Le torero J.Pierre Formica, installation (C) Musée de Céret - Vernissage samedi 28 juin à 11h.
* Le journal "Le Monde" est ma drogue quotidienne, et dans ce canard j'adore le pigiste Francis MARMANDE. Pour ses chroniques de jazz, pour (hélas!) ses reportages sur la tauromachie...
C'est la plus littéraire et originale "plume" du journal ! Ancien prof de littérature à Paris, auteur de plusieurs livres envoûtants, F.Marmande vient de donner son sentiment sur l'affaire du Conseil constitutionnel "la corrida dans l'arène constitutionnelle". Il adore ce spectacle barbare, mais son texte est tout en finesse, reprenant les arguments des anti, de façon implicite et poétique : "rituel fantastique. Nous offre la possibilité de voir la comédie qui nous est jouée, la mort en face.
Je n'ai rien à voir avec les traditions, la réaction, la cruauté. Je n'aime pas la corrida." !!! J'en avais les larmes à l'oeil ! Je ne suis pas, moi, assez DANS la corrida pour l'apprécier! J'ai vu une corrida à Céret et c'était boucherie! J'en ai vu une autre à RONDA, berceau de la tauromachie, et n'ai pas apprécié non plus ! Désolé, je suis contre à jamais !

Etonnante coalition politique pour la défense de la tradition taurine
A Barcelone, le PS et la droite espagnole veulent sauver la corrida
Mardi 17.11.2009.
Le Parti des Socialistes de Catalogne (PSC), le droitier Partido Popular (PP) et le parti nationaliste espagnol Ciutadans oeuvrent actuellement de concert pour que soit rejeté au Parlement Catalan l’initiative législative populaire d’une loi d’interdiction de la corrida en Catalogne du Sud. Cette fronde, qui réunit les Arènes Monumentales de Barcelone et la Fédération catalane des associations taurines, vise à freiner la « menace » d’interdiction, selon le député socialiste David Pérez, qui mène un intense lobbying auprès des députés. L’initiative législative en question, issue d’une pétition citoyenne, sera examinée mi-décembre par le Parlement Catalan, à Barcelone. En cas de vote de tous les amendements, cette initiative sera définitivement repoussée, mais en cas de rejet, la mesure anti-corrida passera par la commission Environnement du Parlement où elle sera débattue, avant un vote définitif. Pour l’instant, les partis ERC, avec 21 députés et ICV, avec 12 députés, prévoient de voter pour la loi anti-corrida , alors que le PP, doté de 14 députés et Ciutadans, détenteurs de 3 députés, y sont farouchement opposés. Les deux grands partis au Parlement catalan, le centre-droit CiU et ses 48 députés ainsi que le PSC, avec 37 députés, laisseront la liberté de vote à leurs députés.
PICASSO - MAMOC (Musée d'Art MOderne de Céret)
*** Littérature et Corrida (J.Pierre Bonnel) :
Littérature et Corrida (La mise-à-mour de la mort)
A l’heure où les traditions taurines reprennent du poil de la bête (Bourg-Madame, projet d’arènes à Perpignan, férias de Céret, Millas…), et où les opposants meuglent, souvent avec humour, il est peut-être temps de s’interroger: « Après les grèves des intermittents du spectacles et les projets du Ministère de la Culture, que restera-t-il de la fameuse exception culturelle française ? Des corridas.. ?
Adolescent, j’étais abonné à l’esthétique revue Faenas, qui parle de mort à chaque page. La mort, sans cesse, sous les mots, petite mort, sensuelle, dans toutes ces photos de pleine beauté. J’aimais ce support journalistique, car il parlait de l’été, qui, en terres du sud, est une saison livrée à la course ultime des taureaux. Pourtant cette chaleur, cette danse qui saoule, cette musique redondante, pantagruélique et obsédante, vrillante et hallucinogène, tous ces ingrédients, susceptibles de constituer un simulacre poétique, semblent, a priori, incapables de donner naissance à de la littérature. Tout au plus à une sorte de discours qui rimerait avec penseum et torture!
Toutefois, je jouissais fortement, par moments, à la lecture des poèmes corridesques de Cocteau ou des pages bovines d’Hemingway ou de Blasco Ibanez. Mais en même temps, chaque été, à l’annonce d’un spectacle taurin, je me retenais pour ne pas adresser un message anonyme au journal local, afin que cette fête macabre fût annulée: un engin explosif serait placé sous les gradins et la déflagration interviendrait dès l’entrée du premier matador...Rassurez-vous, je manque de courage: je n’allai jamais jusqu’à ces extrémités; à défaut de griffer les organisateurs, je me contentai de lacérer des affiches, de jeter aux orties des panneaux proclamant l’art et l’habileté des tueurs andalous à “l’habit de lumière”, c’est-à-dire, sang et or. Le sang, oui, et l'ordure, le jaune pisseux !
Douleur, certes ! Cependant, l’animal devrait être fier de partir, lui qui est au centre de ce cérémoniel de rythme et de chorégraphie, pour un monde vierge, qu’il méconnaît, celui de la mort, et dont il n’approche l’indépassable injustice que par l’épreuve de la souffrance. De même que le spectateur ne pense pas au supplice de l’animal, parce que celui-ci ne peut l’exprimer ni par des mots ni par des sanglots, de même le taureau “brave” ignore l’inéluctable issue, le sens de cette clôture festive, excitée par les banderilles du soleil, et qu’on invente autour de lui et de ses pas aveugles.
Il ne sait rien des symboles ou des paraboles de ces espèces d’hommes, qui ne savent rien de leur néant, mais qui, pour conjurer leur frayeur, s’inventent des mythes fondateurs, prétendant, par exemple, que la corrida est un moment mystique où l’individu est confronté avec le sacré et le mystère de la mort. Dans le temps de la course, dans les libres intervalles dédiés au pain et aux jeux, ils se croient des dieux, parce qu’ils sont nés dans la patrie du soleil, de la musique répétitive et du vin doux. Ils auraient pu, aussi bien, éclore au pôle nord et passer leur vie à grignoter des harengs fumés! Non, leur destin est d’avoir la fièvre dans les yeux, omniprésents, ainsi que dans la tête, qui méconnaît l'intelligence.
(à suivre)