Dans le lit de la haine
Dans le lit de la haine,
Ne sommeillent ni les nounours,
Ni l'espoir en de meilleurs jours.
Les enfants dans la nuit d’ébène,
Cernés par les croquemitaines,
Rêvent de gloires incertaines.
Bercés par le chant des sirènes,
Poings serrés et mains déjà pleines,
Ils dorment tandis que reviennent
Les vieux démons qui les ramènent
Aux horreurs de l’histoire ancienne,
Dans le lit de la haine.
Dans le lit de la haine,
Il fait si noir que dans un four.
Les comptines ont tourné court.
Les enfants sous le ciel amène,
Repus de joies un rien obscènes,
Rêvent d’une vie mise en scène
Et de conquêtes aériennes.
Ils dorment sans qu’ils se souviennent
Des libertés perdant haleine,
Des droits que l’on bafoue sans gêne,
Des leçons de l’histoire ancienne,
Dans le lit de la haine.
Dans le lit de la haine,
Les craintes ont exclu l’amour.
Le doute bat sous l’abat-jour.
Les enfants sous la lune pleine,
Croulant dessous le joug des chaînes,
Rêvent de guerres inhumaines,
Remportées sans aucune peine.
Ils dorment tandis que reviennent
Les navires sans capitaine,
Les chefs de l’armée mexicaine,
Les relents de l’histoire ancienne,
Dans le lit de la haine.
Jean Iglesis