Maillol le Catalan - Influences, thèmes méditerranéens, art antique, baigneuses, la vague - Dina Vierny...
Maillol le Catalan
Né à Banyuls de la Marenda en 1861, d’une famille de paysans-viticulteurs, d‘un père drapier. Son nom signifie : jeune cep de vigne, jeune pousse de vigne. (1)
Cet homme humble, bonhomme, à l’allure paysanne parlait catalan dans le quartier « Cap Doune » qui domine Banyuls/Mer, au nord, quartier typique (2)
Des films d’époque (avec commentaires de Claude Roy, projetés au musée de Banyuls) le montrent parlant en catalan avec les voisins proches de la métairie, son dernier atelier, après celui de Puig el Mas, se promenant dans les vignes avec ses espadrilles de cordes.
L’inspiration catalane se voit dans ses premières peintures (paysage de villages, de mas, de la mer…), avec les thèmes de la vague et de la mer (motif pictural des baigneuses) qui domine, symboles de vie, de la présence de Vénus, donc de la quête de la beauté, à travers les femmes, nues, nombreuses dans son œuvre : peintures, dessins, céramiques, gravures sur bois, sculptures, création de papiers à dessins… (3)
Ces femmes sont robustes, lourdes, aux cuisses et seins imposants (surtout à partir de la rencontre avec Dina, en 1934 :
-L’hommage à Blanqui : l’Action enchaînée : avec un corps quasi obscène dont le vernissage a été refusé par la mairie de Puget-Théniers, en Provence ; érigée en 1908)
-La Méditerranée, marbre, 190, Orsay – bronze à Perpigna et aux Tuileries, en pierre en Suisse)
-La montagne, plomb, 1937, Tuileries.
-La Vénus (au collier ou sans), place de la Loge, à Perpignan, et le Buste, 1920, Bâle.
-La nuit, Tuileries
-Léda, bronze, 1900
-La fille à la colombe, assise, munie de cuisses énormes.
-Pomone, 1910, Tuileries (lire François Bassères, « Maillol mon ami », souvenirs, 1979, page 167)
… Cependant, ce sont surtout les arts anciens, primitifs, égyptiens, khmer et surtout grecs qui l’influenceront ; d’où ce voyage unique (à part Barcelone et l’Italie) en Grèce, avec le comte Kessler et Hugo Von Hofmannsthal : cf. Son journal de 1908 (édition Fondation D. Vierny et Musée Frederic Marès, Barcelona, 2016)
Ses sculptures sont alors longilignes, fines, comme L’Isle-de-France (1925, Tuileries), le Monument à Debussy, les lithographies pour L’Art d’aimer d’Ovide, 1935- ou La jeune fille marchant, ou Le Monument à Cézanne, plomb 1912/25, Tuileries, refusé par la ville d’Aix-en-Provence – repris pour L’Air (hommage à Mermoz, Toulouse et le monument aux morts de Port-Vendres, qui lui ressemblent.
Cependant, il ne faut pas identifier dans ces figures de femmes, des personnages précis, catalans ou grecs, mais y lire des abstractions ; ainsi, La Méditerranée s’appelait au début : La Pensée ou Pensée, simplement.
ce sont des sculptures aptes à la médiation, à la « raison classique », selon l’expression de son ami Maurice Denis ; il s’agit surtout d’architectures, assises dans un cube ou debout dans un parallélépipède (polyèdre à six faces) ou accroupies dans une pyramide triangulaire.
Épurées, dépouillées, au modelé simplifié, éliminant les accessoires, ce qui l’oppose au lyrisme de Rodin ; elles expriment la vie, la puissance, la révolte (cf. Blanqui, révolutionnaire qui influença le philosophe W. Benjamin).
Et son dernier message, la sculpture L’Harmonie, inachevée, comme un résumé de son œuvre.
Maillol disait : « L’art ne consiste pas à copier la nature. »
Son but est la beauté, seule signification à donner à l’œuvre maillolesque…
- François Bassères : Maillol, mon ami, pages 20, 22, pour le décor et la maison natale et Henri Frère : Conversations avec Maillol).
- escaliers, jardins avec orangers, citronnier, Banyuls serait la « Menton de la Côte vermeille »), où l’artiste est né : conservée par Dina Vierny, son dernier modèle, l’héritière après la mort du fils unique, Lucien. D. Vierny, à l’occasion de la préparation d’une brochure sur elle et Maillol (2000, DinaVierny, une grande dame au pays de Maillol), elle m’invita à deux reprises à venir dîner avec l’ultime descendant Yvon Berta-Maillol, qui possède un domaine près du musée Maillol (un de ses fils, Jean-Marie, étant conservateur), sur la route des vins.
- Par exemple : La baigneuse aux bras levés, 1934, Les Tuileries, Paris.
-La baigneuse accroupie, 1930, Genève.
-La femme à la vague, 1898, collect. H. de Monfreid.
-Baigneuse à la draperie, 1921, Tuileries.
-La mer, 1895, exposée au Petit Palais…
- - - à suivre :
*Les influences