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26 juillet 2021 1 26 /07 /juillet /2021 12:09
Moïse Narboni ou Moshe ben Josué ben Mar David de Narbonne est un rabbin, philosophe, exégète, traducteur et médecin catalan du XIVᵉ siècle. Il a été grandement influencé par la philosophie d'Averroès et de Maïmonide.  1300 Perpignan
Moïse Narboni ou Moshe ben Josué ben Mar David de Narbonne est un rabbin, philosophe, exégète, traducteur et médecin catalan du XIVᵉ siècle. Il a été grandement influencé par la philosophie d'Averroès et de Maïmonide.  1300 Perpignan
Moïse Narboni ou Moshe ben Josué ben Mar David de Narbonne est un rabbin, philosophe, exégète, traducteur et médecin catalan du XIVᵉ siècle. Il a été grandement influencé par la philosophie d'Averroès et de Maïmonide.  1300 Perpignan

philo/Théologie

 

Moïse Narboni ou Moshe ben Josué ben Mar David de Narbonne est un rabbin, philosophe, exégète, traducteur et médecin catalan du XIVᵉ siècle. Il a été grandement influencé par la philosophie d'Averroès et de Maïmonide. 
1300, Perpignan - 1362, Soria, Espagne
 
...  

    A la mémoire de Moshé  Narboni,      

               Kader Fouka, S.                                                                                           

suite ...et fin (mais on attend vos commentaires, développements...)

 

   Par là, notre brillant exégète du Roussillon, vient de flanquer un discrédit sérieux, sur les intentions des "Intentions", pour ne pas dire extensivement, sur le restant de ses écrits Or, considérée de la sorte, la critique Ghazalienne de la philosophie, et si admirée parfois, est-elle dés lors, vraiment si identique à celle d'un Blaise Pascal ?

 

 Mais le procédé dont Al Ghazali usa, n'est pas sans rappeler en Orient tout d'abord, Al Jahiz, cet autre dialecticien, et qui mourra quant à lui, par l'éffondrement de son imposante bibliothèque sur sa tête, au cours de son sommeil. Ni même, sans appeller, toute cette constellation de poètes-mystiques, à l'instar d'un Khayam, comme lors du quatrain suivant. Mais pour comprendre, sans doute, le stratagème dans son poème, clarifions-en quelque peu son imagerie.

Pour al Khayam, l'aube signifierait la première des cinq prières rituelles, et la taverne, le lieu partagé de ses prosternations. Quant à la coupe de vin pleine, elle signifierait l'amour du divin, cheminant sur une extase. A présent, savourons-en le quatrain: 

" Dés l'aube, à la taverne une voix me convie, disant: folle nature au plaisir asservie, lève-toi et remplissons notre coupe de vin, avant qu'on ait rempli la coupe de ta vie". Ainsi, sommes-nous réllement certains que le philosophe, et poète, et mathématicien du XII ème siècle, ne s'adressait ici en réalité, qu'au dévot ? 

 

  En Occident comme promis, le stratagème, pour faire écho à un Schopenhauer, ne sera point là non plus inexistant, comme en témoignera ici, particulièrement la philosophie Italienne, aussi bien avec un Pietro Pomponaci qu'un Cremonini, ou bien, avec le philosophe pré-nietzschéen et talentueux, visionnaire et courageux, Giordiano Bruno, et Vanini, qualifié, si ce n'est taxé, comme étant le "Jules César des athées" durant l'époque classique a minima.

Et c'est à propos de Vanini, que Borris Donné, nous rapporte, dans une étude magnifique et historique qu'il consacra, pour le 400 ème anniverssaire de la disparition du philosophe sous les flammes d'un bûcher ardent, 19 ans après Bruno, le tableau qu'en dressa à ses débuts, Marin Mersenne, futur correspondant et fidèle ami de Descartes:

"C'est ainsi, dit-on, que Vanini s'est efforcé d'essaimer l'athéisme à Paris: en feignant d'abord de s'insurger de façon véhémente contre les athées,...simulant en cela les termes les plus vifs; mais, en fait, ensuite, faisant semblant de s'en indigner, il répétait leurs arguments avec insistance, il les insinuait et les justifiait avec force et finesse, et enfin il y répondait si mal et si faiblement, qu'il les imposait facilement aux inexpérimentés, ébranlant leur esprit de telle sorte que ceux-ci en jugeaient à partir de ces réponses sans chaleur, et en concluaient qu'il n'y a nulle raison qui permette de prouver que Dieu existe, tandis qu'il y en a beaucoup qui semblent démontrer qu'il n'existe aucune divinité. (Vanini, Portrait au noir, Borris Donné, édit Allia p 46. 2019).                                 

  Ainsi, en tenant compte du procédé dialectique d'al Ghazali, dans lequel habile il fut, au même titre je crois qu'un Schokus aux Pays-bas, nous pouvons mieux entendre maintenant, l'affirmation du profond spécialiste Belge d'Avicenne, Jean-Yahia Michot, lorsque le professeur d'Oxford affirmait en effet, qu'al Ghazali fut Avicennien, alors qu'il n'a jamais cessé de l'attaquer, du moins en surface, à travers "les Intentions" précisément, mais également, au travers de cet autre écrit :

"De l'effondrement des philosophes", et auquel Averroës répondra, aussi bien rationnellement qu'agilement par "L'effondrement de l'effondrement". Et à cet égard non plus, les Latins, ne s'y étaient point trompés, à vrai dire, en soutenant pourtant curieusement, et cela d'ailleurs à partir de ses mêmes "Maqasid", qu'al Ghazali était un disciple d'Avicenne. Une "ironie du sort" suivant une tonalité heureuse de Gilson, mais dans une intentionnalité subtile certainement, ou feinte...

   Mais le rapprochement succint entre nos deux philosophes catalans, à cependant ses limites. C'est qu'il n'y a pas, pour tout dire, entres les deux, que des interférences. En effet, entre Narboni et Lulle, des différences il y a, surtout. L'approche de Narboni, vis-à-vis de l'héritage arabe par exemple, diffèrera très clairement et très distinctement de celle du majorquin, dans la mesure où l'oeuvre lullienne, se placera quant à elle, très souvent, sur le terrain de la conversion des mMhométans.

 

 Et du philosophe Arabo-andalou, Ibn Bajja de Sarragosse, si évoqué par les Latins sous le nom d'Avempace, notre exégète perpignanais, commentera, quelques-uns de ses ouvrages, comme à l’instar de « L’Epître de l’adieu », ou du célèbre « Régime du solitaire », ou bien encore, « Le livre de l’âme ».

Et pour l'historiette à nouveau, alors que l'original du "Régime" fut perdu pendant plusieurs siècles, la pensée d'Avempace restera tout de même accessible et lisible, grâce particulièrement, aux commentaires et aux paraphrases qu'en fit, voire, qu'en offrit, le philosophe de Perpignan.

 

 Mais il n'y a pas, chez Narboni de distinction, au moment de son intellection, entre son être et sa lettre, que si adroitement, il inttelige à chaque fois. Sans confusion aucune, entre l'être et la lettre, tout est histoire chez lui certes, mais de connexion, d'union, de fusion. Et parmis les multiples originalitées du commentator de Perpignan, Narboni, aborda les philosophes de la Falsafa, non pas qu'à partir des Grecs, comme le font trop souvent certains historiens bien incertains, mais plus-tôt, à partir de la Falsafa elle-même. Et c'est pourquoi également, il commentera si élégamment, l’œuvre du « Hay ibn Yaqzan », du philosophe Arabo-andalou, Ibn Toufayl, le créatif, l'"Abou bakeur" des Latins.

 En plus des traductions hébraïques anonymes, ou bien privées du Hay, ici ou là, l'ouvrage, sera officiellement traduit en Latin, par l'éminent orientaliste Anglais, Edward Pocock (1608-1691), en 1671. Le Hay, paraîtra alors en imprimerie cette fois, sous le nom de "Philosophus autodidactus", c'est-à-dire, du "Philosophe autodidacte" pour le dire plus aisément. Quant à son influence, brièvement, l'aventure philosophique, scientifique et métaphysique du Hay, qui se situe originalement sur une île, se constitue à vrai dire, comme étant un antécédent convoqué, du Robinson Crusoé d'un De Foe tout d'abord, voire même, du roman anglais, mais encore, du Criticon de Gracian, ou de Tarzan, entres autres. Et l'on retrouvera l'oeuvre du médecin de Grenade et maître d'Averroës, chez des philosophes post-Cartésiens par exemple, comme chez Spinoza en Hollande, au moment de l'inventaire de sa propre bibliothèqque.

En Allemagne, Leibniz, le qualifiera d' "excellent": "Les Arabes, écrira-t-il lors d'une lettre de son corpus épistolaire, ont eu des philosophes, dont les sentiments sur la divinité ont étaient aussi élevés que pourraient être ceux des plus sublimes philosophes chrétiens. Cela se peut connaître par l'excellent livre du philosophe autodidacte que monsieur Pocok a publié de l'arabe" (Lettre de Leibnitz à l'abbé Nicaise, 1697).

Enfin, le roman philosophique d'Ibn Toufayl, peut facilement être rapprocher sur le genre, d'un Voltaire, ou sur le plan pédagogique, d'un Jean Jacques Rousseau lors de l'"Emile ou de l'éducation", ou bien, du philosophe encyclopédiste Denis Diderot, durant l'époque des Lumières à nouveau. 

 

 Quant au commentaire du Hay, ou de "L'éveillé", pour le traduire très justement à la façon d'un Léon Gauthier, de sa plume même, Narboni, nous apprend qu'il le fit presque spécialement, à la demande "d'"éminents compagnons de la ville de Perpignan" (M.R.Hayoun, Narboni, p 23).

Cette précision, nous renseigne d'une part, de la présence de l'oeuvre d'Ibn Toufayl tout d'abord, dans certains milieu Perpignanais, et ce, vers la moitié du XIVème siècle déjà, ainsi que de son impact à cette même époque. Mais davantage il y a, à vrai dire. Elle nous indique effectivement, si ce n'est point définitivement, à quel niveau ses semblables plaçaient la flèche du curseur à son égard, et revendique simultanément, de toute son ingéniosité accordée.

 

  In fine, notre exégète du Roussillon, commentera les commentaires eux-mêmes d’Averroës, dans différents traités. Ainsi, à partir de notre angle, Narboni, fut non pas seulement un subtil connaisseur et commentateur de la Falsafa, mais également, un fidèle admirateur utile, si ce n’est même, un véritable continuateur de celle-ci, dans l'histoire de la pensée juive aussi. C'est que de ses auteurs, Narboni, en saisissait, autant ses profondeurs que ses hauteurs. Avec aisance, il en décelait l'essence, si ce n'est même la "quinte-essence", si chère au Nolain, et cela, quelque soit le type du récit qu'il abordait, aussi bien exotérique qu'ésotérique. De la "hokma" des Hébreux en effet, ou pour le dire grecquement, de la "sophia" comme chez Platon, c'est-à-dire "De la sagesse", si chère au théologien et philosophe, humaniste et universaliste Français Pierre Charron, Narboni, en percevait et en perçait alternativement, ses énigmes et ses mystères. Et c'est dans le livre "De la sagesse"; maintes fois mis à l'index, qu'effectivement le contemporain et aussi ami de Montaigne, affirma que " nous sommes circoncis, baptisés, juifs, mahométans, chrétiens, avant que nous sachions que nous sommes des hommes".     

 

 C'est qu'il y a, chez Pierre Charron, comme chez Narboni, comme chez Pic de la Mirandole, bien notamment, une certaine  déférence mais certaine vis-à-vis de la différence, là où à contrario, d'autres manifestes sans complexe, de l'in-déférence par rapport à la différence, si ce n'est même conçue, comme étant de la: "diff-errance".

                       

   En somme, sans conteste aucun, l'oeuvre Narboniene, remise dans son contexte, consistera particulièrement à en livrer, minutieusement, mais toujours de façons subtiles, ses secrets. Et c'est par là je crois, que tout le génie de Narboni, ou une partie, se créer. Enfin, à la question constamment sous-jacente à ces quelques lignes : Mais comment, réhabiliter notre si élogieux prédécesseur, sur le plan départemental tout d'abord ?

En premier lieu, nous osons espérer, qu'un centre culturel, à l'instar de la bibliothèque de Cerbère, ou de l'un de ses espaces, puisse librement et même presque orgueilleusement, porter le nom de notre philosophe. Et pourquoi pas, en second lieu, la ville de Perpignan elle-même, ou bien à commencer, par l'une de ses inoubliables ruelles, traversées, autant par ses propres pas et son esprit pensant si pénétrant et si brillant ?

                   

    A la mémoire de Moshé  Narboni,   par   

               Kader Fouka, S.                                                                                           

 

 
 
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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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