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17 février 2024 6 17 /02 /février /2024 09:36
L'ethnologue Claude Lévi-Strauss,, prof au lycée de garçons de Perpignan - Expo Artur HERAS à Perpignan

L'ethnologue Claude Lévi-Strauss,, prof au lycée de garçons de Perpignan

Les jeunes le méconnaissent et les ignares encore plus.. Les antisémites le haïssent... Tout cela ne nous empêche pas de parler des grands hommes !

 Pourtant Lévi-Strauss était un de nos plus célèbres chercheurs ! En 1940, le régime de Vichy l'écarte de l'enseignement; il parviendra cependant à obtenir, pendant quelques mois, un poste à l'ancien lycée (détruit pour construire un parking et étendre aujourd'hui le palais de justice...

jpb


 

Il y était pour d’autres. Son collègue Paul Rivet, directeur du Musée de l’homme, adresse le 14 juillet une lettre ouverte à Pétain : « Monsieur le Maréchal, le pays n’est pas avec vous, la France n’est plus avec vous. » Rivet est évidemment aussitôt relevé de ses fonctions et entre dans la Résistance, avec le fameux réseau du Musée de l’homme.

Lévi-Strauss, lui, fait le mur de la caserne en juillet et s’en va au rectorat proposer ses services : les élèves vont passer leur bac et il demande si l’on n’aurait pas besoin d’un examinateur de philo. Justement si, et une fois les épreuves passées il s’en va rejoindre ses parents dans les Cévennes. Pour la rentrée suivante, l’administration l’affecte au lycée Henri-IV et, en septembre 1940, il s’en va benoîtement à Vichy pour savoir comment gagner son poste à Paris.

Le secrétariat d’Etat à l’instruction publique est installé dans une école communale, et le fonctionnaire le regarde, les yeux ronds : « Avec le nom que vous portez, aller à Paris ? Vous n’y pensez pas ? » « A ce moment seulement, j’ai commencé à comprendre », dit Lévi-Strauss. « Avec le recul du temps, votre démarche paraît étonnante, lui dit poliment Didier Eribon. La situation était-elle si peu évidente pour les gens qui la vivaient ? » « Je vous l’ai dit, j’ai toujours manqué d’imagination, répond l’ethnologue, cela m’a aidé lors de mes expéditions : je ne me rendais pas compte du danger. Eh bien, c’était la même chose. »

Il s’en retourne tout pensif dans les Cévennes, et est finalement affecté au lycée de Perpignan, où ses collègues le fuient. Il s’était déjà fait traiter de « sale juif » à l’école communale, mais en a assez peu parlé. Sa mère était fille de rabbin, mais élevée chez les bonnes sœurs, et ses parents totalement irréligieux.

Le premier statut des juifs, le 3 octobre 1940, cueille le jeune professeur à Perpignan. Il est mis à pied, mais reçoit un petit mot chaleureux de l’un de ses maîtres, Georges Dumas, l’homme qui l’avait envoyé au Brésil en 1935. Dumas, médecin, psychologue, fondateur de l’université de Sao Paulo, donnait au milieu des années 1920 un cours à Sainte-Anne, que suivait l’apprenti philosophe, comme Jacques Lacan, Paul Nizan, Raymond Aron, Jean-Paul Sartre ou Georges Canguilhem.

… Georges Dumas convainc à l’automne 1940 le secrétariat d’Etat à l’instruction publique de saisir le Conseil d’Etat d’une demande de dérogation au statut des juifs, pour que Lévi-Strauss puisse continuer à enseigner, avant qu’il soit mis à pied. L’ethnologue est alors professeur en classe préparatoire à Polytechnique, à Montpellier, où il fait semblant de faire cours à des étudiants qui ne font pas semblant d’écouter. Trois semaines plus tard, Lévi-Strauss reçoit sa lettre de révocation, en raison des lois raciales... (extraits) 

 


https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/07/apres-les-lois-antijuives-de-vichy-la-grande-traversee-de-claude-levi-strauss_6215151_3224.html?random=419798219
 

Expo...derniers jours

 

Nematis
 
 
L'exposition se poursuit jusqu'au 31 mars 2024
 
 
"DE LA NUIT ET DU BROUILLARD"
 
 
Artur HERAS
 
 
Du mardi au vendredi de 14h à 18h
Samedi de 12h à 18h
 
Visites guidées sur inscription du jeudi au dimanche à 14h30 et à 16h mediationsacmcm@gmail.com
 
 
 
 
Ce qui rend unique l'extermination perpétrée par les nazis, c'est la planification exhaustive à la fois du crime de masse et de son invisibilité. Dès lors, toute recherche, y compris l'artistique, sur le sujet doit consister à recoller les morceaux épars de documentation que le hasard nous a légués, des morceaux récupérés.Des traces, en somme. 
 
Cet ouvrage, qui sous le titre De la nuit et du brouillard est exposé au Centre d'art àcentmètresducentredumonde de Perpignan rassemble plus d'une soixantaine d'oeuvres de l'artiste plastique espagnol Artur HERAS, dans lesquelles il révèle son intérêt pour les disparus, son intérêt pour les escamoteurs, les escamotés et les procédés de l'escamotage.
 
Le projet est complété par la publication d'un Journal avec des images d'Artur HERAS et des textes d'Anacleto FERRER, commissaire de l'exposition.
 
L’exposition De la nuit et du brouillard est le fruit de la collaboration entre Anacleto Ferrer, professeur de l'Université de Valence (Espagne) et l’artiste plasticien Artur Heras. Depuis plusieurs années ils ont ensemble été commissaires d’expositions ou créateurs de projets impliquant des figures valenciennes ou internationales de l'art ou de la pensée.

Anacleto Ferrer a traduit des auteurs allemands et publié des ouvrages sur la représentation de l’Holocauste, Facticidad y ficción. Ensayo sobre cinco secuencias de perpetración de la Shoah (2020). Pour Artur HERAS, l’art n’est pas seulement une recherche esthétique, c’est un langage.
 
A l’origine de cette exposition se trouve une série de dessins basés sur les archives policières des camps de concentration nazis entreprise par l’artiste durant les mois d’enfermement de la pandémie. Il est né en 1945. Il cherche donc, à travers les images qu’il compile et recrée, ce que fut ou comment fut le monde sur lequel il a ouvert les yeux lors de cette année apocalyptique.
 
 Comment exprimer en effet l’inimaginable ? 
 
En Espagne où la guerre civile n’a pris fin que récemment, c’est celui de la supercherie. L’école, l’Eglise, les médias présentent les vainqueurs comme les défenseurs de la civilisation alors qu’ils remplissent encore et encore des fosses communes clandestines de fusillés officiels ou anonymes et les camps de concentration construits sur le modèle allemand de milliers de prisonniers.
 
Cet ensemble d’oeuvres n’est pas un documentaire de plus, l’inventaire des données, des circonstances ou des statistiques. Il ne s’agit pas d’apporter des connaissances ni de faire appel à la raison mais de faire naître chez le spectateur la sensation de ces moments et l’art seul peut y prétendre. 
 
Ce sont des oeuvres réalisées avec des techniques sommaires ou fondamentales dans lesquelles le dessin est l’instrument qui permet de replacer le sujet parmi l’intemporalité de la douleur et de sa représentation au moyen de l’expression artistique nue qui fut la forme primitive du témoignage humain. 
 
Témoignage enveloppé d’une poussière noire de fumée, bien éloigné sans nul doute de toute sensualité esthétique.
 
 
 
 
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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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