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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 17:46

IMGP7906.JPG   * La peinture, c'est fini, foutu, après la photo, les provocations dadas, les installations de mauvais goût, la mort de l'idée de beauté, de représentation !!! Restent les peinturlureurs du dimanche, les rétros, les réacs, inconscients, archaïques, dessinateurs désuets, sanguinisres fossilisés, aquarellistes constipés, maniaques de la couleur..Ou, plus simplement, artisans du trottoir sensibles aux retombées matérialistes dans une société ignare et snob, mesurant sa modernité et sa clairvoyance à l'acquisition d'un tableau...

   Dans une société où l'image est omniprésente, à quoi bon peut encore servir la peinture ? L'art n'est-il plus qu'installation d'objets au rebut, manifestation d'une idée, véhicule d'un cri, simulacre et provocation..?  Où la nostalgie des reconstitutions  et descriptions miniatures d'un intérieur domestique hollandais..? Le réactionnaire, c'est vraiment bibi..!

 

   * Tout est faux : tableaux, lèvres et fesses, passeports et billets de banque, les livres de PPDA, son entretien avec Castro, son interview du bon Dieu : sa vie, son oeuvre, son existence...

   La motivation des faussaires est, bien sûr, le gain, l'argent, mais en trichant et imitant ce qu'ils croient être "le vrai", le billet de banque, alors que celui-ci n'est que fiction, code, échange monétaire virtuel, des "écritures" : les faussaires sont eux-mêmes trompés ! Ils donnent, paradoxe, vie  et authenticité à ce qui n'est que mort, échange froid. Le vrai est faux et le faux qu'ils fabriquent n'est pas un faux au second degré; il devient le réel: la preuve en est, qu'il perturbe les échanges normaux et que les faussaires sont traqués avec force. En imitant le beau (le tableau, la sculpture), en contrefaisant à plusieurs exemplaires, ils donnent consistance, vie et donc vérité à l'oeuvre d'art, multipliée, loin de l'original unique. La reproduction n'est qu'un leurre, une frustration, un faux elle aussi.

   Au simulacre, on préfère bien sûr l'original, mais celui-ci s'avère souvent hors d'atteinte du regard commun. Les truqueurs, en devenant faussaires, font part de leur ressentiment face à leur manque. Ils font pitié, ils sont vraiment tragiques...

 

   Ne conservons que les aspects positifs de la fausseté. Le faux, c'est, pour plagier La Bruyère, l'hommage que le faux rend à l'authentique... 

 

   * En littérature aussi les falsifications sont légion; il existe les plagiats mais excusables si on se réfère à la modestie de Montaigne : "On ne fait que s'entregloser." Il existe les Nègres, les faux auteurs, les doubles tels Emile Ajar et Romain Gary, les fausses découvertes (Lettres d'une Portugaise, La chasse à l'Infini de Rimbaud ou "La défense de l'infini" d'Aragon), le roman pornographique "Leila dit tout"...

   Quand un écrivain a le courage de signer un roman comme "Les Faux-monnayeurs", c'est pour renouveler le genre narratif et montrer, avant le Nouveau Roman, ce qu'il y a de faux dans le pacte de lecture traditionnel. André Gide désarticule la narration et joue avec les pleins pouvoirs du narrateur. Le lecteur devient actif, il existe, mais il devint aussi un peu auteur. Dali signait des feuilles blanches à tour de bras, puis ses secrétaires vendaient ces fausses lithographies. Maillol, Rodin et d'autres sculpteurs, pour subsister, ont fait de vraies fausses statues; toute cette production picturale ou statuaire n'est pas condamnable; au contraire, elle mine de l'intérieur la conception vénale de l'art; elle montre que celui-ci est aux mains de la spéculation mondiale !

 

 

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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