Droits des femmes un combat perpétuel
LES SEMAINES DES DROITS DES FEMMES EN PARTENARIAT AVEC AMNESTY INTERNATIONAL Maison de la Catalanité
Place Josep Sébastià Pons - Perpignan 22 février au 25 mars 2022
04 68 08 29 30
leDépartement66.fr La culture pour tous, toute l’année
PYRENEES ORIENTALES le Département
Hermeline MALHERBE
Présidente du Département des Pyrénées-Orientales
Marie-Claire BASSOU
Représentante d’Amnesty International Perpignan
Françoise CHATARD
Conseillère Départementale en charge de la Mission Égalité
et
les élu.e.s de l’Assemblée départementale
ont le plaisir de vous convier au vernissage de l’exposition
DROITS DES FEMMES UN COMBAT PERPETUEL
Les Semaines des Droits des Femmes
Vendredi 4 mars 2022 à I8h30
Maison de la Catalanité Place Josep Sebastià Pons - Perpignan
Pour votre sécurité, le pass vaccinal et le port du masque sont obligatoires.
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ARTS - Ancien de l'Ecole d'arts de Perpignan, cet artiste subversif, qui refuse de se compromettre avec l'extrême-droite en acceptant d'être accueilli dans un galerie ou musée de la ville, trace sa route loin des compromissions et copinages divers. JPB
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Limaille et béton sucré
Portrait
Nicolas Daubanes
Plasticien
Artiste engagé, Nicolas Daubanes présente, au Drawing Lab à Paris, ses dessins et installations corrosives autour des lieux d’enfermement.
Nicolas Daubanes posant devant son œuvre en limaille de fer de l’Hôtel de ville de Paris incendié durant la Commune en 1871, exposé en 2020 au Palais de Tokyo.
MARC DOMAGE
En 2008, alors qu’il est encore étudiant aux Beaux-Arts de Perpignan, Nicolas Daubanes anime un atelier au centre pénitentiaire pour mineurs de Lavaur. « Ça a été une expérience très forte, un choc. Depuis, j’ai effectué une quinzaine de résidences pour créer des œuvres en milieu carcéral », raconte ce grand barbu, bientôt quadragénaire.
Au Drawing Lab à Paris (1), il a reconstitué ainsi l’étroite cellule d’un condamné à perpétuité. De cet homme, une photographie caviardée de noir ne nous révèle qu’un œil comme plongé dans un jeu vidéo, projeté sur le mur d’en face, en guise d’échappée dérisoire. Dans la salle voisine, un dessin monumental nous entraîne dans une des Prisons imaginaires de Piranèse, réinterprétée avec de la limaille de fer aimantée. Une poussière très noire qui suggère la ruine, le désir d’évasion…
Ce pigment métallique renvoie aussi au monde ouvrier des parents de l’artiste. Tous deux sont décédés d’une maladie professionnelle alors que Nicolas Daubanes n’avait que 19 ans. Il évoque aussi, sans s’appesantir, la maladie auto-immune qui l’a contraint à subir plusieurs greffes de rein. « Avec tout ça, je n’avais pas envie de travailler comme mes parents à l’usine. Pas question pour autant d’aller faire de l’aquarelle au bord des lacs. Je ne suis pas dans une relation esthétique et naïve au monde », ironise-t-il, avec son accent chantant. Et de citer le rappeur Bouba : « Les gens parlent d’amour, moi j’te parle de c’que j’connais ». Une réalité sombre certes, mais toujours irriguée par un élan vital.
Un vent de révolte traverse ainsi la plupart des œuvres de Nicolas Daubanes. À l’image de cette paroi de béton noirci, exposée au Drawing Lab, portant des impacts de balles et la devise « Seul contre tous » (2), le tout inscrit en creux avec du sucre fondu, une technique de sabotage empruntée à la Résistance. Ce procédé, inédit dans l’art et en parfaite adéquation avec son sujet, comme les dessins de prison en limaille, explique sans doute la reconnaissance précoce de cet artiste qui, depuis dix ans, ne cesse d’enchaîner les prix et les expositions personnelles.
Au Drawing Lab, on retrouve le souvenir des maquisards, cette fois cachés dans la Grotte de la Luire dans le Vercors, à travers une série de dessins fascinants, mêlés à d’autres sur le camp de concentration de Struthof en Alsace. On y voit des forêts, des sentiers, les feuillages environnant ces deux sites, gravés sur du verre au pochoir avec de la limaille incandescente. Des vues fantomatiques derrière leur écran vitré, qui évoquent à la fois des images d’archives, le camouflage et les rêves de liberté de ces hommes traqués, enfermés.
Autres œuvres subversives de l’exposition, rappelant les pavés lancés par des manifestants, ces briques qui portent en creux l’empreinte d’une main. Lors d’une résidence dans une briqueterie d’Occitanie, l’artiste a demandé aux ouvriers de rompre avec toutes les règles en vigueur pour empoigner les parallélépipèdes encore chauds et y laisser ainsi une marque corporelle. Une manière de réhumaniser leur travail, de réhabiliter leurs gestes soigneusement invisibilisés par la production en chaîne.
« Le musée d’art contemporain de Sérignan a acheté une centaine de ces briques. Ça m’a rendu heureux de voir reconnu ainsi le travail de ces ouvriers », observe simplement Nicolas Daubanes, qui continue à travailler entre Perpignan et Marseille, à l’écart des circuits mondains de l’art contemporain. Au fil des expositions, ses œuvres sont pourtant entrées dans les collections des Fonds d’art contemporain d’Occitanie, de Provence-Alpes-Côte d’Azur, de Franche-Comté…
Représenté depuis cinq ans par la galerie Florent Maubert à Paris, il a vu son travail mis en lumière, au Palais de Tokyo, en 2020. Pour un peu, il s’étonnerait presque du chemin parcouru. « En tant qu’étudiant des Beaux-Arts de Perpignan, ça me semblait tellement inaccessible… », avoue-t-il avec un mélange de réserve et de témérité.
Sabine Gignoux
(1) Nicolas Daubanes, « Le Chiffre Noir » au Drawing Lab, 17 rue de Richelieu, Paris 1er, jusqu’au 4 mars. (2) La devise de Louis XIV, souvent gravée sur des plaques de cheminée, détournée aujourd’hui par des désespérés comme dans le film éponyme de Gaspar Noé.