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29 février 2024 4 29 /02 /février /2024 07:49
Grand-mère, par Jean IGLESIS
Grand-mère, par Jean IGLESIS
Grand-mère, par Jean IGLESIS

Grand-mère

 
Lorsque j’évoque ma grand-mère, c’est comme un boomerang qui me revient en plein cœur…
Fragilité et force : deux termes en constante opposition, définissant ce qu’on peut éprouver au tréfonds de soi, tant l’enfance est importante dans une vie humaine. La fragilité d’une grand-mère, c’est celle du petit chaperon rouge que le loup dévore et à laquelle il se substitue, dans la symbolique de Perrault, c’est encore celle que la petite marchande d’allumettes ressuscite au plus froid de l’hiver, dans le conte d’Andersen, c’est en outre celle de Pagnol qui dit à Naïs, «le bossu», que «les bosses dissimulent des ailes qui conduisent sans ambages les bossus au ciel…» Un jour, par malheur, lorsque les grands-mères disparaissent, les bossus ne sont plus les anges que l’on s’appliquait à décrire…
 
La force que m’a donnée ma grand-mère, c’est cet océan d’affection qui déborde, m’envahit et me bouleverse et qui a forgé de tendresse, de douceur et de droiture l’enfant que j’ai été. La fidélité, la mémoire, le respect, la tolérance, l’honnêteté affective ou intellectuelle sont autant d’éléments qui ont participé à ma construction et dont je ne saurais jamais me départir, pour avoir connu jusqu’à 23 ans révolus la personne que j’ai sans nul doute le plus aimée au monde et dont le souvenir me permet aujourd’hui de me conduire comme un enfant, avec toutes ses qualités et ses défauts.
 
Au-delà de la peine, il y a par ailleurs cette dimension proustienne: temps passé et temps retrouvé ne font qu’un…la saveur d’un café au lait, l’écorce d’une mandarine, la madeleine que l’on redécouvre rappellent à la vie la grand-mère enfuie… Dans le jeu des correspondances baudelairiennes, les souvenirs affleurent, remontent à la surface. Mais à la surface de la vie, comme une plaie béante qui ne se refermera plus, il y a la disparition de sa grand-mère, événement terrible qui nous donne, sans que nous le sollicitions, un avant-goût du malheur, celui que nous n’imaginons aucunement et que nous souhaitons moins encore mais que nous connaîtrons peut-être demain, au départ d’un être cher. Le sort nous vole un être aimé et, sans que l’âge apparaisse comme un facteur déterminant, en cette douloureuse occasion, la mort ne connaît pas d’explication, ni de motif, ni de prétexte, ni d’alibi. Perdre sa grand-mère, c’est explorer le «paradis perdu» du poète Milton, c’est s’y replonger comme pour un triste baptême, c’est avouer que «le temps passé, jamais ne reviendra», c’est se dire, à l’instar de Malherbe, dans les stances qu’il formula à Monsieur Du Périer, au moment même de la disparition de sa fille, «qu'elle était du monde où les plus belles choses ont le pire destin et, qu’en tant que rose, elle a vécu ce que vivent les roses: l’espace d’un matin…»
 
Il y a en outre cet instant intime, viscéral, ce vide sidéral et temporel qu’il est impossible de traduire, d’exprimer et qui est comme une écharde plantée en soi, incrustée dans sa chair. Quand le malheur survient, c’est une éclipse de la réalité, de la vérité, de la sincérité des choses les plus simples que l’on ressent. Lorsque sa grand-mère s’en va pour toujours et à jamais, c’est une étoile qui s’éteint dans le ciel qui a béni l’aube de notre naissance. Souffrance que l’on a du mal à taire, mais qu’il faut par pudeur, et de par sa responsabilité d’individu citoyen, assumer. Ne rien dire, accuser le coup et assumer, tête haute, voilà ce que l’on doit observer…car faire étalage de ce deuil qui invite au tournis, qui laisse pantois et donnerait le mal de mer aux navigateurs les mieux rompus au roulis, au tangage et aux ouragans les plus violents, n’est pas de mise. Il faut garder le cap, faire face et combattre, même si l’on ne se consolera jamais de cette perte. Si l’on faillait à sa mission, si l'on se démettait des attributs de sa propre personne, des apparences ostentatoires de sa personnalité, comme Pagnol l’exprimait: «...ça ferait pleurer les enfants...». Je me permettrais de renchérir: cela aurait certainement fait encore plus de peine à ma grand-mère…celle que j’aime et aimerai jusqu’à mon dernier jour, qui sait? Peut-être celui de la fin du monde… certainement celui de ma propre fin…
Lorsqu’une grand-mère quitte cet univers de plus en plus indistinct, c’est à nouveau et encore ou une fois de plus la mienne que je perds.
 
Jean Iglesis
 
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La Societé Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales

a le plaisir de vous convier

à la conférence de Alain Ayats, Docteur en histoire 

 

L’histoire du Roussillon : mythes, mensonges et parano


 

Jeudi 29 février 2024 - 18h30 - Médiathèque – 15, rue Émile-Zola - Perpignan

 

 

 

Après une quarantaine d’années passée à observer la façon dont est écrite, utilisée et diffusée l’histoire du Roussillon, je peux constater que certains mythes ont la vie dure. C’est le cas de la révolte des Angelets. De son côté, l’Édit de 1700 continue de donner lieu à des mensonges, conséquences de graves erreurs de lecture dont on peut se demander si elles sont volontaires ou pas. En promouvant un catalan normatif qui n’a jamais été parlé au nord des Pyrénées, diverses institutions contribuent à la disparition de la variante roussillonnaise, si riche et si particulière. La commémoration de la Retirada continue de donner lieu à diverses surenchères, au sujet des chiffres, des causes de l’exil...La plupart de ces interprétations se fondent sur la conviction, sincère ou prétendue, que depuis des siècles des pouvoirs politiques, au nord comme au sud, en ont voulu aux Catalans.
 

 

Entrée libre et gratuite

En partenariat avec la Médiathèque de Perpignan

 

Le Bureau 

SASL des Pyrénées-Orientales

communication@sasl-des-po.fr

 

 

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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