L'ethnologue Claude Lévi-Strauss,, prof au lycée de garçons de Perpignan
Les jeunes le méconnaissent et les ignares encore plus.. Les antisémites le haïssent... Tout cela ne nous empêche pas de parler des grands hommes !
Pourtant Lévi-Strauss était un de nos plus célèbres chercheurs ! En 1940, le régime de Vichy l'écarte de l'enseignement; il parviendra cependant à obtenir, pendant quelques mois, un poste à l'ancien lycée (détruit pour construire un parking et étendre aujourd'hui le palais de justice...
jpb
Il y était pour d’autres. Son collègue Paul Rivet, directeur du Musée de l’homme, adresse le 14 juillet une lettre ouverte à Pétain : « Monsieur le Maréchal, le pays n’est pas avec vous, la France n’est plus avec vous. » Rivet est évidemment aussitôt relevé de ses fonctions et entre dans la Résistance, avec le fameux réseau du Musée de l’homme.
Lévi-Strauss, lui, fait le mur de la caserne en juillet et s’en va au rectorat proposer ses services : les élèves vont passer leur bac et il demande si l’on n’aurait pas besoin d’un examinateur de philo. Justement si, et une fois les épreuves passées il s’en va rejoindre ses parents dans les Cévennes. Pour la rentrée suivante, l’administration l’affecte au lycée Henri-IV et, en septembre 1940, il s’en va benoîtement à Vichy pour savoir comment gagner son poste à Paris.
Le secrétariat d’Etat à l’instruction publique est installé dans une école communale, et le fonctionnaire le regarde, les yeux ronds : « Avec le nom que vous portez, aller à Paris ? Vous n’y pensez pas ? » « A ce moment seulement, j’ai commencé à comprendre », dit Lévi-Strauss. « Avec le recul du temps, votre démarche paraît étonnante, lui dit poliment Didier Eribon. La situation était-elle si peu évidente pour les gens qui la vivaient ? » « Je vous l’ai dit, j’ai toujours manqué d’imagination, répond l’ethnologue, cela m’a aidé lors de mes expéditions : je ne me rendais pas compte du danger. Eh bien, c’était la même chose. »
Il s’en retourne tout pensif dans les Cévennes, et est finalement affecté au lycée de Perpignan, où ses collègues le fuient. Il s’était déjà fait traiter de « sale juif » à l’école communale, mais en a assez peu parlé. Sa mère était fille de rabbin, mais élevée chez les bonnes sœurs, et ses parents totalement irréligieux.
Le premier statut des juifs, le 3 octobre 1940, cueille le jeune professeur à Perpignan. Il est mis à pied, mais reçoit un petit mot chaleureux de l’un de ses maîtres, Georges Dumas, l’homme qui l’avait envoyé au Brésil en 1935. Dumas, médecin, psychologue, fondateur de l’université de Sao Paulo, donnait au milieu des années 1920 un cours à Sainte-Anne, que suivait l’apprenti philosophe, comme Jacques Lacan, Paul Nizan, Raymond Aron, Jean-Paul Sartre ou Georges Canguilhem.
… Georges Dumas convainc à l’automne 1940 le secrétariat d’Etat à l’instruction publique de saisir le Conseil d’Etat d’une demande de dérogation au statut des juifs, pour que Lévi-Strauss puisse continuer à enseigner, avant qu’il soit mis à pied. L’ethnologue est alors professeur en classe préparatoire à Polytechnique, à Montpellier, où il fait semblant de faire cours à des étudiants qui ne font pas semblant d’écouter. Trois semaines plus tard, Lévi-Strauss reçoit sa lettre de révocation, en raison des lois raciales... (extraits)
Expo...derniers jours
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