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9 mai 2018 3 09 /05 /mai /2018 08:59
Dédicace du peintre Balbino GINER (photos Clarisse REQUENA : Le Petit Journal catalan et Jean-Pierre Bonnel)
Dédicace du peintre Balbino GINER (photos Clarisse REQUENA : Le Petit Journal catalan et Jean-Pierre Bonnel)
Dédicace du peintre Balbino GINER (photos Clarisse REQUENA : Le Petit Journal catalan et Jean-Pierre Bonnel)
Dédicace du peintre Balbino GINER (photos Clarisse REQUENA : Le Petit Journal catalan et Jean-Pierre Bonnel)
Dédicace du peintre Balbino GINER (photos Clarisse REQUENA : Le Petit Journal catalan et Jean-Pierre Bonnel)
Dédicace du peintre Balbino GINER (photos Clarisse REQUENA : Le Petit Journal catalan et Jean-Pierre Bonnel)
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Dédicace du peintre Balbino GINER (photos Clarisse REQUENA : Le Petit Journal catalan et Jean-Pierre Bonnel)
Dédicace du peintre Balbino GINER (photos Clarisse REQUENA : Le Petit Journal catalan et Jean-Pierre Bonnel)
Dédicace du peintre Balbino GINER (photos Clarisse REQUENA : Le Petit Journal catalan et Jean-Pierre Bonnel)
Dédicace du peintre Balbino GINER (photos Clarisse REQUENA : Le Petit Journal catalan et Jean-Pierre Bonnel)
Dédicace du peintre Balbino GINER (photos Clarisse REQUENA : Le Petit Journal catalan et Jean-Pierre Bonnel)

Dédicace du peintre Balbino GINER (photos Clarisse REQUENA : Le Petit Journal catalan et Jean-Pierre Bonnel)

A Perpignan

 

Antoine OTERO, sculpteur dans la lignée de Bourdelle

 

Une sacrée famille, les Otéro ! Après Henriette et Nina la belle ô, après Camelia qui expose ses cadres lumineux dans une galerie du quai Vauban et vend à New York, après Camille connu pour ses restaurants et ses pizzas, à la place Arago, voici Antoine le sculpteur "pur".

 

Il nous accueille dans une maison JOB, près de la fontaine de la place qui porte le nom de celui qui inventa le célèbre papier à cigarette. Les bobos de l'âge l'ont poussé vers un certain retirement, alors qu'il a exposé naguère à Madrid, Barcelone, San Francisco, New York, au Vénézuela, à la Chancellerie de Paris (dans la salle où Hugo a été jugé et s'est défendu seul…

Et, bien sûr, à Perpignan : vitrine de l'Agence Havas, à l'ancienne galerie au-dessus du Vienne…. Enfin, il y a deux ans à Céret, mais à présent il subit une petite éclipse, avant de renaître : nombreux sont les projets d'expositions et de conférences autour de son maître de Montauban, le grand Bourdelle.

Surtout, il prépare ses carnavals de glaise et de bronze pour le musée du masque de Limoux, dirigée par Guillaume Lagnel...

 

 

Antoine a de l'humour : lui, le Madrilène, il était invité à des expositions en Espagne, mais comme les Castillans ont compris "Bordel" au lieu de "Bourdelle", il n'a pas insisté... "Ce n'est pas dans ce pays que je vais donner des conférences ! Sur la philosophie, peut-être..!"

 

Il est revenu à l'écriture, après sa palme d'or, en mai 68 (il faut le faire !) à la maison de la poésie. Ce dialecticien de la création éthique, ce sculpteur-créateur, prépare un livre sur Bourdelle, basé sur la conception du sculpteur. Antoine nous montre une synthèse qui établit des parallèles entre le modeleur, tel Maillol, le simple sculpteur, comme beaucoup, et le statuaire, tels Rodin ou Camille Claudel. Ardu, ce texte, il vaut mieux attendre le livre...

 

Son appartement et son atelier - où dort une tonne de terre car la dernière lui a abîmé le dos - fourmillent de masques en sculpture : des glaises noire, blanche ou marron, qu'il transforme de ses doigts toujours très agiles, et qu'il fait cuire chez Pujot, à Saint-Feliu d'Avall...

 

Des personnages de carnaval avec une tête difforme et une bouche énorme suggérant celle, entaillée, de L'Homme qui rit (Hugo, encore, et son formidable roman! ), des bustes sur les murs et des médailles : il se représente "en rien", témoignage de sa modestie et de son auto-dérision...

 

Guillaume Lagnel a trouvé là toute une galerie grotesque digne d'être montrée à l'époque du carnaval, et même toute l'année, car ce monde est souvent un vaste théâtre du monde et une comédie sans fin...

 

Antoine Otero est fier d'une dédicace du peintre valencien, devenu catalan de Collioure et d'ailleurs, le grand Balbino Giner

Fier aussi d'avoir répondu à la commande d'Américains, pour une série de "towers", twins ou seules, longues colonnes de terre qui se contortionnent dans la verticalité aérienne et se termine par une "gueule" pittoresque. En effet, ces masques, ce sont ses gueules.

 Antoine se caricature lui-même : Otéro signifie "tour de guet" ! Créer des buildings qui regardent vers le Pacifique, c'était dans son ADN...

 

Antoine effectue un travail "monumental" à partir de Bourdelle, ce génie pourtant quelque peu délaissé aujourd'hui… Pourquoi ? Il lâche volontiers Maillol, que nous adorons ici, à Banyuls et Perpignan, pour le géant de Montauban...mais quand l'équipe de Perpignan vient jouer à Montauban, c'est alors l'union sacrée...

 

Antoine pratique son concept : du dedans au dehors." 

Mais son goût de la dérision l'a poussé vers Daumier, le célèbre caricaturiste du 19° siècle. Et son aptitude pour le noir intérieur, et pour ce "sentiment tragique de la vie", qu'a décrit Unamuno, l'a conduit ensuite vers Goya et ses métamorphoses humaines... Il y puise la vitalité, le dynamisme, la truculence : il s'agit d'éliminer le statique, tour de force quand on fabrique un objet de terre, de pierre, de bronze ! Regardons les zébrures, les mouvements nés des courbes, l'espace créé par l'ombre de l'oeuvre... 

 

Otéro Antonio a commencé avec la matière brute, tellurique, avec le marbre, avec le bois. Il s'est plongé dans la théorie de l'autre Antoine, celui de Montauban ! On lui a dit alors : "A force de lire ses concepts, j'ai peur que tu ne deviennes sculpteur !). 

Et, en effet, notre Antoine est devenu sculpteur par lui-même et il a raison d'être fier d'avoir inventé l'expressionnisme de ces "gueules d'Otéro" !

 

En dépit des analyses fines de critiques d'art, de Raymond Cogniat ou de Louis Panabière (*), Antoine ne répand pas ces bons mots, il ne répond pas aux invitations universitaires. Pour résumer, il affirme simplement : 

"Je suis diplômé de l'université de la rue."

 

Jean-Pierre Bonnel

 

 

(*) "Otéro ouvre une voie : celle du traitement d'un espace où la matière, travaillée, dans une dialectique entre les vides habités et les masses obscures, révèle le dynamisme qui mène du chaos à la création, de l'ombre à la lumière, l'art est chez lui à sa place, au point d'équilibre entre le néant et les sentiments, c'est-à-dire à la jonction où le rien s'articule à la vie..." 

 

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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