* Villégiature tranquille dans un transat du Prado. A Marseille, la drôle de mort de Rimbaud. Dans le jeu de quilles de la vie, il perd la sienne. Mort d'une jambe, perte d'un poète...
Arthur toujours ivre sur sa dune d'olive. Harar, Roucas blanc, Lolla Touareg. Il peut écrire tous les déserts des pages, ailleurs la vraie mort...
L'écriture rimbesque court sur le sein des vagues. Elle est happeuse, pressante, exigeante, sans concession : elle est la mer, dirait Rimbald le Marin, elle écrit du haut de ses épées d'écume !
* Je ne raconterai pas l'histoire de la sardine qui a bouché le vieux port, ni son enterrement : lire Fernando Arrabal.
* Basalte bleu des solitudes. Solivage de tes hanches qui chantent dans l'amour de la nuit, ô soleares sentimentales !
"J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité." (Robert Desnos)
* Clair soleil aux débarcadères du poème, eau douce pour navire.
Zeugma, fusion du rêve et du réveil.
Marseille, ville-espace à conquérir, la maîtriser, la quadriller par le plan et les pièges de la mémoire. Jaillissent les souvenirs de Jules Esperandieu aux pied romano-byzantin de Notre-Dame, phare d'une mer cosmopolite.
Plus bas, dans les caves de la nuit, le jazz mêle-pêle, mille-pattes aux mille couleurs, chante le Panier, le Rose et le Merlan sur les linges de la Charité. D'autres ont écrit la chanson de la révolte : "A quand la rénovation ?"
Partout, rien que toiles et poésies, au coeur cafardeux de tous ces taudis !"
Clair soleil, vert printemps. Air-Bel, poésie marine, villa commune délaissée pour la paix des Amériques.
*** A débuté « Perpignan sur scène ». Jusqu’au 27 juillet, cet événement a pour ambition d’être une oasis festive et suspendue, une bulle de fraîcheur au cœur de l’été. Tous les talents se conjuguent pour que musique et théâtre portent haut les couleurs de nos artistes et leur ouverture au monde. Au cadre magnifique du couvent des Minimes, à la convivialité chaleureuse de la guinguette Tapas’n music, aux tarifs modiques, vient s’ajouter cette année un « passeig de vila musical » qui enflammera rues et terrasses de café à l’heure de l’apéritif, quand la ville bruisse encore de l’activité de ses commerces. La rue, la guinguette de la cour du Figuier, le patio du couvent : trois espaces, trois temps, un rythme de sardane en somme pour des soirées « trois en un » inoubliables…
Entrée : de 5 à 8 euros. Renseignements : 04 68 62 38 82.
Enrique SALVADOR
PERPIGNAN SUR SCENE : Dimanche 15 juillet : Enrique Salvador (chanson latino et cubaine - Patio 22 heures -)
Enrique est musicien depuis 1982 et, de façon plus professionnelle, depuis 1991 : trouvant son activité d'artisan d'art trop solitaire, il se dirige vers la musique, aux percussions d'abord, à la batterie ensuite, dans un orchestre de bals. Ensuite, c'est une nouvelle expérience avec la trompette.
Les amis forment ensuite un autre groupe, mixte, les "Matous-souris", la fanfare s'acheminant vers des influences latines et jazzies... Une rencontre importante a lieu avec des musiciens de jazz originaires de Paris : "Avec le Crakitos, on a fait craquer Perpignan, de 83 à 87", se .rappelle Enrique. "C'était une époque extraordinaire, en compagnie d'une amie contrebassiste, Monique Guillouët; native de Bretagne, mais installée à Estagel, elle motive les "Parisiens" qui se décident à venir dans la région pour la saison..."
Les aventures se poursuivent : Enrique va jouer avec Anne (de 1991 à 2005) dans un ensemble latino-jazz; la petite formation "Ana y succombo" ("combo" signifiant justement "petite formation") va écumer la région Languedoc-Roussillon. C'est, au départ, un duo, puis le groupe musical devient un trio, se transforme en quartet, évolue en quintet : ce sera là sa forme la plus stable.
Au départ, cette Espagne, il ne l'a pas aimée. Puis cette histoire l'a rattrapé, une mutation s'est opérée; il s'identifie alors avec le pays de ses racines. Pourtant, enfant de l'exil, il se souvient du rejet de ces gens de l'exode par les autochtones français, qui "accueillaient" ces Républicains dans...des camps de concentration !
C'est avec cette double inspiration qu'il réalise en 1998, le premier spectacle musical "Souffle al-Andalous", une vidéo en témoigne : le compositeur fait alterner la mémoire familiale (avec la tragédie de La Retirada), et une mémoire plus imaginaire, celle de l'Andalousie, terre natale de ses parents, obligés de fuir et de s'exiler en 1939, lors de la guerre civile espagnole. Enrique fait cohabiter l'histoire familiale et une évocation poétique de l'Andalousie rêvée. Cette création s'est inscrite dans le cadre d'un "Itinéraire bis", puis dans la programmation de la région : elle est diffusée dans le réseau des communes de moins de dix mille habitants.
Ce spectacle a déterminé une autre création sur Boris Vian, intitulé "Aux Mages des mots, Claude Nougaro".
C'est en octobre 2011 qu'il enregistre, à la Casa musicale, un disque comme auteur-compositeur : "Les beaux bleus de mon âme": treize morceaux aux inspirations andalouse, cubaine, "musiques du monde", en sextet, avec piano, percussions, bugle, contrebasse, batterie; Enrique est, lui, au chant, mais il a tout écrit -texte et partie mélodique-, l'harmonie faite par un pianiste de talent, Christophe Puccio.