Baie de ROSES (photo JPBonnel) - Le MEDIATOR, spectacles à Perpignan - Robert VINAS à Barcelona , le 21 septembre, 19h, auditorium du musée d'Histoire
Tourisme - L'essor de Roses (Costa Brava)
La salle d'expositions de CA L'ANITA, à Rosas, présente jusqu'au 29 octobre 2017, une intéressante galerie de photos : les images témoignent du village de pêcheurs avant 1960 et de son incroyable développement touristique après cette date fatidique...
"de l'album a la xarxa", le fascicule gratuit monte des scènes désuètes, des enfants jouant sur une plage déserte, le conducteur d'un bus préhistorique, l'arrivée de la pêche sur le port avec les anciens lamparos...
Pourquoi cette croissance soudaine, méprisant la vie tranquille des Catalans de la baie formidable..?
En fait, le tournant de l'essor (creixement, comme l'exemple à Barcelona) eut lieu en 1956 en raison du gel qui tua la moitié des oliveraies en un mois de février inoubliable...Dès 1961, les six hôtels de 1956 se transforment en 580 appartements et 22 nouveaux équipements hôteliers...
Ces constructions se font à la limite de la légalité, n'a pas peur d'écrire le livret officiel (*). Et l'on sait que sous Franco, l'immobilier se construisit de façon anarchique, par copinage ou corruption, sur l'espace littoral, bétonnant ainsi l'adorable Côte sauvage, de Cadaquès à Tossa en passant par Llansà et... Roses !
La population de 2500 âmes passe alors à plus de 6000 en quelques années. Entre autres s'érige le quartier des pêcheurs, lotissement sans pittoresque de la fin des années 1950…
L'urbanisme galopant et destructeur de paysages va occulter le passé agricole de la station balnéaire: les propriétaires vendent le patrimoine, la rente agraire exigeant travail laissant la place à la spéculation immobilière…Naissent les urbanisations des quartiers en 1962 jusqu'en 65 : Els Grecs, la Garriga, El Mas Oliva, Santa Rosa del Puig, la Sureda, Els Fumats, Mas Mates…
L'activité de la pêche va être dynamisée tandis que la fièvre "constructive" va imposer dès 60 le style impersonnel d'architecture internationale. Roses va perdre de sa personnalité, même si la pauvreté est enrayée et si de nombreuses familles vont profiter de la manne touristique : tenir un commerce, vendre une parcelle, quitte à être envahis par la foule estivale, en quête de farniente, de sangria et de paëlla…
La photo montre la plage de Canyelles Petires vide et ses collines vierges…A présent la montagne est minée, percée de villas luxueuses et de piscines orgueilleuses avec point de vue sur l'immense baie bleue et verte…
Roses offre au touriste ce qu'il attend, pas l'identité catalane, mais un folklore andalou, la fausse image d'un village transfiguré, des boutiques de souvenirs remplies d'objets hétéroclites, de la corrida au vins, olives et tourons…L'offre est démagogique, comme toujours séductrice, tuant l'authenticité du folklore et de la culture locaux…
La contrepartie est un enrichissement notable de la population; on a tué l'agriculture, le souvenir des oliviers, les petites barques de pêche, pour tout miser sur le tourisme et un peu sur les chaluts, mais le poisson disparaît et l'activité hauturière doit céder face à l'exotisme, à la gastronomie, aux désirs mondialistes des estivants et des étrangers fortunés qui ne savent rien de la mémoire catalane de ce territoire admirable…
JPBonnel
(*) exposition organisée par la mairie de Roses. Entrée libre. Sur la promenade de Roses.
MUSIQUES au MEDIATOR de PERPIGNAN
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