* Nora.
Belle Irlandaise androgyne, serveuse dans un hôtel de Dublin. Pénélope d'un Ulysse du Nouveau Monde, tu vis éternelle, en Molly Bloom et Anna Livia Plurabelle, splendide fleur sauvage des haies, qui n'arrête pas de faire cattleya. Tu es la chair qui jamais ne nie...
* Chômeuses.
On raconte souvent que, dans les régions en crise, les femmes de chômeurs -ou les femmes au chômage - se prostituent : elles profitent de leurs après-mudi de liberté pour se procurer un peu d'argent nécessaire au foyer. Ce thème de l'essor de la prostitution, en période de "restructuration économique", pendant laquelle la femme est beaucoup plus touchée que l'homme, perdant son emploi, son salaire, son indépendance, mais encore l'autonomie de son corps, est déjà abordé par un des personnages-clés de l'écrivain Louis Guilloux (dans ses Carnets, tome 1, p.96, NRF, 1979) : "De temps en temps, je fais une petite virée à Paris. Depuis qu'il y a du chômage, on a des femmes épatantes pour pas grand-chose."
Le cinéma, lui aussi, se fait l'écho de cette situation dramatique; , dans "F. comme Fairbanks" (le personnage de Miou-Miou), ou dans "Mado", film de Claude Sauter. Est-ce là le chômage "créateur" cher à Ivan Illich ? Profiter du temps libre -chômé- pour vivre, lire, sortir, parler, profiter de son corps, sans avoir l'assurance d'un travail, d'une ressource pécuniaire, cela est une vision idéaliste.
Car il n'y a, de chômage, que le prédateur...
* Ana.
Anaïs est une gentille grenouille qui pond des oeufs d'or et du caca d'argent, poil aux dents...Et autant en emporte l'vent au monde enchanté de Hurvevent...
* Passion de Christine.
Un soir de carnaval, sur le long canapé noir, il se laissa aller âprement sous les doigts fins de Sidonie. Le plaisir longtemps ne dura, le seul temps du gémissement de la dernière braise dans l'âtre. Le feu consume l'être et le bois, feu le semblant amour et la fête éphémère, quelques instants océaniques...
Quand, le lendemain, Julien revit Sidonie, la fille ne lui offrit que ses lèvres rubescentes. Lèvres pleines de livres, plus que de passions... Il aurait tant aimé l'incendie secret de la femme-fleur ! Elle ne lui causa que musique et poésie, rien sur le pianotement de sa menotte, pourtant si proche, encore...
Après une après-midi urbaine, de café et de pas aveugles dans les commerces, il ne lui resterait plus, dès son retour dans sa chambre, que de plonger son désir dans une purée de figues bien sucrées...
Avec Marinette, Julien savait qu'il s'orientait sans se fourvoyer, vers les pires gâteries. La bouche de l'adolescente serrait et mordait ! Ce serait un plaisir marqué au fer rouge !
* La lycéenne.
On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans... Ni quand on vient passer le bac et sécher à l'oral, à ... vingt ans. Elle préfère la littérature des corps, faire la bête à deux dos, même sans avoir lu Rabelais, la fille au chemisier diaphane, qui permet de lire les deux collines calcaires de Provence.
Nous ne ferons pas médianoche. Basta La Sévigné: "Nous ne ferons pas médianoche." dans sa lettre du 23.2.1680). Adieu Rimbaud, poésie, média, ciné ! Adieu la nuit de la littérature...
Tous ces gens qui courent vers la mer, le soleil. Eux des riches quartiers et tous ceux-là en attente dans leur immobile pauvreté, ont-ils jamais eu un oeil, une pensée pour le poème..?
Dérisoire questionnement...
Les hommes choisissent la voie de la mort. Après réflexion, Hercule avait opté pour la vertu.
A mon carrefour, j'indique le chemin traversier...
* NADJA. C'est une passante insaisissable; une femme immatérielle; elle est tout, l'amour, le destin, la poésie, le rêve, l'envoûtement...Elle n'est Rien, aussi : "si on enlève la lettre J... NADA ! Il s'agit d'un ange, d'un être pur, abstrait, mais c'est une figure contradictoire : elle symbolise le vol, le mal... Relire le petit livre poétique d'André Breton.
* Cette femme qui paraît assez âgée, si on considère le pliage des peaux, est, en fait, quand elle se lève pour se baigner, assez désirable : le mille-feuilles des peaux se tend, les seins se raffermissent,au contact du marin, de l'embrun, de la fraîcheur de l'eau, et les fesses, bien dessinées, dans un maillot blanc qu'on dirait sculpté en Carrare...