Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 11:08

240-Suzanne-Valadon-Catherine-nue-allongee-sur-une-peau-de-panthere-1923-C-ADAGP-Paris-2013_focus_events.jpg BONNARD, RENOIR, VUILLARD... CHEFS-D'OEUVRE DE LA COLLECTION ARKAS, du 19 décembre 2013 au 30 mars 2014

Le Musée de Lodève propose du 19 décembre 2013 au 30 mars 2014, "Bonnard, Renoir, Vuillard... Chefs-d'œuvres de la collection Arkas", une exposition exceptionnelle qui réunit 70 œuvres issues d'une des plus importantes collections turques.

Bonnard, Renoir, Vuillard, Corot, Dufy, Kiesling, Le Sidaner, Marquet, Sérusier, Valadon, Vallotton, Van Dongen... La sélection du Musée de Lodève permet d'illustrer les grands courants artistiques européens de la fin du XIXe au début du XXe qui marquent les débuts de la période moderne, et de découvrir un ensemble d'œuvres inédit d'artistes ouvrant la voie aux avants-gardes.

Plus d'information : Musée de Lodève : Tél : 33 (0)4 67 88 86 10.

 

** buren-a-serignan.jpg BUREN au musée de Sérignan.

 

***FRANÇOIS LLOPIS : MAÇON, PEINTRE ET SCULPTEUR

Du 7 décembre 2013 au 23 février 2014 à Céret

240-Francois-Llopis-au-musee-de-Ceret-C-Jean-Lecuyer_focus_events.jpg

Le musée d'art moderne de Céret présente "François Llopis : maçon, peintre et sculpteur" du 7 décembre 2013 au 23 février 2014.

L'exposition rend hommage à François Llopis (1928-2013) artiste cérétan autodidacte débordant d'humour, de créativité et d'imagination. Ouvrier agricole dès l'âge de 13 ans, c'est en Corrèze qu'il commence à sculpter le bois et la pierre. Peintre, dessinateur, François Llopis était aussi maçon, construisant sa maison comme un "palais de fantaisie" connu de tous les cérétans.

- Horaires d’ouverture : tous les jours sauf mardi de 10 h à 18 h. Fermé le 1er janvier
- Tarifs : 5.50 € - réduit 3.50 €, gratuit jusqu’à 12 ans. 

 

***Avril 2013 - Mars 2014 à Palavas les Flots

Cabu-et-Dubout-en-politique-Musee-Dubout-de-Palavas-les-Flots_focus_events.jpg

Depuis 1992, le musée Albert Dubout de Palavas les Flots présente chaque année l'univers de ce grand artiste à travers une nouvelle exposition thématique. Après "La photographie et les vacances", le musée Dubout présente "Cabu et Dubout en politique" d'avril 2013 à mars 2014. 

L'exposition met en avant ses talents d'humoriste et son sens de l'observation en y associant, pour la première fois, la vision d'un autre artiste, le célèbre dessinateur de presse Cabu (Le Canard Enchaîné, Charlie Hebdo, Hara-Kiri...).

Plus d'information : Musée Albert Dubout
Redoute de Ballestras - 34250 Palavas les Flots
Tel : 33 (0)4 67 68 56 41 (après midi)
Tel. secrétariat : 33 (0)4 67 07 73 82 (matin) 

Partager cet article
Repost0
16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 12:30

 

images-copie-16.jpeg   Charles était-il une traînée ?

 

ça ne nous regarde pas ! Prenait-il des stoppeurs à bord de son bolide pour les emmener dans une de ses belles maisons ? L'oeuvre du poète est plus importante que l'Homme-pouet-pouet !!! Etait-il, ce milliardaire, d'une avarice forcenée..?

 

Tout cela interesse Karle Zéro qui analyse la part d'ombre du fou chantant dans un docu décoiffant (Arte, ce dimanche à 22h35). Il évoque la vie privée et la sexualité du chanteur, connu pour ses conquêtes masculines. Je me souviens l'avoir croisé plusieurs fois rue de la Barre en bonne compagnie, ou aperçu, les nuits d'été, dans les dunes de Canet-Sud...

 

Cet homme avait une double vie, de bourgeois parisien soignant son apparence dans le monde du spectacle et de la politique, et de  traînée infatigable, hantant les lieux de débauche et de marginalité, tel Pasolini ou Jean Genêt. Il fut d'ailleurs condamné en 1963, pour "atteintes aux bonnes moeurs"...

 

   Il était donc comme nous tous, doubles et ambigus. Il était socialiste en soutenant Mitterrand, mais déclarait aier "l'ordre établi"... 

   Ce film très intime verse souvent dans le fait divers...

 

 

Son attitude durant l'Occupation nazie fut, elle aussi, peu claire; pétainiste, il dut pourtant enregistrer en-dehors de France, certaines chansons étant interdites, et "Douce France" ayant été interprété par les nazis comme un chant de Résistance... 

 

Né à Narbone, Trénet fait ses études secondaires au lycée Arago de Perpignan et rencontre Albert Bausil; ce sera une suite de folles soirées, des bassesses de Sant-Vicens aux hauteurs de la Terrasse au soleil, à  Céret...Chassé, en 1928, du lycée, il va avec sa mère à Berlin et s'adonne au dessin : comme Cocteau, il a tous les dons, écriture, peinture, musique...Le poète lui fera découvrir l'amitié de Max Jacob, qui devient alors son inspirateur...Il compose "La mer" en 1939 en prenant le train qui, de Perpignan à Narbonne, serpente entre les étangs entre Corbières et Méditerranée; il existe plus de quatre mille versions de cette chanson, qui mènera Charles vers sa maison-navire d'Antibes...Il s'achètera ensuite une villa près de Saint-Maur, en face de l'île d'amour...Puis d'autres, et enfin un appartement à Canet-Sud, lieu de ses premières amours interdites...

 

* source : C.T. par Pascal Bussy (Librio) et C.Trenet par Berbard Revel, qui est expert en ce qui concerne les démêlées de la famille Trenet avec l'exécuteur testamentaire, ancien compagnon du chanteur (lire ses articles dans "La Semaine du Roussillon")

 

1939-Camps-de-Saint-Cyprien-c-Collection-Mayelle-150x150.jpg  ** Journée en hommage aux Républicains espagnols à Saint-Cyprien

 

Suite à la Retirada, le 8 février 1939, sur la plage de Saint-Cyprien, les autorités militaires installent un camp destiné à interner entre 70 000 et 90 000 républicains espagnols. Au mois de mars 1939, 100 000 internés sont recensés dans ce camp qui s’étale désormais sur près de 24 hectares. Pour le 75e anniversaire de l’ouverture de ce camp, la Ville de Saint-Cyprien entend rendre hommage à ces hommes et ces femmes, combattants de la liberté et victimes du fascisme qui, durant leur exil, ont poursuivi le combat pour les valeurs républicaines et démocratiques.

 

 

Programme de la journée d’hommage du dimanche 16 février 2014 :

- 9h30 : Signature à l’Hôtel de Ville de la Convention de collaboration culturelle et patrimoniale par M. Thierry Del Poso, maire de Saint-Cyprien et Sònia Martínez Juli, maire de la Jonquera et présidente du Consorci Museu Memorial de l’Exili (MUME). La signature de cette convention permettra d’effectuer un travail de recherche transfrontalier afin de mieux connaître et diffuser l’histoire du Camp de Saint-Cyprien mais également d’intégrer les lieux de mémoire de la Retirada situés sur le territoire de Saint-Cyprien aux routes de mémoire proposées par le MUME.

- 10h15 : Visite guidée en catalan de l’exposition « Martin Vivès, une vie engagée, une œuvre libre », une manifestation réalisée en collaboration entre Les Collections de Saint-Cyprien et le Museu Memorial de l’Exili de la Jonquera.

-11h : Dépôt de gerbe au Monument en hommage aux Républicains espagnols par M. Thierry Del Poso, Maire de Saint-Cyprien, Mme Antònia Benitez Gonzales, Maire de Sant Cebrià de Vallalta, Mme Sònia Martinez Juli, Maire de la Jonquera et présidente du Consortium Museu Memorial de l’Exili. Monument d’Hommage aux Républicains espagnols, situé à la croisée des rues Vaugelas et Delacroix, Saint-Cyprien Plage.

-12h30 : Calçotada à Grand Stade les Capellans, organisée par l’Association Els Amics Cebrianencs.

-16h : Récital de chants républicains interprétés par Vera Caprani à la Médiathèque Prosper Mérimée.

Entrée libre

 

 

Mardi 18 février : Images mouvantes à la médiathèque

La Médiathèque de la Ville de saint Cyprien propose mardi 18 février à 18 h la projection du film unique sur l’événement : « L’Exode d’un peuple »  de Louis Llech assorti d’une musique originale de Virgile Goller. Ce film accompagne l’ouvrage édité conjointement en 2008 par l’Institut Jean Vigo et les éditions Trabucaire « La Retirada en Images Mouvantes », assorti d’un descriptif très documenté. Universitaires, journalistes, conservateurs de cinémathèques des deux côtés de la frontière ont joint leurs efforts pour analyser des images d’un siècle de fer et de sang.

Sous la direction de Michel Cadé, Professeur d’Histoire contemporaine à l’Université de Perpignan Via Domitia et Président de la Cinémathèque euro-régionale Institut Jean-Vigo, ont collaboré à l’ouvrage : Floreal Pelato, réalisateur, Alfonso del Amo, María García Barquero, Fonctionnaires Grégory Tuban, journaliste, Martine Camiade, François Amy de la Bretèque, Vicente Sánchez-Biosca, Jean Tena, Ángel Quintana Professeurs, Kees Bakker.

Ce film réalisé au moment de l’exode républicain de février 1939 est vu à travers l’œil d’un « amateur éclairé » dont la spécificité du document est un regard juste, une cohérence du propos et une distance prise avec l’événement.

500 000 hommes, femmes et enfants, civils et militaires ont, sous la poussée des forces franquistes, eu à franchir au cœur de l’hiver, la frontière franco-espagnole le long du département des Pyrénées Orientales : peuple jeté sur les routes de l’exil.

Michel Cadé accompagnera cette séance et donnera quelques clés pour comprendre ces images brutes, rares, sans fard de la tragédie que le cinéma a parcimonieusement consacré à la Retirada.

L’entrée est libre. La Médiathèque Prosper Mérimée se situe au village, proche du stade Gaston Godail, 1 rue François Arago.

Renseignements au 04 68 21 01 3

 

Partager cet article
Repost0
15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 13:15

958bebf8.jpg

Neruda, le voyageur du siècle

LE THÉÂTRE DE LA RENCONTRE HONORE PABLO NERUDA

SAMEDI 15 février à 20h30 /  DIMANCHE 16 à 17heures

''Neruda ...le voyageur du siècle''

(textes en français et espagnol)

montage élaboré par Cédric Dabarbieux

avec Marielle Durand- Cédric Dabarbieux et Guy Jacquet 

A l'occasion du quarantième anniversaire de la disparition de Pablo Neruda (qui coïncide également avec le quarantième anniversaire de la chute du Président Chilien, Salvador Allende), il paraissait nécessaire de redonner à entendre une part de cette grande œuvre poétique.

Évoquer Pablo Neruda, c'est vouloir faire vivre encore une parole somptueuse, immensément riche, nourrie de culture tant intellectuelle que populaire, engagée dans l'action et fascinée par l'universalité. Une écriture qui parle des origines du monde, de la nature foisonnante, des femmes, de l'amour et de la guerre. L'humanité, dans sa réalité charnelle, est présente jusque dans les textes les plus lyriques. Comme si ce poète était venu sur cette terre pour en dresser un tableau coloré aussi dense et complet que possible, pour rappeler que le cri des hommes est parfois comme le feulement d'un tigre blessé, et que les mots d'amour ont la douceur des pluies d'été.  

Néruda est un de ces poètes qui se sont nourris de leur terre avant de la nourrir à leur tour. Son Prix Nobel, doit être perçu comme tel, car à l'instar de Garcia Marquez, Antonio Machado, Federico Garcia Lorca et Jorge Amado... Pablo Néruda est un géant  !

 

**  Le Professeur Jacques Semelin* présente son récent ouvrage : 

 

Persécutions et entraides dans la France occupée.

Comment 75% des juifs en France ont échappé à la mort

(éd. Les Arènes-Seuil)

 

Samedi 15 février 2014, 15 heures

auditorium de la Maternité suisse d’Elne

Château d’en Bardou – Route de Montescot - Elne

 

* Jacques Semelin est historien, directeur de recherches au CNRS (CERI) et enseigne à Sciences-po Paris. Il a consacré plusieurs ouvrages à la résistance civile (dont Sans armes face à Hitler, 3éme édition, Les Arènes 2013) et aux génocides et crimes de masse (Purifier et Détruire, Seuil, 2012). Son dernier ouvrage est honoré de deux prix : Prix de la Fondation de la Résistance «Philippe Viannay-Défense de la France» ; et Prix de l'Académie Française (médaille Emeraude).

L’auteur dédicacera son ouvrage. Vin d’honneur à l’issue

via JP Kaminker, le mouvement de la paix.

 

***

****à 18 h, galerie Odile OMS à CERET, vernissage de l'expo de Serge FAUCHIER !!!

  • CkUsr6b1mSA.png
  • Centre d'Art Contemporain, Place de la République, Saint-Cyprien
  • K6_TY47YS3x.png
  • Il y à 50 ans, François Desnoyer présente sa première exposition à Saint Cyprien et pour ce premier rendez-vous avec le public catalan, il désire se voir entouré d'un groupe d'artistes cypriannais et de jeunes créateurs venus réaliser dans la station une résidence artistique. Un geste fondateur et fédérateur, que la Ville de Saint-Cyprien désire renouveler en offrant les cimaises du Centra d'Art Contemporain à l'ensemble des créateurs cypriannais, véritables acteurs du développement des arts dans notre cité. Une exposition à découvrir du 15 février au 15 avril, en forme de regards croisés et mêlant les expressions les plus singulières d'une citoyenneté aussi participative que créative.
  • Participants: Paule Margail, marraine de l'exposition
  • Dominique Bonfiglioli, Guy Monnoir, Liliane Neto, Gilbert Pujol, Perle Zylbering (sculpteurs)
  • Claude Boech, Louis Chauffriasse, Odile de Guillebon, Claudine Ducarroir, Christine Garcia, Nadège Knoblauch, Francine Massé, Madeleine Massote, Anne-Marie Outters, Florence Roda (peintres)
Partager cet article
Repost0
14 février 2014 5 14 /02 /février /2014 10:37

 

Couv-JPB-Je-te-haine.jpg Roman de J.P.Bonnel : le "je t'aime" et le "je te haine" sont très proches, complémentaires...Où est la frontière entre ces deux sentiments (en apparence) contradictoires..? J'ai tenté d'approcher la limite...

 

Une journée bien pleine : 

 

* 12 h/18 heures :

 

André Bonet : 1ème édition "Coeur de livre" : des livres pour fêter la Saint-Valentin au Centre Del Mon 


2014 est l'année du centenaire de la naissance de Marguerite Duras. On retrouve son roman le plus célèbre "L'amant" dans la sélection de livres à s'offrir entre amoureux, pour la Saint-Valentin. En ce 14 février, on célèbrera la Saint-Valentin au Centre del Mon. Parmi les moments forts cette première édition "Coeur de livre", le CML propose pour l'occasion une sélection de 8 livres à s'offrir que les amoureux des livres pourront se faire dédicacer par auteurs suivants:

Maëla Paul "La petire colère" L'Harmattan
Jean-Pierre Bonnel "Je te Haine" Cap Béar éditions
Michel Llory "Le désordre des sentiments" TDO éditions
Loïc Robinot "Collioure en habit de lumières" - Album photos (Cap Béar éditions)
Yhan Le Fur, "Le centre du Monde, L'autre" TDO éditions
Dani Boissé "Les Sorciers d’Opoul" , Presses Littéraires
Maïté Sanchez-S. "Au coeur des femmes /70 années de conquêtes", Editions Talaïa
Laurent Cassagne, "L'envol des mots", Editions Baudelaire
 – avecJérôme FrickerLaurent CassagneMaela PaulDani BoisséÉditions TalaiaJean-pierre BonnelMarie-Thérèse Sanchez-Schmid et Cml Prix Méditerranée.

 

** 18 heures :


 

 

Casa Musicale février

Publié le 08/02/2014 à 18:42 par leblogcultureldyl

87624ebf.jpg

 

TALENTS MUSICAUX

T'as du talent? Viens jouer sur la grande scène du festival Ida y Vuelta

Le Crédit Agricole Sud Méditerranée en partenariat avec La Casa Musicale organise le concours Talents Musicaux. Vous êtes musicien amateur, solo ou en groupe, vous jouez vos compos, vous avez entre 18 & 35 ans, vous habitez les PO ou l'Ariège. Envoyez votre candidature!!!

 

Règlement et dossier de candidature à télécharger sur :www.facebook/CreditAgricoleSudMediterranée

 

 

** 18 h30-19 h.

 A voir à partir du 7 février, vernissage le vendredi 14 février à 18h30 au Palais des rois de Majorque......

Le Conseil Général 66 et l’association Bouchons d’Artistes vous invite à l’exposition « Solid au Palais » avec les peintures et les installations de Michel Pagnoux au Palais des Rois de Majorque à Perpignan.

 

Cette exposition retrace plus de quarante années de peintures, sculptures, dessins,… A découvrir du 7 février au 13 avril 2014, tous les jours de 9h à 17h.

 

Le vernissage à lieu le vendredi 14 février à 18h30.

 

Venez nombreux !!! — avec Michel Pagnoux.

REVOLUTION ET GUERRE D'ESPAGNE

 

Rencontre avec l'écrivain David M. Thomas

Le vendredi 14 Février à 18h00 Librairie TORCATIS

 

Autour de ses romans "Un plat de sang Andalou" et "Nos yeux maudits"

 

 9782915018479_1_v.jpg    9782915018356_1_v.jpg

Rencontre animée par Nicolas CAUDEVILLE

 

En 2009, David M. Thomas a écrit un bouquin nommé « Un plat de sang andalou ». Premier tome dune trilogie mettant en scène une poignée dinternationalistes forts en gueule et utopie  Marco ! Dartmann ! Ieuan ! Solena ! El Jefe ! le plat de sang narre par le menu la lutte du « petit peuple dAlmérí» devant lavancée de la horde franquiste. Exaltée, baroque, désespérée, foisonnante, la langue carnée de Thomas fait naître dans la bouche du lecteur une salive abondante et qui déborde. Iconoclaste, lécrivain Thomas nécrit pas les pieds moulés dans des charentaises et la main gauche posée sur le dico : cest quil lui en faut du muscle et du nerf pour ficher toute une partie du monde dans ce coin obscur du sud de lEspagne. Fils de prolo devenu polyglotte, Thomas le Gallois ballade ses héros sur la crête de leurs idiomes. En espagnol, allemand, anglais, italien, ça jure de tout côté, invective, planifie des contre-attaques, fait quelque promesse intenable. Ça fait lamour à la guerre.

 

La guerre civile espagnole justement, on connaît le sujet. Surtout ici à Perpignan où la Retirada a semé ses enfants, dans des camps dinternement dabord, avant de les ingérer peu à peu dans le grand corps national. 

 

En cette année 2014, 75 ans après la veule victoire du franquisme, la librairie Torcatis offre le mois de février à la mémoire des vaincus : ces Républicains que les démocraties dalors abandonnèrent aux babines du fascisme grandissant. Hasard des calendriers romantiques,  David M. Thomas sera le 14 février entre les murs de la célèbre librairie. Celui qui participa à la grande grève des mineurs du Yorkshire en 1984, ravivera, le temps dune rencontre, le pigment de cette terre andalouse où locre se nourrit du sang des valeureux. Le lecteur avait déjà été mis en garde : « Trente-deux mois, messieurs les historiens, trente-deux mois, comptez-les bien, noubliez pas le petit peuple dAlméría dans vos tomes dérudition ni cette petite poignée de femmes et dhommes sans casque sur le fortin de Los Millares. Mais non, vous nous oublierez et quelle importance que tout cela à la fin, que vous nous oubliez ou pas, quelle importance ? Aucune, ninguna, nihil, fuck all. »

 

Rendez-vous donc le 14 février à 18h00 à Torcatis pour cette rencontre animée par Nicolas Caudeville ET

le samed15 Février à la Médiathèque de Perpignan pour un petit déjeuner littéraire à 10h10

Partager cet article
Repost0
13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 09:38

image.php.jpeg Toile de Serge Fauchier.

 

 (http://www.sergefauchier.fr/biographie/expositions-personnelles/

  • Exposition à la galerie Odile OMS de Céret 

2-fauchier.jpeg  Serge Fauchier, du 14 février au 10 mai 2014 - Vernissage le 15 février à partir de 18 h

 

Vous pouvez déjà découvrir la plupart des œuvres sur le site de la galerie: http://www.odileoms.com

 

 

 

 

 

...J’aime les lignes aux tracés dépourvus de régularité, qui n’entrent pas en symétrie
avec leurs voisines, celles qui se frayent un passage sans le besoin de correspondre à un ordre
ou à un modèle.

... Je peins comme j’écris, c’est à dire de gauche à droite, par contre je commence toujours
en bas et remonte jusqu’en haut…Mes tracés sont tels des ondes qui se recouvrent et parfois
se mêlent, les traces des premiers visibles en débords colorés sous les suivants.
Entre eux paraît en filaments toute la réserve des blancs.

... Mes peintures semblent des parts découpées d’un espace plus vaste à l’étendue indéfinie.
Pourtant elles sont à leur étendue, tant le travail effectué avec les couleurs les rive à leur
surface.
Elles sont simultanément ouvertes et fermées dans leurs limites.
La conjonction surface/couleur est recherchée, peut-être pour donner paradoxalement
des limites à ce qui paraît en être dépourvu.
Ce sont mes modes d’inscription en tracés ondulatoires qui suggèrent cette ouverture et,

dans le même temps, ce sont les blancs réservés qui, à leur répartition, la contiennent.

Ces blancs, souvent assimilés au vide et à l’absence, assurent la consistante et la tenue
de l’ensemble.

Extrait de « Marcher sur la crête des ombres » Août/Octobre 2013 - S. Fauchier

*** Lire ses poèmes et réflexions (Trabucaire éditions), voir ses illustrations pour des livres de

poésie (avec James Sacré...)

*** Je remercie ici S.Fauchier de m'avoir reçu dans on bureau des Beaux-Arts/Heart (avenue Foch) pour l'expliquer le fonctionnement des B.A., du CAC W.Benjamin, et, surtout, pour me parler de sa peinture ! Entretien à paraître dans le livre "Mémoire culturelle du 66", en...2015..?

Partager cet article
Repost0
12 février 2014 3 12 /02 /février /2014 10:52

Copie-de-th-1-.jpg  Lluis Colet : gentillesse, enthousiasme, faconde, savoir dalinien : ce défenseur de la catalanité rend hommage à Perpignan, à la Catalogne et à la langue de ce pays en ayant choisi la liste de Clotilde Ripoull, pour les élections municipales de mars 2014 !!

 

   Record du monde du discours le plus long

 

Le Perpignanais Lluis Colet, âgé de 62 ans, a battu à Perpignan le record du monde du discours le plus long, en parlant sans interruption pendant 124 heures, soit cinq jours et quatre nuits. Le record du Catalan, lui permettant d'entrer dans le livre Guiness des records, a été homologué sous le contrôle de trois huissiers.

Avec ses 124 heures de palabres ininterrompues, l'orateur hors pair, employé municipal et guide au musée des arts et traditions catalanes situé au Castillet, détrône l'ancien détenteur du record, un Indien qui avait réussi à parler pendant 120 heures.

Lluis Colet avait déjà été détenteur du record en 2004, après être parvenu à discourir pendant 48 heures d'affilée à l'occasion de l'année Salvador-Dali, un artiste qu'il vénère.

Installé au buffet de la gare de Perpignan, le "centre du monde" selon Dali, Lluis Colet a parlé sans s'arrêter du lundi 12 janvier à 10H00 au samedi 17 à 14H00, sous la surveillance d'un médecin, sans pouvoir dormir cinq nuits durant et n'ingérant qu'une alimentation légère afin que son discours ne soit pas perturbé.

Copie-de-colet.jpg Derrière l'humour et les événements surréalistes, une conscience de la justice et de l'appartenance à une culture millénaire...

 

 

LLuis COLET :

 

Président fondateur de l'Association culturelle et sportive et club de supporteurs des "Dragons Catalans" : "CATALANS ENDAVANT

 

Président fondateur de l'association "LES AMIS DU CENTRE DU MONDE"


Je suis connu pour mes conférences sur Salvador DALI depuis 1984.

Entre autres, je détiens aussi le record du monde du discours le plus long : 124 h (12 au 17 janvier 2009) non stop sur les "Catalans en discours et poésie" (200 thèmes abordés).

Je suis né à PERPIGNAN, fils de perpignanais catalans du quartier de la Gare.

Très attaché aux valeurs morales, éducation, travail, respect, solidarité, je suis aux côtés de Clotilde pour rassurer ceux qui défendent la Fidélissime Ville, son histoire humaniste des plus avancées, sa culture millénaire des plus raffinées d'Europe.

Pour faire revivre le musée catalan des Arts et Traditions Populaires,

Pour redonner du prestige au Centre d'Animation et de Documentation à la Culture Catalane.

Pour organiser et animer les Mercredis Catalans de Perpignan, avec les enfants des écoles, les associations, les commerçants, les bénévoles.

Pour allier le glorieux passé de l'ancienne capitale du Royaume de Majorque avec le présent.

 

Lluís COLET

President fondador de lAssociació cultural i esportiva i Penya de seguidors dels Dracs Catalans : « CATALANS ENDAVANT »

President fondador de lAssociació « ELS AMICS DEL CENTRE DEL MÓ»

Sóc conegut per les conferències sobre Salvador DALI dés de 1984. A més detinc també el rècord mondial del parlament més llarg del món (12-17 de gener 2009) : 124 h sense parar sobre « Els Catalans en discursos i poesies » (200 temes).

Nascut a Perpinyà, fill de perpinyanesos catalans del barri de lEstació.

Molt addicte als valors morals : educació, treball, respecte, solidaritat, sóc al costat de Clotilde per tranquilitzar els que defensen la catalanitat de la Fidelissíma vila.

La seva història humanista de les més avançades, la seva cultura mil.lenaria

Per fer reviure el Museu Català de les Arts i Tradicions populars.

Per tornar a donar prestigi al Centre dAnimació i de Documentació de la Cultura Catalana

Per organitzar i animar els Dimecres Catalans de Perpinyà, amb els infants de les escoles, les associacions, els comerciants i els benèvols.

Per fer intercanvis transfrontalers.

Per unir el gloriós passat de lantiga capital del reialme de Mallorca amb el présent.

 

LA GARE DE PERPIGNAN CENTRE DU MONDE

Le 27 août 1965, son illustrissime et génial Salvador DALI fit vibrer les multitudes roussillonnaises, au cours dun voyage triomphal qui eut un retentissement mondial.

Ce jour là, le maître de FIGUERES honora « sa cathédrale dinspiration, sa source dillumination », la GARE de la Fidélissime Ville de PERPIGNAN, concrétisant ainsi la belle envolée de ses généreuses paroles prononcées bien avant, à plusieurs reprises.

« Cest là, le Centre du monde ! » (paroles exactes).

Le 27 août 1984, en compagnie de jeunes catalans du groupe « Joventut » jai donné le coup denvoi dune nouvelle tradition de manifestations daliniennes. Tous les ans à cette date à 16 h 21 mn très précises, moment de larrivée du voyage triomphal, je rends hommage à Salvador DALI sur le lieu même de sa pensée.

Lobjectif de cet anniversaire, cest bien sûr de perpétuer cette généreuse et célèbre parole qui honore non seulement la gare de PERPIGNAN, mais aussi le pays catalan tout entier.

Cest maintenir vif lesprit de DALI au « CENTRE DU MONDE », le conjuguer avec lesprit catalan.

Lhommage rendu depuis 1984 a un symbole très représentatif et original comme celui dun « chou fleur ».

Jai matérialisé la vision de DALI et porte à lendroit exact cette plante enrubannée des couleurs catalanes, comme une forme de vivre.

Aux côtés de Clotilde, je souhaite continuer à donner de la dimension à cette immense publicité surréaliste que nous a offert notre génial catalan.

Prendre le Maître au mot et faire de la Gare de PERPIGNAN une véritable étoile ferroviaire, culturelle, artistique, catalane et méditerranéenne.

 

La Gare de PERPIGNAN nest pas un supermarché.

La Gare de PERPIGNAN, CENTRE DU MONDE avec lesprit de DALI : oui ! Casser le mythe : non !

« Rendre universel tout ce qui est extra-local » était lambition de DALI, cest la nôtre aussi.

 

Lluis COLET

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
11 février 2014 2 11 /02 /février /2014 16:34

 

images-copie-15.jpeg Marie-Pierre Baux (C) Nicole Gaspon sur over-blog.

 

 

  Cher Jean-Pierre je viens seulement de lire cet article que vous m'avez consacré et je voulais faire un commentaire PUBLIC sur le point (4) de l'article du blogabonnel.

 

    Comme c'est archi faux, je voulais ajouter que je porterai plainte pour diffamation quiconque répandra cette fausse information: c'est trop facile de salir les gens quand on n'a pas d'arguments a opposer ... Mais jusqu'où iront- ils ?????

 

  Je dis juste que c'est Archi faux, c'est la liquidation précipitée des Estivales de Perpignan par Mr Ferriere, Président de l'association et père de Mme C. Ferriere ( en haut de la liste JMPujol) qui a engendré un déficit ( subventions non reçues,indemnités de licenciement....) confirmé par notre expert comptable qui a tous les documents comptables. Quiconque tiendra ces propos sera poursuivi en diffamation.

 

1119223_1144886355_565254657_q.jpg

'Quand au dépôt du nom du festival c'est vrai il était à mon nom... C'est vrai je l'ai trouvé il y a 25 ans, Estivales de Perpignan car il s'agissait au début plus de nuits "Estivales" que d'un véritable festival..

 

 

 

* Retour sur l'article publié le Mardi 17 DÉCEMBRE 2013

MARIE-PIERRE BAUX RETRACE L'ÉPOPÉE DES "ESTIVALES" DE PERPIGNAN : CULTURE MÉDITERRANÉENNE DE QUALITÉ POUR LE PLUS GRAND NOMBRE

Baux-MPierre.JPG  Marie-Pierre Baux à la Castangalerie de Perpignan (photo J.P.Bonnel)

 

Elle est belle, elle est Baux ! Enthousiaste, passionnée, aussi, Marie-Pierre, animatrice de la culture estivale, pendant 23 ans à Perpignan,  qui vient de publier le récit de cette épopée inoubliable (1)

 

Plus qu'une directrice, qu'une gestionnaire, qu'une acheuteuse de spectacles, cette grande dame fut une créatrice, au goût très sûr et à l'esprit démocratique, désirant offrir, à l'instar de Jean Vilar, qu'elle cite à plusieurs reprises, une culture de qualité accessible au plus grand nombre. Une culture populaire de création, de haut niveau, sans démagogie. 

 

C'est cela peut-être que les autorités locales (2) ne pouvaient accepter : une culture non-bourgeoise, non réservée à un microcosme privilégié. M.P. Baux s'est donc battue avec courage, avec une grande équipe et une armée de bénévoles, auxquels elle rend hommage (3) avec générosité.

 

Elle retrace, avec une écriture fraîche, facile et imagée, la "biographie du festival" des Estivales, en racontant mille anecdotes et en décrivant les dessous d'une histoire passionnantes. A l'origine, cette idée dune culture métissée, méditerranéenne et ce n'est pas par hasard si Pedro Soler est associé à la première création "conçue, produite par "Estivales" (page 43), avec la venue de La Joselito, dont Annie Cathelin nous a parlé récemment, à la maison de la Région, à l'occasion de la sortie de son livre.

 

Marie-Pierre avait saisi l'identité de Perpignan, pas uniquement "La Catalane", mais la plurielle, faite des couches successives du passage et de l'immigration. On regrette alors que l'actuel "Archipel" ne propose pas à toutes les communautés d'ici, aux auteurs et créateurs d'ici et maintenant, des spectacles "méditerranéens" au Carré, sur le parvis, au 7ème étage...

 

Les éclats de mémoire sont parfois des éclats de voix et si l'amertume et le sentiment d'avoir été écartée de façon injuste n'apparaissent pas, la critique discrète se fait jour, ici ou là, sans que les Alduy ou Pujol soient cités pour leurs mesquineries (4) ni cet "adjoint à la culture, médecin arrogant, "patron de clinique, notable caricatural.." On aura reconnu sans peine le docteur Nicolau...

 

A ce propos se rattache le moment le plus pathétique du livre, de cet indispensable album de souvenirs culturels : le handicap d'un des fils de Marie-Pierre et les souffrances qui en découlèrent. Cet incipit vous glace...puis, peu à peu, la poésie et la joie reviennent : le spectateur se souvient de ces nuits d'ivresse sur les gradins de lieux ouverts, sous les étoiles, dans la beauté nocturne du Campo santo ou du palais des Rois de Majorque... 

 

Un page est tournée. Estivales se déroule désormais à l'intérieur, aberration nouvelle, ou sur le trottoir, sur le parvis, ce qui est plus festif, même si le lieu est restreint, inconfortable; on préfère se retrouver dans les hauts jardins de Majorque...On espère un accord intelligent entre mairie et Conseil général, afin de trouver enfin un EQUILIBRE culturel !!!

 

Merci à Marie-Pierre Baux d'avoir ressuscité ce passé proche d'une ville qui semblait avoir de l'ambition.... C'est aux Perpignanais d'écrire à présent le livre du futur...proche, lui aussi...

 

- - -

 

(1) Marie-Pierre Baux : Mes Éclats de mémoire, biographie dun festival - Format : 14 x 21,5 cm – 256 pages + Cahier-photos 16 pages - 17€

(2) mairie de Perpignan, créant "L'Archipel" en faisant appel à un directeur du Sud chassé de tous les théâtres de Catalogne; puis municipalité de Saint-Estève, avec l'aventure éphémère du Théâtre de l'Etang, que les nouveaux édiles ne voulaient pas...

 

(3) En particulier au dynamique Jean-Michel Henric, inspirateur des "scènes ouvertes", conseiller municipal de Perpignan, à qui j'adresse ici un amical bonjour.

 

(4) Ils répondent dans l'intimité que Mme Baux a laissé une sacrée ardoise...

 

 

 

 

 

Cher Jean-Pierre,

 

  je viens seulement de lire cet article que vous m'avez consacré et je voulais faire un commentaire PUBLIC sur le point (4)

 

Marie-Pierre BAUX retrace l'épopée des "Estivales" de Perpignan : culture méditerranéenne de...

leblogabonnel.over-blog.com

 

Comme c'est archi faux, je voulais ajouter que je porterai plainte pour diffamation quiconque répandra cette fausse information: c'est trop facile de salir les gens quand on n'a pas d'arguments a opposer ... Mais jusqu'où iront ils?????

safe_image.php.png

 

Je dis juste que c'est Archi faux, c'est la liquidation précipitée des Estivales de Perpignan par Mr Ferriere, Président de l'association et père de Mme C. Ferriere ( en haut de la liste JMPujol) qui a engendré un déficit ( subventions non reçues, indemnités de licenciement....) confirmé par notre expert comptable qui a tous les documents comptables. Quiconque tiendra ces propos sera poursuivi en diffamation.

Partager cet article
Repost0
10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 11:12

emailing-expo-CARRASCO.JPG   MUME-Visites-guidees-en-jepg.jpg EXIL républicain en Afrique du Nord -  Manuel Carrasco i Formiguera  "Une vie pour la liberté" au MUME.

felicitacio2014  Exils au musée de l'exil (MUME à LA Jonquera) : visites guidées tous publics (scolaires, groupes...)

- - - 

 

Machado, figure de l'exil

 

 

Une vie d'homme exilé car l'Histoire est une suite de guerres, de catastrophes, de désastres. Ainsi, comme l'écrit W.Benjamin, "L'histoire ne va pas vers un avenir radieux, mais répète sans cesse un passé odieux."

 

L'exil est, hélas, au coeur de la condition humaine : apparu sur une Terre, perdu dans un cosmos infini, l'Homme est un être qui méconnaît ses racines et ses perspectives; il subit le présent en faisant semblant de le comprendre et de l'organiser...

 

La religion et la science veulent tenter d'expliquer ce mystère, mais l'Homme est de façon durable, face à un destin d'exilé. Tel le ver dans le fruit, l'exil est en lui, tête et chair fragiles, en transit...

 

On connaît l'exil des grands hommes, et celui des anonymes, victimes de la guerre, et la haine des autres. Socrate est sans doute le premier philosophe à être chassé de la cité...Ensuite Plotin...On connaît le chef-d'oeuvre d'Ovide, Les Tristes, poète éloigné près de la Mer Noire,... Ensuite, la liste est longue d'écrivains chassés de leur pays, de Hugo par Napoléon le Petit aux juifs allemands pourchassés par le nazisme, devenus apatrides, comme Heinrich Mann, Alma Malher, Annah Arendt, Carl Einstein, W.B. suicidé à la frontière franco-catalane...

 

Nous revenons à Machado, passant la frontière au col de Balîtres et à Cerbère, venu mourir à Collioure en février 1939...

 

Son séjour à Collioure ne fut qu'une attente de la mort, auprès de sa mère, épuisée, elle aussi. Sans un mot, loin e la poésie.

 

On rend hommage sans cesse au personnage, symbole de la République et de la Retirada... Son oeuvre, pourtant, ne connaît-elle pas l'exil, du moins en France, traduite de façon non exhaustive..? Lit-on bien Machado, ce poète difficile, du moins plus que Lorca, supprimé chez lui, au pays des gitans, dans la lumière des oliviers, en Andalousie, où la mort et l'exil semblaient si peu probables..?

 

(Jean-Pierre BONNEL)

 

 

 

394e672b.jpg

" Je marche pour la Culture "

Jaime lart, jaime la Culture.
Je suis artiste interprète, je suis technicienne.
Je suis archéologue, bibliothécaire.
Je suis metteur en scène, réalisatrice.
Je suis auteur, compositrice.
Je suis photographe, plasticienne.
Je suis journaliste.
Je suis animatrice.
Je suis personnel administratif ou daccueil.
Je travaille au ministère de la Culture ou dans son champ.
Je plonge dans les archives, je suis enseignant, je suis étudiant.
Je suis professionnel-le : je travaille pour vous toutes et tous.
Nos métiers nous amènent à exercer nos professions dans les secteurs de la Culture et de linformation au service du plus grand nombre.
Je suis spectateur, je suis spectatrice.
Je suis une citoyenne, un citoyen, un usager, une habitante, un habitant : je nimagine pas un monde sans Culture.

Parce que nous défendons l'accès pour toutes et tous à la Culture, droit Constitutionnel.
Parce que depuis les Lumières la Culture a été le ferment de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.
Parce que lÉtat est le garant de la démocratie culturelle.
Parce que la Culture est créatrice de richesses individuelles, collectives mais aussi économiques.
Parce que depuis des années la marchandisation de la Culture, la baisse des budgets mettent à mal ce droit et la liberté de création.
Parce que depuis quelques mois des lois adoptées par le Parlement ont détricoté ces biens communs en visant à déléguer ces compétences de l'Etat, au risque de faire disparaître les directions régionales des affaires culturelles.
Parce quil sagit dune rupture de l'équité entre territoires et de la solidarité.
Parce quil ne sagit plus de la décentralisation, que nous avons toujours promue.

Alors je marche à Toulouse, Bordeaux.
Tu marches à Paris.
Elle marche à Lyon.
Il marche à Metz.
Nous marchons à Rennes, Nantes.
Vous marchez à Montpellier.
Ils marchent à Lille.

Je marche pour que tous les élu-e-s prennent conscience de limportance de lart et de la Culture pour notre société.
Je marche pour les mots oubliés de François Hollande en 2012 : « La Culture nest pas un luxe dont on peut se débarrasser en période de disette La Culture cest lavenir »
Je marche afin quune ambition sexprime pour la Culture.
Je marche pour lutter contre les inégalités culturelles et pour la liberté dexpression.
Je marche parce que jaime mon métier.
Je marche pour la démocratie et la diversité culturelles, je marche pour la cohésion sociale.
Je marche parce que jaime la Culture à proximité de chez moi, je marche pour la culture sur mon lieu de travail.
Je marche parce que la Culture enrichit et nourrit mon quotidien.
Je marche parce que je revendique un régime juste et mutualiste pour les salariés intermittents du spectacle à loccasion de la négociation assurance chômage.
Nous marchons parce que la Culture est un droit, notre droit à toutes et tous.
Nous marchons toutes et tous parce que nous aimons la Culture, tout simplement.

Le 10 Février 2014, nous commençons à marcher !
A Paris : 14H depuis le Cirque d'Hiver jusqu'à Odéon - à Perpignan, 13 h, au Castillet.

http://www.je-marche-pour-la-culture.org/

 

Partager cet article
Repost0
9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 10:33
fessier-maillol.JPG Maillol aux Tuileries (photo JPBonnel)

  •  « Le sage n’hésite pas à faire quelques entorses à la morale si beaucoup de bien doit en résulter ». Yantie LUN, dans P. de Woot, Médiations sur le pouvoir.
  • I. Préambule
  • 1  A. DE TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique, Seuil, 1970.
  • 1
  • La révélation d’« affaires » devient de plus en plus banale. En effet, il ne se passe une semaine sans qu’une nouvelle affaire éclate au grand jour. Chaque lecteur peut sans difficultés illustrer ce phénomène par de nombreux exemples. La Belgique, et la Wallonie en particulier, n’est malheureusement pas épargnée. Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument, nous disait de Tocqueville1.
  • 2
  • Des histoires de pots-de-vin, des achats publics à des conditions trop élevées, des concours bidons sont devenus des lieux communs et le débat sur la relation infernale entre l’éthique et la politique s’arrête en général à épingler l’une ou l’autre affaire. Citons quelques affaires récentes : les logements sociaux en Wallonie, les entreprises de gestion d’immondices à Charleroi et Liège, le centre de délassement de Marcinelle, l’entreprise de fléchage à Malines, les consultants en Flandre où selon la Cour des Comptes seul un contrat sur 67 respecte les procédures légales, ou encore les scandales d’urbanisation à Bruges. Ces scandales qui défrayent la chronique ne constituent sans doute que la partie émergée de l’iceberg.
  • 3
  • Dans chacun de ces exemples les hommes - rarement les femmes - politiques ont confondu l’intérêt public avec l’intérêt privé en faveur de ce dernier. Ces actes sont donc contraires à une éthique politique où l’homme politique a choisi, et a été mandaté, pour s’occuper de l’intérêt général d’une commune, d’une région, voire d’un pays.
  • 4
  • L’organisation des pseudo-concours fait partie des coutumes du monde politique. En Wallonie, 12 des 14 managers de la fonction publique nommés en 2008 émanent d’un des partis au pouvoir. En Flandre, des concours ont été organisés dont on savait d’avance qui serait le lauréat.
  • 2  N. MACHIAVELLI, Le Prince, Chapitre XV.
  • 5
  • L’abus de pouvoir crée une société dans laquelle les hommes ne savent plus exercer leur liberté2. Le comportement non-éthique des politiciens touche la démocratie dans ses fondements. Les actes qui témoignent d’un tel comportement ne peuvent donc pas être banalisés et ramenés à une série d’actes isolés, mais doivent être considérés comme des symptômes d’un malaise plus profond. Il faut dès lors lutter contre ces dérives de manière structurelle, en se fondant sur la morale. Car la liberté de chacun est une valeur en soi, mais elle ne peut s’exercer qu’à la condition qu’elle n’empiète pas sur la liberté d’autrui, comme le préconisait Kant. Or, le comportement non éthique est entrelacé avec la manipulation et le chantage.
  • 6
  • Le fonctionnaire, nommé non pas sur la base de ses compétences mais sur la base de son appartenance politique, se met dans une position de gratitude et doit être prêt à rendre tout service qui lui sera demandé. Cette entente va de pair avec un chantage potentiel. Le fournisseur qui gagne ses marchés grâce à des pots-de-vin peut également être, à son tour, devenir victime de chantage.
  • II. Qu’est-ce qu’un homme politique ?
  • 3  Pour une analyse de l’approche modèle-obstacle, voir A. GIRARD, Les choses cachées depuis la fonda (...)
  • 7
  • Le mot homme est un chiasme, c’est-à-dire un mot à double-fond, qui a plusieurs sens contradictoires. D’une part, l’homme est vaniteux, paresseux, jaloux et égoïste. D’autre part, il est aussi travailleur, attiré par le luxe et les biens matériels. Dans ses relations avec ses congénères, on constate aussi cette tendance chiasmatique, qui fait de l’autre un modèle que l’on admire mais aussi un obstacle que l’on veut surpasser3. Cette tendance fait de chaque homme un politicien, du moins en puissance, qui, mû par sa vanité et son goût de l’action, contribue au bien-être général de la société. Mais l’homme politique, pris ici au sens le plus large du terme, n’en a jamais assez. Il veut dépasser son modèle. L’histoire du meurtre de Brutus sur Caesar, son père adoptif, fait partie de grands classiques dans le monde politique. La soif de pouvoir va souvent de pair avec une envie d’être reconnu et l’appât du gain. Ces aspirations irrépressibles créent une dynamique qui repousse toujours plus loin les limites du convenable, les méthodes employées pouvant facilement outrepasser les bornes de la moralité.
  • 4  A. SMITH, Theory of Moral sentiments, Clarendon Press, Oxford, 1976 (or. 1759)
  • 5  B. MANDEVILLE, Recherche sur la nature de société, (1723), Babel, 1998, p. 26.
  • 8
  • La relation entre politique et immoralité est donc très ambiguë. L’homme politique doit déployer toute sa ruse dans l’arène de la démocratie et doit donc sans cesse danser sur une corde raide. L’essence de la politique réside dans l’homme. L’être humain, animé par des forces chiasmatiques, est donc à l’origine de l’organisation sociétale. On comprend donc pourquoi Adam Smith, généralement considéré comme le père des Sciences économiques, a fondé son analyse sur l’étude des sentiments humains. Héritier de la tradition écossaise, et s’inscrivant dans le sillage de Hume, Smith donnait en effet la primauté aux sentiments plutôt qu’à la raison. Son premier livre, méconnu, traite de la théorie des sentiments moraux4. Par ailleurs, Smith fut fortement influencé par le Néerlandais Bernard Mandeville, Docteur en Philosophie, qui avait publié trente ans auparavant son ouvrage au titre parlant de Private vices, public benefits, ce qui signifie ni plus ni moins que les vices privés servent l’intérêt général. Le postulat central chez Mandeville est que l’homme voue un amour naturel à l’aise et la paresse.5 Tous les efforts que nous faisons, nous ne les ferions que dans la mesure où ils contribuent à servir nos intérêts personnels. C’est cet égoïsme qui conduit à la réalisation de l’intérêt général.
  • 9
  • Smith suivra Mandeville dans cette voie. L’homme est avant tout préoccupé par son intérêt personnel. Le concept de sympathie est apparenté à cet intérêt personnel. Pour Smith, la sympathie est la capacité à éprouver les sentiments d’autrui. Ce concept n’est donc pas à prendre au sens actuel que nous prêtons au mot sympathie mais renvoie plutôt à la notion d’empathie. Cette sympathie rend moins insupportable à l’homme le fait que son égoïsme est son moteur le plus puissant. En outre, la sympathie confère un contenu concret à la notion plutôt vide d’égoïsme. L’homme, affirme Smith, aspire au pouvoir et à la richesse, non pas au nom du plaisir qu’elle peut lui procurer mais par vanité. Autrement dit, pour les applaudissements qu’elle lui vaut auprès d’autrui. Le riche, affirme Smith, exulte dans sa richesse parce qu’il sent qu’elle attire naturellement sur lui les regards du monde. Notre comportement est donc déterminé par l’égoïsme, mais ce dernier acquiert une teneur concrète par le biais de la sympathie, elle-même basée sur la vanité.
  • 6  A. SMITH, An inquiry into the wealth of Nations, Clarendon press, 1976, (or. 1776), p. 26.
  • 10
  • La manière la plus efficace de parvenir à cette richesse est décrite plus tard dans l’ouvrage de Smith le plus souvent cité, à savoir L’étude sur la richesse des nations6. Ce n’est plus ici le concept de sympathie mais celui de concurrence qui occupe la place centrale. Ce n’est pas, nous explique Smith, à la bonne volonté du brasseur, du boulanger ou du boucher que nous devons notre repas, mais à leur intérêt personnel. La fameuse main invisible veille à ce que tout se déroule sur le mode le plus efficient. Le boulanger s’est établi là où il n’y avait pas encore de boutique alors qu’il y avait un grand nombre de bouches à nourrir.
  • 11
  • Au centre des deux ouvrages, on retrouve l’idée que l’intérêt personnel est le mobile par excellence de notre comportement économique, qui conduit au bien-être de chacun. Au cours de la période qui a suivi les travaux de Smith, on s’est surtout référé à son œuvre la plus récente. Le refoulement de la théorie des sentiments moraux n’est pas innocent et s’avère décisif pour le paradigme de l’économie et de la politique. L’animale rationale, comme l’appelle Hannah Arendt, dont le comportement n’était plus dicté par les sentiments mais par la seule raison, était né, n’aurait-il que le rang de bâtard du père spirituel.
  • 12
  • A la base du comportement, il reste que les penchants négatifs de l’être humain ne sont pas condamnés ou réprimés, mais infléchis pour servir le noble intérêt général. L’idée maîtresse consiste donc à utiliser les forces négatives inhérentes à l’être humain pour produire des résultats positifs sur le bien-être de tous.
  • 7  Voir R. AERNOUDT, Péripéties d’un cabinettard, Roularta, 2008.
  • 13
  • Si l’on applique ce raisonnement à la politique, l’homme politique travaille dans l’intérêt général, pourvu que cela coïncide avec son intérêt personnel. La création de bien-être pour tous n’est son objectif que s’il en sort mieux lui-même. Dans une particratie, les choses deviennent encore plus compliquées car, souvent, servir le parti rapporte plus à l’individu que servir l’intérêt général. Le triangle intérêt personnel, intérêt du parti et intérêt général fournit l’arène de la démocratie7. Nous sommes ici à des lieues de l’idée kantienne qui veut que l’intention détermine la moralité de l’acte.
  • III. Qu’est-ce que l’éthique ?
  • 8  P. RICOEUR, « D’un soupçon à l’autre », dans L’argent, Collection autrement, 1992, p. 63. (...)
  • 14
  • L’animal rationale sans racines et sans liens, empli de lui-même dans une solitude désolée, ainsi que le décrit Paul Ricœur8, prend ses décisions sur la base de facteurs rationnels. La raison serait donc le moteur de notre comportement.
  • 15
  • L’animal rationale n’est ni bon ni mauvais par nature. Son seul mobile est de déterminer son comportement en fonction de la perspective de satisfaire au mieux ses besoins. Ses décisions sont prises de façon à constamment préserver un équilibre entre son effort et l’utilité dégagée. Il se situe, pour reprendre les termes de Nietzsche, « par-delà le bien et le mal ». L’animal rationale est donc une non-chose, un non-être, un extra-terrestre. Il n’a rien à voir avec l’être humain.
  • 16
  • Pourtant, l’homme, intégré dans le système politique, ne cesse pas d’être un homme, caractérisé par des pulsions et des passions, aux prises avec des sentiments peu nobles, tels que la vanité, le prestige, la jalousie, l’envie, etc., mais également, ce qui est aussi important pour la vie politique, empreint de nobles sentiments tels que la compassion, la sympathie et l’empathie, la solidarité, le respect de l’autre, etc.
  • 9  B. MANDEVILLE, op.cit. p. 86.
  • 17
  • Nous laisserons à la philosophie morale la question de savoir si l’homme est, en somme, bon ou mauvais. Elle ne revêt pour nous qu’un intérêt mineur. La seule question pertinente dans le contexte qui nous occupe est de savoir comment fonctionne l’homme en proie à ses valeurs chiasmatiques au sein du système que nous appelons démocratie. En outre, la noblesse de certaines valeurs humaines ne peut être que relative au sein de chaque système. Pour reprendre Mandeville : « c’est la culture et non la nature qui détermine notre échelle de mesure »9. La force de l’habitude enfreint la loi de la nature, si bien qu’il est impossible à la longue de distinguer clairement laquelle de ces deux forces est la plus influente. Toutefois, dès lors que l’on place l’homme au centre de la politique, les thèses derridiennes de la déconstruction nous paraissent d’un intérêt non négligeable, dans la mesure où elles dénoncent le caractère construit de toutes pièces, de tout système de pouvoir. Même si nous partons du principe que l’homme est bon par nature, il n’est pourtant pas exclu que le système pousse l’homme dans une direction qu’il ne désire pas a priori.
  • 18
  • La particratie le pousse dans un jeu compétitif où l’individu est réduit au rang d’acteur, non pas au sens d’être agissant, mais au sens de comédien. La trahison va se cacher sous le voile de la politesse, affirmait Rousseau, qui partait du reste de l’hypothèse que l’homme est bon par nature. La véritable nature de l’homme est profondément cachée dans la société polie, observait Mandeville avant lui. L’homme dans le système politique n’est donc pas amoral, mais il est poussé par la dynamique du système vers l’immoralité. La norme n’est plus le fruit d’une réflexion morale mais est dictée par un comportement dominant, c’est-à-dire ce que chacun fait pour survivre. Le concept de norme perd son lien avec la moralité et l’homme est prêt à rompre avec sa conscience. Etant donné que chacun le fait et que la responsabilité en incombe au système, l’homme accepte facilement de renoncer à son identité, ou du moins à certains éléments de son identité. Cela nous rapproche de l’essence de l’éthique. Un comportement non éthique commence dès lors que je renonce à mon identité ; lorsque je n’agis plus conformément au rôle qui m’est attribué dans la société. Lorsque, en tant que ministre (mot du latin qui veut dire serviteur) ou en tant que civil servant, je ne suis plus au service de la communauté, mais au service de moi-même et de mon entourage, mes actes ne peuvent plus être considérés comme éthiques, même si j’aide mes ‘amis’. Le clientélisme est donc un renoncement aux devoirs de base de l’homme politique ou du civil servant.
  • IV. Le couple infernal illustré
  • 19
  • Le système basé sur l’homme politique chiastique, ou en d’autres mots, la déconstruction de l’homme politique en tant qu’animal rationale, implique le caractère infernal et quasi impossible de la relation entre l’homme politique en chair et en os dans son rapport avec l’éthique. Au centre des actes non éthiques se trouve l’homme politique qui met en exergue ses aspects négatifs tels que la jalousie, l’appât du gain et du prestige.
  • 10  S. KRIPKE, Naming and Necessity, 1985.
  • 20
  • Nous suivons ici l’approche du philosophe américain Saul Kripke, qui affirme qu’un concept ne peut jamais être appréhendé en totalité mais seulement être évoqué10. Si nous adaptons cette approche au concept d’un comportement non éthique, nous pouvons pleinement nous satisfaire de l’approche décrite ci-dessus. Une définition exhaustive n’est ni possible ni souhaitable. Cela implique que celui qui se comporte de manière non éthique en est pleinement conscient sans avoir à se référer à la moindre définition. Notons qu’ici nous nous référons au concept de l’éthique qui ne coïncide par forcement avec la législation en la matière.
  • 21
  • Nous illustrerons à l’aide de quelques exemples le fait que cette approche est plus pragmatique qu’il n’y paraît de prime abord. Nous voulons à tout prix éviter en cela de tomber dans des études de cas. Libre au lecteur qui le souhaite d’associer les situations évoquées à des cas concrets. Pour notre part, nous nous en tiendrons à l’adage qui veut que toute ressemblance avec des faits réels soit purement fortuite.
  • 11  Pour le lecteur amoureux de la linguistique, on relèvera que, dans la langue chinoise, les deux co (...)
  • 22
  • Rappelons que le comportement non éthique se révèle dès lors que nous ne respectons plus notre rôle dans la société. Le vendeur qui prend la place de l’acheteur nous en fournit un exemple classique. L’homme d’affaires qui veut vendre au secteur public en faisant appel à la technique des pots-de-vin se met de facto, dans la situation d’acheteur, dans la mesure où il lui est proposé d’acheter les « droits de vente ». Ainsi, le vendeur devient acheteur11. Le prix convenu sera un prix dérivé basé sur le montant et la rentabilité de la transaction principale. Dans la transaction principale, l’acheteur est acheteur et le vendeur est vendeur. Chacun joue son rôle. Pourtant, la transaction principale sera, elle aussi, contaminée par la transaction secondaire qui en dérive. En effet, les conditions de vente déterminées contractuellement ou encore à fixer de la transaction principale seront déterminées par les caractéristiques de la transaction dérivée, corrompue. Les relations normales entre vendeur et acheteur sont donc atteintes par cette transaction qui entraîne un renversement des rôles. Cette contamination identitaire des deux intervenants a pour effet qu’aussi bien le vendeur que l’acheteur, quels qu’ils soient, se meuvent sur des sables mouvants.
  • 23
  • Autre exemple. Un bureau d’études renommé, censé mener un audit approfondi et objectif, est manipulé pour servir d’alibi, par exemple pour justifier la réorganisation d’une structure publique allant de pair avec des réductions d’effectifs, voire avec le licenciement des dirigeants. L’auditeur sait qu’une certaine complaisance de la part de son bureau lui vaudra sans doute diverses missions. La condition pour ce faire est que l’audit parvienne, soi-disant en toute objectivité, à certaines conclusions. L’auditeur qui accepte de telles propositions, voire qui les induit, perd son identité. Il cesse d’être auditeur et devient vendeur. Cette forme de clientélisme réduit en fait l’auditeur à obéir aux instructions du client au lieu d’écouter (audire) les éléments qui devraient le conduire à une description objective du fonctionnement de l’organisation. C’est le client qui insinue les conditions de l’audit à réaliser et non plus l’auditeur qui conseille sur la base des résultats de son audit. Le client devient auditeur et l’auditeur devient vendeur. Cette double perte d’identité montre, sur la base de la définition que nous avons donnée plus haut, que nous sommes ici en présence d’un acte de corruption, qui, une fois de plus, entame la liberté de chacune des parties.
  • 24
  • Le même raisonnement vaut pour les évaluateurs qui doivent estimer l’impact de certaines stratégies d’entreprise ou de certains programmes politiques. L’évaluateur ex-ante, c’est-à-dire celui qui doit évaluer un programme ou une stratégie afin de permettre aux responsables de décider de leur éventuelle mise en œuvre, peut avoir intérêt à ce que l’affaire se fasse, étant donné qu’il est susceptible d’être impliqué lui-même dans la mise en œuvre et qu’une évaluation ex-post ou au cours de la mise en œuvre pourra s’avérer nécessaire. L’évaluateur ex-post se trouve à peu près dans la même position que celle de l’auditeur. L’évaluateur qui se laisse dicter sa conduite par de tels critères cesse d’être ce tiers qui, comme le dit le philosophe américain Tomas Nagel, adopte une « view from nowhere », pour devenir partie prenante. On peut se demander qui va évaluer un tel effet. Et qui, dans un tel contexte, pourrait croire qu’une évaluation du plan Marshall par exemple peut se faire de façon objective à quelques mois des élections ?
  • 25
  • Ce raisonnement reste valable également si l’évaluateur est un institut scientifique public. Lorsque l’on fait analyser le programme électoral d’un parti politique par une université, on recherche un label à apposer sur un plan qui repose rarement sur des fondements scientifiques.
  • 26
  • Et l’on peut poursuivre sur le même mode. Le chômeur qui travaille au noir cesse d’être chômeur, même s’il conserve les avantages afférents à cette identité. Les syndicats qui l’aideraient à échapper aux contrôles ne poursuivent plus le but des organisations qui étaient à la base du droit au travail, comme ils l’ont exigé et obtenu lors de la conférence de Lyon. Celui qui donne du travail au chômeur, sans que le statut s’en trouve modifié, devient employeur de fait sans assumer les droits et les devoirs que cela devrait entraîner. Et l’homme politique qui ne prend pas ce problème au sérieux ne sert pas l’intérêt général, tout au mieux l’intérêt de son parti à court terme.
  • 27
  • Le fonctionnaire qui se laisse « acheter » oublie momentanément son identité de fonctionnaire, c’est-à-dire de personne qui travaille dans l’intérêt général et qui est donc rémunéré sur des fonds publics, pour se laisser acheter par le secteur privé. Peu importe qu’il s’agisse d’un petit fonctionnaire, selon l’expression consacrée, ou d’un responsable exerçant des fonctions au niveau du gouvernement.
  • 28
  • Il est probable que plus d’un lecteur s’est reconnu dans l’une ou l’autre des situations décrites. Vraisemblablement, la parole biblique s’applique ici : « que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre ». Pourtant, les exemples cités ne représentent qu’une sélection dans la vaste gamme de phénomènes que nous offre la panoplie des actes que l’on peut difficilement catégoriser comme éthiques.
  • V. Comportement non éthique : de la fraude à la corruption
  • 29
  • L’approche identitaire vise à appréhender le phénomène des comportements non-éthiques dans sa totalité et à s’interroger sur son omniprésence. Jusqu’à présent, nous avons essentiellement exploré des actes que l’on pourrait qualifier de corruption. Nous avons en particulier sondé son origine dans la nature humaine, il nous paraît également utile d’appréhender le concept en référence au concept de fraude : dans la littérature, les deux phénomènes sont bien souvent mêlés, si bien qu’il n’est pas superflu de procéder à quelques clarifications.
  • 30
  • Nous insistons sur le caractère intersubjectif qui est inhérent à la corruption. C’est précisément là que la corruption se distingue du terme plus général de fraude. La fraude, telle que par exemple la fraude fiscale ou la fraude pratiquée à l’intérieur d’une entreprise publique ou privée, renvoie à une transaction de mauvaise foi qui est opérée en vue d’obtenir illégalement un avantage ou de se soustraire à un inconvénient. La fraude fiscale par exemple vise à payer moins d’impôts qu’on ne le devrait. C’est ainsi que certains revenus sont intentionnellement dissimulés. Cela n’a pourtant rien à voir avec la corruption.
  • 31
  • La fraude ne devient corruption que dès lors qu’une autre partie prête son concours, contre rétribution, en acceptant de faire une chose qu’elle est normalement tenue de ne pas faire ou de s’abstenir de faire une chose qu’elle est tenue de faire. La fraude fiscale devient corruption lorsque le contrôleur fiscal prête son concours pour accepter une fausse déclaration. La fraude est donc un terme plus général que celui de corruption. En d’autres termes, on peut dire que la corruption est une forme de fraude mais que toutes les formes de fraude ne relèvent pas nécessairement de la corruption. Il en résulte que, pour simplifier, on décrit le plus souvent la corruption comme une forme particulière de fraude.
  • 32
  • Si la corruption va de pair avec le renoncement à son identité, nous pouvons nous demander pourquoi une résistance morale plus grande n’est pas opposée à ce supplice de Tantale. Pourquoi ne pouvons-nous résister à la tentation ? Pourquoi la corruption est-elle un phénomène omniprésent ?
  • 33
  • Un constat qui s’impose à nous est que cette séduction, comme toute séduction d’ailleurs, est toujours un événement intersubjectif. Dans le contexte de la corruption, je ne suis pas seulement amené à renoncer à mon identité, ce qui entraînera peut-être pour moi des difficultés à me regarder dans la glace par la suite, mais en outre, je dois le faire en accord avec autrui. Eve a besoin d’Adam, sinon la séduction n’aurait pas eu lieu. C’est parce qu’Adam n’a pu résister à la tentation (à moins que ce ne soit Eve) que l’unité originelle avec Dieu a été brisée. Depuis lors, affirment Luther et Calvin, l’homme est partagé entre deux mondes, sa pensée est limitée et sa raison corrompue. Par suite de cette corruption, l’ordre a fait place au désordre, l’harmonie au conflit.
  • 34
  • De même, celui qui offre des pots-de-vin a également besoin de quelqu’un qui soit prêt, même après une certaine résistance, à accepter son offre. Le travailleur non déclaré a besoin d’un employeur qui lui fournisse du travail clandestin. L’auditeur subjectif a besoin d’un commanditaire qui veut que l’on fasse ses quatre volontés.
  • 35
  • Ces quelques exemples nous amènent à la conclusion que pour corrompre, il faut au moins deux parties complices. Pour qu’il y ait corruption, il faut qu’au moins deux personnes renient leur identité. Par ailleurs, elles empruntent souvent leur identité à l’autre, comme nous l’avons décrit dans les exemples susmentionnés.
  • 36
  • Dans l’acte de corruption, il y a la plupart du temps une des parties qui prend les devants et offre une rétribution à l’autre pour qu’elle fasse ou s’abstienne de faire quelque chose. On l’appelle la partie active. L’autre partie est poussée à l’illégalité contre rétribution et on l’appelle la partie passive. La corruption est donc toujours un fait social caractérisé par une intimité entre les partenaires. L’identité est abandonnée à l’autre, un don qui peut facilement se transformer en soumission et où toute trace de résistance peut s’avérer une tactique pour faire monter les enchères. Cela place, dès l’origine, les deux parties dans une position difficile et une atmosphère de chantage potentiel plane dès qu’il est question d’une telle transaction, si bien que la moindre petite transaction porte en elle potentiellement la promesse de transactions plus importantes.
  • 12  G.H. HOFFMAN, Hoffmans tales, 1998.
  • 37
  • Même si la transaction initiale a suscité une quelconque résistance, la plupart du temps bien faible dans la mesure où l’opération était relativement innocente, cette résistance sera complètement balayée par la suite, d’autres forces prenant alors clairement le dessus. Dans cet ordre d’idées, l’un des « contes » de G.H. Hoffman est particulièrement édifiant. Le co-gérant d’un commerce de détail sert un client après l’heure de fermeture. Comme la caisse est déjà fermée, il décide, sans aucune mauvaise intention, de déposer l’argent dans la caisse le jour suivant. Sa mémoire lui fait alors défaut et c’est le début d’une vaste affaire de corruption et de fraude12.
  • 38
  • Une fois lancée, la spirale de la corruption ne peut plus être arrêtée. Par dissémination, le fait social prend des proportions toujours plus importantes. En outre, il faut souvent réduire cette intimité à un complot dirigé contre un tiers qui est le dupe de la transaction corrompue. Ce tiers peut être désigné individuellement dans certaines transactions, par exemple dans le cas d’un autre fournisseur potentiel qui ne promet pas des dessous de table ou de moindre importance et qui en fait les frais. Dans d’autres cas, plus anonymes, c’est la société à laquelle appartiennent les partenaires de la transaction qui est le dindon de la farce, par exemple lorsqu’un marché public n’est pas attribué au fournisseur qui présente pourtant le meilleur rapport qualité prix.
  • 39
  • La seule trace de résistance qui reste est la honte éventuelle que suscite l’absence de résistance. Adam et Eve découvrent leur nudité dans la honte. La plupart des transactions corrompues interviennent littéralement dans une zone grise, loin des projecteurs. De même que l’avare dissimule son trésor, les personnes corrompues cachent leurs transactions et leurs produits dans des coffres bien protégés, de préférence anonymes. En dehors des parties concernées, personne n’est présent et une intimité présumée est un atout. Mais cela tient naturellement aussi à d’autres raisons.
  • 40
  • Nous avons dit que la corruption allait de pair avec une perte d’identité. Etant donné que la corruption apparaît comme un fait intersubjectif, il nous amène à nous poser la question de l’existence de l’être dans sa relation à autrui. L’homme romprait ainsi avec sa conscience dans un acte collectif. Pour aborder cette question fondamentale, nous en appellerons aux philosophes. Il faut noter que la corruption ne constitue pas en réalité un thème de la philosophie et n’entre en ligne de compte qu’incidemment. L’interrogation philosophique se limite apparemment à la question de l’homme en tant qu’homme et, dès lors qu’il s’agit d’étudier la relation intersubjective, comme chez Levinas, il est plutôt question de recourir à la notion de responsabilité. Lorsque la corruption en tant que telle est analysée, le phénomène est constamment mis en relation avec la mort. Thanatos, Dieu de la mort, face cachée de Hermès, Dieu du commerce et de la corruption.
  • 13  ARISTOTE, De la génération et de la corruption, Vrin, 1993.
  • 14  Allusion à la phrase de J. DERRIDA : ‘Tout acte d’écriture est testamentaire’, dans  La disséminat (...)
  • 41
  • L’un des premiers philosophes à utiliser le mot de corruption est Aristote. Chez lui, la corruption est en opposition avec la naissance et la croissance. Elle est associée à la dégradation et à la mort13. Pour rester dans le giron de la mythologie grecque, on peut symboliser la relation entre la croissance et la corruption chez Aristote, par la lutte éternelle entre les Dieux Eros et Thanatos, dirigée par la déesse Eris. Cette association entre corruption et dégradation ou mort semble être restée depuis une constante dans l’approche philosophique. Montesquieu, dans son Esprit des Lois associe la corruption à l’origine de la dégradation d’une certaine forme de gouvernement. La corruption sonnerait le glas d’une forme d’Etat. Chez Machiavel, la corruption n’est pas seulement associée à la fin d’une forme d’Etat mais aussi à la fin de la possibilité d’exercer toute liberté. La corruption signifie donc la mort de l’homme libre. Plus récemment, Althusser, penseur d’inspiration marxiste, affirme que le corrompu et le corrupteur se portent eux-mêmes préjudice, dans un pacte avec la mort. Pour revenir à l’intersubjectivité évoquée plus haut, nous pourrions dire que non seulement il faut être deux au minimum, mais que chacun doit signer en même temps son arrêt de mort. Pour tourner cette affirmation sous forme de boutade post-moderne on pourrait dire que « tout acte de corruption est testamentaire »14.
  • 42
  • L’idée de base que nous trouvons chez les philosophes cités est confirmée par les explications étymologiques. Le verbe latin corrumpere signifie s’abîmer, pourrir, se décomposer. Quant au substantif français de corruption, le Petit Robert le définit comme l’altération de la substance par décomposition. La pourriture, la décomposition, toutes activités qui évoquent la mort et par conséquent relèvent de la responsabilité de Thanatos.
  • 43
  • En résumé, on peut dire que, dès lors que nous parlons de corruption, nous renvoyons au phénomène par lequel l’homme rompt avec sa conscience, perd son identité, flirte avec une mort imaginaire, noue une relation artificielle avec son congénère, en lui offrant la possibilité de le faire chanter, complote afin de duper un tiers, et tout cela pour un peu d’argent. Si l’on prend en compte ces divers éléments, on ne peut que s’étonner à nouveau de la profusion de la corruption.
  • VI. Des circonstances atténuantes
  • 15  Le monothéisme renvoie à un seul dieu ; par analogie monnaie-théisme renvoie à un seul dieu, l’arg (...)
  • 44
  • L’argent joue bien sûr un rôle clé dans chaque acte non éthique. Marx invoque la force corruptrice de l’argent. Le caractère fétiche de l’argent a ceci de particulier que l’argent peut se présenter partout et qu’il est partout le bienvenu. La vague de déréglementation et de libéralisation qui est la philosophie des puissances économiques mondiales des dernières décennies, a conféré à l’argent une liberté de mouvement encore plus grande. On échange de l’argent contre de l’argent. Cet échange, que l’on recouvre du noble vocable de transaction financière, a déjà dépassé de loin l’intérêt des transactions dites réelles, où l’argent était échangé contre des biens. Ce monnaie-théisme, comme nous pourrions désigner ce phénomène, domine tous les secteurs de l’économie15.
  • 45
  • En outre, le nombre de domaines qui échappaient jusqu’alors à la sphère économique et qui sont désormais contaminés par l’argent et ses principes est de plus en plus grand. Par la professionnalisation, ou plutôt la marchandisation de divers services tels que l’aide à domicile, les soins aux personnes âgées, la compagnie, ces services peuvent dorénavant être exprimés sans aucun problème en termes de valeur d’échange. Cette dissémination de la monétarisation implique aussi que la tendance qui est inhérente à la corruption peut étendre ses tentacules dans presque tous les domaines de la société. Hoffman constatait que tout le monde se livrait à la corruption ou était susceptible de le faire. Nous pourrions souscrire à ce point de vue. Il n’est donc pas surprenant que la corruption apparaisse ou puisse apparaître aussi bien dans le secteur de la santé que dans les multinationales ou chez le médecin ou le boulanger du coin. A nouveau, les innombrables scandales que la presse nous dévoile confirment de facto notre approche.
  • 46
  • La globalisation et l’internationalisation de l’économie, conjuguée à la professionnalisation, à vrai dire à la marchandisation croissante, ont pour effet un accroissement constant du terrain de la corruption. Or, le contrepoids politique ne joue pas au même niveau. Ni les syndicats, ni les partis politiques ne sont organisés de manière structurelle à l’échelle mondiale. La réalisation du marché intérieur européen, la libéralisation dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ainsi que d’autres initiatives analogues prêtent sans le vouloir leur concours à l’élargissement du terrain d’action de la corruption. Etant donné que la corruption est partout, ou peut s’infiltrer partout, on la trouvera aussi dans les lieux où l’on s’efforce de contenir à tout prix son étendue. Même les contrôleurs et les unités anti-corruption sont à leur tour passibles d’actes de corruption. Chacun peut donc succomber aux forces de la corruption, celle-ci pouvant prendre diverses formes, allant de la corruption active à la corruption passive, en passant par des formes raffinées telles que, par exemple, l’entrave à la diffusion de preuves de corruption.
  • 47
  • Qu’il s’agisse de corruption active (au sens usuel et non pénal de cette expression (art. 246§2 du Code pénal) NDLR), par exemple lorsque le contrôleur est le corrupteur, ou de corruption passive, où il est le corrompu, nous sommes la plupart du temps face à une décision individuelle, dans une relation intersubjective. Le contrôleur qui corrompt est identifiable individuellement et, connaissant les conséquences possibles et les sanctions éventuelles, il opérera avec la plus grande prudence. A l’inverse, l’entrave à la diffusion de résultats d’enquête relève la plupart du temps de la sphère politique et institutionnelle. Personne ne se sent personnellement responsable de la tendance naturelle des institutions à étouffer des affaires, ce qui permet à chacun de tirer son épingle du jeu. Cette participation est la plupart du temps passive, ce qui la rend encore plus supportable. Il est rare que quelqu’un puisse être tenu individuellement responsable dès lors qu’il suffit de s’abstenir de faire quelque chose ou de permettre de faire quelque chose pour expédier une affaire aux oubliettes.
  • 48
  • Le fait qu’une affaire de moindre importance soit parfois mise sur le tapis est généralement un alibi qui évite de remettre en question le système dans sa totalité. Une affaire mineure, une fois relayée par les médias et discutée par le parlement, prend alors des proportions gigantesques. Sans même parfois s’en rendre compte, quelques innocentes marionnettes avides de médias s’emploient à abuser la vox populi. Le peuple, comme on dit, a en outre le plus souvent des sentiments d’empathie, voire des sentiments de reconnaissance, et non une grande aversion à l’égard de la corruption à visage humain. Ceci explique pourquoi les politiciens corrompus sont rarement sanctionnés par les électeurs et n’hésitent pas à se montrer en public même après qu’on soit parvenu à prouver et à étaler dans la presse les délits de corruption qu’ils ont commis.
  • 49
  • Dans le monde des entreprises, la corruption est également parfois considérée comme un sport plutôt que comme le phénomène grave que recouvre ce signifiant. Sans pots-de-vin, il est difficile de faire des affaires, dit-on, surtout dans le secteur public où les fonctionnaires ou politiciens mal payés sont des proies faciles à convaincre pour jouer le jeu. D’ailleurs, longtemps les pots-de- vin ont été considérés comme fiscalement déductibles. En outre, les bureaux d’expertise comptable et les consultants sont payés pour jouer à la frontière entre ce qui est corrompu et ce qui ne l’est pas et pour conseiller les chefs d’entreprise afin de leur signifier jusqu’où ils peuvent aller sans encourir de réelles sanctions. Sur le même mode, on peut facilement envisager une complicité marchandée entre le chef d’entreprise et le passeur de marché public. Cette dernière complicité aura pour but la conclusion d’un marché le plus fructueux possible où les parties corrompues sont gagnantes aux dépens d’un tiers, l’intérêt général encore une fois.
  • 50
  • Pour rendre la chose pleinement populaire, comme il se doit dans le sport, on se livre à des classements. Comme aux jeux olympiques, les pays sont donc classés sous leur bannière respective et les pays les plus corrompus se voient décerner des médailles d’or, d’argent ou de bronze. La Belgique vient d’ailleurs (chiffres 2008) de passer de la 21eme à la 17eme place sur le Transparency index.
  • VII. Pour conclure : le rôle des pouvoirs publics
  • 51
  • Quel est le rôle des pouvoirs publics dans tout cela ? Leur première mission est bien sûr de donner l’exemple. Celui qui choisit de travailler dans le secteur public, y compris dans l’enseignement, devrait le faire en premier lieu poussé par la volonté de réaliser quelque chose dans l’intérêt général. Même si cela peut paraître un cliché, nous ne devons pas oublier que les pouvoirs publics doivent contribuer à la construction progressive d’une meilleure société. Celui qui ne souscrit pas à cet objectif ferait mieux de suivre une autre voie, plus en adéquation avec son identité, sans qu’aucune connotation ne soit attachée là encore au choix en question.
  • 52
  • Une personne au service de l’Etat, comme l’est un responsable politique, incarne l’Etat et s’il a du respect pour lui-même et pour son choix de vie, il pourra sans remords résister à toute tentation de corruption. Tout fait de corruption l’éloigne en effet, du but qui constitue le fondement de son choix de vie. Comment un fonctionnaire d’Etat qui se respecte et qui se prête à des faits de corruption pourrait-il encore trouver un sens à sa vie conformément à l’importance qu’il attache, ou qu’il devrait attacher, à l’intérêt général ?
  • 53
  • Si un tel climat pouvait régner au sein des services publics, chacun comprendrait peu à peu que toute proposition indécente est déplacée et vouée à l’échec. Ce climat pourrait ensuite gagner l’ensemble de l’économie. Les transactions conclues avec les pouvoirs publics se situent alors dans une atmosphère d’ouverture et de sérénité. N’oublions pas que nous parlons ici d’une partie de l’économie qui représente environ la moitié du total. En outre, si un tel climat règne dans le secteur public, il finira par gagner d’une façon ou d’autre la sphère privée. Si cela était, on pourrait interrompre ainsi la spirale de la corruption qui érige, dans tous les pays, de telles pratiques au rang de sport national. Si, dans un tel contexte, la tentation de la corruption s’avère trop forte pour un être humain trop faible, il sera de plus en plus difficile de trouver le bon partenaire. Car la corruption est, on l’a dit, un phénomène intersubjectif.
  • 54
  • Nous sommes conscients qu’un tel changement de mentalité n’est pas simple à opérer et que d’aucuns taxeront l’auteur de ces lignes, d’utopiste, étranger à ce monde. Mais ce changement n’est pas impossible. Nous pouvons l’illustrer en recourant à l’exemple des fumeurs. Alors qu’un non fumeur était considéré il y a une dizaine d’années comme une personne austère et asociale, on assiste à un retournement manifeste. La politique active des pouvoirs publics au travers des campagnes de lutte anti-tabac et des réglementations n’y est pas pour rien. On n’attache bien sûr qu’une faible réprobation morale au fait de fumer et l’analogie entre la consommation de tabac et la corruption ne vaut pas tant en fonction de la similitude des comportements mais par la méthode qui permet de produire un profond changement de mentalité. En effet, c’est une connotation morale fortement négative qui est attachée à la corruption.
  • 55
  • La similitude tient plutôt à la perception de la corruption. On ne peut pas voir d’un bon œil, le fait que la corruption prolifère partout. La corruption est et reste immorale et dégradante pour l’être humain. Une attitude adéquate vis-à-vis de la corruption ne peut donc pas être dictée par son foisonnement. En d’autres mots, les normes ne peuvent pas être calquées sur ce que tout le monde trouve normal. Un changement de mentalité dans le bon sens, à l’égard de la corruption, peut être suscité par diverses actions positives. Outre leur rôle d’exemple, les pouvoirs publics doivent lancer une campagne d’information. Les médias doivent analyser ce qu’ils peuvent entreprendre avec leur pouvoir quasiment illimité.
  • 56
  • Cette approche positive doit malheureusement être complétée par des règlements et des mesures répressives. La lutte contre les pots-de-vin et la corruption est l’une des priorités de l’OCDE, et plusieurs initiatives intéressantes ont été prises. On relèvera deux éléments : la recommandation de non-déductibilité des dépenses liées aux commissions commerciales et la convention de lutte contre la corruption. Au niveau national, il n’est plus acceptable qu’un individu reconnu coupable de corruption lors de l’attribution d’un marché public puisse, faute d’une communication interne adéquate, concourir dans d’autres appels d’offres publics. Les instruments mis à notre disposition à l’ère des technologies de l’information qui ne cessent de se développer peuvent s’avérer utiles ici. Une coordination régionale, nationale et européenne en la matière est indispensable. Des contrôles stricts et coordonnés resteront malheureusement nécessaires dans notre société humaine, trop humaine, comme le disait Nietzsche.

 

Notes

  • 1  A. DE TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique, Seuil, 1970.
  • 2  N. MACHIAVELLI, Le Prince, Chapitre XV.
  • 3  Pour une analyse de l’approche modèle-obstacle, voir A. GIRARD, Les choses cachées depuis la fondation du monde, Le Livre du Poche, 1983.
  • 4  A. SMITH, Theory of Moral sentiments, Clarendon Press, Oxford, 1976 (or. 1759)
  • 5  B. MANDEVILLE, Recherche sur la nature de société, (1723), Babel, 1998, p. 26.
  • 6  A. SMITH, An inquiry into the wealth of Nations, Clarendon press, 1976, (or. 1776), p. 26.
  • 7  Voir R. AERNOUDT, Péripéties d’un cabinettard, Roularta, 2008.
  • 8  P. RICOEUR, « D’un soupçon à l’autre », dans L’argent, Collection autrement, 1992, p. 63.
  • 9  B. MANDEVILLE, op.cit. p. 86.
  • 10  S. KRIPKE, Naming and Necessity, 1985.
  • 11  Pour le lecteur amoureux de la linguistique, on relèvera que, dans la langue chinoise, les deux concepts, acheter et vendre, s’expriment par un seul et même mot.
  • 12  G.H. HOFFMAN, Hoffmans tales, 1998.
  • 13  ARISTOTE, De la génération et de la corruption, Vrin, 1993.
  • 14  Allusion à la phrase de J. DERRIDA : ‘Tout acte d’écriture est testamentaire’, dans  La dissémination, Seuil, 1972.
  • 15  Le monothéisme renvoie à un seul dieu ; par analogie monnaie-théisme renvoie à un seul dieu, l’argent.
  • Référence papier
  • Rudy Aernoudt, « Éthique et politique : un couple infernal », Pyramides, 16/1 | 2008, 169-190.
  • Référence électronique
  • Rudy Aernoudt, « Éthique et politique : un couple infernal », Pyramides [En ligne], 16/1 | 2008, mis en ligne le 09 septembre 2011, consulté le 05 février 2014. URL : http://pyramides.revues.org/
  • Rudy Aernoudt
  • Professeur d’économie aux universités de Gand, Liège et Nancy
Partager cet article
Repost0
8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 10:44

 

 

f653a1c2880036054d63e2ceb165a756_L.jpg  L'ami Michel Pagnoux, artiste installé au pied des Corbièresn à Opoul, ancien de la communauté artistique des années 1970, fait partie de mon livre sur les "Communaurés libertaires dans le Midi", à paraître en 2014 chez Trabucaire éditions...à suivre...

 


 

Michel PAGNOUX

Né en Dordogne en 1946, Michel Pagnoux dit Solid intègre lécole des Beaus-Arts de Toulouse en 1966 et découvre rapidement le mouvement psychédélique et lunivers Surréaliste.

 

Aux alentours de 1970, il invente le concept de SOLID-COMICS, mode dexpression quil situe entre la bande dessinée et la peinture pure: un univers très coloré, un travail minutieux qui rappelle parfois le Pop-Art.

 

Certains y voient des personnages ou des monstres, dautres des animaux ou des espaces inconnus de science-fiction, des bonbons, des mondes futuristes ou microscopiques, à moins quil ne sagisse tout simplement de lexploration tous azimuts du monde intérieur de lartiste, allez savoir.... Dautres sont fascinés par ces formes rondes, douces et sensuelles ou par les couleurs vives qui engendrent la gaieté et la bonne humeur.....

 

Depuis sa première exposition à la librairie Torcatis à Perpignan en juillet 71, Michel Pagnoux a exposé un peut partout où on linvite en France et en Europe. Cette exposition aujourdhui au Palais des Rois de Majorque constitue une sorte de résumé de plus de quarante années au service de lArt sous toutes ses formes.

 

Michel Pagnoux vit et travaille à Opoul depuis 1968.

 

Michel a des lunettes ultra-grossissantes. Il observe le magma en fusion et le Centre de la Terre, les atomes qui composent TOUT et se marre de voir ce grand jeu de société quest lUnivers et dire quon est fait comme ça!”  - Yann Causse (Swing-Troubadour)            

 

Il célèbre le mythe des années psychédéliques par sa peinture, entre Pop-Art et Surréalisme ... Toiles monumentales comme Le Grand Jeu, sorte de chef d’œuvre en technicolor. - Greg Tuban (Rivage des Arts)

 

Les dessins de Michel Pagnoux échappent à la dictature des symboles et des lettres... Le dernier survivant de lépoque psychédélique, cest formidable!”  - Willem (Libération)

                                    

Exposition en partenariat avec l'association Bouchons d'Artistes à partir du vendredi 07 février jusqu'au 13 avril 2014 au Palais des Rois de Majorque 

 

Informations: 04 68 34 48 29

 

Horaires d'ouverture:

Ouvert 7/7 toute l'année

Du 1er octobre au 31 mai ouvert de 9h à 17h

Du 1er juin au 30 septembre ouvert de 10h à 18h30

 

 

 

Perpignan le Vendredi, 07 Février 2014

"Solid au Palais"Conseil Général 66

Exposition de Michel Pagnoux: des dessins, peintures, bandes dessinées, sculptures flottantes ou volantes, tout un monde merveilleux de psie et de légèreté.

 

A voir à partir du 7 février, vernissage le vendredi 14 février à 18h30 au Palais des rois de Majorque......

Le Conseil Général 66 et l’association Bouchons d’Artistes vous invite à l’exposition « Solid au Palais » avec les peintures et les installations de Michel Pagnoux au Palais des Rois de Majorque à Perpignan.

 

Cette exposition retrace plus de quarante années de peintures, sculptures, dessins,… A découvrir du 7 février au 13 avril 2014, tous les jours de 9h à 17h.

 

Le vernissage à lieu le vendredi 14 février à 18h30.

 

Venez nombreux !!! — avec Michel Pagnoux.

 

 

 

** Lundi 10 février, à 13 h, au pied du Castillet à Perpignan:

 

 ACTEURS CULTURELS, ARTISTES, TECHNICIENS, HOMMES ET FEMMES INVESTIS DANS LA CULTURE, ORGANISONS NOTRE MARCHE POUR LA CULTURE A PERPIGNAN LE 10 FEVRIER !! 

Le SMA est signataire de l’appel national « je marche pour la culture ».

Il s’agit d’un mouvement de mobilisation de l’ensemble du secteur culturel, à l’heure où la loi sur la décentralisation revient sur la clause de compétence générale, où les budgets du Ministère de la culture subissent encore des réductions, où la culture est encore mise à mal…

 

Le principe de cette mobilisation est d’organiser des marches dans différentes villes le 10 février.

1743725_10151843994665933_535451455_n.jpg

Hadra soutient :

Le SMA est signataire de l’appel national « je marche pour la culture ».

Il s’agit d’un mouvement de mobilisation de l’ensemble du secteur culturel, à l’heure où la loi sur la décentralisation revient sur la clause de compétence générale, où les budgets du Ministère de la culture subissent encore des réductions, où la culture est encore mise à mal…

 

Le principe de cette mobilisation est d’organiser des marches dans différentes villes le 10 février.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blogabonnel
  • : Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
  • Contact

Profil

  • leblogabonnel
  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...
  • professeur de lettres, écrivain, j'ai publié plusieurs livres dans la région Languedoc-Roussillon, sur la Catalogne, Matisse, Machado, Walter Benjamin (éditions Balzac, Cap Béar, Presses littéraires, Presses du Languedoc...

Recherche

Liens