A. Aynal et Marcel Ville - Local de ATD-Quart-Monde, La Régie municipale place Carola (photos J.P.Bonnel)
Perpignan : au coeur de Saint-Jacques, avec Aurore RAYNAL, Marcel VILLE, peintre gitan et ATD Quart-Monde
Il faut beaucoup de coeur, de don de soi, de générosité, pour aider les jeunes, une population d'un quartier pauvre et difficile. Une vocation d'oblat. Un mélange d'esprit militant et de croyance en l'Homme, et en Dieu...
Telle est cette femme admirable, à la fois militante socialiste depuis soixante ans et croyante en un Créateur, quelque peu indifférent, semble-t-il, au sort de certaines populations, cantonnées dans des sortes de ghettos. La misère et la saleté au coeur du coeur de ville.
C'est ici que les bénévoles d'ATD-Quart-Monde accueillent les enfants, gitans et maghrébins, les font lire, dessiner, préparent une exposition de leurs dessins et une autre du peintre autodidacte d'origine gitane, Marcel Ville.
Telle est Aurore Raynal, qui est présente dans le quartier depuis des décennies, au CLJ, local prêté par la police, place Cassanyes, poste désaffecté à présent… C'était à l'époque de la municipalité précédente, au temps généreux d'Yvan Gressèque, rugbyman et éducateur…
Madame Raynal avait surtout créé la "bibliothèque de rue", présente dans le labyrinthe de Sy-Jacques et surtout au parvis de l'église, et dans les locaux paroissiens, les dernières années : cette initiative culturelle, en direction d'une jeunesse qui ne va à l'école ou au collège que par intermittence, a duré quinze ans !
Avec le temps et la lassitude, la rareté des bénévoles, l'association s'ancre place Carola, au-dessus de la Régie : le local est prêté par la mairie et les relations avec Caroline Sirère, maire de quartier (aujourd'hui, directrice du cabinet de J. M. Pujol) sont amicales.
Le lieu a pu ainsi recevoir la visite de C. Bourquin, C. Cansouline, ou de Françoise Fitter, Ségolène Neuville et Hermeline Malherbe, ensemble sur une photo de l'album-souvenir…
Il s'agit d'un lieu convivial où on aime venir : les jeunes le connaissent; même quand a lieu une assemblée de 25 personnes dans la petite pièce du fond, ils viennent et s'installent dans la salle d'entrée où ils peuvent dessiner…
C'est sûr, nous allons revenir bientôt dans les locaux d'Aurore Raynal. Des actions sont prévues, avec les deux expositions, une conférence et un débat sur la culture à Saint-Jacques…Et une "action-propreté", début janvier, afin de stimuler la population : il s'agit de se pendre en charge, de ne pas tout attendre de la mairie !
Le social, les aides, du CD 66, de la municipalité…bien sûr, c'est essentiel, mais ne pas être assisté, c'est retrouver son honneur et la gaieté ancienne des citoyens de ce quartier en déshérence qui s'interroge sur le sort qui lui est réservé…
J.P.Bonnel
PerPiPolis : Pour un maire de Proximité !
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*témoignage :
« CHAQUE UNIVERSITÉ POPULAIRE ME FAIT ÉVOLUER UN PEU PLUS »
Daniel Prat est membre du groupe local d’ATD Quart Monde à Perpignan. Il est militant Quart Monde et participe depuis un peu plus d’un an aux Universités populaire Quart Monde en Occitanie.
Daniel, comment s’est passé votre première Université populaire ?
Au début je me suis laissé porter. Ma première réaction c’était : non je n’y vais pas. Puis après discussion… j’ai eu envie de découvrir. J’avais une appréhension, pourquoi y aller ? A quoi ça servira ? Je me disais même : si on m’oublie en partant, peut-être que ce sera pas plus mal…! Je n’aurais pas relancé.
J’ai évolué. Maintenant, j’en n’entendrais plus parler, c’est moi qui appellerais pour savoir où est la prochaine !
Qu’est ce qui vous a impressionné ?
Ce qui m’a impressionné, c’est quand ils donnent le micro pour parler.
Jamais quelqu’un n’est intervenu par rapport à ce qui est dit : tu ne te sens pas rabaissé du coup. Si je parle, on ne va pas me juger.
Au début, je sentais les gouttes de sueur, le cœur qui s’emballe. Et puis après, tu réfléchis, et c’est possible.
La première fois, je trouvais ça bien (de parler)… pour les autres. En étant au fond, personne ne te voit. Maintenant, j’avance de plus en plus vers les premiers rangs.
Et qu’avez vous découvert ?
Je ne pensais pas qu’il y avait autant de monde dans ma situation. Ça ne fait pas plaisir de le voir mais tu te sens pas tout seul. J’ai pris conscience de ça.
Ce qui est intéressant, c’est comment des personnes qui ont vécu les mêmes choses ont fait pour se débrouiller. C’est comme ça que tu évolues.
Et maintenant ?
Je veux continuer à prendre conscience de tout ce qui se passe, me rendre compte des tas de situations différentes. Chaque Université populaire me fait évoluer un peu plus. Je me détends un peu plus aussi à chaque fois. Maintenant, je n’ai plus l’angoisse d’être interpellé ; je suis capable d’intervenir pour témoigner et aider.
Qu’est ce qui vous motive dans cette Université populaire ?
Ma formation personnelle et aussi partager, guider, aider à ne pas faire les mêmes erreurs que j’ai faites moi.
On a la même réflexion là-bas. C’est génial de sentir ça. J’étais égoïste, dans mon coin, en fait… Ça m’a ouvert les yeux.
Ce que je trouve génial c’est que tout le monde va être interpellé. Au début, on laisse parler les « beaux parleurs ». Après, même s’ils lèvent encore la main pour intervenir, la parole est à quelqu’un d’autre.
Un autre truc génial à l’Université Populaire c’est cette question (dans le temps des nouvelles) : « Avez-vous quelque chose d’autre à partager ? »
Moi au début, je ne comprenais pas ce que ça voulait dire. Et puis quelqu’un a dit : «Je me suis marié…»
C’est génial. En fait, on compte pour les autres.