce soit la perte de trois de ses enfants avant d'atteindre l'âge adulte (Maria, la fille ainée de Mahler, à cinq ans, Anna, la fille de Gropius à 18 ans, et Martin, le fils de Werfel, à dix mois), l'agonie deMahler, la fuite de son pays pour échapper au nazisme, un périple incroyable à plus de soixante ans à travers les Pyrénées pour atteindre le Portugal et s'exiler aux Etats-Unis… et nul doute que son « mauvais » caractère a bien alimenté ses facultés de résistance. Alma, dans ses dernières années, était une vieille dame à la Bette Davis, assez portée sur la boisson, régnant sur son petit monde, pesant dans la vie culturelle, et soucieuse de sa postérité. Que cela ait dérangé et continue de déranger est assez amusant. 

Alma, ce n'était pas uniquement l'art d'être aimée, mais aussi le choix d'aimer.

Françoise Giroud a eu envie de plaindre Alma Mahler, et défendre à travers elle la noble cause du combat pour les femmes. C'est plutôt sympathique, mais un peu tiré par les cheveux, si je puis m'exprimer ainsi s'agissant d'Alma, qui en avait de magnifiques. "

 

*"J'avais aimé sa biographie de Lou Salomé certainement parce que celle ci me passionne et que la dame était un sacré numéro.Déjà je n'aime pas l'écriture de mme Giroud. Bon dommage pour moi car les sujets de ces livres me passionnent et les biographies également.

Mais là est ce parce que Alma Malher est antipathique et féroce..Je l'ignore.

Se succèdent dans le livre des anecdotes plus qu'un vrai développement sur sa vie et un portrait psychologique. Anecdotes pour la plupart désarmantes. En effet qu'est ce qu'était Alma à part une muse sans humour et d'un égocentrisme maladif. Antisémite et sans grande empathie.

A moins que mme Giroud ait voulu démontrer qu'à force d'être brimer la femme finit par devenir féroce..

Sans grand scrupule et sans grand génie je suis allée jusqu'à la fin parce que j'étais persuadé que quelque chose allait s'éclairer dans cette personnalité atypique mais non rien ne vient l'adoucir

Je suis restée donc sur ma fin en me disant que peut être toutes les muses ne se valent pas et ne sont pas forcément intéressantes.

Comme dans l'amour tout est dans l'oeil de celui ou celle qui regarde..."

 

 

 

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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