(C) Fritz LANG
1. Jean VIGO :
MARDI 3 DÉCEMBRE à 19h10 :
Les Bourreaux meurent aussi, de Fritz Lang, USA, 1943, 2h06
Sc.: John Wexley, d’après Bertolt Brecht
Int.: Brian Donlevy, Walter Brennan, Hans von Twardowski, Gene Lockhart...
En 1942 à Prague, pendant l’occupation nazie, le Reich Protektor Heydrich, est assassiné par le docteur Svoboda, membre de la résistance tchèque. Aidé par une jeune femme, Mascha Novotny, il se réfugie, sous une fausse identité. Le professeur Novotny, père de Mascha sera bientôt arrêté par la Gestapo. Le film écrit par Lang et Bertolt Brecht s’inspire de l’attentat contre Heydrich et donne à voir une version très personnelle – et fausse historiquement – de l’événement. Chargé d’idéalisme, prétexte à l’analyse du comportement de chacun face au nazisme : résistance, collaboration, passivité, hésitation... ce film est un chef d’œuvre du suspense langien. Le cinéaste en avait fait l’une de ses œuvres préférées.
En partenariat avec le Théâtre de l’Archipel à l’occasion du spectacle “Tambours dans la nuit”
Le spectacle Tambours dans la nuit est présenté au Théâtre de l’Archipel les lundi 16 décembre à 19 h et mardi 17 décembre à 20h30
MERCREDI 4 DECEMBRE I De 13h30 à 15h30
Analyse filmique : “Fritz Lang et le régime Nazi”
Un cours proposé par Chantal Marchon, professeur de cinéma, ouvert aux étudiants de l’UPVD, de l’Heart, de l’Idem et aux adhérents de l’Institut Jean Vigo.
2 Cinémaginaire :
La lettre de Cinémaginaire n° 114 – 26 novembre 2013
Cinémaginaire réseau cinéma en Pyrénées Orientales
diffusion, éducation, festivals, création, formation
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vos prochains rendez-vous du 26 novembre au 17 décembre 2013
Mardi 26 novembre à 14 h 30
Cinéma Vautier - 66 Elne
> LES AMIS DU VAUTIER <
présentent
LE MAJORDOME
Film de Lee Daniels (USA 2013 2H10)
Le jeune Cecil Gaines, en quête d'un avenir meilleur, fuit, en 1926, le sud des États-Unis, en proie à la tyrannie ségrégationniste.
Tarif : 5 euros
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Mardi 26 novembre à 20 h 30
Cinéma Jaurès - 66 Argelès sur Mer
> LES FILMS DU GNCR <
Imagopublica présente un film soutenu par le GNCR (Groupement National des Cinémas de Recherche) dont Cinémaginaire est membre
Cette proposition régulière prend place au Cinéma Jaurès chaque dernier ou avant-dernier mardi du mois.
LA FILLE DE NULLE PART
Film de Jean Claude Brisseau (France 2013 - 1h31 VO)
Michel, professeur de mathématiques à la retraite, vit seul depuis la mort de sa femme et occupe ses journées à l’écri- ture d’un essai sur les croyances qui façonnent la vie quo- tidienne. Un jour, il recueille Dora, une jeune femme sans domicile fixe, qu’il trouve blessée sur le pas de sa porte et l’héberge le temps de son rétablissement.
Tarif : 5 euros
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à partir du mercredi 27 novembre à 14H30
Cinéma Jaurès - 66 Argelès sur Mer : mercredi 27/1114h30 et 17h – vendredi 29/11 18h30 – samedi 30/11 21h – dimanche 1/12 14h30
Cinéma Vautier - 66 Elne : mercredi 27/11 21h – jeudi 28/11 18h30
Cinéma Novelty - 66 Banyuls sur Mer : jeudi 28/11 20h30
Cinéma Vauban - 66 Port Vendres : vendredi 29/11 21h
Cinéma Foyer Rural - 66 St Paul de Fenouillet : samedi 30/11 17h
Cinéma Centre Culturel - 66 Cabestany : dimanche 1/12 17h et 21h
> Le film de l’année ! <
LES GARÇONS ET GUILLAUME A TABLE
Film de Guillaume Gallienne (France 2013 - 1h25)
Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : "Les garçons et Guillaume, à table !" et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : "Je t’embrasse ma chérie" ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus.
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3. DEVOIR de MEMOIRE :
* Naissance du concept: Dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, certains résistants et déportés survivants cherchèrent à perpétuer le souvenir de leurs expériences et de leurs camarades tués. Ainsi, en France, les statuts de l'Amicale de Mauthausen lui donnent entre autres cet objectif :
« d’honorer la mémoire des Français assassinés de maintenir présents, à l’esprit de tous les Français et Françaises, les actes de barbarie dont se sont rendus coupables les assassins nazis et leurs collaborateurs, d’empêcher par cette propagande et ce rayonnement le retour des conditions politiques et sociales qui ont permis l’instauration des régimes partisans de ces méthodes d’autorité »
Selon Olivier Lalieu3, la première partie (« honorer la mémoire ») relève en fait du souvenir, tandis que la seconde (« maintenir présent à l'esprit de tous... ») relève, elle, du devoir de mémoire.
En 1952, Annette Christian-Lazard, veuve d'une victime d'Auschwitz, et Paul Arrighi, ancien déporté à Mauthausen, créèrent le Réseau du Souvenir, en raison de leur déception quant à l'activité des principales fédérations de déportés dans le domaine de la commémoration. En 1954, à l'initiative du Réseau du Souvenir, fut instituée en France la Journée nationale du Souvenir de la Déportation (le 24 avril). Par la suite, les efforts pour l'établissement de ce que l'on appellera plus tard un devoir de mémoire sont entretenus par divers acteurs. D'une part et dans un premier temps, des groupes et associations liées à la Résistance française ou aux déportés (comme le Réseau du Souvenir, le Parti communiste français, la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes...) se mobilisèrent, surtout dans les années 1960, contre ce qui était perçu comme une ignorance voire un mépris, de la part de la jeunesse, envers l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Ce phénomène avait notamment été médiatisé en 1963 par le film Hitler, connais pas; les mesures prises contre lui le furent surtout dans le cadre de l'enseignement de l'histoire 3.
Cependant, jusqu'aux années 1980, ces premières entreprises n'accordèrent pas de place particulière à la déportation et au génocide des Juifs (la Shoah). En effet, parmi les 37 000 rescapés des camps nazis en France, seuls 2 500 étaient des survivants de la Shoah. Les déportés juifs n'étaient représentés en tant que membres de leur communauté que par l’Association des anciens déportés juifs de France, qui organisait par exemple des commémorations annuelles de la rafle du Vélodrome d'Hiver. De plus, la plupart des associations préférèrent longtemps mettre en avant le statut de combattant, plutôt que celui de victime. Cependant, une évolution se fit progressivement, notamment autour de la publication, en 1978, du Mémorial de la déportation des Juifs de France par Serge Klarsfeld et Beate Klarsfeld, qui marque l'opinion publique. Les époux Klarsfeld réclament également la condamnation de plusieurs responsables de la Shoah3.
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3. ↑ a, b et c Olivier Lalieu, « L’invention du « devoir de mémoire » », [Siècle. Revue d'histoire [archive]], no 69 (2001/1), 2001 (lire en ligne [archive])
4. Guerre civile en ESPAGNE : imbécillité de vouloir défendre la République et/ou faire la révolution ???
La nécropolitique à la française
22 NOVEMBRE 2013
L'AUTEUR "gouvernement d’une population par l’application des techniques de mort sur une partie (ou la totalité) de cette même population"
BEATRIZ PRECIADO PHILOSOPHE, DIRECTRICE DU PROGRAMME D'ÉTUDES INDÉPENDANTES MUSÉE D'ART CONTEMPORAIN DE BARCELONE (MACBA)
J’ai grandi en écoutant des histoires de la guerre civile espagnole. Pendant des années, j’ai demandé aux adultes comment ils avaient pu se tuer entre frères, comment la mort était devenue l’unique façon de faire de la politique. Je ne réussissais pas à comprendre pourquoi ils s’étaient battus, ce qui les avait poussés à se détruire, à tout détruire. Ma grand-mère, fille de vendeurs ambulants, était catholique et anarchiste. Son frère, ouvrier pauvre de l’industrie sardinière, était athée et communiste. Son mari, comptable de la mairie d’un village, était militant franquiste. Le frère de son mari, ouvrier agricole, fut enrôlé de force dans l’armée de Franco, entraîné à traquer les rouges.
L’histoire la plus traumatique de la famille, qui revenait sans cesse, comme un symptôme, dans une tentative condamnée à l’échec de refaire sens, racontait comment le mari de ma grand-mère avait sorti de prison mon oncle, le communiste, le jour prévu de son exécution. Les dîners familiaux finissaient souvent dans les larmes de mon grand-père bourré qui criait à mon oncle : «Ils m’ont presque obligé à te tirer une balle dans le dos.» Ce à quoi mon oncle répondait : «Et qui nous dit que tu n’en aurais pas été capable ?» Interpellation suivie d’un cortège de reproches, qui dans mon oreille d’enfant sonnait comme une actualisation posthume de la même guerre. Ça n’avait ni sens ni résolution.
C’est seulement il y a quelques années que j’ai commencé à comprendre que ce ne fut pas la détermination idéologique, mais la confusion, le désespoir, la dépression, la faim, la jalousie et pourquoi ne pas le dire, l’imbécillité, qui les avaient conduits jusqu’à la guerre.
Franco a sorti une légende de son képi, selon laquelle une alliance diabolique entre francs-maçons, juifs, homosexuels, communistes, Basques et Catalans menaçait de détruire l’Espagne. Mais c’est lui qui allait la détruire. Le national-catholicisme a inventé une nation qui n’existait pas, a dessiné le mythe d’une Espagne éternelle et nouvelle, au nom de laquelle mes oncles étaient sommés de s’entretuer.
Comme autrefois en Espagne, un nouveau langage national-chrétien français cherche à inventer une nation française qui n’existe pas et qui ne propose que violence.
Je suis venu vivre en France en suivant les traces de 68, qu’on pouvait lire à travers une philosophie dont la puissance athlétique n’était comparable qu’au football espagnol.
Je suis tombé amoureux de la langue française en lisant Derrida, Deleuze, Foucault, Guattari ; je désirais écrire cette langue, vivre dans cette langue. Mais par-dessus tout, j’imaginais la France comme le lieu dans lequel l’imbécillité qui mène au fascisme serait désagrégée par la force des institutions démocratiques - conçues pour encourager la critique plutôt que le consensus. Mais l’imbécillité et la confusion qui ont terrassé mes ancêtres ibériques pourraient bien atteindre la France.
J’ai du mal à croire, ces derniers temps, à la fascination qu’exerce le langage de la haine tenu par le national-christianisme français, à la vélocité avec laquelle accourent ses sympathisants, qu’ils soient dans l’opposition ou au gouvernement - comme Valls qui applique avec fierté des politiques lepénistes au sein d’un gouvernement socialiste. L’extrême droite, la droite et une partie de la gauche (ceux qui croient que les Roms, les émigrants, les musulmans, les juifs, les Noirs, les homosexuels, les féministes… sont la cause de la décadence nationale) entendent démontrer que la solution aux problèmes sociaux et économiques viendra de l’application de techniques d’exclusion et de mort contre une partie de la population.
J’ai du mal à croire que 20% des Français soient dans une telle confusion qu’ils fondent un espoir de futur sur la forme la plus antique et brutale de gouvernement : la nécropolitique - le gouvernement d’une population par l’application des techniques de mort sur une partie (ou la totalité) de cette même population, au bénéfice non de la population, mais d’une définition souveraine et religieuse de l’identité nationale.
Ce que préconisent les langages national-chrétiens quand ils agitent le drapeau de la rupture et de la rébellion sociale ne peut être appelé politique, mais guerre. La militarisation des relations sociales. La transformation de l’espace publique en espace surveillé. Fermer les frontières, blinder les utérus, expulser les étrangers et les émigrants, leur interdire de travailler, de se loger, de se soigner, éradiquer le judaïsme, l’islam, enfermer ou exterminer les Noirs, les homosexuels, les transsexuels… En définitive, il s’agit de nous expliquer que certains corps de la République ne doivent pas avoir accès aux techniques de gouvernement, en fonction de leur identité nationale, sexuelle, raciale, religieuse, qu’il y a des corps nés pour gouverner et d’autres qui devraient rester les objets de la pratique gouvernementale. Si cette proposition politique les séduit, et je pense aux électeurs de Le Pen, dont les déclarations et les gestes m’ont hélas toujours été familiers, il faut l’appeler par son nom : qu’ils disent que ce qu’ils désirent, c’est la guerre, que ce qui leur convient, c’est la mort.
Cette chronique est assurée en alternance par Sandra Laugier, Michaël Fœssel, Beatriz Preciado et Frédéric Worms.
Beatriz PRECIADO philosophe, directrice du Programme d'études indépendantes musée d'Art contemporain de Barcelone (Macba)