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30 janvier 2024 2 30 /01 /janvier /2024 10:33
Sophie Naukeau - André Velter à Collioure (par S. Nauleau) -S. Tesson
Sophie Naukeau - André Velter à Collioure (par S. Nauleau) -S. Tesson
Sophie Naukeau - André Velter à Collioure (par S. Nauleau) -S. Tesson

Sophie Naukeau - André Velter à Collioure (par S. Nauleau) -S. Tesson

Débat 

 

Dysfonctionnement au "Printemps des poètes" 

L'article du journal Le Monde démonte les non-dits de la structure subventionnée par l'Etat (260 000 euros par an) et du trio qui se partage les postes : S. Nauleau, compagne du poète A. Velter devient salariée...

Elle démissionne, sous la pression de mille signataires "d'extrême-gauche", écrit le JDD...

Voici un extrait de ce reportage fort bien documenté...

JPB

 

Polémique Tesson : le Printemps des poètes en pleine tourmente

 

Au-delà des critiques provoquées par le choix de l’écrivain Sylvain Tesson comme parrain de l’édition 2024, le fonctionnement de cette institution est mis en cause. Huit anciens salariés évoquent un management traumatisant. 

Rimbaud aurait adoré. Loin des fleuves impassibles, le petit monde français de la poésie tangue depuis une semaine tel un bateau ivre, bousculé par les trombes, les ressacs, les courants et les clapotements furieux des marées. La décision de désigner l’écrivain Sylvain Tesson parrain de l’édition 2024 du Printemps des poètes a créé un immense tohu-bohu. Pétition de poètes, riposte médiatique et politique, contre-pétition, préparation d’un contre-Printemps…

Et voici maintenant que s’ouvre un nouveau front : de nombreux anciens salariés du Printemps des poètes dénoncent auprès du Monde ce qu’ils considèrent comme l’entre-soi étouffant d’une institution vieillissante, et le management douloureux dont ils auraient été victimes ces dernières années de la part de sa directrice, Sophie Nauleau – celle, justement, qui a choisi Tesson. De quoi émouvoir le Centre national du livre (CNL), qui dépend du ministère de la culture et constitue le principal bailleur de fonds du Printemps.

A l’issue des festivités, prévues du 9 au 25 mars, le CNL « procédera à un bilan de cette 25e édition » et « examinera les difficultés de fonctionnement interne qui viendraient à être portées à sa connaissance si elles sont susceptibles de porter préjudice à cette manifestation essentielle pour la poésie », annonce son directeur général, Pascal Perrault.

Tout est donc parti du choix de Sylvain Tesson. Un écrivain connu, brillant, féru de poésie – il a notamment écrit Un été avec Rimbaud (France Inter-Les Equateurs, 2021) –, mais qui est aussi devenu une « icône réactionnaire », selon les signataires de la pétition qui a lancé l’affaire. Dans son essai Réactions françaises. Enquête sur l’extrême droite littéraire (Seuil, 2023), le journaliste François Krug, qui collabore au Monde, a rappelé que Sylvain Tesson avait cultivé des accointances avec l’extrême droite.

Naguère animateur d’une émission sur Radio Courtoisie, proche de certaines figures de la nouvelle droite, comme Jean Mabire et Dominique Venner, il n’a jamais caché son admiration pour Jean Raspail, auteur du roman Le Camp des saints(Robert Laffont, 1973), récit d’une invasion de la France par des hordes d’immigrés, qui fait référence dans toute une partie de l’extrême droite.

« Quand j’ai découvert ce nom, le 10 janvier, je me suis dit : oh la tuile, ça va causer des problèmes ! », se souvient Bruno Doucey, dont la maison d’édition qui porte son nom, spécialisée dans la poésie, publie une des trois anthologies qui paraissent chaque année à l’occasion du Printemps des poètes.

Le thème choisi pour l’édition 2024, « La grâce », lui paraissait déjà un peu problématique, en raison de ses fortes connotations chrétiennes – « Dans mon anthologie, j’ai cherché des significations qui nous emmènent au contraire vers les extases érotiques ou le coup de grâce, par exemple. » Alors, avec Sylvain Tesson comme parrain, le risque que certains poètes s’inquiètent d’un coup de barre à droite lui paraissait élevé.

Il voyait juste. Sur Instagram, les critiques s’accumulent sous le message du Printemps des poètes annonçant ce parrainage. L’organisateur efface les plus mordantes, dans l’espoir de stopper la polémique. Cette censure attise au contraire le mécontentement. La direction du Printemps veut faire taire les voix discordantes ? Une poignée de poètes de gauche décide de crier plus fort, et entame la rédaction d’une tribune. Une première version, qui se veut rassembleuse, est écartée. Celle qui paraît finalement sur le site de Libération, le 18 janvier, est plus dure.

D’emblée, le choix de Sylvain Tesson est présenté comme une étape supplémentaire dans la dérive politique de la France, après le vote de la loi « immigration » et « le glissement du second mandat d’Emmanuel Macron (…) vers un projet politique plus que jamais proche de l’extrême droite ». Refusant « la banalisation d’une idéologie réactionnaire incarnée par Sylvain Tesson », les pétitionnaires demandent au Printemps des poètes de renoncer à cette décision.

Malgré ou en raison de sa radicalité, le texte fait mouche. En quelques jours, plus de 2 000 personnes le signent. Des poètes plutôt jeunes, des écrivains, des traducteurs, des bibliothécaires… Beaucoup de noms ignorés du grand public – rares sont les vedettes dans la poésie –, mais aussi quelques personnalités comme les poètes Charles Pennequin et Rim Battal, les écrivains Nancy Huston, Chloé Delaume, Martin Winckler et Baptiste Beaulieu ou le comédien Jacques Bonnaffé.

Lire aussi le portrait |  Article réservé à nos abonnés  La matière grise de Chloé Delaume

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Plusieurs professionnels de la poésie signent aussi la tribune, ne craignant pas de cibler la principale institution du secteur. C’est le cas d’éditeurs comme Alexandre Bord (L’Iconoclaste) ou Isabelle Sauvage, ou encore d’Yves Boudier, cheville ouvrière de l’autre grand rendez-vous annuel, le Marché de la poésie : « Le choix de Sylvain Tesson est totalement décalé par rapport aux valeurs du Printemps des poètes », une manifestation lancée en 1999 par Jack Lang, juge-t-il. Sur le modèle de la Fête de la musique, l’ancien ministre socialiste de la culture rêvait alors d’une grande opération populaire, pour faire descendre la poésie dans les rues, les écoles, les hôpitaux…

 (extrait - Par Denis Cosnard

Publié le 24 janvier 2024 à 15h50, modifié le 26 janvier 2024 à 10h04 – à suivre…)

 

Lire aussi la chronique |  Article réservé à nos abonnés  « Dans l’affaire Sylvain Tesson, le censeur d’aujourd’hui pourrait devenir la victime de demain, et l’extrême droite n’attend que cela »

 

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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