Le jury du prix André Malraux a réduit sa liste des essais sur l’art à trois titres et celle de littérature engagée à sept. Le palmarès final sera dévoilé le 3 novembre, jour anniversaire de la naissance d’André Malraux.
par Antoni CISTERO
J'ai le plaisir de vous informer que mon site web VISORHISTORIA.COM a été présenté à la Fondation MAX AUB, le 30 septembre dernier(vidéo en espagnol : 20'). Il analyse les détails du tournage du film Espoir-Sierra de Teruel, ainsi que ses principales caractéristiques et son contexte historique. L'histoire vue sous différents angles : à partir de l'analyse approfondie d'un film mythique, nous abordons la connaissance du contexte historique et humain d'une période décisive. Lecture et liens pour une connaissance multidisciplinaire.
De plus, vu le rôle principal d'André Malraux sur le site, je vous invite à y accéder et à vous abonner gratuitement. Vous pourrez ainsi recevoir de nouvelles contributions par mail (une par mois maximum), avoir les articles plus relevants en format PDF et aussi participer à des tirages de livres à le sujet. S'il y a un nombre suffisant d'abonnés francophones, les articles les plus pertinents sur André Malraux seront traduits en français.
À titre d'exemple, je joins un article qui a déjà été publié. Vous pouvez également regarder la vidéo de ma conférence (40', en français) donnée à Marseille le 27 septembre : LES PÉRIPÉTIES DU TOURNAGE DE SIERRA DE TERUEL qui sera bientôt inclus aussi sur le site web.
--- L’ENVOL DE MALRAUX (https://www.visorhistoria.com/lenvol-de-malraux/) Antoni Cisteró
Il n'est pas rare que des livres traitant d'événements réels, par ailleurs très dignes d'intérêt, considèrent certaines déclarations sur des événements spécifiques comme vraies sans autre réflexion. On ne peut pas être dans tout, et après tout, un jour avant ou après n'est pas pertinent pour l'ensemble de l'histoire. Comme le disait Camus,
« malgré les documents, la vérité est insaisissable ». Mais puisque nous décomposons l'histoire en recherches quasi archéologiques, passons à l'action.
Malrauxi. (Photo dédicacée à l’aviateur Soukoff)
C'est le cas, par exemple, lorsqu'on évoque le voyage d'André Malraux à Madrid pour analyser la situation provoquée par le soulèvement militaire du 18 juillet 1936. Afin d'intégrer la recherche dans la page LA VERDADERA HISTORIA DEL RODAJE DE SIERRA DE TERUEL, j'ai examiné plusieurs livres, dont je transmets les citations afin que le lecteur puisse comparer :
TOOD, Olivierii : « (Malraux) annonce son départ pour le 22 juillet, quelques heures avant la fermeture officielle des bases aériennes, et s’envole sur un Lockheed Orion ministériel français, avec Édouard Corniglion-Molinier et Clara qui s’accroche [...] Escale de ravitaillement après quatre heures de vol, sur l'aéroport militaire de Forgas, près de Biarritz [...] Les voyageurs dorment à l'aéroport [...] Les voyageurs décollent de Forgas le 25 juillet [...]. L’Humanité publie un télégramme expédié de la capitale espagnole par Malraux le 27 juillet : « En arrivant à Madrid, je dois d’abord démentir l'encerclement et l’approche des troupes fascistes vers la capitale. Madrid est complètement dégagé vers le sud jusqu'à l'Andalousie, par l'est jusqu'à la mer et par l'ouest jusqu'au Portugal. C'est seulement par le nord que l'armée révolté a envoyé de petites avant-gardes qui ont été battues et refoulées au-delà des côtes de la Sierra Guadarrama ».
Dans une note (14), l'auteur reconnaît : « De nombreux critiques affirment que Malraux gagna l’Espagne le 20 juillet. D'autres qu'il se trouvait encore à Paris le 22. Mais, aucun doute, il a gagné la capitale espagnole rapidement ».
NOTHOMB, Paul iii : « Lorsqu'il arrive à Barcelone le 20 juillet, pour se rendre immédiatement à Madrid, il est loin d'être inconnu. La presse salue son arrivée ».
Wow ! Non seulement la date, mais aussi le voyage sont différents ici. Lorsque j'essaie de consulter la presse, je constate que les 20 et 21, il n'y a pas eu de publication à
Barcelone, du moins pas dans La Vanguardia, à cause du coup d'État. Il n'y a donc aucune référence à son séjour, comme il sera le cas plus tard à Madrid.
THORNBERRY, Robert S. iv Citant Denis MARIONv : « Le 20 juillet, André Malraux prend le dernier avion régulier Paris-Madrid et atterrit dans cette ville dont personne en France ne sait si elle est aux mains des républicains ou des rebelles ». En cas de doute, il ajoute une note: « la date de sa première arrivée en Espagne après le soulèvement a été confirmée par l'auteur dans une lettre datée du 17 juillet 1970 ».
Mais encore plus de vacarme, si cela est possible ! Thornberry ajoute ensuite :
« cependant, contrairement à ce qu'a écrit Denis Marion, Malraux n'est pas arrivé à Madrid à cette date, mais seulement après avoir passé quelques jours à Barcelone ».
L'humanite-24/07/1936
Cet auteur semble être celui qui essaie le plus d’atteindre la vérité. D'abord en regardant dans la presse, dont il propose même une citation du New York Times (« André Malraux, lauréat du prix Goncourt... a quitté Paris par avion aujourd'hui (24.7.1936) pour Madrid. Accompagné de sa femme... »), ou encore L'Humanité (24.7.1936) : « André Malraux est parti pour Madrid ».
Dans une démonstration de profondeur, dans une note à la page 29, Thornberry commente : « Il faut supposer qu’on a d’abord tenu secret son séjour à Barcelone. Mais c'est sans doute cette confusion de lieux et de dates qui a fait croire que Malraux aurait pu participer à Paris, vers le 22 juillet, dans un meeting au Palais des Sports de Paris pour y engager sur-le-champ des aviateurs »vi Cette erreur a été reprise, et en termes perque identiques, par le journaliste américain Émet John Huguesvii. Il n'y a pas eu aucun meeting au Palais des Sports à cette date, on l’a dû confondre avec celui de la Salle Wagram le 30 juillet.
Le témoignage d'une personne qui s’est envolé avec André, sa femme Clara Malraux, peut-il être une preuve définitive ?viii Dans son livre de mémoires elle déclare qu'ils ont volé dans un petit avion, piloté par Corniglion-Molinier, et que parce que la boussole ne fonctionnait pas, après les Pyrénées, ils ont failli atterrir à Ávila, contrôlé par les franquistes, comme ils l'ont vu en s'approchant à la gare de cette ville. Sauvés de justesse, ils ont pu atterrir à Cuatro Vientos (Madrid), où les attendait le commissaire général de l'armée de l'époque, Julio Alvarez del Vayo. Sans préciser la date, il semble du moins exclu que sur son chemin vers Madrid, il soit d'abord passé par Barcelone.
Jusqu’à ici en ce qui concerne les dates et les itinéraires. Quant à ses entretiens :
LACOUTURE, Jeanix : « Il atterrit le 21 juillet à Madrid en compagnie de Clara [...] Ils sont accueillis par leur ami José Bergamín et par le jeune écrivain Max Aub qui, trente- trois ans après, gardait de cette apparition une impression de la rencontre : « Il était déjà l’égal de sa légende » ».
Mais Lacouture ajoute une nouvelle information discordante, aux accents poétiques : « Malraux, le poing levé et le fraternel « Salud ! » à la bouche, sillonne Madrid, se rend à Barcelone où il recueille, sur les premières journées de combat, les observations qui feront la matière de plusieurs chapitres de L'Espoir. Sur l'aéroport de Barcelone, il rencontre un personnage en tempête qui réclame à cor et à cri un avion pour Madrid. C'est le leader anarchiste Durruti. Il l'emmène dans le sien et se prend d’une vive admiration pour ce combattant auquel le « Négus » de L'Espoir empruntera quelques traits ».
Eh bien, eh bien... Durruti, pendant ces premiers jours, était occupé par ses discussions avec Companys, le président de la Catalogne, et par la création du Comité des milices antifascistes, pour canaliser l'enthousiasme (et la fureur) populaire vers le front. En outre, dès le matin du 24, il dirige une colonne de quelque 2000 anarchistes dans le but de libérer Saragossex. Le fait que Malraux reprenne plus tard quelques traces de sa personnalité dans son roman ne constituent pas une base suffisante pour justifier, en ces jours d'activité débridée, un séjour à Barcelone, et encore moins après être allé à Madrid (sauf, peut-être, quelques heures pour l’entretien de l’avion).
Je terminerai cette revue par un double témoignage de son proche collaborateur, Max Aub. Si nous avons vu qu'il s'est souvenuxi : « J'ai rencontré Malraux à Madrid, le soir de son arrivée. Il est arrivé dans son bombardier et est parti immédiatement pour larguer quelques bombes sur la gare de Córdoba. Ce devait être le 21 juillet 1936, j'étais avec Bergamín en train de boire une bière devant le siège de Cruz y Raya (Madrid, General Mitre, 5), la revue qu'il éditait ». Et dans un autre écrit, il déclarexii :
« Je l'ai rencontré le 20 juillet 1936 dans le hall de l'hôtel Florida à Madrid, alors que les armes de la caserne de La Montaña passaient de main en main ». Le temps, le déclin de la mémoire. Dans un autre livre de mémoires, Aub notexiii : « Nous sommes restés longtemps, jusqu'à ce que la nuit a tombée. Ils ont obligé toutes les maisons à garder les lumières allumées, les balcons ouverts, à cause des flics". Rien à faire dans l'après- midi, en ces jours de frénésie ? Bien sûr, les embuscades (pacos) existaient, surtout lorsqu'on ne savait pas encore avec certitude que le coup d'État avait échoué dans la capitale.
Et un doute encore : a-t-il vraiment été invité à bombarder Cordoue, à plus d'une heure de vol de Madrid, par l'armée de l'air qui était concentrée sur l'attaque venant du nord ? Si l'on s'en tient aux informations locales, le premier bombardement républicain de la ville andalouse ne date que du 20 août, lorsque le général Miaja décide d'attaquer par voie terrestrexiv. Et il l'a fait avec un soutien aérienxv depuis l'aéroport d'Andujar (Jaén) avec des avions arrivant de Getafe. Dans cette citation, un "bombardement" antérieur est mentionné comme suit : « Il y a trois jours, un avion est venu nous rendre visite et a largué des bombes à main à différents endroits, sans grande chance »xvi reconnaissant que c'est le 31 juillet qu'un Douglas républicain, a bombardé le quartier de San Lorenzo, blessant une jeune fille. À son tour, il a été attaqué par un chasseur fasciste qui a quitté la base locale de Tablada (Seville). Nous pouvons en conclure que Malraux n'était pas allé à Cordoue le 20 ou le 22 juillet. Sans même parler du fait que c'est l'écrivain qui a jeté les bombes à main par la fenêtre.
El Noticiero Universal du 24 juillet 1936.
Une dernière perle, concernant ce que Malraux a fait à Madrid. Thornberry cite El Noticiero Universal (un journal de Barcelone) qui affirme que le 27, Malraux a rencontré Azañaxvii. On peut supposer que c'est après cette réunion qu'il a envoyé le télégramme mentionné ci-dessus, informant que Madrid et toutes ses zones sud, est et ouest étaient libres de factieux, comme nous l'avons déjà vu dans Todd. Cependant, bien que le journal de Barcelone, dans sa chronique de Madrid (page 9) indique : « M. Azaña a reçu le président du Comité mondial contre la guerre et le fascisme, André Malraux », dans sa chronique de trois jours plus tôt (le 24), il annonce également dans sa chronique de Madrid : André Maurois à Madrid : « Un télégramme a été reçu de
France annonçant que l'illustre écrivain français André Maurois (sic), le plus remarquable des antifascistes du monde, partira par avion de Paris pour Madrid, porteur de toute l'aide possible pour les braves combattants espagnols ». Bon, erreur dans le nom (qui était un pseudonyme, puisque l'écrivain alsacien s'appelait en fait Émile Herzog), mais cela ajoute aussi à la confusion, puisque selon Aub et certains biographes, comme nous l'avons vu, il était déjà à Madrid le 22.
La biographie de Lacouture est certainement digne d'éloges et, bien sûr, la littérature de Max Aub est honnête et belle. Mais il convient de noter ces dérapages littéraires qui nous aident à comprendre la confusion de ces premiers jours de soulèvement. À vous de juger.
ihttps://www.medellinhistoria.com/blog_1/andre_malraux_en_el_bombardeo_de_medellin_a gosto_de_1936_70
ii TOOD, Olivier. (2001) André Malraux, une vie. Paris, Gallimard. Pag. 221
iii NOTHOMB, Paul (2001). Malraux en España. Barcelona, Edhasa. Pag. 15.
iv THORNBERRY, Robert S. (1977) André Malraux et l’Espagne. Ginebra, Librairie Droz. Pag. 28.
v MARION, Denis. (1970) André Malraux. Paris, Seghers. Pag. 7.
vi « André Malraux Seeks Aid for Loyal Air Corps », Literary Digest, 3.4.1937. Pag. 16 vii « The War that Roused the World », Life 18.12.1951
viii MALRAUX, Clara (1976). La fin et le Commencement. Paris: Grasset, 1976. Pag.11 ix LACOUTURE, Jean. (1976) Malraux, une vie dans le siècle. Pag. 213.
x https://anarquismoanarcosindicalismoyotrostemas.wordpress.com/2020/03/15/historia- de-la-columna-durruti/
xi MALGAT, Gérard (2007). Max Aub y Francia, o la esperanza traicionada. Sevilla, Ed. Renacimiento (Biblioteca del exilio). Pag. 55
xii AUB, Max (2002). Hablo como hombre. Segorbe, Fundación Max Aub. Página 156. xiii AUB, Max (2010) La gallina ciega. Barcelona, Alba. Página 401
xiv https://antoniomarinlopera.tripod.com/guerraencordoba.htm
xv http://laguerracivilencordoba.es/los-bombardeos-aereos-republicanos-sobre-la- retaguardia-nacional-durante-la-guerra-civil-espanola-aproximacion-al-caso-de- cordoba/
xvi El Defensor de Córdoba, 29.7.1936
xvii THORNBERRY, Robert S. (1977) Pag. 30
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Le jury du prix André Malraux a réduit sa liste des essais sur l’art à trois titres et celle de littérature engagée à sept. Le palmarès final sera dévoilé le 3 novembre, jour anniversaire de la naissance d’André Malraux.
Publié par L’Humanité,
Lundi 17 Octobre 2022
Beate et Serge Klarsfeld, fondateurs de l’association Fils et filles de déportés juifs de France, ont reçu, jeudi 13 octobre, la médaille de la ville de Perpignan (Pyrénées-Orientales) des mains du maire Rassemblement national (RN) Louis Aliot, figure du parti...
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* Nuance
A ceux qui veulent déboulonner les statues des colonisateurs, conquérants, militaires tortionnaires, il faut opposer la complexité : l’Homme n’est pas constitué uniquement de zones d’ombres. Prenons Napoléon, sacrifiant ses hommes pour sa soif de conquête, puis le créateur du code civil, de mille avancées et abolissant l’esclavage… Ou Jules Ferry, à l’esprit colon puis défenseur de l’école pour tous…Ou encore, Mitterrand, ministre de l’intérieur-, de la justice, condamnant à mort des Algériens révoltés; puis abolissant la peine de mort…
Allant de Pétain au socialisme…
Chaque individu évolue; considérons si c’est en bien ou en mal. On dit que seuls les imbéciles n’évoluent pas…
La vérité n’est pas un bloc, elle se dissémine partout, se fracturant en chacun de nous, emportant ses bons et mauvais aspects…
Prenons l’actualité : le couple Klarsfeld, pourfendeur de nazis, du FN de Le Pen, de l’extrême-droite, accepte se rendre à Perpignan, pour recevoir la médaille de la ville des mains de L. Aliot, ancien fidèle du chef de l’extrême-droite. Le maire de Perpignan n’a jamais renié ce passé trouble de façon explicite, ni fait son autocritique.
Il appartient à un parti qui semble sans mémoire, comme frappé d'amnésie...
Avec Marine, il a cependant fait évoluer le parti vers le RN et a condamné l’anti-sémitisme. Face à Bardella, il condamne l’idéologie identitaire et accepte l’immigration étrangère en France si elle est contrôlée.
En 2022, il n’arrête pas de rendre hommage à des symboles de la gauche : Jaurès, les Résistants, Valmanya, Samuel Paty…
Bien sûr, il y eut la célébration de P. Sergent, comme pour équilibrer et ne pas oublier ses amis pieds-noirs, nostalgiques du pays colonisé…
Ferait-il en quelque sorte, comme le « en même temps » macronien, utilisant une drôle de dialectique, en équilibriste, critiqué par les uns, puis par les autres, mais faisant, en fin de compte, plaisir à tous…
Avec les Klarsfeld, on a pu pointer du doigt sa stratégie politique, sa séduction, son jeu de masques, la suite de la dédiabolisation…On peut douter de sa sincérité…
Le couple médaillé ne doute pas, lui, ni la population de Perpignan, offrant au maire quatre députées, ni les associations culturelles, ni le monde intellectuel, les critiques se faisant très rares, venues surtout des Insoumis.
Et, en effet, il y a peu à reprocher à L. Aliot depuis son élection : il agit en diplomate, est porté par les communautés juive et gitane, il s’insère dans les structures locales, tel un notable de droite, au sein de la communauté urbaine…
Il faut attendre encore des actes pour juger et pour avouer avec les Klarsfeld, aux combats nobles et authentiques, que...
l’on peut serrer la main de Louis Aliot…
J.P.Bonnel (21 actualité. 2022)
Le tour d’écrou (ou «Le tour de vis»)
Si tu fais un nouvel effort,
Nous arriverons à bon port.
Il nous faut construire demain
Du labeur même de tes mains.
Si tu fais un nouvel effort,
Crois-nous, tu n’auras pas eu tort
De chercher au fond de ta poche
La clé d’un avenir si proche.
Si tu fais un nouvel effort,
Ton nom luira en lettres d’or
Au monument des pas-grand-chose
Tombés pour quelque juste cause,
Dont on sait, hélas! qu’ils sont morts
D’avoir fait un dernier effort.
Jean Iglesis
* Actualité de la Révolution avec Enzo Traverso (Révolution, une histoire culturelle - La Découverte, 2022, 460 p., 25 euros).
Je l’avais rencontré lors d’un colloque à l’université de Gérone et sa modestie m’a étonné ; Car l’auteur peut être fier d’une œuvre et d’une réflexion aussi large. Après avoir analysé « la nostalgie de gauche » et la pensée de W. Benjamin, voici qu’il montre à présent l’actualité de la Révolution.
Il s’appuie sur les « images dialectiques » chères à l’auteur des Passages : concept qui interroge le sens de l’histoire à travers des fragments où se condensent les contradictions du temps, donnant à voir dans un objet apparemment insignifiant ou un personnage marginal « le cristal de l’événement total ».
(David Zerbib, Le Monde du 8.7.2022).
Pourtant l’espoir est une lueur timide et, comme l’a bien décrit M. Löwy, WB nous conseille, face à la catastrophe qui vient, face à l’emballement d’une idéologie orthodoxe qui croit que l’humanité va vers le progrès et la libération définitive : « Il se peut que les révolutions soient l’acte par lequel l’humanité qui voyage dans le train tire le frein d’urgence. »
Merci pour ce livre-radeau…
(Sélection pour le Prix W. Benjamin 2022 de l’Assoc. WB sans frontières)
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Les révolutions ne se prêtent pas aux récits linéaires. Elles sont de véritables séismes qui, en renversant l’ordre établi, renouvellent les horizons d’attente et font advenir des idées, des imaginaires et des canons esthétiques nouveaux.
Pour en mesurer les forces et les puissances de transformation, mais aussi les tensions et les contradictions, Enzo Traverso compose une constellation d’« images dialectiques », où se télescopent les « locomotives de l’histoire » de Marx et le « frein d’urgence » de Walter Benjamin, les corps sexuellement libérés d’Alexandra Kollontaï et les corps disciplinés pour bâtir la « société nouvelle », la création d’images et de symboles (la barricade, le drapeau rouge, les chansons et rituels…) et la furie iconoclaste.
Au croisement de l’histoire intellectuelle, de l’histoire visuelle et de la théorie politique, ce livre montre que l’idée de révolution offre une clé d’intelligibilité de la modernité, jusqu’à notre présent, où elle continue d’informer souterrainement notre rapport au futur et au possible.
« Pour celles et ceux qui aspirent à façonner un autre ordre des choses, le récit d’Enzo Traverso est essentiel. Pour celles et ceux qui veulent réfléchir à ce qui anime les révolutions ou en fait des naufrages, cet ouvrage rare parcourt le globe et les bibliothèques, s’intéressant à Phnom Penh et La Havane, et pas seulement à Paris et Moscou, et pensant avec Weber, Arendt, Fanon et Constant, et pas seulement avec Trotski, Lénine et Mao. »
Wendy Brown, professeure de sciences politiquesà l’université de Berkeley.
Révolution en marche ? - Grève générale ? à suivre sur le livre récent
d'Enzo TRAVERSO
*Matemale : fête de la patate
Samedi 15 et dimanche 16 octobre les producteurs locaux de pommes de terre vont pouvoir dresser leurs étals afin de vendre le précieux tubercule. La traditionnelle fête de la patate arrive à grands pas avec un programme des plus riches et des plus diversifiés.
Dès 14 h samedi, marché de la pomme de terre à l’entrée du village, de 14 h à 18 h, présence du stand du service déchets de la communauté de communes Pyrénées catalanes avec comme thématique "Sensibilisation au tri sélectif" et jeux pédagogiques pour les enfants ; exposition plastique réalisée par les enfants du pôle enfance Capcir Garrotxes et exposition photographique préparée par Gérard Mailhé et Arthur Chapuis tout au long de l’après-midi dans l’enceinte du foyer communal.
Apéritif musical sous le grand chapiteau à partir de 18 h avec la formation Funk machine ; à 19 h, repas terroir (17 euros) sous chapiteau chauffé.
À 21 h, soirée musicale avec les formations Les effrontés et Baad en seconde partie, précédée à la tombée de la nuit d’un feu d’artifice géant offert par la municipalité.
Dimanche, durant toute la journée, marché de la pomme de terre à l’entrée du village, marché d’artisans et producteurs au cœur de ville ; à 11 h au foyer communal, dégustation de plats à base de pommes de terre ; à 12 h, repas convivial animé par Joël et le chanteur catalan l’emblématique Ramon Gual, au menu jambon cuit à la ficelle (17 euros). Tout au long de la journée, animation musicale itinérante avec la bandas Les canaillous. Une fête couleur terroir teintée de joie et de bonne humeur, qui devrait donner la frite pour affronter les premiers frimas.
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Scientifique et Littéraire
Maison des Associations - 52, rue Maréchal Foch - 66000 PERPIGNAN
Journées d’études 2022 de la sAsL En hommage à
Anny de Pous
Architecture castrale et vernaculaire pastoralisme et vie rurale
Prades, samedi 22 octobre 2022 Bélesta, samedi 5 novembre 2022 Osséja, samedi 12 novembre 2022
Entrée libre et gratuite • Repas de midi sur réservation
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des Pyrénées-Orientales
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http://www.sasl-des-po.fr • Informations : m-sasl-des-po@orange.fr
Pour ses premières journées d’études, la SASL souhaite rendre hommage à une femme pionnière, Anny de Pous (1908-1991), historienne, archéologue et photographe, chercheuse indépendante. Dès les années 1930, elle sillonna seule
les routes des Pyrénées-Orientales et de l’Aude, finançant elle-même ses inves- tigations et réalisant d’excellents clichés photographiques. Ses travaux portent sur le Fenouillèdes, le Vallespir, la Cerdagne, le Conflent et aussi les Corbières. Ils évoquent en particulier les tours à signaux, les châteaux du haut Moyen Âge, mais aussi les cabanes en pierre sèche et les chemins de transhumance. Son livre Le pays et la vicomté féodale de Fenollède du VIIIe au XIVe siècle, publié en 1973, obtint en 1980 le prix Georges Goyau de l’Académie française, et ses travaux, qui jetèrent souvent les bases des thèmes abordés, restent aujourd’hui des réfé- rences, reprises et débattues sans cesse par les chercheurs.
Ces journées d’études ne se limiteront pas à une évocation des travaux d’An- ny de Pous, mais au contraire, suivant ses traces, adopteront l’ouverture thé- matique et géographique de sa trajectoire : le point commun entre ses études apparemment diverses est l’influence de l’action humaine, et en particulier de l’activité constructrice, sur l’aspect des paysages divers de notre ter- ritoire. En effet, le département offre la particularité d’avoir une géographie très diverse, mêlant littoral, plaine, moyenne et haute montagne, d’où une nécessité d’adaptation des cultures et des constructions humaines depuis les temps les plus reculés.
Les intervenants aborderont tant les domaines de l’histoire que de l’archéologie, l’architecture, la castellologie mais aussi les sciences naturelles et l’agriculture. L’ensemble des territoires du département seront évoqués.
Samedi 22 octobre
Prades – Cinéma Le Lido, Salle Jean Cocteau
9h Propos introductif
Sylvain Chevauché, archiviste paléographe, président de la SASL Régine Duquenne, fille d’Anny de Pous
9h30 La constitution du fonds d’archives Anny de Pous et apports des recherches de l’ar- chéologue dans l’inventaire du patrimoine
Léonie Deshayes, chargée de mission Patrimoine Culturel, Communauté de Com- munes Conflent Canigó
10h05 Vers un nouvel inventaire des châteaux et mottes castrales de la plaine du Roussillon (XIe s. début XIVe s.)
Georges Castellvi, archéologue
10h40 Prades, place de la République. Diagnostic sur la maison Felip et son jardin : une ap- proche du sous-sol au grenier
Céline Jandot, archéologue, INRAP
11h15 Débat de la matinée
13h Dans la vallée de la Rotjà : évolution des pratiques agro-pastorales et des paysages à
partir des témoignages photographiques d’Anny de Pous
Claude Guisset, président de l’Association Charles-Flahault, ancien conservateur des Réserves naturelles nationales de Py et de Mantet
13h35 Sur les territoires des 2 Corbère, le patrimoine vernaculaire de la vallée de St Julia. Michel Boixero et Nicole Roig, Association pour la Sauvegarde du patrimoine des
2 Corbère
14h05 Projection du court-métrage Les pierres cachées de notre village sur Villefranche- de-Conflent et présentation d’un projet sur l’architecture vernaculaire en cours de réalisation – En partenariat avec les Ciné-Rencontres
Marc Cousin, reporter et réalisateur de documentaires
14h45 Débat de l’après-midi Samedi 5 novembre
Bélesta – Musée de la Préhistoire
9h-12h Excursion : Le Moulin de Bélesta et les bornes-frontières
Jean-Pierre Comps, archéologue
Margault Coste, doctorante en histoire médiévale, UPVD, FRAMESPA, CNRS Valérie Porra-Kuteni, archéologue au service départemental des P.O., CRESEM-UPVD
Covoiturage au départ de la place de Bélesta
Prévoir des chaussures de marche et de vêtements adaptés au temps de novembre
13h Cabanes et constructions en pierre sèche à Bélesta, aux limites du Roussillon, Conflent et Fenouillèdes
Tarek Kuteni, historien, directeur du Château-Musée de Bélesta
13h35 Bélesta : un territoire marqué par la frontière
Valérie Porra-Kuteni, archéologue au service départemental des P.O., CRE- SEM-UPVD
14h05 Leconflitfranco-espagnolde1503etsesconséquencessurlesterritoiresfrontaliers du Roussillon
Rodrigue Tréton, docteur en histoire
14h40 Vivre sur la frontière de 1258 entre Roussillon-Conflent et Fenouillèdes du XIIIe au XVe s. Margault Coste, doctorante en histoire médiévale, UPVD, FRAMESPA, CNRS
15h15 Levillageetl’égliseSaint-EtiennedeCasasenFenouillèdes:unehypothèsed’identifi- cation du site médiéval de l’Horto à Caramany
Renaud Labadie-Savy, diplômé de Master, historien
15h50 Débat de l’après-midi Samedi 12 novembre
Targasonne / Osséja - Cinéma Le Puigmal
9h-12h Excursion : L’antique réseau de communication de Llivia, une frontière atypique et le 33e « village français » de Palmanill
Michel Bougain, avocat honoraire, historien, vice-président de la SASL
Covoiturage, départ du parking de la mairie de Targasonne
Randonnée facile (80m de dénivelé). Prévoir des chaussures de marche et des vête- ments adaptés au temps de novembre
14h Anny de Pous et les « orris ». La découverte d’une terminologie et des errements lexicaux d’Anny de Pous. Une tranche d’« égo-histoire »
André Balent, historien, président de l’Association pour la protection du patri- moine et de la mémoire collective de la vallée de Carol
14h35 Les bergers cathares en Cerdagne au XIVe s. Annie Cazenave, docteur en histoire
15h05 Chemin de transhumance et liberté de passage. À propos d’un procès de la Chambre des Domaines (1670-1672)
Jean-Pierre Comps, archéologue
15h40 Un nouveau site à gravures rupestres naviformes découvert sur le territoire de la commune de Jujols
Pierre Campmajo, docteur en archéologie
16h05 En Cerdagne, la mort n’est plus ce qu’elle était Jean-Louis Blanchon, historien
16h40 Conclusions des Journées d’études
Michel Bougain, avocat honoraire, historien, vice-président de la SASL
La constitution du fonds d’archives Anny de Pous et apports des recherches de l’archéologue dans l’inventaire du patrimoine
Léonie Deshayes, chargée de mission Patrimoine Culturel, Communauté de Communes Conflent Canigó
Anny de Pous (1908-1991) est une archéo- logue autodidacte qui a marqué son temps par les nombreuses recherches effectuées sur le bâti rural et les constructions mili- taires féodales. Elle s’est notamment illus- trée dans l’écriture d’articles publiées dans des revues scientifiques locales, dont les Études Roussillonnaises avec Pierre Ponsi- ch (1912-1999) ou encore la revue Conflent, dirigée par l’érudit perpignanais Robert La- passat (1920-1998).
Une grande partie de la documentation produite dans le cadre de ses travaux me- nés en Roussillon, Conflent et Fenouillèdes, se trouve actuellement dans les locaux de la médiathèque de Prades édifiée en 2000. Ce choix d’implantation découle d’une volon- té affirmée de la famille d’Anny de Pous de consacrer un espace dédié à sa mémoire, dans le but de valoriser l’ensemble de ses travaux et de transmettre la connaissance de ce patrimoine écrit auprès des publics.
Cette présentation a donc comme objectif de retracer l’histoire de la création du fonds Anny de Pous, depuis la conservation de la
première partie des archives à la mairie de Nébias jusqu’à sa mise en valeur actuelle. L’association dite « Anny de Pous » créée en 1993 à la suite de la donation d’une seconde partie à la mairie de Prades (1991), a nette- ment contribué à la sauvegarde du fonds, malgré sa courte période d’activité.
Il convient également d’identifier les typo- logies de documents qui constituent les archives, en passant de la bibliothèque per- sonnelle à la collection iconographique, re- groupant plus d’un millier de document iné- dits sur les territoires pyrénéens.
Enfin, un regard croisé entre les études ar- chitecturales d’Anny de Pous et l’inventaire du patrimoine en cours sur les 45 com- munes du territoire Conflentois va être ap- porté, à travers deux grandes thématiques structurantes : les constructions en pierre sèche (orris, cortals, cabanes) et les fortifi-cations en réseau (châteaux et tours à si- gnaux). Une sélection d’édifices sera mise en lumière, au regard de l’étude des caractéris- tiques constructives et de l’impact sur les paysages. ■
Vers un nouvel inventaire des châteaux et mottes castrales de la plaine du Roussillon (XIe s. début XIVe s.)
A LIRE : étude magistrale
d'Aymat CATAFAU
(extraits - "Une visite virtuelle par les textes")
Référence : Patrimoines du sud, numéro 8, septembre 2018 : les jardins historiques en Occitanie, 2018, n° 008, p.9-28”
Le château royal de Perpignan, bâti ex nihilo pour le roi de Majorque dans le dernier quart du XIIIe siècle, comporte des édifices prestigieux qui nous sont parvenus ; ils ont été restaurés et constituent de nos jours un des pôles patrimoniaux les plus visités de l’ancienne capitale. On sait que l’environnement du château royal était entièrement organisé en jardins, plantations d’herbes et de légumes, vergers, vignes, champs, prés, réserve de chasse. Là se promenaient la famille royale, leurs proches et leurs invités, en des lieux aménagés en treilles, abris, pergolas, parmi des bassins d’eau courante et des enclos où vivaient des animaux exotiques, dont une autruche, une famille de lions, ainsi que de nombreux paons, cygnes et un gibier abondant.
De tout ce monde en réduction, à la fois champêtre, agraire, sauvage, il ne subsiste rien, ne nous restent que des images mentales, celles qu’évoquent les actes de l’administration royale, qui ordonne ces espaces, les régit, les protège, les plante d’arbres et de végétaux, les orne et les enrichit de lieux d’agrément. C’est ce que cette contribution veut illustrer, par un recours exclusif aux documents écrits des XIVe et XVe siècles, quand, des rois majorquins aux souverains aragonais, le château et ses jardins sont un des plus beaux ornements vivants de cette résidence, qui n’était pas que de pierre…
1Le château royal de Perpignan, bâti ex nihilo pour le roi de Majorque dans le dernier quart du XIIIe siècle, comporte les espaces de représentation (salle du trône, salles d’apparat, escaliers, tribunes, salle à manger) et d’exercice du pouvoir royal (bureaux, services administratifs et gestionnaires) tels qu’on les conçoit dans les monarchies de la fin du XIIIe siècle. On y trouve aussi les résidences du roi et de la reine, des appartements situés symétriquement de part et d’autre de la tour, des chapelles superposées, ainsi que des lieux de stockage et de transformation alimentaire. Malgré les vicissitudes des occupations successives, ces édifices nous sont parvenus, ils ont été restaurés et constituent de nos jours un des pôles patrimoniaux les plus visités de l’ancienne capitale (fig.1 et fig.1a).
Fig. 1
Perpignan (Pyrénées-Orientales), vue aérienne actuelle du château royal prises depuis le sud-ouest et le nord-ouest
© F. Hédelin
Fig. 1a
Perpignan (Pyrénées-Orientales), vue aérienne actuelle du château royal prises depuis le sud-ouest et le nord-ouest
© F. Hédelin
2À leur sujet les publications ne manquent pas, depuis l’étude pionnière de Marcel Durliat1, jusqu’au bilan de recherches le plus récent2.
3On sait que l’environnement du château royal était entièrement organisé en jardins, plantations de fourrages et de légumes, vergers, vignes, champs, prés, réserve de chasse. Là, se promenaient la famille royale, leurs proches et leurs invités, en des lieux aménagés en treilles, abris, pergolas, parmi des bassins d’eau courante et des enclos où vivaient des animaux exotiques, dont une autruche, une famille de lions, ainsi que de nombreux paons et un gibier abondant.
4De tout ce monde en réduction, à la fois champêtre, agraire et sauvage, il ne subsiste rien. Ne nous restent que des images mentales, celles qu’évoquent les actes de l’administration royale, qui ordonne ces espaces, les régit, les protège, les plante d’arbres et de végétaux, les orne et les enrichit de lieux d’agrément.
5C’est ce que cette contribution veut illustrer, par un recours exclusif aux documents écrits du XIIIe au XVe siècle, quand, des rois majorquins aux souverains aragonais, le château et ses jardins sont un des plus beaux ornements vivants de cette résidence, qui n’était pas que de pierre. Cet écrin de nature aménagé autour d’un palais, bien que souvent évoqué, n’a fait jusqu’ici l’objet que de notations marginales et de recherches peu approfondies, malgré des sources nombreuses. Cette relative méconnaissance des jardins du château est principalement due à leur disparition : il n’y avait aucune raison d’approfondir les recherches sur des espaces mal localisés, occupés par des terrains militaires depuis et où aucun vestige n’est identifiable.
6Nous ne prétendrons pas ici à l’exhaustivité3, car cet ensemble de possessions a été l’objet constant des soins de l’administration royale et a suscité la production d’une abondante documentation écrite, au point que l’index de l’inventaire de la série B des archives départementales4 donne plus de cent vingt références concernant les dépendances extérieures du château. Ces références renvoient aux registres de la procuration des rois de Majorque puis d’Aragon. D’après les indications sommaires portées dans l’inventaire, nous avons consulté le quart environ de ces registres, ceux qui nous ont paru les plus susceptibles d’apporter des informations concrètes sur la disposition, l’organisation et l’aspect de ce vaste complexe de jardins. D’autres sources ont été mises à contribution, en particulier les registres de notaires qui ont fourni, au gré des découvertes fortuites, quelques informations très concrètes, et surtout deux registres de comptabilité du roi Pierre IV, le souverain qui a conquis le royaume de Majorque et reconstitué l’unité de la couronne catalano-aragonaise en 1345. Ces registres de paiement des travaux réalisés en 1347 (annexe I) et en 1367 au château royal de Perpignan5 illustrent l’importance que ce souverain attache à l’entretien du château et de ses espaces intérieurs6 et tout autant à l’entretien des espaces extérieurs ; c’est pourquoi nous les avons intégralement dépouillés, car ils étaient quasiment inconnus de ceux qui ont écrit avant nous sur le château. Ils permettent de localiser et de décrire les jardins et leur entretien avec une grande précision.
7Un édifice tel que le château nécessite de petits et grands travaux répétés...
La mairie de Perpignan propose une exposition:
la folie des couleurs
à l'opposé des analyses de MA2F (Marc-André de Figueres) qui a publié plusieurs livres (Balzac éditeur) où il montre les dangers et la vacuité de la couleur...
On peut lire Kandinski, Matisse
(et : Moi, Matisse à Collioure, de J.P.Bonnel, chez Balzac éditeur et
Encre rouge...
LIRE ce livre admirable sur MAURY, par
Jacques Marmayou
RE NO RSR
E LES ES
soMMaire
De l’abondance aux crises viticoles
Mauryterredevigne
Périodes soMBres de Maury. - Les événements internes:
la création de deux autres caves coopératives
La Maurynate ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) )))) ) ) L’association coopérative vinicole de Maury : l’acvM ) ) La coopération à trois ou les vendanges de la discorde
Le phylloxéra des raisins de l’imposture33 à la mévente du vin ))))))))))) Les conséquences sur la population Les problèmes de commercialisation
La soLidarité en réPonse aux crises ) ) ) ) ) ) ) ))))))))))) augustinveissier artisan de la première coopérative à Maury
«La révolte des gueux»
un contexte qui favorise le regroupement des petits producteurs
Les événements externes:
de la seconde guerre mondiale aux inondations
de Paul roucaché à Jean Pierre François Bories ) ) ) ) ) )
La Société coopérative vinicole de Maury
La gestion au quotidien - un cadre juridique de circonstance
une gestion imposée par les événements L’aiguat Le problème de l’intégration des réfugiés
nécessité de s’adapter au moment - L’endettement des coopératives alimenté
par la politique du «chacun pour soi»
une solidarité toujours présente ) ) ) )
de la spirale monétaire à la régulation
Les investissements incontournables
création de La cave cooPérative
Le fonctionnement août 1914
La présidence de ceux qui restent
La coopérative comme refuge ) ) ) )
un fonctionnement sur mesure ) )
une gestion pragmatique ) ) ) ) ) ) ) )
De l’inflation à une solidarité toujours plus forte Les effets de la guerre - De la difficulté à financer les investissements )))
La Fin des conFLits ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) ) vers la libération La politique des ventes au détail )
La coopérative vinicole de Maury
La Maurynate
L’association
Le syndicat de défense du cru comme catalyseur
Le Groupement, courroie de transition
Les années 1920
La population de Maury après la guerre
Des adhésions plus nombreuses dans un contexte difficile 1925, la reprise
98
La spécificité des vins doux naturels
Les maisons anthérieu et violet et leurs effets sur la coopérative ) Les années 1930 et les crises récurrentes
Le groupement intercoopératif des vins de Maury (givM) 101 Les premières ventes et le problème de stockage 102Le contrat Pernod
un Marché FavoraBLe qui n’atténue Pas Les antagonisMes 104 L’échec des pouvoirs publics quant à la réorganisation du marché ) ) 104 Les années fastes
CULTURE dans les P.O. 66 - Catalogne -
-du 9 au 23 octobre, Festes catalanes à Cabestany
V. 14 octobre : Guitares à Rivesaltes : www.les-ig.com
-15 oct. fête de la science à la fac de Perpignan : fête-science.univ-perp.fr
-19 octobre, ouverture du ciné de Pollestres : espace A.Conte
www.cinemavilmle-pollestres.com
-les 21, 22 et 23 oct. fête des sorcières à Tresserre : www.tressere.fr
-Terres d'ailleurs, festival sur le climat, la permaculture... à Perpignan : www.kimiyo.fr
Culture à Perpignan
Pour une nuit des idées
Ici, on pratique la "nuit des musées", mais pas la nuit "blanche" où artistes, performateurs...peuvent montrer leurs oeuvres et installations dans la ville.
Y aurait-il peu de créateurs de bon niveau dans ce territoire "catalan"..?
La mairie a-t-elle peur d'être débordée par la liberté d'expression et obligée d'avoir recours à la censure..?
Et les intellectuels ? Y a-t-il encore des intellos dans la cité..? Qui ne soient ni "gauchos", ni "islamos" pour ne pas effrayer la municipalité RN..?
Je propose une grande "nuit des idées" ouverte à toutes les sensibilités, avec des commissions selon les thèmes choisis (ciné, archéologie, littérature, Histoire...), dans une "maison des débats (maison du peuple, ou citoyenne- Lire Louis Guilloux)...
Cette confrontations des idées, avec suggestions de projets, d'événements...serait la préfiguration d'un grand salon du livre à Perpignan, exigeant un dialogue entre le pouvoir local et les éditeurs, libraires, diffuseurs, auteurs, acteurs de Catalogne (Barcelone)...
JPB
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Désenclaver le 66
Grâce au journal de la Région Occitane, Carole Delga (qui fait toujours le buzz, en apparaissant aussi en couverture du magazine gratuit AQUI) nous apprend qu'elle se bat pour deux nouvelles lignes à grande vitesse : le grand projet ferroviaire sud-ouest (la revue gratuite de la Région Oc met des majuscules à tous les mots !) pour relier Toulouse à Paris en 3h10...à peine le temps de lire un roman...
Et surtout la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan : les travaux vont démarrer "avant 2020": c'est précis et puis, maintenant, avec ce feuilleton, on n'est plus pressés...
jpb
Banyuls
Bienvenue à la fête des vendanges de Banyuls sur Mer, en solidarité avec les saisonnièr.es! à midi, sur votre route à la plage, au dessus des arcades! demandons l'accès au logement, la tranquillité et le respect de notre mode de vie, un hébergement digne et choisi, aussi pour qui veut au camping municipal, fermé aux saisonnièr.es
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L’association Artz, avec la complicité de Jeanne Labellie et avec l’association Les amis de Jean-Labellie, consacre une exposition temporaire à l’œuvre du peintre Jean Labellie (1920 – 2021) . De grandes expositions avaient permis de découvrir son œuvre, "Itinéraires" au Palais des congrès de Perpignan en 2001, "Jean Labellie, chemins de traverse" à l’espace Martin-Vivès à Prades en 2015, "l’Être et l’essence" aux collections de Saint-Cyprien en 2018 et une grande rétrospective au couvent des Minimes à Perpignan. Alors, il était bien normal d’exposer à Eus les trois grandes périodes de l’œuvre de l’artiste inspirées par son village d’adoption. Les oliviers (1970-1990)Séduit par la lumière et les paysages du pays catalan, Jean installe son atelier à Eus. Dès lors, et pendant une vingtaine d’années, l’olivier le fascine. Son épouse, Jeanne, raconte : "Tôt le matin, il arrimait un contreplaqué sur le toit de sa voiture et après avoir pris tout le matériel nécessaire, se rendait aux Rougères. Dans un premier temps, il s’attachait à représenter le tronc de l’arbre avec des formes rondes comme celles de ‘‘L’olivier couronné’’ ou de ‘‘L’olivier de Noël’’, puis les premières inflorescences sont apparues sans qu’il sache vraiment pourquoi, disait-il" . Pépé Buscail, le grand-père de José Montessino, venait le voir souvent dans l’atelier et lui prodiguait quelques conseils simples avec ses mots. Il lui parlait du vent ou de la lumière dans l’olivier et une vraie complicité s’était nouée entre les deux hommes. Tramontane dans l’olivier (1990) ou Le soleil dans l’olivier (1980) sont peut-être les échos de ces conversations. "Et puis un jour, poursuit Jeanne, c’est une période de creux, comme la page blanche chez l’écrivain : il se désespère, mais un heureux hasard va apporter une réponse à ses interrogations. Alors que l’on assiste au renouvellement de bâches de bistrot aux couleurs lie-de-vin ou bleu éteintes par le soleil et que les ouvriers lui proposent de les emporter, il voit là le support idéal pour ce qu’il va représenter désormais". Les carrers, chemins de vie (1990-1998)Du végétal au minéral, la rupture est totale. Le peintre va représenter les calades du village, ces pavés ronds sur lesquels nous montons chaque jour, lentement, ne voyant en eux que pavés ronds cernés d’un large joint de ciment… Et face aux regards dubitatifs de certains, il répond : " C’est comme ça maintenant, c’est à prendre ou à laisser". Un peu de rouge, quelques stries noires, un jaune d’œuf, beaucoup de bleu. Ces chemins de vie, il les peint sur des bâches ou des draps, elles sont faites pour bouger à la brise, descendre le long des façades comme des bannières. "Puis commence une nouvelle période de doute, raconte Jeanne, une période de dépression qui va donner lieu à une nouvelle expression picturale". Les Cosmogonies (2000-2015)Jean se lance dans une série de grandes toiles, souvent sur des bâches ou des draps. Le travail est plus intime, empreint de spiritualité. Ellipses, croissants, anneaux, comètes, constellations sont un rappel des différentes phases de son œuvre et donnent accès à des univers artistiques multiples et libérés, comme une plongée dans l’éther. Et Jeanne conclut ainsi : "Chaque matin, Jean descendait à son atelier. Plusieurs jours de suite, remarquant qu’il ne s’y rendait plus, je lui en demandai la raison : ‘‘J’ai dit ce que j’avais à dire’’, me répondit-il… Il avait 95 ans". Exposition sur deux week-ends, les 7, 8 et 9 puis les 14,15 et 16 octobre. Horaires : les vendredis de 15 h à 19 h, les samedis et dimanches de 10 h à 12 h et de 15 h à 19 h. Le dimanche 9, une plaque offerte par les Amis de Jean Labellie sera placée à côté de l’olivier qui avait été planté en hommage au peintre. Suivra un apéritif offert par la municipalité à la Maison du temps libre, à midi.
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La stratégie de l'attente et de la lenteur
Après les échecs de JM. Le Pen, il fallut abandonner, dans la communication, le recours à la violence verbale raciste, aux calembours antisémites... Marine s'éloigna de son père, écrivit un livre pour lancer en 1972 le RN qui se veut républicain et même gaulliste. On refuse d'être qualifié de fascisme (Aliot n'arborera pas la flamme du MSI pour les élections municipales à Perpignan), et même d'extrême-droite : en effet le parti de M.Le Pen exclut la prise de pouvoir par la violence, devient un parti légaliste qui obéit au verdict des urnes.
Le RN n'est donc pas comme l'écrivent Le Monde ou Libération, d'extrême-droite, mais populiste, nationaliste, illibéral, souverainiste ou un mix de tout cela...
Si les symboles anciens sont effacés, si les masques sont souvent utilisés, si le droit d'inventaire n'est pas convié, ni l'examen de conscience, la forme et le style sont neufs, mais le "fond reste le même" (Le Monde du 6 octobre, Abel Mestre, Clément Guillou et Nicolas Lebourg).
En effet, les Français ont oublié ce parti fondé par un groupuscule néo-fasciste, le parti lui aussi semble frappé d'amnésie : la tactique c'est de changer de peau mais le rejet de l'autre, la lutte contre l'immigration, pour la sécurité subsistent... Ce n'est qu'à Perpignan que le fonds fasciste ancien peut s'exprimer, grâce à la persistance des pieds-noirs et de la nostalgie de l'Algérie française, pour rendre hommage à Pierre Sergent, à l'OAS, aux tortionnaires qui ont voulu tuer De Gaulle...
Louis Aliot manie le "en même temps" capable de financer avec notre argent le centre algérianiste et d'installer des plaques commémoratives pour Jaurès, Samuel Paty, le village-martyr de Valmanya, équilibriste marchant sur une ligne de crête et décontenançant encore les citoyens, avec ces hommages à des figures de la gauche...
Cette stratégie perdure, mais jusqu'à quand.? Il faudra juger sur les réalisations urbaines, sur le social, sur la sécurité, sur le respect des oppositions, non conviées au débat et à la marche de la municipalité, sur le jacobinisme méprisant le passé catalan et les "particularismes provinciaux" (N. Lebourg : en 1972, les fondations idéologiques du Front, Le Monde, 6 oct. 2022)...
Si la respectabilité, la fin du diable et des purges sont des points positifs concernant le maire de Perpignan, la réussite de la gestion de la ville dépendra de la volonté de pluralisme, d'esprit de réalité et non d'idéologie, de participation des citoyens...
JPB