Mme Jeanne-Marie Perrenoud, secrétaire de l'ARE (Aide aux Réfugiés Espagnols) expose en 1958 la situation des réfugiés en France; elle rappelle dans "Choses vues et renseignements recueillis à Perpignan, Toulouse et Montauban, du 6 au 9/8/1958", l'appel de Camus, dont le comité suisse d'aide aux réfugiés espagnols joint le texte dans le dit rapport) -
Adresse du comité suisse d'aide aux réfugiés espagnols, pour la France : Mme Suzanne Chatelet, 12 avenue de Gaulle, à Perpignan)-
"Appel de Camus :
Nous avons formé avec quelques amis d'Amérique et d'Europe un omité de secours aux réfugiés espagnols. Je vous écris pour vous demander simplement de nous aider. Pour nous tous, la guerre d'Espagne est terminée. Pour beaucoup d'hommes dans le monde, elle continue à travers malheurs et privations. Ils supportent la pauvreté et la malaadie avec fierté.
Mais nous devons pourtant les soulager si nous le pouvons. Notre aide leur assure des soins médicaux, les instruments de leur travail, la promesse d'une vie plus digne. Ce que vous ferez pour eux se traduira immédiatement dans leur vie de tous les jours. Faites-le, je vous en prie. Et d'avance je vous remercie de tout coeur.
Albert Camus."
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Camus : Franco, défenseur de la culture ! *
(Le conseil économique et social de l'ONU a émis -juin 1958- un vote favorable à l'admission de Franco à l'UNESCO (sauf le Mexique, l'URSS et ses satellites; la France a voté pour; la Suède s'est abstenue). Camus écrit au directeur général de l'Unesco :
"M. le Directeur général,
Par une lettre du 30 mai, l'Unesco a bien voulu me demander de collaborer à une enquête sur le problème intéressant la culture et l'éducation...Je ne peux consentir à cette collaboration aussi longtemps qu'il sera question de faire entrer l'Espagne franquiste à l'Unesco...
L'Espagne franquiste, qui censure toute expression libre, censure aussi vos publications... Si déjà l'adhésion de l'Espagne franquiste aux Nations Unies soulève de graves questions dont plusieurs intéressent la décence, son entrée à l'Unesco, comme d'ailleurs celle de tout gouvernement totalitaire, violera par surcroît la logique la plus élémentaire. J'ajoute qu'après les récentes et cyniques exécutions de militants syndicalistes en Espagne, et au moment où se préparent de nouveaux procès, cette décision serait particulièrement scandaleuse...
C'est pourquoi... je me sens obligé de refuser tout contact avec votre organisme, jusqu'à la date où il reviendra sur sa décision, et de dénoncer jusque là l'ambiguïté inacceptable de son action..."
(La Révolution prolétarienne n°364, juillet 1952, page 23)
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* Lire d'autres articles et messages de Camus dans "Camus libertaire", de Lou Marin (Indigène éditions, Montpellier)