Exposition de Michel Pagnoux au mas Génégals, musée Marcel GOLI, (non loin de Vringrau, sur les hauteurs, aller au pas deL'Echelle, puis suivre les panneaux "Musée M.Gili")
* Extrait d'un livre à paraître sur les communautés libertaires, agricoles et artistiques dans le 66 :
Témoignage de Michel Pagnoux, artiste-peintre installé à Opoul (66)
M.Pagnoux est originaire de Dordogne; en mai 68, il est étudiant aux Beaux-Arts à Toulouse; il rencontre par hasard deux Bretons, deux frères, Albert et Hervé Mérour, installés dans le village d'Opoul. Ils étaient dans la mouvance surréaliste et situationniste. Appartenant au groupe "Phases", ils avaient des contacts ici, dans les Pyrénées-orientales, avec Georges Roquefort et Jean-Louis Roure, du mouvement surréaliste et de "Cobra". Ce fut une aventure fondatrice, essentielle, donc, avec le peintre Albert Mérour, déjà quelque peu confirmé dans sa Bretagne natale et même à Paris, par l'intermédiaire d'Edouard Jaguer, fondateur et animateur du groupe Phases, et l'autre grand poète (Hervé Mérour), lui aussi adoubé au sein de Phases" et passionné de théorie anarchiste au point d'avoir fréquenté de près le situationnistes de Guy Debord.
C'est Albert, surtout, et tous leurs copains et amis de Brest et d'ailleurs, qui avaient dans l'idée de fonder une sorte d'atelier informel, communauté d'artistes et chercheurs d'absolu, un peu dans l'esprit de ce que ce pauvre Van Gogh souhaitait faire dans le Midi avec son collègue Gauguin...
" Echappé des Beaux-Arts de Toulouse, de l'Armée (réformé, bien évidemment), j'étais prêt à toutes les expériences...il faut dire que l'époque s'y prêtait : mai-68 nous avait laissé sur notre faim: moi, je venais de l'"underground" américano-britanique: Beatles,Dylan, Hendrix, Grateful Dead, une envie de liberté, d'expériences, de spiritualité, voyages en Inde, envie d'un autre monde, de beauté, d'amour, et je me retrouvais face à un autre monde, tout aussi intéressant et riche: celui de surréalistes et de leur "révolution" ,ratée peut-être, mais bien vivante encore, grâce à des individus, artistes, poètes, bien vivants......... J'avais abandonné les études, j'étais à l'époque une sorte de beatnik; un jour, alors que j'allais en Espagne, je faisais de l'auto-stop, et un artiste m'a pris...
C'est ainsi que je me suis installé à Opoul, à l'époque des vendanges, en 68; j'ai loué, puis acheté la maison où je vis actuellement et où j'ai installé mon atelier, Rue de la Tramontane.
Alors, avec mes nouveaux amis,nous avons fait équipe, à Opoul, autour de plats roboratifs, arrosées de vin rouge, enfumés de gauloises sans filtre, autour d'Artaud, Van-Gogh, Rimbaud, Duchamp, Dali, Breton, Tanguy, Debord, et j'en passe.....Au son de Jefferson Airplane, des Doors et même de Léo Ferré, version "il n'y a plus rien........" Le soir, on s'entassait dans le bus Wolkswagen pour aller se délecter du dernier Fellini ou des westerns italiens à Perpignan (qui n'était pas encore "La Catalane"). On lisait Actuel, Pilote et Strange, et bien-sûr tous les surréalistes...