A. et M. Bougain (couverture) - Hélène Legrais avec chapeau et J.Lavergne et JP.Bonnel (salon des Angles, août 2019) -
YZA DAMBRESSAC, polar au Boulou (demain),
et ... Le Mythe méditerranéen de la LIDIA de CADAQUES (J.P.Bonnel) voir le blogabonnel...
Pour présenter le dernier livre d'Hélène LEGRAIS, j'ai choisi ce beau compte-rendu, lu sur les réseaux sociaux (et néanmoins culturels, parfois...) :
Le Front dans l’azur
par
Hélène Legrais, éditions Calmann-Lévy
C’est une page d’histoire peu connue du grand public que révèle Hélène Legrais dans son récent roman.L’été 1936, en Catalogne, vont se dérouler les Olympiades populaires antifascistes organisées en réaction aux Jeux Olympiques de l’Allemagne nazie à Berlin.Les compétiteurs viennent du monde entier et se retrouvent sur cette terre ensoleillée pour prouver aux fascistes d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne que la jeunesse est capable de refuser la dictature et surtout croit en la fraternité.
L’auteure braque les projecteurs bien évidemment sur la délégation française. Madeleine est une héroïne fictive, élève-infirmière à la Salpêtrière à Paris, elle est entourée d’autres héroïnes fictives, dont Odette que l’on va retrouver à l’hôpital, victime d’une balle perdue puisque Franco, le petit rondouillard redoutable va organiser un coup d’État et envoyer ses troupes. Mais ce qui est passionnant dans ces pages, c’est la fougue de cette jeunesse, c’est l’audace, à juste titre de l’auteure, qui mêle des personnages historiques Carmen Crespo, Martina Genesta, Gerda Taro et Élisabeth Eidenbenz (elle leur avait déjà consacré un ouvrage Les Enfants d’Élisabeth).
Ce qu’on découvre aussi, c’est l’histoire de Maria et Giuseppe, librement inspirée de celles des grands-parents de Bruno Caliciuri... Qui est Cali, l’artiste et le chanteur qui a donné la permission à l’auteure...
Ceci fait que l’on plonge dans ce roman historique avec bonheur, même si le sujet évoqué est grave. La vie palpite. Une fougueuse jeunesse veut encore croire en la jeune République espagnole. On y voit de jeunes allemands pas nazis qui ont fui le Herr Hitler qui ont déjà été jetés en prison à Leipzig pour avoir osé défier les règles du moustachu.
Madeleine et ses copines offrent en cette terre de Catalogne la vision de Paris admirée dans le monde entier. Brecht est passé à Paris, a croisé Aragon.
Et il y a cette nuit terrible où l’on tire, on tue. Les matelas mis aux fenêtres pour se protéger. Les jeux qui seront annulés et ces jeunes qui choisissent de ne pas repartir dans leur pays d’origine, de rester là, de prendre les armes, comme Aleix et de lutter pour la liberté au nom de la fraternité.
Madeleine a choisi, sans doute par amour pour lui : "Les bouffées d’air lourd venant de la mer ne parvenaient pas à rafraîchir la chambre. Ici, septembre, c’était encore le plein été. Sur l’oreiller sa nuque était mouillée et ses cheveux collaient à sa peau. Sa tête était si lourde. Toutes ces pensées qui l’agitaient, l’assiégeaient sans lui laisser de répit, brouillaient son esprit. Le Fou restait en embuscade à Burgos. F pour Franco. Et le Cavalier de l’Apocalypse se lançait à l’assaut de tout... (...) Plusieurs milliers de civils, partisans de la République avaient été fusillés."
C’est un bel hommage rendu aux femmes qui osent garder le Front dans l’azur. Bravo !
© "Lili au fil des pages" pour cette critique du nouveau roman d'Hélène LEGRAIS
21 OCTOBRE 2019
Sylvain Chevauché et Jean-Pierre Bonnel à la Casa Xanxo
Sylvain Chevauché vient de publier un ouvrage indispensable à tout Perpignanais qui se respecte : L’histoire oubliée de la Casa Xanxo. Une demeure patricienne catalane à l’époque moderne (Perpignan, éd. Trabucaires).
Archiviste paléographe (Ecole des Chartes) et doctorant en histoire contemporaine à l’université Paris 8, S. Chevauché a présenté son ouvrage samedi 21 septembre lors des Journées européennes du patrimoine, dans le cadre de la saison littéraire du Centre Méditerranéen de Littérature. Nombreux furent les visiteurs à venir entendre cette intervention en présence du CML et bien sûr de l’éditrice.
Extrait : « Par son unité architecturale, son ensemble d’éléments sculptés, sa majesté, la demeure connue sous le nom de Casa Xanxo (ou Maison de la Main de Fer) est, sans nul doute, le joyau du patrimoine civil de Perpignan. Toutefois, comme beaucoup d’autres hôtels historiques de la ville, son histoire est très mouvementée et profondément méconnue. Le panorama sommaire que nous proposons ici présente, pour la première fois, la suite ininterrompue des propriétaires et des occupants, les mutations brusques et violentes (confiscations, mise en vente aux enchères), les aménagements et transformations du bâti depuis la période des Lumières jusqu’à aujourd’hui. Par-delà ses murs immobiles et au travers de ses habitants, la Casa Xanxo nous raconte l’histoire sociale et politique de ce territoire catalan envié, disputé, conquis ».
Bref, un bel ouvrage illustré à s’offrir ou à offrir dès maintenant, et au moins à Noël !
Clarisse Réquéna
AC66
Le partage de la Catalogne - Histoire rocambolesque du Traité des Pyrénées 1658-1660 -
Michel Bougain, Annie Bougain
C'est à partir d'archives inédites de Simancas (Espagne) très longtemps difficiles d'accès aux historiens, à l'étude approfondie de la correspondance...
C'est à partir d'archives inédites de Simancas (Espagne) très longtemps difficiles d'accès aux historiens, à l'étude approfondie de la correspondance de Mazarin (France) publiée fin XIXe, à la réapparition et publication en 2010 d'un "journal" rédigé par un agent de Mazarin (Atto Melani) - entre autres documents - que M. et A. Bougain offrent une étonnante lecture des négociations qui ont précédé et suivi de 1658 à 1660, la signature du Traité des Pyrénées (7 novembre 1659) consacrant le partage (la "mutilation" dira l'historien J. Sanabre) de la Catalogne entre deux pays tiers, la France et l'Espagne.
Des négociations ? Plutôt une accumulation de marchandages, de chicaneries, de conflits d'intérêt, de fourberies, de méconnaissances du terrain, quand ce ne fut pas carrément du vaudeville. La signature d'un Traité ? Comment se fier à un document dont la rédaction a été préparée et complétée par d'autres "traités" comme celui de Paris (4 juin 1659) dont les originaux ont disparu ou celui de Llivia (12 novembre 1660) non ratifié par les deux parties ? Une paix ?
Peut-on nommer ainsi la conquête de la Principauté de Catalogne par la force des armes et la partition de territoires n'appartenant à aucun des belligérants, porteuses de conflits futurs ? On est effaré à la lecture de ce texte passionnant et remarquablement documenté, de découvrir combien les hommes qui ont fait cette histoire, rois et diplomates, hommes et femmes de pouvoir, Espagnols et Français, ont pu manifester d'arrogance, de mépris, de déni et de mauvaise foi envers la Catalogne, son peuple, son gouvernement autonome, sa terre.
360 ans ont passé, les plaies sont toujours ouvertes.