Hommage à Alain Iglesis, disparu accidentellement le 19 mai 2021, à l'âge de 60 ans …
Après avoir effectué son service militaire en gendarmerie à Saint-Astier (Dordogne), Alain Iglesis, a rejoint, au vu de ses capacités physiques ainsi que de ses aptitudes pratiques, cognitives et intellectuelles, le Peloton de Gendarmerie de Haute-Montagne de Chamonix.
A 20 ans, Alain a épousé les massifs et les sommets de la Haute-Savoie, à savoir cette carrière montagnarde, âpre certes de prime abord, mais fraternelle, solidaire, salvatrice et indispensable ô combien dans son esprit et dans son âme...
Cette carrière l'a forgé en retour, corps et biens, sans exclusive et sans limite, dans la détermination de ses passions, et plus notablement dans la réalisation de toutes celles qui l'ont fait vivre et vibrer, dont notamment l'alpinisme...des passions qui l'ont animé et exalté, et ce durant toute son existence...
Dès son adolescence, Alain s'est déclaré puis affirmé auprès de tout un chacun comme un montagnard doté de qualités innées... Très rapidement, il est devenu expert, en matière de randonnée, puis d'escalade...enfin d'alpinisme...
Salvatrice et et indispensable, c'est ainsi que se présente la vie professionnelle d'Alain, qui, sans l'ombre d'une hésitation, a toujours et sans nulle crainte préféré le sacrifice inconditionnel de sa vie de sauveteur à la douloureuse résignation de se résigner à voir un skieur, un randonneur ou un alpiniste souffrir ou décéder accidentellement, quels que soient les risques auxquels son humble personne a été conduite à s'exposer, quelle que la situation dramatique du quidam en péril qu'il est parvenu à extirper des griffes de la mort...
Alain a toujours su conserver la tête sur les épaules... Il était un maître, une référence dans le sauvetage...Le sauvetage n'est hélas aujourd'hui considéré ni comme un art, ni comme un sport, ni comme une discipline... Et c'est bien regrettable, compte tenu du nombre de vies qu'un sauveteur peut compter à l'actif de l'accomplissement de missions effectuées avec patience, savoir-faire et humilité, et ce au péril-même de sa vie...
Lorsqu'on considère ce qu'a été la vie d'Alain , il serait honnête et pertinent de qualifier verbalement et honorablement l'acte que constitue le sauvetage en montagne... un acte nimbé d'abnégation, de dépassement de soi et de sacrifice personnel...
Alain a sauvé plus de 1000 vies, au long de sa carrière professionnelle.
Alain Iglesis a refusé de devenir gradé pour continuer à sauver la vie de promeneurs égarés dans des forêts et sur des pistes, d'alpinistes soudainement victimes d'avalanches, de skieurs emportés - tels d'innocents fétus de paille - dans la tourmente et dans la tragédie de plaques-avant.
"Le héros fait ce qu'il peut, les autres ne le font pas..." a écrit Romain Rolland...
La vie d'Alain éclaire celle des hommes : de ceux qui, au mépris de tous les dangers, prennent tous les risques
possibles et inimaginables, pour sauver l'autre...
Alain est plus qu'un homme : il était hier un exemple, il est aujourd'hui un héros ou un symbole, il sera demain une légende voire un mythe...Il devient pour l'éternité le guide des hommes et des femmes de toutes les corporations : certes celui des Pelotons de Gendarmerie de Montagne et de Haute-Montagne, mais plus encore il luit au firmament des mémoires, telle l'étoile scintillante de la loi morale qu'évoquait le philosophe Kant : celle qu'ont en commun et en partage les gendarmes, les policiers, les militaires, les pompiers...
Bref: tous ceux qui font abstraction de leur propre personne pour venir en aide à tous leurs frères humains, qu'ils soient leurs semblables ou non, quelles que soient leurs races, leurs couleurs de peau, leurs obédiences religieuses, leurs opinions politiques...
Alain a sauvé un millier de vies... Le 19 mai 2021 aux environs de midi, le destin a voulu qu'il disparaisse dans le massif du Mont-Blanc... Le malheur a décidé qu'il ne puisse en réchapper...
Au revoir Alain, sache que tu es à chaque jour et à chaque instant présent dans nos cœurs, nous qui t’avons connu et aimé... et que nous ne t'oublierons jamais, et ce tant que nous vivrons...
Nous pensons très fort à toi, à chaque battement de nos cœurs et à chaque soupir de notre vie...
Pour toute notre famille, tes frères Henri et Jean...