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11 août 2019 7 11 /08 /août /2019 08:39
Lorca, noeud papillon - Dali et Lorca - Affiche pour lectures à banyuls -
Lorca, noeud papillon - Dali et Lorca - Affiche pour lectures à banyuls -
Lorca, noeud papillon - Dali et Lorca - Affiche pour lectures à banyuls -
Lorca, noeud papillon - Dali et Lorca - Affiche pour lectures à banyuls -

Lorca, noeud papillon - Dali et Lorca - Affiche pour lectures à banyuls -

 

Lorca

 

  • Entre 1925 et 1927, ce village en forme de crèche, en tout cas de décor animalier, accueillit deux personnages exceptionnels de la culture espagnole. C'était l'année d'hommage au grand poète Gongora et ce fut l'été durant lequel une amoureuse amitié se noua : Lorca  conjugua avec Dalí la création artistique et l'inspiration poétique.  L'érotisme surtout fut célébré !
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  • Le 24 juin 1927, Federico avait créé au théâtre Goya de Barcelone  sa "Mariana Pineda": avec des décors de Dalí, avec l'actrice Margarita Xirgu et, comme protagoniste abstrait mais omniscient, la beauté de Cadaqués.
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  • «Il a la joie et la permanence de la beauté dans ce lieu de naissance de Vénus, mais on ne s'en souvient plus. Allons la pure beauté ... Un jour la lune, mouillée de poissons élastiques, le clocher de l'église balancera du caoutchouc mou sur les maisons pitoyables, faites de chaux et de pain mâché ... Souviens-toi de moi quand tu es sur la plage ... » La poésie même dans la correspondance, quand Lorca écrit à Salvador le 31 juillet.
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  • Et Dali n'est pas en reste : "Tes chansons sont une grenade sans tramway,, sans avions…Une Grenade ancienne , avec des éléments naturels…"
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  • Ils se répondent dans des lettres éphémères : «Maintenant, je vois à Cadaqués comment j'ai senti mes épaules: c'est un plaisir pour moi de me souvenir des courbes glissantes de mes épaules où, pour la première fois, j'ai senti la circulation du sang ...». Cadaqués des oliviers, "corps baroques et âmes grises !"
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  • La nostalgie de Federico se répand, souvenir du premier séjour dans la maison de la famille Dalí, celui de la Semaine Sainte, des oliviers de Cadaqués, Quelle merveille, corps baroque et âme grise!», proclame-t-il. 
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  • Salvador, torse nu, a posé son bras sur l'épaule de Federico. Et Lorca publie son "Ode à Salvador Dalí": cette "pensée commune" dans "les heures sombres et dorées". Salvador, lui, pour rendre la politesse, a intitulé un dessin : "Lorca Dalí".
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Revenons encore a cet été 1927, dernier moment de la jeunesse amoureuse, quand Dali peignait et chantait à travers des lèvres serrées...

 

Il faudrait le style de Lorca pour évoquer la joie et la permanence du soir, ces tours de "gomma blanca", ces habitations "casas de pan mascado…"  Le village est un labyrinthe, comme le système sanguin de l'homme où circule le liquide indispensable à la vie, à l'art, à la poésie, à l'amour. Celui-ci fut une sorte de passion entre les deux hommes, le poète et l'artiste, une "passion amoureuse", où l'homosexualité ne réussit pas à se concrétiser.

 

Il suggère dans ses lettres et ses poèmes la nostalgie de 1926, avec son "Ode à Salvador Dali" et de juillet 1927, l'ultime été catalan, au coeur de la maison de famille du père, le notaire de Figueres, au milieu de ce jardin odorant, luxuriant, composé de figues de barbarie et d'oliviers…Surtout la flagrance de l'eucalyptus, dont l'ombre se dessine sur le mur blanc «Olivos de Cadaqués, ¡Qué maravilla, cuerpo barroco y alma gris!», écrivait-il. 

 

 

Ana Maria

 

Federico se souvient des couleurs, des détails de cette maison accueillante et virginale où le vert de l'arbre et celui de la porte d'entrée vous sautent aux yeux. Il n'oublie pas Ana Maria, la soeur si tendre de son ami, celle qui servit souvent de modèle, de dos, le plus souvent, comme anonyme, contre une fenêtre de la villa, le tableau offrant une perspective tronquée de la baie et de la mer. Celle qui surtout, prit des photos et demeure le témoin privilégié de cette passion. Un trio amical et amoureux…

Lorca fut heureux, d'où jaillit Vénus. Il fut amoureux en ce havre marin où naquit la pure beauté. La beauté, c'était aussi celle de la jeunesse, de la sensualité des deux corps quasi nus, qui s'effleuraient, torses qui se touchaient, mains qui se caressaient… Pagnes évanescents sur le sexe mâle, en attente de concrétisation. Dans l'érection de Midi le démon, mais, pour Dali, "c'es trop dur, ça fait mal !", se plaint-il, un jour, Salvador, vite, en passant à autre chose…

 

La passion née en 1926 s'estompait pourtant, en raison des scrupules de Salvador, d'une sexualité timorée, refoulée, d'une impuissance à aller jusqu'au bout de l'acte. Le couple d'amis-amants se défaisait, oublieux de la fameuse ode qui célébrait une "pensée commune"… Restera le dessin dalinien intitulé "Lorca Dali".

"Souviens-toi de moi quand tu te trouves sur la plage !", note Federico dans une lettre du 31 juillet.

Ce furent des "heures à la fois obscures et dorées"…

 

 

  • La soeur Ana María, fille du notaire Dalí capte par les mots et des photos ces moments, ces poses sensuelles, cette union physique et cérébrale des deux adolescents attardés… Dans "Salvador Dalí vu par sa soeur", elle décrit la maison de Cadaqués : l'ombre d'un eucalyptus sur le mur blanc et une porte d'entrée verte. Dans le hall, une vierge baroque souriante aux tons verdâtres et dorés :
  • «Nous ignorons qui est cette Vierge, mais quand, après quelques années, García Lorca a mis une branche de corail rouge dans sa main, c'était déjà, pour nous tous, la Vierge de Corail ». 

 

  • Dans l'atelier de Dalí, l'odeur de la térébenthine prévaut sur le salpêtre et les oliveraies ... Quand il peint, il chante avec des lèvres serrées. Ce 27 juillet, ce fut le dernier été de la jeunesse. L'année suivante, rien n'était pareil entre Salvador et Federico. L'oubli, le silence, le fameux "Olé" trouble, quand Salvador apprit la mort tragique de son ancien amant, plus virtuel que réel !

 

  • Vint le temps de la déchirure : la guerre civile, les horreurs, le massacre du poète homosexuel : le cime eut bien lieu à Séville !
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  • C'est le 26 mars 1936 que Dali posta de Cadaqués sa dernière lettre à Garcia Lorca, mais ceci est un autre temps…Une vraie tragédie...

 

(C) JPB 2019

 

Banyuls sur Mer Veillée lecture sur le front de mer

lundi 12 août 2019, lectures et musiques, avec Michel Fabre, Michèle Bayard, J.Pierre Bonnel...et l'aide technique de la municipalité...

Merci à Olivier Capelle !

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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