... L'expo de ce dimanche benjaminien s'inspire aussi sans doute du catalogue de Nicolas Bourriaud (Ecole Nat.sup.des Beaux-Arts | avril 2013 Ce catalogue est le premier d’une série accompagnant la nouvelle politique d’expositions mise en place par Nicolas Bourriaud aux Beaux-Arts de Paris. 36 euros)...
L'expo ne peut que s'inspirer du maître-livre de Stéphane Mosès (L'Ange de l'Histoire, folio essais n°481) qui traite de l'utopie et de la conception de l'Histoire selon W.Benjamin.
Il définit aussi la figure de l'ange, en partant du Talmud évoquant "des anges recréés à chaque instant en foules innombrables pour chanter leur hymne devant Dieu avant d'être détruits et de disparaître dans le néant."
WB écrit que "leur voix qui passe et s'enfuit symbolise l'anticipation de l'apocalypse au coeur même de l'Histoire"."
Les idées d'utopie et de temporalité sont inédites: le paradis ou l'apocalypse peuvent arriver à tout moment, le philosophe n'a pas la vision linéaire et tendu vers un idéal, comme les marxistes orthodoxes. La fin des temps peut s'accomplir "aujourd'hui". Le temps n'est pas un axe orienté, un fleuve coulant de sa source à l'embouchure. Comme l'écrit Moses (page 26) : "les instants ne se succèdent pas comme les étapes d'un processus irréversible; passé, présent et avenir ne se suivent pas sur une ligne droite qu'un spectateur pourrait observer de l'extérieur, mais coexistent comme trois états de conscience permanents ; dans le fulguration de l'instant...Toute l'énergie de l'Histoire se concentre ici sur la réalité du présent."
La figure de l'ange traverse toute l'oeuvre de WB; ainsi dans une ficion autobiographique sur le "nom secret" que ses parents lui auraient donné à sa naissance "Agesileus Santander" qui serait, selon le déchiffrement de Scholem, l'ami spécialiste de la Kabbale, "Angelus Santander"; ce nom renvoie à la célèbre aquarelle de Paul Klee "Anglus novus", acquise en 1921 et "qui deviendra pour lui la figure emblématique de son propre destin..." (Moses, page 163)
Cet ange symbolise aussi "l'intuition centrale de la philosophie de l'Histoire de Benjamin, celui-ci ajoutant : "La Kabbale raconte que Dieu crée à chaque seconde une foule d'anges nouveaux, et que chacun n'a qu'une seule et unique fonction,chanter un instant la louange de Dieu devant son trône avant de se dissoudre dans le néant..."
D'où, pour WB, "le sens de l'Histoire ne se dévoile pas dans le processus de son évolution, mais dans les ruptures de sa continuité apparente, dans ses failles et ses accidents..." (opus cité, page 164)
L'expo s'inspire aussi du magnifique album de Tilla RUDEL : "L'ange assassiné" (Menès "destins", 2006), essentielle pour une initiation à WB et pour sa riche iconographie ! Il faudrait citer intégralement la page 198 !
Enfin, il faut lire, de l'ami G. Scholem, Benjamin et son ange, dans lequel il explique l'histoire du tableau de Klee. La toile a suivi W.B. tout au long de ses 18 adresses successives dans l'exil de Paris; puis, en 1940, avant de fuir vers le midi, WB détache la toile et la place dans le manuscrit des Passages parisiens, confié, avec d'autres textes, à G.Bataille.
Le tableau et les manuscrits seront ensuite remis à Adorno, d'abord à New York, puis à Francfort. Enfin, selon le désir de WB, la toile est léguée à Scholem, qui le donnera au musée d'Israël de Jérusalem..."où l'on peut discerner aujourd'hui dans ses yeux écarquillés et ses ailes déployées, la tempête de l'Histoire qui a balayé de destin de Benjamin. " Tilla Rudel.
Jean-Pierre Bonnel
- - - Compte-rendu de l'expo "L'ange de l'Histoire" (revue Artpress)
* Exposition "L'Ange de l'Histoire", Palais des Beaux-Arts, Paris (du 25 avril au 7 juillet 2013)
Au sein du programme d’expositions consacrées au thème général de la ruine qui inaugure le Palais des Beaux-Arts (cf. artpress n°400), L’Ange de l’Histoire 2.0 réunit les travaux d’une quinzaine de jeunes artistes internationaux dont certains encore peu montrés en France.
Ambitieuse mais insuffisamment relayée par l’accompagnement pédagogique, la proposition est un peu déroutante. Juxtaposées dans la grande salle du rez-de-chaussée où seules deux petites cimaises ont été dressées, les œuvres ont du mal à dialoguer entre elles. On s’interroge également sur la répétition de travaux similaires d’un même artiste sur plusieurs murs.
Après une grande déflagration de Jules de Balincourt, les œuvres présentées privilégient le fragment. Il est une relique des performances orchestrées par Lili Reynaud-Dewar et Simon Fujiwara. Plus souvent, il est la matière première d’œuvres élaborées à partir d’images et d’objets collectés qui donnent lieu à de multiples formes de réemplois.
Ainsi, parmi d’autres, Haris Epaminonda et David Noonan compilent des images. La première les juxtapose quand le second les superpose. Dans les deux cas, le motif semble disparaître derrière les caractéristiques strictement formelles du procédé d’impression. Moins intuitive, plus volontaire, Josephine Meckseper combine images et objets dans des displays qui caricaturent les présentoirs de vente. Lancée dans une « archéologie du présent », l’artiste veut en souligner les dérives consuméristes. Meredyth Sparks et Clément Rodzielski interviennent, quant à eux, sur des images collectées sur internet. L’une découpe un détail d’une photographie imprimée sur toile quand l’autre intervient librement à la peinture aérosol sur des reliquats d’images pauvres et pixélisées. Enfin, d’autres jouent sur le statut ambigu de ces fragments en recourant à des dispositifs muséaux : la vitrine pour Isabelle Cornaro, le socle chez Carol Bove.
Quelle finalité poursuit cette accumulation de fragments en tous genres ? Placée sous le signe de Walter Benjamin et de son « Ange de l’Histoire », l’exposition entend rendre compte d’une nouvelle relation à l’histoire identifiée dans l’art de ces dernières années. Sans doute s’agit-il d’une conception de l’histoire qui, étrangement, accorde peu de place aux événements historiques. En effet, ces derniers, leur enchaînement et leur dimension collective sont les grands absents de cette exposition. Lorsque ces artistes inscrivent leurs œuvres dans une durée, comme Simon Fujiwara, c’est souvent pour plonger dans leur histoire personnelle ou tendre vers la fiction.
On regrette surtout que l’exposition ne mette pas davantage l’accent sur des travaux qui développent une réflexion historiographique et intègrent les fragments explicitement historiques que sont l’archive ou le témoignage, à l’instar des recherches de Marwa Arsanios sur les utopies dans l’Egypte des années 1960. Mais on s’arrête finalement sur un grand relief de Walead Beshty. Pâte informe et grisâtre d’où émergent des morceaux de papiers et de photographies passés à la broyeuse, cette œuvre a ici un fort pouvoir d’évocation qui fait parfois défaut aux autres.
Etienne Hatt
Palais des Beaux-Arts
13, quai Malaquais, 75006 Paris
http://www.ensba.fr/
- http://www.artpress.com/article/23/05/2013/exposition-lange-de-lhistoire-20--palais-des-beaux-arts--paris/29008#sthash.diTdNLSh.dpuf
- - -
[Le visage de l'Ange de l'Histoire est orienté vers les décombres du passé, mais une tempête déploie ses ailes et le pousse vers un avenir auquel il ne cesse de tourner le dos]
Benjamin, Sur le concept d'histoire

Walter Benjamin décrit un tableau de Paul Klee, Angelus Novus [qu'il a emporté avec lui, à travers tous ses exils, et dont on peut voir une reproduction ici]. Ailes déployées, bouche ouverte, cet ange nouveau regarde dans notre direction [mais malgré ses efforts, il ne nous voit pas]. Le voici qui s'éloigne, c'est la dernière fois qu'il nous salue. Il a les yeux rivés sur le passé et tourne le dos à l'avenir [si c'était nous qu'il regardait, il aurait les yeux rivés sur l'avenir que nous sommes pour lui, et tournerait le dos au passé].
Que voit-il? Des décombres, des esclaves enchaînés, une suite de désastres, de catastrophes. Benjamin ne pense pas qu'il nous quitte volontairement. Il croit qu'il est emporté par une tempête - et à cette tempête il (Benjamin) donne le nom de progrès. Donc, le progrès entraîne l'ange vers cet avenir auquel il tourne le dos, tandis que sous ses pieds et en face de lui, des décombres montent au ciel (dit Benjamin). Où sont ces décombres? Ils sont invisibles, c'est Benjamin qui les invente. Qu'est-ce qui prouve qu'ils montent au ciel? Pas grand'chose (et d'ailleurs, la tempête elle aussi est inventée par Benjamin). L'Ange souhaiterait panser les blessures et ressusciter les morts, mais il ne peut pas. Pourquoi? A cause de ce progrès [maléfique] qui l'entraîne vers l'avenir, malgré ses réticences.
On ne peut pas reprocher à Benjamin son pessimisme. Il écrit en 1940, quelques mois avant son suicide. Mais on peut s'interroger sur les raisons pour lesquelles il appelle cette tempête progrès alors qu'il pourrait l'appeler nazisme. Si les ruines sont partout, si elles encombrent le passé et l'avenir, que peut-on espérer? Le fait qu'elles montent vers le ciel suffit-il à nous consoler? Benjamin ne répond pas à cette question, mais suggère [à travers Paul Klee, mort la même année que lui] par le regard de l'Ange [compassion et curiosité mêlées] et par ses ailes déployées, qu'une rédemption est encore possible. Certes elle ne passe pas par l'ange, elle passe par la génération actuelle (à chaque moment, la génération vivante) qui détient une parcelle de pouvoir messianique. Le matérialisme de Benjamin ne repose pas sur une confiance aveugle dans le progrès. Il faut que la nécessité (ce nain bossu) s'allie avec la théologie, pour que, dans un éclair fulgurant, le nouveau émerge : il se présente alors comme une image unique, évanouissante, émergée du passé, un nouveau genre de conscience historique qui disparaîtrait si nous ne la reconnaissions pas.
`Citations de WB :
"La vérité est une image unique, irremplaçable, qui s'évanouit avec chaque présent qui n'a pas su se reconnaître visé par elle.
-
Les luttes libératrices sont nourries par l'image des ancêtres enchaînés, plus que par celle d'une postérité affranchie
-
Entre les générations passées et la nôtre existe un rendez-vous mystérieux : le passé réclame une rédemption, il exige que nous répondions à cette attente
-
Rien de ce qui eût jamais lieu n'est perdu pour l'histoire - mais le passé ne serait intégralement citable que pour une humanité restituée et sauve
-
A chaque instant de l'histoire, un ange spécifique, unique, peut faire surgir du nouveau
-
Nous avons reçu, comme chaque génération, une faible partie du pouvoir messianique - mais ce pouvoir ne nous appartient pas, le passé a des droits sur lui
-
L'image dialectique est une fulguration, une boule de feu qui franchit tout l'horizon du passé
-
L'idée d'un progrès illimité et irrésistible de l'espèce humaine comme telle, dans un temps homogène et vide, est une prétention dogmatique détachée du réel
-
Les calendriers ne mesurent pas le temps comme des horloges; ils sont les monuments d'une conscience historique dont toute trace semble avoir disparu.
-
Le matérialisme historique, ce nain bossu qui supplée au jeu d'un automate, n'a rien à craindre s'il s'assure les services de la théologie - cette vieille mal famée priée de ne pas se faire voir"
* Brassens à Perpignan : samedi 22 février à 15h, au Palais des congrès, à Perpignan.
Le premier « CABARET BRASSENS 2014 » organisé par l'Association « LES COPAINS D'APRES » aura cette année un caractère " international " .
Sa programmation sera en fait une ballade en "brasserie" qui emmènera le public de l'OURAL aux AURES en passant par le CANIGOU .
Mélange de cultures différentes explorant les musiques et la poésie de GEORGES BRASSENS ,démontrant ainsi l'universalité de ses chansons .
NATALIA BALACHOVA qui possède une formation complète en chant classique et variété, a participé à différents spectacles en Russie, Belgique et Suisse. Elle fera découvrir au public ses interprétations des chansons de GB .C'est avec une intensité toute slave qu'elle met en valeur ses textes, qu'ils soient en russe ou en français.
DJAMEL DJENIDI fera ronronner de plaisir les "brasseniens "en adaptant des titres de "Tonton Georges" comme << Une jolie fleur >> ( Khad el Warda ) en arabe algérien et en style chaabi arabo-andalou, ainsi que d'autres chansons qu'il chante en Français( mais toujours en style chaabi) avec les 7 musiciens qui composent son orchestre. A l'écouter on se dit que l'esprit frondeur et humaniste de BRASSENS pourrait se répandre et se partager sans problème sur les deux rives de la Méditerranée, salutaire antidote aux conformismes et aux intolérances !
En fin ce sont les 35 choristes de la Chorale LES COPAINS D'APRES , dirigée par I.SERRALTA et accompagnée par C.GIGAUDAUT à la guitare et M.LOVIGHI à la contrebasse, bien connus des habitués des CABARETS BRASSENS qui porteront les couleurs françaises de ce festival " BRASSENS INTERNATIONAL ".
A noter l'horaire (15 heures) de ce spectacle . Plein tarif 15 € , association et groupe 12 € - Réservations - 06 07 36 33 62
lescopainsdapres@hotmail.com
** ELNE : Spectacle de Serge Pey avec Jean-Yves Michaux en représentation à Elne
Le Spectacle "Le trésor de la guerre d’Espagne" aura lieu, en présence de l'auteur, samedi 22 février à 21h, salle Vautier/Espace Gavroche
De Serge Pey, avec: Jean-Yves Michaux, mise en scène: Serge Pey et Chiara Mulas
Durée: 1h15 - Tout public à partir de 12 ans
Tarif: 6 €
Héritier de la liberté et du combat de ses pères, tous républicains et résistants, Serge Pey nous offre avec ce Trésor de la guerre d’Espagne un fabuleux kaléidoscope d’histoires vraies. Son écriture porte en elle cette force des grands écrivains telluriques comme Giono ou Faulkner, et parvient à nous rendre présente, comme intimement vécue, l’aventure de ces enfants pris dans la tourmente des guerres et des répressions. Partout on chasse, on traque et on tue l’enfant des révoltes, le fils des opprimés, qui doit pour survivre trouver les ruses de l’animal. Il y a un tel bonheur de conter chez Pey qu’on ne peut s’empêcher de se délecter de chacun de ces épisodes tragiques ou pathétiques. Rarement une écriture aura rendu avec une telle intensité la mémoire à la vie.
Le jeu tout en retenue et en empathie de Jean-Yves Michaux tire les larmes. Susciter une profonde émotion, c'est le pouvoir d'un poète passé maître dans l'art du récit et d'un comédien majeur qui se donne tout entier à son art.
Spectacle proposé par IN VISU (avec le soutien de la D.R.A.C et de la Région Languedoc-Roussillon) -
* Serge Pey est un écrivain et poète français né à Toulouse le 6 juillet 1950. Fondateur de la revue nommée Émeute en 1975, suivie de Tribu en 1981.Maître de conférences à l’université de Toulouse-Le Mirail, Serge Pey dirige le séminaire de poésie d'action du CIAM. Créateur de situations, il rédige ses textes sur des bâtons avec lesquels il réalise ses scansions, ses performances et les rituels de ses installations. Poète de la rupture des frontières de l’art, plasticien, théoricien et critique, il explore les phénomènes de ritualisation du langage dans la pratique orale du poème.
Quelques Œuvres
- Tombeau pour un miaulement. Poésie Provisoire, Gruppen Editions, 2013.
- Ahuc. Poèmes stratégiques (1985-2012), Flammarion, 2012.
- Les Poupées de Rivesaltes, avec Joan Jordà, Forcalquier, Quiero, 2011.
- Lèpres à un jeune poète. Principes élémentaires de philosophie directe, Toulouse, Délit Éditions, 2011.
- Le trésor de la guerre d'Espagne, Zulma, 2011.
- Prix Boccace 2012
- Dialectique de la tour de Pise, Limoges, Dernier Télégramme, 2010.
- Droit de voirie, Bruxelles, Malström reEvolution, 2010.
- Hypothèses sur l'infini, Cannes, éditions Tipaza, 2009.
- Ne sois pas un poète, Limoges, Dernier Télégramme, 2009.
- Bâtons de la différence entre les bruits, Cesson...
**ALENYA :
Une mise en scène à l'humour surréaliste pour un concert de haut niveau.
Orchestre de chambre de l'Ampurdan, 21 h.
L'OCE présente un concept très spécial : une mise en scène à l'humour surréaliste pour un concert de haut niveau.
Le spectacle est basé sur une intrigue simple où les musiciens entrent en révolution contre leur chef d'orchestre. Sans jamais perdre le grand niveau musical obtenu après 21 ans de performances dans le monde entier, l'OCE parvient à nous faire rire tout en nous faisant découvrir ou redécouvrir des thèmes choisis dans les répertoires classique ou contemporain.