Les amoureux du moulin de Collioure (photo J.P.Bonnel, dans l'album "Les Saisons de Collioure", mars 2014, 20 euros, port compris).
Tour d'horizon de la culture à Collioure
Collioure est déjà, de par la configuration du site et par son patrimoine, un lieu culturel.
Accueillir des événements artistiques, littéraires et musicaux ne peut que dynamiser ce territoire prestigieux : la culture est désormais le dépassement d'un passé voué au commerce et à la pêche, le dépassement aussi du projet restrictif accordé au "tout tourisme". En effet, Collioure a la vocation de la culture, des arts, du dialogue entre les habitants et les artistes et artisans locaux ou internationaux. En empruntant ce chemin, le petit port s'ouvre à un destin d'avenir !
J'ai écrit ces textes -poèmes, nouvelles, impressions lors d'expositions) à différentes périodes. L'unité en est la passion pour Collioure, sa beauté, son patrimoine, ses marchés, ses moments de fête, de musique et de culture.
J'ai abordé le petit village catalan dans plusieurs recueils surtout dans Moi, Matisse à Collioure, et dans mon dernier album sur Les peintres en Catalogne...
Cette fois-ci, j'ai inséré des textes plus courts, un reportage publié dans la revue "Terres catalanes", un hommage au poète Machado, des textes bien sûr sur la peinture, en pensant à Signac, Derain, Descossy, Giner et surtout Matisse.
A ce propos, j'ai aussi noté mon regret car les Catalans de 1905 à 1914, époque des séjours de Matissse à Collioure, n'ont pas su garder les artistes et reconnaître leurs oeuvres en leur temps (à part René Pous, qui est allé à Nice recueillir un dessin de celui qui inventa le Fauvisme dans le petit port...). Picasso, encore, est venu lors des fêtes du 15 août, il a voulu créer un musée au château Saint-Elme, mais en vain...
La Catalogne fut longtemps le pays des occasions perdues, alors que de nombreux créateurs sont venus vivre et créer dans ses paysages magnifiques...
Pourtant, depuis 25 ans, la municipalité essaie de faire vivre la culture et honore la peinture. Culture et peinture sont de toutes les saisons, à Collioure ! Du plus chaud de l'été jusqu'aux nuances plus froides de l'intersaison !
Bien sûr, surtout en période estival, avec un concours de pianos, un festival de théâtre,es fêtes de la Saint-Vincent et le festival "Un livre à la mer", animé par les éditeurs d'ici et une équipe de bénévoles à laquelle je participe depuis plusieurs années...
On a célébré Machado, Malraux, les Antilles françaises, Camus, Saint-Exupéry, O'Brian enterré à Collioure... Il ne faut pas non plus oublier la manifestation littéraire autour de la Sant Jordi, avec des stands d'auteurs sur la placette ! Certes, il faudrait étoffer la journée, par des rencontres, des échanges entre le public et les écrivains...
Puis à l'automne, il n'y a pas que les Antiquaires au Château Royal, mais les musaïques, qui mêlent les joies de la musique et du vin ! Un ciné-club propose les nuits noires du mardi. Des concerts, classiques ou jazziques, ont lieu à Consolation, et Ellen Hall, une écrivaine américaine installée à Collioure, a créé un café littéraire, au premier étage des Templiers : le bulletin municipal rend compte de ces rencontres, comme de toutes les autres.
Les autres, ce sont les conférences proposées par les Amis de Collioure; ce sont les vernissages de grandes expositions au musée d'art moderne de la villa Peské, animée par Joséphine Matamorros, la directrice. Ce sont aussi les expositions plus intimistes qui ont lieu dans la petite galerie du Tenyidor, près de l'ancien tribunal de pêche. Car c'est la peinture ici et maintenant, hiver comme été, à Collioure, dans les musées et galeries nombreuses, c'est la peinture partout, du bleu du ciel au vert de la mer et des vignes, jusqu'aux étincellements des feux d'artifice d'août et du premier de l'an..!
Bien sûr les lieux culturels sont parfois exigus, telle la bibliothèque, un peu surannées comme le Centre culturel, mais avec le Château Royal, preté par le Conseil général, c'est un labyrinthe de salles aptes à l'animation culturelle, c'est surtout une cour sublime apte à accueillir l'été des représentations musicales et théâtrales. L'hiver, l'espace en plein air devient "Cour de Noël", avec son cortège d'artisans et d'animaux parfois surréalistes, si près de la mer...
Bien sûr, il faut avancer, tenter de faire mieux, d'étaler les animations de qualités et des événements culturels pour tous. On rêve d' une vraie Fondation Machado installée dans la maison Quinta, avec un petit musée consacré à Machado, avec des visites commentées... On songe à un vrai cinéma... On a dans la tête l'utopie d'un musée d'art contemporain; Le président Frêche avait promis de créer un musée de l'impressionnisme; il voulait dire sans doute "musée du fauvisme"... Mais il faut des crédits, des subventions, et louer des expos clés en mains quand on ne dispose pas de réserves importantes...
Or l'actuel Président de la Région finance l'agrandissement du musée de Céret, de celui de Sérignan et la création du musée de la Narbonnaise...Rien n'est annoncé pour Collioure. Mais Collioure doit être contemporaine ! Elle doit être toujours Collioure, d'accord, mais il n'y a plus de place pour la nostalgie. Les Colliourenqs regrettent leur intimité, leurs traditions en famille et dans la sérénité. Et on les comprend : les Anciens ne retrouvent plus leur environnement...et les jeunes sont victimes d'une crise et d'un malaise social et moral généralisés...
Les foules, comme partout, "envahissent" ce petit espace, c'est le mal d'une époque qui a développé à outrance l'industrie touristique. C'est le défaut d'une qualité : Collioure est trop belle, trop connue pour ses peintres et son site incomparable. La faute à l'essor du tourisme ? La faute à la municipalité ? Il faut des boucs émissaires !
Et si c'était aussi la faute des habitants eux-mêmes qui ont vendu, à une époque, terrains et garages, caves et appartements, tout en ne voulant pas les étrangers... On ne peut avoir le beurre, l'argent...et l'éternelle beauté de Collioure !!! On doit accepter l'état de fait et la présence de ces Européens qui apportent leur contribution à la culture globale, locale et universelle...