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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 14:40
Charlie provoque encore au-delà de la vie
Charlie provoque encore au-delà de la vie

Comprendre les assassins ..?

Pas les absoudre, pas leur pardonner, bien sûr : cette haine est impardonnable.

Je ne veux pas leur trouver ici des excuses, mais simplement comprendre, réfléchir, situer cet acte "barbare" (l'étranger, celui qui n'est pas de chez nous, qui n' appartient pas à la même civilisation) dans le contexte général.

Réfléchir, en effet, passés les premiers instants de pitié, les réactions d'amour, d'amitié, de compassion : c'est bien de se rassembler, d'arborer "Je suis Charlie", de signer, de pétitionner, ça montre que le peuple veut être uni et qu'il n'a pas peur !

Cependant, c'est facile, la compassion : on ne peut rester à l'étape première de l'émotion…

Combien d'hypocrisies, de volontés de se montrer et de récupérer, dans ces manifestations et déclarations affectives ! En effet, qui connaissait ou achetait cet hebdo qui choquait tant, si souvent attaqué en justice par nos ministres (de droite) et nos prélats catholiques qui, aujourd'hui, font de belles déclarations humanistes..? Qui défendait Charlie, en l'achetant, en relayant ses écrits talentueux (Cavanna, Maris), ses dessins sulfureux (Reiser, Cabu, Wolinski, Charb)..?

Pas grand monde ! Et les jolis coeurs de ce 7 janvier 2015 découvrent l'existence de journalistes courageux, la persistance têtue en eux de préserver une liberté radicale, sans concessions, souvent injuste et provocatrice..?

C'étaient des provocateurs laïques, haïssant les dérèglements et les folies des religions, leurs "barbaries" (jadis l'inquisition, le génocide des peuples d'Amérique, la Saint-Barthélémy, les tortures coloniales, la compromission du Vatican avec Hitler…), provocateurs provoquant la bêtise insondable et la violence extrême des fascistes de tous poils, cathos ou musulmans !

Moi qui suis laïc, anti-religieux, athée, désespéré de n'avoir pas une perspective transcendantale en moi, je n'aurais pas publié les dessins qui ont suscité l'irritation des Musulmans (les Musulmans "modérés" de France ont, eux aussi, intenté des procès contre Charlie !) : l'Islam est une religion "jeune", pas mûre encore, pas assez forte pour supporter l'iconoclasme.

Surtout, ce n'est pas le prophète qu'il faut stigmatiser, mais les déviations de son message de paix (y a-t-il dans le Coran une violence implicite, comme on a accusé les écrits de Marx de contenir les ferments du stalinisme..?) : il s'agit de condamner ceux qui interprètent l'islam de façon fausse et dangereuse.

Il faut montrer que ce sont les djihadistes, les extrémistes musulmans qui détournent la parole du prophète (à ce propos voir le digne film "Timbuktu, sur la secte qui pratique la charria au Mali). Ce sont eux, ces assassins, ces "Barbares" (ou non-humains) : eux qui CARICATURENT - en vérité !!!

Ils sont donc impardonnables, mais le contexte mondial (décolonisation, partage de l'Afrique et du Moyen-Orient, découpage arbitraire des frontières, instauration de dictateurs par les pays occidentaux pour préserver leurs intérêts et profiter des matières premières…) peut, j'en suis convaincu, expliquer le mal-être et le fanatisme des nouveaux "fous de Dieu"…

JPBonnel (à suivre)

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7 janvier 2015 3 07 /01 /janvier /2015 22:29

 

 

      Les lâches assassins ont voulu "tuer Charlie", hebdo de mon adolescence et plus… Ont voulu attenter à la liberté d'expression, de dessiner, d'écrire… De provoquer, car c'était là la ligne éditorialiste du journal. Critiquer tous azimuts, les puissants, les religions, les idéologies, les maîtres du monde, les politiciens… 

 

    Or en France on ne tue pas Voltaire : ce pays a une trop longue histoire de luttes et de révolutions, qui ont préservé la liberté et les droits de l'Homme ! On ne tue pas Charlie : ce Phénix renaîtra de ses cendres...

 

    Il faut préserver l'unité nationale (et européenne, et mondiale) face au péril et à la croisade que nos promettent les terroristes. Et il est agréable de constater les interventions unanimes et concordantes de tous les responsables politiques, de l'extrême-gauche à l'extrême-droite. 

 

   Cependant un bémol à tout ce bel unanisme… je ne peux oublier ces années 1970, quand des ministres de l'intérieur, de Debré à Poniatowski, en passant par cet inénarrable sinistre marseillais toujours vivant, qui ont tenté à de nombreuses reprises de condamner, censurer…Hara-Kiri et Charlie-Hebdo… Tuer, aussi, de façon différente, la liberté de la presse, et ce ne fut pas l'honneur des gouvernements d'inspiration "gaulliste" de ces années post-soixantuitardes...

 

   Pourtant le général De Gaule avait bien dit, à propos de Sartre : "On n'emprisonne pas Voltaire !"

    Il avait bien raison : on ne le tue pas, non plus, Voltaire !!!!

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7 janvier 2015 3 07 /01 /janvier /2015 11:45

     

 

    Malraux et Picasso, une relation manquée, de Raphaël Aubert (lecture publiée dans le dernier n° de la revue "Présence d'A.Malraux, Paris, nov. 2014)

 

 

 

    Ce livre passionnant s'attache à retracer les relations distantes entre l'écrivain et l'artiste et à s'interroger sur cette absence de fréquentation. Pourquoi Malraux n'a-t-il écrit sur Picasso qu'après la disparition du peintre..?

 

    En effet, question troublante car Malraux fut un familier de Chagall, de Braque, de Galanis, de Max Jacob... et de nombreux créateurs du XX° siècle; cependant si l'écrivain publie en 1974 "La Tête d'obsidienne", livre dédié à la démarche artistique de Pablo, l'amitié ne fut pas au rendez-vous; il n'existe d'ailleurs aucune photo montrant les deux hommes ensemble...

 

    Ils se connaissent à l'occasion du combat commun contre le fascisme espagnol et le nazisme hitlérien : entre 1937 et 45, des conversations suivies et intimes ont lieu; cependant les malentendus et les vexations font qu'il faudra attendre la mort de l'Andalou pour que "se produise entre les deux hommes comme une sorte de réconciliation posthume.", écrit l'auteur **

 

    Malraux découvre les oeuvres de Picasso, au début des années 1920, à Montmartre, chez Max Jacob, Simon Kra et André Salmon; toutefois, c'est plus tard, en février 1921 sans doute, qu'il rencontre le Malaguène, grâce à Daniel-Henry Kahnweiler, galeriste passionné et figure majeure de la scène artistique parisienne; c'est à l'occasion d'une de ces "soirées à Boulogne" chez Khanweiler que Malraux et Picasso se parleront vraiment; au cours d'un de ces "dimanches de Boulogne", l'écrivain acquerra sa "première oeuvre de Picasso, une gravure cubiste en noir et blanc, intitulée "Composition", représentant une guitare sur un guéridon." ***

 

    Par la suite, Malraux achètera, à l'occasion de ventes chez Drouot, un papier collé de Picasso. 

 

    C'est surtout la guerre civile en Espagne et le massacre de Guernica qui va rapprocher les deux hommes, à partir du printemps 1937 : "pour l'écrivain, le souvenir de Picasso, l'homme autant que l'artiste, demeure à jamais associé au combat des Républicains espagnols contre le fascisme", écrit R. Aubert, à la page 37. Malraux, après la guerre, pourra se rendre, avec d'autres familiers de Picasso, tels José Bergamin, Paul Eluard ou Chrisian Zervos, à l'atelier des Grands-Augustins. L'intimité est forte puisque Malraux fait cadeau à Picasso, quelques mois après la parution de L'Espoir, de l'un des manuscrits du roman, selon le témoignage de Françoise Gilot ****

 

    Après l'armistice de 1945, les deux hommes vont se retrouver, le 15 mai 45, dans l'atelier de la rue des Grands-Augustins, en compagnie de Nush, l'épouse d'Eluard, et de Brassaï, c'est le photographe roumain qui va fournir un témoignage essentiel avec  ses "Conversations avec Picasso", publiées en 1997, chez Gallimard. Le contexte de la guerre avait rapproché les deux hommes; leur connivence va désormais se distendre...Chacun va choisir son camp, Picasso adhère au PCF et l"'écrivain va devenir le compagnon du Général De Gaulle...

 

    L'artiste va vers le communisme "comme on va à la fontaine" tandis que l'écrivain, après avoir été ministre de l'information dans le gouvernement provisoire issu de la Libération, participe en 194è à la création du RPF, le mouvement gaulliste. Ensuite, le 8 janvier 1959, Malraux a le titre de ministre d'Etat, avec la création d'un grand ministère de la culture.

 

    Ce n'est qu'à l'occasion de l'anniversaire de Picasso et de la célébration de ses quatre-vingt-cinq ans qu'un rapprochement a lieu : l'idée d'une grande rétrospective, nous explique R. Aubert, à la page 81, en hommage au peintre, revient à Gaëtan Picon, alors directeur des Arts et Lettres. "Picasso commence par refuser; il finir par se laisser fléchir après avoir appris que Malraux a choisi Jean Leymarie, critique d'art apprécié du peintre, et futur initiateur du musée Picasso de Paris,  pour assurer le commissariat de l'exposition...

 

    Malraux est subjugué par l'exposition d'Avignon, inaugurée le vendredi 13 juillet 1973, comme il l'a été deux mois plus tôt en découvrant l'atelier de Mougins, le 24 mai, à l'invitation de Jacqueline Picasso; il va entamer "La tête d'obsidienne", réconciliation posthume entre les deux Maîtres. 

 

    Le samedi 14 juillet 1973, Malraux se rend, dans la voiture de Jacqueline Picasso, au château de Vauvenargues, pour un ultime hommage à celui qui a voulu être enterré là, dans le parc, au pays de Cézanne...

 

- - -

 

* Infolio éditions, juin 201, 9 euros.

 

** Page 13, opus cité.

 

*** page 31, op.cit.

 

**** "Vivre avec Picasso", Paris, Calmann-Lévy, 1965.

    

 

    Journaliste à la Radio Télévision suisse, l'auteur a consacré à Balthus un ouvrage remarqué. Spécialiste reconnu de la pensée de Malaraux, Raphaël Aubert est aussi l'un des auteurs du Dictionnaire Malraux (CNRS Editions, 2011) Son dernier roman, La Terrasse des éléphants (L'Aire, 2009 et 2011) a été un grand succès de librairie.

 

                            Jean-Pierre Bonnel 

 

 

(correspondant des AIAM à Perpignan, J.P.Bonnel a publié plusieurs livres sur la peinture et la Catalogne, ainsi que des romans (Je te haine, Mathilda, Rafales sur Cap Béar, La dame de Consolation) et les biographies poétiques de Matisse à Collioure, de Machado, de Séville à Collioure, et de Walter Benjamin à Port-Bou.

La revue "Présence d'A. Malraux"

La revue "Présence d'A. Malraux"

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6 janvier 2015 2 06 /01 /janvier /2015 13:07
le maire de Perpignan dans le patio maillolien de la mairie

le maire de Perpignan dans le patio maillolien de la mairie

 

 

Artistes et écrivains, venez aux voeux de M.Pujol, à l'école des Beaux-arts, vendredi 16 janvier à 19h !!! 

Aux arts, citoyens, JM.Pujol vous reconnaît : vous reconnaît le droit de proposer, de créer, de participer à l'enrichissement culturel de la ville, de transgresser, d'être subversifs absolument (souhait de pré-campagne, réunion culture à la salle des libertés)...

 

Après sa tournée traditionnelle des voeux : 

aux vieux, aux gitans, aux employés de la mairie, aux salariés de l'aglo, aux harkis, aux commerçants, aux handicapés, aux maghrébins, aux anciens combattants d'Algérie et de l'Outre-mer, aux agriculteurs handicapés, aux nostalgiques de l'OAS, aux veuves, aux seniors du 3ème âge, aux membres actifs (et même aux inactifs) des associations, aux militants de l'UMP, aux sympathisants de Fillon, aux fans de Mariton, aux amants de Rachida Dati, aux rares compagnons de Juppé, aux petits enfants, aux juifs, cathos, protestants, musulmans modérés de France, aux maçons (francs ou pas), aux amis de Pierre Sergent, aux vieux papis gâteux du Moulin à Vent...

 

M.Le maire daignera s'adresser à la foule des créateurs d'ici, Catalans ou nouveaux arrivants, Français de souche et d'arrels,  artisans et écrivains !!!!

 

Il annoncera (dans un discours revu et corrigé par Jordi Vidal) le maintien de l'Ecole d'Art, grâce à un accord avec toutes les institutions (université, ministère de la culture et de l'éducation) pour donner un nouvel élan à Heart : nouvelle équipe, cahier des charges ferme, appel au bénévolat et à la participation de toutes les écoles…collèges, lycées...

 

Michel Pinel, grâce à un rapide copié-collé  tiré des discours de Maurice Halimi (s'inspirant par là  du journaliste cultureux de l'Indépendant  : Jean-Michel Copié-Collet), vous parlera de l'exil, de la mémoire et de l'essor du centre d'art contemporain WB…

 

C'est à M.Saez, discret et silencieux directeur de la culture, de donner des perspectives pour un projet culturel global, ambitieux pour Perpignan. 

-Les bibliothèques seront ouvertes le dimanche.

-L'animation en ville sera plus de la culture que du bruit.

-Les traditions catalano-catholiques (procession, rois mages et grosses têtes) auront des parcours limités au patrimoine religieux et architectural afin de respecter la laïcité.

-les artistes sont conviés à préparer une mémorable "nuit blanche": toutes les initiatives seront discutées de façon collective.

-Une maison des artistes et des écrivains est créée : gérée par un collectif , avec l'appui technique de la municipalité.

-Ecrivains et artistes se réunissent afin de définir des itinéraires de la culture à travers tous les quartiers de Perpignan.

-Des ateliers culturels et artistiques sont tenus de façon bénévole par les collectifs  d'artistes, d'artisans, de créateurs, de décorateurs, d'écrivains…afin d'animer des ateliers pour  les jeunes et moins jeunes des quartiers en difficultés.

-Les oeuvres seront exposées dans les rues, puis une sélection sera montrée dans les musées de la ville…

 

Les propositions de M.Saez seront développées…dans ce blog…

 

J.P.Bonnel

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5 janvier 2015 1 05 /01 /janvier /2015 10:48
Mohamed Cheikh journaliste Mauritanien
Mohamed Cheikh journaliste Mauritanien

Janvier 2015

Bonjour à tous et à chacun

Pourquoi soutenir Mohamed Cheikh journaliste Mauritanien condamné à mort …???

PARCE QUE : Un de plus +1+1+1+1+1+1+1.... ça commence à faire beaucoup, non ?!)

Je me permets de vous contacter pour obtenir votre soutien

afin de sauver la vie d'un journaliste condamné à mort en Mauritanie.

Mohamed Cheikh est un blogueur et journaliste mauritanien qui milite contre l'esclavage et la société des castes en Mauritanie. En 2013, il a écrit une tribune dans laquelle il dénonçait l'utilisation de la religion musulmane pour justifier l'asservissement des noirs et de toutes les personnes issues de castes en Mauritanie.

Pour cet article, les islamistes et le régime autoritaire mauritaniens ont décidé de le faire condamner à mort pour apostasie et blasphème.

Des jeunes Africains ou d'origine africaine, de toutes croyances, ont décidé de se mobiliser contre cette condamnation injuste et intolérable.

Dans une lettre ouverte au président mauritanien,

Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz,

qui est également le président en exercice de l'Union Africaine, ils demandent la libération sans condition de ce journaliste.

Cette lettre ouverte sera publiée dans plusieurs médias africains et internationaux.

Vous pouvez apporter votre soutien, en signant la lettre ouverte à votre tour et en la diffusant à vos proches ou

en faisant un donqui permettra d'aider à Organiser sa défense


Les avocats qui se sont portés volontaires pour la défense de Mohamed Cheikh ont subi de violentes pressions de la part de la société ainsi que de la part des organisations religieuses extrémistes.

Ils ont depuis été remplacés par des avocats commis d'office. Nous cherchons des moyens d'organiser sa défense soit en engageant des avocats mauritaniens ou africains, soit en bénéficiant du conseil d'avocats étrangers.

Participez, Signez diffusez via Facebook, Twitter et google+

PS: Pour des avocats ou ceux qui en connaissent envoyez un mail à ontact@activegeneration.org

Retrouvez-nous en ligne sur :

www.wesign.it

Facebook

Twitter

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4 janvier 2015 7 04 /01 /janvier /2015 11:02
JE COURS CHEZ LA BURALISTE
JE COURS CHEZ LA BURALISTE

La buraliste

"Changez de pipe, une pipe vous change !"

Et c'est bien vrai : je parais tout neuf de visage, tout vierge de gueule quand mes doigts enserrent la nouvelle bruyère et que le foyer neuf apparaît dans le prolongement de mon nez ! Alors, je n'y vois pas plus loin que le bout de ma pipe : saisi, l'oeil, par l'objet insolite...

A l'orée de chaque saison, j'ai l'habitude d'en changer; non que je jette les précédentes, mes familières, mais j'alterne : c'est bon de reprendre, dans le musée des bois, une ancienne compagne et les habitudes emmagasinées dans la mémoire des sensations.

"Celle-ci, à droite, avec le gros foyer ! Oui, le plus gros fourneau ! "

La jeune buraliste la prend dans sa main droite, la serre, la rousse pipe, qui va être à moi, désormais; la saisit la grosse joufflue, la plus pleine de printemps, de buis, d'images forestières... Hier, la force de tranquille de l'arbre, à présent la vive brûlure dans la bouche, bientôt la langue pâteuse…

Je la prends et la croque dans ma valve de bouche, sous le regard étonnée de la commerçante. Sous ses lèvres peut-être jalouses, en tout cas labourées par sa rapide langue de braise. Je la bourre, je craque une allumette, première volute mauve !

"Elle vous convient ? Je vous fais un paquet ?

-Elle me va très bien ! Espace vague d'algues après le reflux..."

Jets de bave, écume du palais, salive de la jolie buraliste, qui n'arrête pas de parler, qui me vante les mérites de la bouffarde flanquée dans ma bouche. Puis, elle m'en désigne une autre, noire, vautrée, la paresseuse, sur une étagère :

"Des pipes de ce style, j'en ai déjà vendu pas mal. Elles ont du succès, surtout les grosses et les longues... Mais, si vous le désirez, je peux vous montrer d'autres formes, des teintes différentes..."

Elle est sympathique, décidément. Contente, aussi, sans doute, que l'objet s'adapte bien à mon ouverture buccale, la Ropp rouquine ! Elle me rit entre les yeux, en sautillant de la la langue, à la rouge extrémité tendue...

"C'est combien ? "

Je règle mon achat et je quitte la boutique avec un "au revoir" un peu froid, je m'en rends compte, à présent et je m'en désole... Elle me répondra à peine avec un "au revoir, merci", à l'acheteur de pipes, pressé de s'adonner à son plaisir solitaire préféré...

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3 janvier 2015 6 03 /01 /janvier /2015 10:13
Les trois Grâces, Emile Bernard (L'Orangerie)
Les trois Grâces, Emile Bernard (L'Orangerie)

Mode d'emploi

Il existe une stratégie pour la dépossession à significations sexuelles de la graine d'hélianthe, ou graine de tournesol...

Ce fruit des grands soleils, le prendre sans douceur entre le pouce et l'index, par ses deux tranches rêches. faire ensuite éclater dans le réceptacle de l'air l'amande grisâtre. Les incisives font exploser cet univers cotonneux accumulé dans une forte carapace, mais il faut savoir ne pas aller trop loin dans ce geste profanateur...

Les dents doivent freiner leur violence avant de se rejoindre intimement. Elles pourront ainsi faire éclater les mâchoires de la graine, au lieu de tout broyer de façon inutile, au paroxysme de la pulsion.

L'être délogé se dévoile alors dans son intacte nudité. Il faudrait maintenant prendre le temps e contempler cette fusée compacte, révélatrice de mondes gigognes. Il y aurait une victoire presque due à savourer et une interrogation soutenue à entreprendre devant ce secret arraché à sa nuit végétale.

Il y a eu, c'est vrai, la jouissance physique à décortiquer cette semence huileuse, ce lieu de teintures expulsé du grand corps solaire. Mais les spasmes du palais l'emportent sur la considération esthète...

Le but fixé, le machiavélisme implicite, c'est l'anéantissement inconditionnel de cet univers claquemuré dans une embarcation aveugle, aux minces stries noires et blanches...

Ecriture du sexe

Pain de sucre dans une peau de seiche, poème violent à à écrire blanc sur blanc, dans cet espace parcheminé.

Elle parle. La pine cause.

Bibelot calme, replié dans son fuseau saumoné, finesse à suivre dans une verticale de béton; Bâton armé de sperme, où s'inscrit la vive vie. Tête bête en quête de cécité !

Les joues fraîches de la lointaine rosée du corps.

C'est une bouche mince, tire-lire à dire le fluide d'un torrent et les cercles charnels ont l'impérialisme de disséminer une parole clôturée, une semence, un grain de la voix, un blé neuf, graine d'orgie ou orge d'ortie.

Architecture hissée à une hauteur de lèvre. Verve de sexe dans la bouche aux eaux fomentées par les yeux cannibales.

Le buraliste

"Changez de pipe, une pipe vous change !"

Et c'est bien vrai : je parais tout neuf de visage, tout vierge de gueule quand mes doigts enserrent la nouvelle bruyère et que le foyer neuf apparaît dans le prolongement de mon nez ! Alors, je n'y vois pas plus loin que le bout de ma pipe : saisi, l'oeil, par l'objet insolite...

A l'orée de chaque saison, j'ai l'habitude d'en changer; non que je jette les précédentes, mes familières, mais j'alterne : c'est bon de reprendre, dans le musée des bois, une ancienne compagne et les habitudes emmagasinées dans la mémoire des sensations.

"Celle-ci, à droite, avec le gros foyer ! Oui, le plus gros fourneau ! " La jeune buraliste la prend dans sa main droite, la serre, la rousse pipe, qui va être à moi, désormais; la saisit la grosse joufflue, la plus pleine de printemps, de buis, d'images forestières... Hier, la force de tranquille de l'arbre, à présent la vive brûlure dans la bouche, bientôt la langue pâteuse... Je la prends et la croque dans ma valve de bouche, sous le regard étonnée de la commerçante. Sous ses lèvres peut-être jalouses, en tout cas labourées par sa rapide langue de braise. Je la bourre, je craque une allumette, première volute mauve !

"Elle vous convient ? Je vous fais un paquet ?

-Elle me va très bien ! Espace vague d'algues après le reflux..."

Jets de bave, écume du palais, salive de la jolie buraliste, qui n'arrête pas de parler, qui me vante les mérites de la bouffarde flanquée dans ma bouche. Puis, elle m'en désigne une autre, noire,, vautrée, la paresseuse, sur une étagère :

"Des pipes de ce style, j'en ai déjà vendu pas mal. Elles ont du succès, surtout les grosses et les longues... Mais, si vous le désirez, je peux vous montrer d'autres formes, des teintes différentes..."

Elle est sympathique, décidément. Contente, aussi, sans doute, que l'objet s'adapte bien à mon ouverture buccale, la Ropp rouquine ! Elle me rit entre les yeux, en sautillant de la la langue, à la rouge extrémité tendue...

"C'est combien ? "

Je règle mon achat et je quitte la boutique avec un "au revoir" un peu froid, je m'en rends compte, à présent et je m'en désole... Elle me répondra à peine avec un "au revoir, merci", à l'acheteur de pipes, pressé de s'adonner à son plaisir solitaire préféré...

JPBonnel

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2 janvier 2015 5 02 /01 /janvier /2015 11:05
© Jean IGLESIS
© Jean IGLESIS

* Je suis vivant

J’entends

Le clapotis des jours de pluie

Les aveux sans fin de la nuit

Le chant triomphal de l’oiseau

Le chuintement du ruisseau

Je suis vivant

Je vois

Le ciel obscurci d’un nuage

Le sourire d’un seul visage

Les lumières de la cité

La plage blanche sous l’été

Je suis vivant

Je sens

Le chêne qui fait face au vent

Le parfum d’un cœur de vingt ans

L’encre d’un cahier d’écolier

Les pages d’un livre oublié

Je suis vivant

Elne le 1er janvier 2015 - Jean Iglesis -

**Jalons pour un livre catastrophique (en 2015) - JPB :

* "La vie quotidienne est une entreprise catastrophique" P. West

* La porte étroite serait, pour Gide, un essai de bien mourir..?

* Marcel Schwob avait cet air de colère de certains morts qui s'en vont trop jeunes."

* Chateaubriand : "On dirait que l'ancien monde finit et que le nouveau commence...Je vois les reflets d'une aurore dont je ne verrai pas le soleil. Il ne me reste qu'à m'asseoir au bord de ma fosse..."

* Accueillir la mort et se reconnaître" (Saint-Simon)

* Flaubert : "La correction agit sur la pensée comme les eaux du Styx agirent sur le corps d'Achille : elles le rendent invulnérable et indestructible."

"On ne doit écrire que sur ce qu'on aime." Renan.

*" La littérature est née le jour où un jeune garçon a fait irruption en criant "Au loup !"" Nabokov

* "Au principe du progrès se substitue le principe de ruine." D. Sallenave

* "Ecrire sur le bonheur ?" : je serai bref ! (Moi)

* "L'art est fait pour troubler. La science rassure. G. Braque

* "Peindre, c'est faire apparaître sa propre attente." A. Chastel

* "Je n'ai pas à rapprocher l'intérieur et l'extérieur : les deux sont réunis dans ma sensation." Matisse

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31 décembre 2014 3 31 /12 /décembre /2014 09:08
Barbares : tuons les étrangers !
Barbares : tuons les étrangers !

Flics

* Je me promène en voiture dans la petite localité catalane de Sabadell quand, soudain, un agent de police élégant me fait signe de m'arrêter. Je m'exécute et lui présente mes papiers d'identité.

Après un examen apparemment approfondi de toutes les cartes relatives à l'automobile, il m'annonce que tout est en règle, à l'exception de mes cheveux, qui sont sales...

Un peu plus tard, occupé à garer mon véhicule dans la cour d'une auberge reconnue pour ses spécialités de viande de gibier; je vois, au centre de la cour, près d'une fontaine, ce même policier : il est en train de se laver, de façon énergique, les cheveux...

** Le jour du marché indien, à Oaxaca, il est très difficile de trouver une place pour garer sa voiture de location dans le centre-ville.

Les paysans des villages environnants ont installé leur maigre récolte hebdomadaire sur la place, sur les trottoirs, partout... J'arrive à immobiliser ma Dattsun blanche, louée à une agence de Mexico pour faire le tour du Yucatan, au coin d'une rue; puis je cours pour quelques commissions de bouche rapides...

Quand je reviens, au bout d'une heure environ, un gendarme -disons un policier mexicain - fait les cents pas (les cent un, même !) autour de ma voiture, l'air très en colère. Il me demande ce que mon engin fait là. Dans un espagnol très incertain, je lui réponds que j'avais garé mon automobile pour quelques minutes seulement et que je ne vais pas plus longtemps lui causer des chutes capillaires...

Il devient alors, et de façon inexplicable, plus calme; il m'indique que les pneus de ma chère voiture ne sont pas assez gonflés. Il tient à diriger ma Datsun vers un garage; il se met enfin à redonner du coffre à mes roues avachies...

Cependant, je me rends vite compte qu'il met à plat les pneumatiques arrière et qu'il gonfle de façon excessive ceux de l'avant... Tant et si bien que, constatant le basculement et l'éventuel envol de ma voiture, il s'avise que le moteur est situé à l'arrière... Je lui signale les pressions nécessaires, amis il refuse de faire la moindre concession et, abandonnant la pompe, il se met à me causer cinéma...

Il redresse une mèche rebelle, il me confie qu'il est acteur -son physique, il est vrai, n'est pas banal-, qu'il a tourné plusieurs films, que sa gueule basanée a un sacré succès, que toutes les femmes tombent sur lui comme des mouches… à merde…

*** Porto, en famille, le premier mai. Les Portugais préparent la traditionnelle manifestation ouvrière, malgré les interdictions répétées du gouvernement et l'éventualité d'une dure répression.

Je me trouve au dernier étage d'un immeuble très élevé; de cette position, j'aperçois clairement tout ce qui se passe dans la rue.

Les manifestants s'organisent; ils sont sur le point d'entreprendre leur marche, quand, soudain, à ma gauche, des centaines de policiers armés jusqu'aux cheveux débouchent dans l'avenue. Stupeur, cependant, car ces carabiniers sont très spéciaux : ce sont tous des handicapés - mentaux, je suis incapable de le dire à présent- mais physiques, c'est sûr : unijambistes, manchots, borgnes...

Voici cette troupe houleuse, sautillante, désordonnée, qui inonde la chaussée et se dirige fiévreusement en direction de la foule médusée, sidérée... Les premiers représentants de l'ordre abordent les ouvriers; ils leur demandent s'ils comptent manifester... On leur répond qu'il n'en est pas question. Toutefois, les flics sont incrédules et, déjà, de violents accrochages ont lieu...

Quelques escarmouches désordonnées puis les invalides pointent leurs fusils, menaçant le peuple inquiet. Les premiers rangs des manifestants sont contraints de s'adosser contre un mur et... ils sont fusillés sans la moindre sommation...

J'ai assisté à toute la scène depuis le balcon de notre appartement; ma famille est affolée ! Ma mère me demande si la porte cochère de l'immeuble est bien fermée. Sachant que, si je réponds de façon négative, cette corvée, comme d'habitude me sera dévolue, je crie : "Oui, elle est fermée !"

Trois heures après, le calme étant revenu, je descends.

Je m'aperçois alors que la porte était bel et bien fermée...

JPBonnel

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30 décembre 2014 2 30 /12 /décembre /2014 10:47
Bonne année
Bonne année

"Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d'une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution;

que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d'une toile blanche pour dire qu'il faut t'aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ; qu'il soit égal de t'adorer dans un jargon formé d'une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont l'habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d'un petit tas de la boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d'un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu'ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu'il n'y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s'enorgueillir.

Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères! Qu'ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l'industrie paisible. Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l'instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu'à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.

"

Voltaire,

Traité sur la Tolérance à l'occasion de la mort de Jean Calas

Il m'a semblé que ces quelques lignes pourraient peut-être nous ouvrir à une belle et chaleureuse année 2015. C'est ce que je nous souhaite !

Cédric Debarbieux

Ne prenez aucune bonne résolution...

Mais prenez un bon suppositoire accroché à un petit avion
(petit et bien aéré de tramontane)
et voguent toutes les galères ...
derrière vous, hop, là !

Vous verrez combien 365 fois de nuits

et jours, vous

apporteront de belles surprise...
Mais la vraie précaution, est qu'il ne faut

se tromper ni de suppo (gaffe à Satan)
ni d'avion (évitez le low-cost Easy Pet )

Gros poutous à tous (Guy Jacquet)

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  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
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