Nuit catalane (Comelade/Jacquet) au palais des Rois de Majorque : samedi 30 juillet 2016 - Port-bou : Quim Gallart présente Grau 33

L'hôtel du week-end
C'est bon, pensa Serge en se réveillant, de penser que c'est la fin de la semaine, que je vais me prélasser dans ma chambre d'hôtel, la trente-deux avec douche, lits jumeaux, petite terrasse donnant sur l'avenue, tout tranquille pendant deux bons jours…
C'est relaxant d'arriver de l'intérieur du pays avec un simple petit sac de voyage -ma vache- et de retrouver les mêmes garçons d'étage, avec qui l'on échange de rapides impressions sur le travail ou les menus faits hebdomadaires…Mais en ouvrant les volets vers ce nouveau samedi, son attention fut captée par le regard d'une jeune fille ou jeune femme, qui se trouvait juste en face de l'hôtel au troisième étage de cet immeuble gris où habite le docteur Ben Hamida…
Serge dut vite se cacher derrière les rideaux : il se rendait compte qu'il ne s'était pas habillé pour se mettre au balcon. En écartant un peu le voile de sa fenêtre, il observa le manège de cette personne : elle cousait mais toutes les cinq ou sept secondes, elle relevait la tête vers la chambre où l'apparition insolite de l'habitué de l'Alexander hôtel l'avait d'abord un peu émue, mais où elle semblait à présent trouver un dérivatif, en espérant que la silhouette réapparaisse…
Je n'ai pas du tout envie de créer un scandale dans la rue en m'exhibant à la fenêtre de l'hôtel pour les beaux yeux curieux de cette jeune femme ou fille, surtout que l'ambiance du quartier est très fébrile, ce premier samedi de printemps, à cause de l'arrivée des cars de touristes : les cafés sont pris d'assaut, les jus d'orange se succèdent sur les tables encombrées de souvenirs bon marché, de casquettes à visières et d'appareils-photos…. D'autres étrangers sont en train de marchander des objets en olivier. Des affaires se font, le soleil tape sur les crânes, les piétons engorgent les trottoirs…
Serge s'habilla et sortit de nouveau au balcon en fixant la jeune brodeuse, fille ou femme… Elle baissa alors les yeux, le client de l'Alexander paraissant à l'évidence l'intéresser davantage dénudé que vêtu, même de linges transparents…Le jeune homme laissa son regard se perdre vers le bout du boulevard…
C'est fou de loger dans une avenue qui débouche sur la mer, sur le port, d'apercevoir un bout de navire (en partance pour la France ?) après les derniers pâtés de maisons ! On a l'impression que les voitures et les attelages vont se jeter à l'eau ! Et puis, du haut de ma chambre, je peux perdre mon regard vers les toits de la ville, dans les infinités de terrasses blanches, dans le dédale des venelles,m'arrêtant quelques instants aux mosaïques du minaret, au drapeau du Consulat de France, à ses arbres habités de grappes de moineaux…
La dentellière assise -femme ou fille, jeune, en tout cas - avait relevé les yeux. La pièce où elle travaillait était assez vaste, à cause d'une absence de décoration sur les murs et d'une disposition à même le sol du mobilier; signe de la vie horizontale des foyers : des nattes, un tapis, une petite table ronde.
J'irais bien déjeuner aujourd'hui dans un restaurant arabe de la médina, mais ce sont des industries à bouffe, les clients y deviennent des machines à ingurgiter poulets et sauces, méchouis et salades méchouis… Il faut se presser, et les plats arrivants froids, la plupart du temps… Le restaurant arabe populaire n'est pas un lieu de rencontre, de repos ou de causerie, il est uniquement fonctionnel ! Surtout, il nous frustre du plaisir d'un bon vin rouge ! Au loin, dans la vieille ville serrée dans ses remparts, le ribat entre les antennes de télévision et les linges géométriques. En bas de l'hôtel, un homme apporte des objets en plastique sur un chariot mu par un cheval maigre.
Penser à toute la force travail mise en oeuvre pour obtenir ces ridicules choses rouges ou blanches ! Des bidons, des jouets rudimentaires, des ballons, des timbales…venus de la matrice d'une machine à happer la matière et la main de l'ouvrier… Et la sous-traitance qui dépend des orientations économiques arbitraires, des horaires, des cadences… De plus, à présent, il crée un embouteillage montre, ce chargement hétéroclite, avec le harcèlement des Klaxons et la vague envahissante des vélos et des motocyclettes qui semble vouloir rejoindre la mer…
Il est temps de m'habiller, de sortir -je préfère la déception d'une fille ou femme jeune ravaudeuse, à son excitation malsaine -malsaine, vraiment ?- Oui, étant donné le contexte sexuel répressif et puis, les révolutionnaires ont tout de même le droit d'utiliser des qualificatifs moraux, non..?
C'est le décor du samedi. Le soleil frappe toujours fort sur les draps étendus aux fils des terrasses… Je vais acheter le journal, prendre l'apéritif au café des Mousses, retrouver Françoise-Marie, Rafik ou Abdullah…
Les enfants débouchent soudain dans la rue en lançant des cris et leur cartable : insurrection et délivrance de midi…
J.P.Bonnel (écrit enTunisie)
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***Mudiques du Monde / Musique-Dels-Monts : jusqu'au 7 août à Villelongue (66-Pays catalan)
Fiesta musicale à Villelongue-dels-Monts.
Festival de musique. Du 4 au 7 août, les Musiques-dels-Monts investiront pour la cinquième fois le piémont des Albères.
De l’église au bois du Roumaguer, de la salle polyvalente à la grande scène, avec quelques incursions au prieuré Santa Maria del Vilar où les plus vaillants montent à pied, parfois dans les bois la nuit, du matin jusqu’à très tard, une fête musicale déchaînée, animée par l’enfant du village, le clarinettiste Florent Pujuila, créateur, organisateur, animateur, envahit Villelongue dels Monts chaque été durant la première semaine d’août. Après quatre éditions de plus en plus suivies, toujours riches d’actions et d’inventions, les Musiques dels Monts reviennent sous le thème Ailleurs, Musiques du monde.
Du 4 au 7 août, du classique au jazz et aux fantaisies plus ou moins débridées, en tous temps et en tous lieux du village, la musique sera reine.
Balades musicales, concerts au jardin, impromptus, séances jeune public, la grande fanfare des étudiants et la musique turque accompagnant les repas, plusieurs concerts par l’orchestre du festival. A noter parmi un abondant programme : le 4, l’ouverture à partir de 18h avec la musique turque des Balkans pour unir Orient et Occident ; à 21h, la grande roue de la musique et « Chut les chiens » du trompettiste Fabrice Martinez.
Le 5 à 18h. prieuré du Vilar un Octuor de Schubert et le soir Supersonic : Thomas de Pourquery rend hommage jazz pop à Sun Ra. Le 6, Zik’&Bull pour les écoliers et un 2e Hommage à John Zorn. La soirée sera consacrée au tango et à la rumba catalane avant le concert Effraie la chouette (après 0h, promenade nocturne. Le dimanche 7, toujours débats, impromptus, musique de chambre, quatuor de clarinettes, Concert Tour du monde en 80 minutes devant l’église et Amane Amane, musique orientale, fusion jazz rock, avant le grand feu d’artifice de clôture : pyrotechnie, musique, danse, suivi d’improvisations dans le ciel étoilé.
Tarifs : pass 4 jours : 85€ ; 1 jour 29€. Soirée 6 août : 15 ou 12 (TR). Concerts à 12 & 10 ; autres à 9 &7 ; jeune public 5. Repas géant 15 €. Nombreux concerts gratuits.
Renseignements programme complet et réservations : 06 64 44 03 20.
académie.delsmonts2@gmail.com. www.musiques-dels-monts.com