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En 2022, le Salon PAGE(S expose ses trésors
Avis aux amoureux du livre ! Le Salon Page(s, qui conjugue Art et Littérature avec passion depuis plus de 20 ans, revient cette année pour une 24e édition absolument flamboyante. Le petit monde de la bibliophilie contemporaine vous donne en effet rendez-vous aux premières lueurs du printemps pour un week-end d’exception, entourés des plus grands collectionneurs et professionnels du secteur. Réunis autour d’un même attachement pour les livres d’art, éditeurs, relieurs, imprimeurs et lithographes partageront avec vous leur savoir-faire tandis qu’une poignée de graveurs, peintres, auteurs et calligraphes présenteront le fleuron de leurs collections. Suivez ainsi les pas de Manet et Mallarmé et laissez-vous séduire par la beauté précieuse et fascinante des livres d’art. Livres en accordéon, cahielibres, pliages complexes et papiers originaux… Venez découvrir, admirer, toucher ces objets rares, tirés en exemplaires très limités, hérités des techniques ancestrales transmises depuis des générations et dont les exposants sont les uniques gardiens. En somme, laissez-vous porter par ces moments d’échange et de découverte autour des innombrables métiers du livre dans une parenthèse ouverte sur la beauté du geste et l’élégance.
BASTILLE DESIGN CENTER
Les 26 et 27 mars 2022
74 boulevard Richard Lenoir, 75011
M° Richard-Lenoir (5)
Sam. 14h-20h et dim. 11h-19h
Entrée libre
Le Salon International du Livre Rare revient pour une nouvelle édition au cœur de Paris, au Grand Palais Éphémère. Un rendez-vous immanquable pour les férus du papier et des lettres !
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VENDREDI 25 MARS 2022 DE 17:00 À 18:00
Conférence : La migraine
Caserne Gallieni
Évènement de SASL des P-O
Caserne Gallieni
Durée : 1 h
Public · Tout le monde (avec ou sans compte Facebook) gratuit.
Depuis l’Antiquité de brillants esprits ont cherché à établir la sémiologie et les mécanismes de la migraine. L’Histoire a été jalonnée de migraineux célèbres comme Jules César, Jean Calvin ou encore Napoléon...La recherche d’un soulagement chez les Assyro-Babyloniens leur faisait invoquer le Dieu Tiu ou encore les saints guérisseurs depuis la Chrétienté. Longtemps, l’arsenal thérapeutique se résuma au quinquina et au café.
Aujourd’hui, la migraine est une question de santé publique. Nous savons que sa prévalence est de 18 % chez la femme et de 8 % chez l’homme. C’est donc un très intéressant thème que le Dr. Marc Bailbé. Né à Perpignan il y a 53 ans, il a fait des études de médecine à Montpellier, interne puis chef de clinique-assistant au CHU de Poitiers dans le service du Pr. Roger Gil. Bien connu des Perpignanais, il est installé depuis janvier 2002 comme neurologue libéral à Perpignan, succédant au Dr. Pierre Huc.
a Federico
A FEDERICO
gérard LLORCA <collectifacvi@framalistes.org>
Date: mar. 22 mars 2022 à 19:47
Subject: [collectifacvi] pétition - sauvez le Racou
Pétition pour le Racou à signer et à diffuser lien ci dessous
https://www.change.org/p/maire-d-argelès-sur-mer-sauvez-le-racou-non-à-l-extension-de-port-argelès
LE SAMEDI 26 MARS 2022
LE MONASTIR DEL CAMP 66300 PASSA
En solidarité avec l'Ukraine et ses enfants
CHOEUR VEUS ASPRES REINE JACQUEMONT
,,,,,,,, de St-Jean Pla de Corts Peinture sur toile Berthe. Josée Heidi
Artistes et Amis du Monastir
vous invitent à participer à cette journée UNICEF -UKRAINE
AU PROGRAMME
De 14 heures à 19 heures Visite libre des lieux
Exposition-vente au profit des enfants ukrainiens
(règlement par chèque à l'ordre de UNICEF FRANCE recommandé )
Un reçu fiscal déductible des impôts sera délivré à chaque participant
16 heures Concert des voix polyphoniques « Les Veus Aspres » participation libre
Pour clôturer la journée un apéritif sera offert dans la salle d'exposition au cours duquel
2 tableaux de Reine Jacquemont seront vendus aux enchères
1/ le Triptyque
2/ Le févier 3 épines du Monastir
Toutes les sommes récoltées ce 26 mars 2022 seront intégralement reversées à l'Unicef
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* Suite à l'éternelle polémique sur les accords d'Evian, les drapeaux en berne à Perpignan...Retour sur l'Histoire avec ce texte magistral de N. Lebourg :
Ce que signifie la haine du 19 mars 1962
FranceHistoire 19.03.2015 - 14 h 21
Le camp de Rivesaltes. Yeza via Wikimedia Commons.
* Lire :
LA NOUVELLE GUERRE D'ALGÉRIE N ' A U R A P A S L I E U
** La décision de Robert Ménard de débaptiser une rue commémorant les accords d'Evian n'est pas un phénomène isolé, mais un geste qui permet d’éclairer la tentation national-populiste et notre propre rapport à notre histoire.
Débaptisée le week-end dernier par le maire de Béziers Robert Ménard, la rue du 19 mars 1962 se nomme désormais «rue Commandant Hélie-de-Saint-Marc (1922-2013)», en référence à une des figures du combat pour l’Algérie française. Ce n’est pas là un épiphénomène renvoyant à de foutraques obsessions de l’extrême droite. Robert Ménard est un homme adapté à son terrain, mais son hostilité à la date du 19 mars (qu'il a également manifestée en mettant en berne les drapeaux de sa ville) permet de comprendre bien des enjeux travaillant la société française dans son ensemble. Comprendre son geste permet d’éclairer la tentation national-populiste bien au-delà des milieux sensibles à la thématique «Algérie française», et également de questionner notre rapport social à cet épisode colonial, dorénavant obsessionnel en nos mémoires.
Le 19 mars est-il la fin de la Guerre d’Algérie?
Devant un parterre de 2.000 personnes venues de tout le sud de la France, l’ancien président de Reporters sans frontières s’est exclamé:
«Oser dire, oser laisser penser que la guerre, oui, la guerre d’Algérie, s’est terminée le 19 mars, le jour de la signature des accords d’Evian, n’est pas seulement un mensonge, c’est une ignominie, une insulte à la mémoire de tous ceux –pieds-noirs, harkis, jeunes du contingent– qui ont été torturés, qui ont été émasculés, qui ont été tués, qui ont disparu après cette date, après cette capitulation, après cet abandon.»
D’emblée, on remarque que la nostalgie Algérie française revendique désormais le terme de «guerre», alors même qu’il a fallu attendre 1999 pour que la France reconnaisse qu’il s’est agi d’une «guerre» et non d’«opérations de maintien de l'ordre». La crispation n’est donc pas exempte d’ouverture, même si le terme «guerre» paraît surtout permettre de mettre en cause l’abandon à l’ennemi de populations françaises. C’est là le cœur de l’argumentation de la mobilisation contre le 19 mars: les massacres de harkis perpétrés après cette date ne permettraient pas que l’on puisse considérer la guerre comme alors achevée.
D’un point de vue historique, l’argumentaire n’est guère recevable car les historiens ne fonctionnent pas sur une répartition guerre/paix mais mettent en avant la notion de «sortie de guerre».
Ainsi, après la Libération en 1944, la France a connu des exécutions sommaires, des internements «jusqu’à cessation des hostilités», officiellement promulguée au printemps 1946, l’organisation du ravitaillement, etc. On ne se défait jamais d’un conflit quand on a signé des accords de paix: c’est un processus plus délicat qui mène à l’état de non-belligérance. Le fait que des massacres aient suivi les accords de paix ne constitue donc pas rationnellement un argument pour ou contre la commémoration de cette date. C'est une question politique, mais non historique.
Les harkis, une tragédie française
En outre, les massacres de harkis et leur sort après leur rapatriement constituent d’épineuses questions. Elles constituent le cœur du propos de Robert Ménard, qui lie ainsi diverses thématiques:
«Nous sommes ici pour dire tout cela à ceux qui armaient le bras des assassins, des bourreaux des Français d’Algérie. Des assassins, des bourreaux qui nourrissent encore aujourd’hui une haine à l’égard de la France, de ses valeurs, de son histoire, de ses combats, de sa civilisation. Une haine qui pousse certains à abattre des journalistes parce qu’ils sont journalistes, à abattre des policiers parce qu’ils sont policiers, à abattre des Juifs parce qu’ils sont juifs. Cette haine de la France est comme une insulte, comme une gifle pour d’autres musulmans, pour nos amis musulmans, pour nos frères harkis, eux qui ont choisi la France, qui sont morts pour la France. Eux qui ont été massacrés, certains écorchés vifs, ébouillantés. Eux qui ont été abandonnés sur ordre de l’État français, livrés à la vindicte du FLN.»
Ceux qui armaient
le bras
des assassins,
des bourreaux
des Français d’Algérie.
Des assassins,
des bourreaux
qui nourrissent encore aujourd’hui une haine à l’égard de la France
Robert Ménard
Qu’en fut-il précisément du sort des harkis? Les associations harkis ont sanctuarisé le chiffre de 150.000 personnes assassinées; un bilan fin est encore délicat à construire. Spécialiste des harkis, l’historien Abderahmen Moumen explique que le chiffre de 150.000 victimes «provient d’une péréquation à partir des chiffres du rapport de 1963 de l’ancien sous-préfet d’Akbou, qui estimait que le bilan des massacres dans son ancien arrondissement était situé entre 1.000 et 2.000 victimes: en multipliant ces chiffres par le nombre des 72 arrondissements de l’Algérie, on a abouti aux chiffres de 72.000 morts, selon la version basse, ou 144.000 morts selon la version haute, chiffre aussitôt arrondi à 150.000». Les historiens travaillant sur cette question ne sont pas encore parvenus à une estimation faisant consensus, faisant varier les bilans des massacres de 10.000 à 70.000 personnes.
Les harkis ont ensuite été victimes de politiques d’ostracisme. Si on ignore plus guère les difficultés qui furent souvent les leurs pour rejoindre la métropole, le traitement des harkis arrivés à destination demeure trop souvent méconnu. La nationalité française ne leur fut pas reconnue d’emblée: regroupés dans des camps de transit, ils durent la réclamer.
Les harkis, des indésirables?
Les camps pour harkis étaient parfois d’anciens camps d’internement récupérés. Selon les calculs d’Abderahmen Moumen, le plus grand site fut celui de Rivesaltes (juste à côté de Perpignan, pas très loin de Béziers), où avaient précédemment été concentrés des républicains espagnols, des juifs européens, des collaborateurs, des soldats allemands prisonniers de guerre et, juste avant, des nationalistes algériens –pour le lecteur soucieux de l'ensemble de cette histoire, je me permets de renvoyerà Rivesaltes, le camp de la France, que je viens de publier avec Abderahmen Moumen.
22.000 harkis y transitèrent entre septembre 1962 et décembre 1964. Des familles y demeurèrent jusqu’en 1977. Elles n'étaient ni internées, ni autonomes. Les personnes étaient plus traitées comme des réfugiés algériens que comme des français. Un abyssal mépris les couvrait, les échanges épistolaires entre administrations n’hésitant pas à les parler d’«incasables», de «déchets», d’«irrécupérables». Leurs prédécesseurs espagnols de 1939 étaient eux dits «indésirables». Dans une société désintéressée du sort des populations recluses, l’État donne libre cours à sa puissance biopolitique.
L’extrême droite sait toujours aujourd’hui mobiliser la représentation des «communistes porteurs de valise» et des «traîtres gaullo-communistes qui abandonnèrent les harkis». Tout est mis dans un même sac de manière à mobiliser contre la gauche le segment correspondant du corps électoral, méthode de toujours, qui n’a pas attendu l’invention du slogan «UMPS».
Mais, il est vrai que le Parti communiste français fit alors feu de tout bois. Ainsi, à propos du centre de Rivesaltes, la presse du parti n'hésita pas à titrer entre autres «Rivesaltes. Que compte faire le conseil municipal pour nous débarrasser des harkis» ou «Rivesaltes aura-t-elle une municipalité harki?». L'anti-impérialisme venait servir d'excuse à la péjoration ethnique, en un ton ayant peu à envier à celui de la presse d'extrême droite lorsqu'il s'agissait de fustiger les républicains espagnols rassemblés dans les camps français en 1939.
Les rapatriés, une cible politique convoitée
Mais, pour l'extrême droite actuelle, la thématique de l'abandon des harkis permet tout à la fois de se faire le chantre d'un patriotisme de contrat social et de faire passer un virulent message contre la présence d'origine arabo-musulmane en France. On le voit dans le discours de Robert Ménard, avec son saisissant raccourci qui mène des nationalistes algériens aux terroristes islamistes. Ménard n'hésite pas non plus dans son discours à proclamer: «colonisation de peuplement, disait-on de la présence française en Algérie. Il faut parler aujourd’hui, en France, d’immigration de peuplement, d’immigration de remplacement». L'analogie historique sert ici à légitimer la critique ethnique, avec une référence codée mais transparente au thème du «grand remplacement» –une thématique présente dans l'extrême droite radicale depuis des décennies, mais qui a su trouver le succès récemment, en lui soustrayant le fait que ce remplacement était jusque là censé être l’œuvre du complot juif.
Il n'y a pas qu'à Béziers que l'on se soucie de manier la mémoire de la guerre d'Algérie à des fins politiques. Les rapatriés, harkis et pieds-noirs, ont fait souche, principalement sur le littoral méditerranéen. L'Ifop a calculé que ce segment représentait 12% du corps électoral en Languedoc-Roussillon et 15% en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Chacun cherche cette manne. A Perpignan, la mairie UMP n'est pas moins hostile à la commémoration du 19 mars que celle de Béziers: longtemps appuyée sur la clientèle pied-noir, elle est entrée en concurrence sur ce terrain tant avec le FN qu'avec le PS. Ce sont les élus départementaux puis régionaux de ce dernier parti qui ont initié un projet de Mémorial de Rivesaltes qui ouvrira en septembre, avant les régionales. C'est là qu'une semaine avant le premier tour de la présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy était venu, en tant que président de la République, reconnaître au nom de la France la tragédie harki, avant que le candidat Sarkozy ne fasse le soir même un meeting extrêmement virulent contre l'immigration et l'islamisme.
La fabrique des mémoires
Un vétéran lors de la visite de Nicolas Sarkozy au camp de Rivesaltes, le 14 avril 2012.
REUTERS/Pascal Parrot.
Avec Abderahmen Moumen, nous avions bien suivi ces opérations, ayant été tous deux contactés pour savoir si nous accepterions de servir de guide au président.
J'étais allé finalement observer la contre-manifestation du FN. Quand Marine Le Pen et Louis Aliot sont allés diverses fois déposer des gerbes au souvenir des harkis sur le camp de Rivesaltes, je m'y suis aussi rendu. J'ai demandé à Marine Le Pen quelles leçons de l'histoire signifiait pour elle ce camp ouvert pour des républicains espagnols et fermé en 2007, le centre de rétention administrative pour immigrés clandestins qui y était ayant été déplacé, et agrandi, pour ne pas entrer en résonance avec le futur mémorial. Elle m'a réprimandé, s'exclamant qu'elle n'avait pas de leçons à recevoir, alors que ma question était tout à fait sincère (et que je me la pose toujours).
La mémoire n'est pas un phénomène spontané. Quand on étudie son histoire, on se rend compte qu'elle est une coproduction entre des institutions politiques et des groupes de la société civile. Quand il y a un segment électoral et un tissu associatif, comme dans le cas harki, peut émerger une mémoire, et on peut s'appuyer sur celle-ci pour construire une dynamique politique. Quand il n'y a pas de tissu associatif, les faits demeurent dans l'oubli ordinaire (il n'existe pas de «mémoire» des nationalistes algériens emprisonnés à Rivesaltes avant que n'y soient les harkis, ou des militaires coloniaux guinéens et indochinois qui y partagèrent un temps le sort de ces derniers).
La mémoire fonctionne comme un marché, avec des acteurs qui y visent à la concentration des capitaux sociaux. On a là une poursuite de l'histoire sociale, traçant une logique structurelle entre les phases du camp de Rivesaltes jusqu'à sa mise en mémoires –ce pourquoi nous avons traité ainsi la question de ses mémoires, plutôt que de rentrer dans une étude de l'émergence de son musée: c'eût été, en ce dernier cas, s'intéresser à sa production et sa réalisation, par exemple aux modalités de ses contrats publics, question certes légitime, mais déplaçant la focale.
Sur la question de la défense des rapatriés d'Algérie, l'extrême droite a une longue pratique. L'UMP et le FN se disputent la clientèle.
Les socialistes ont accompagné la production d'une mémoire républicaine espagnole en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, mais essayent également d'investir ce champ –tant et si bien que nous en eûmes certains, l'autocollant «Je suis Charlie» fraîchement collé, affirmant qu'ils ne voulaient pas voir publier notre ouvrage sur Rivesaltes, estimant que leur position quant à cet objet devait leur assurer le monopole de la production à son sujet... sans bien saisir que cette réclamation faisait démonstration de notre très pondéré et magnanime propos quant au fonctionnement des mémoires comme un marché.
La dynamique autoritaire
Le lieu
de l’ostracisme
est un lieu «autre» qui permet
la production
d’un espace public «normal»
Néanmoins, l'articulation identité-autorité fonctionne pleinement au bénéfice politique de l'extrême droite. On comprend dès lors bien le positionnement de Robert Ménard, qui n'avait pas fait mystère de sa fibre pied-noir durant la campagne des municipales. Peu auparavant, il avait publié un ouvrage intitulé Vive l'Algérie française! Béziers est une ville en grande difficulté: comme nous le rappelions dans une note publiée avant les élections municipales, 33% de la population y vit sous le seuil de pauvreté. L'équipe élue ne change pas le vécu social. Elle se sert de signes d'identité et d'autorité: ainsi des buzz organisés autour de la crèche de Noël placée dans l’hôtel de ville, ou des provocatrices affiches quant à l'armement de la police municipale... ou de cette opération quant au 19 mars. L'absence d'impact du politique sur les réalités socio-économiques est ici clairement compensée par une offre de signes en charge de réassurer la cohésion du groupe ethno-national majoritaire.
L'usage politique de la mémoire, pointant ici du doigt les personnes originaires des mondes arabo-musulmans, poursuit la dynamique dont furent en fait victimes les harkis eux-mêmes: la mise à l'écart de groupes minoritaires au bénéfice de l'unitarisme autoritaire. Il y a là une logique, quant on songe que l'histoire d'un camp comme celui de Rivesaltes nous montre que l’ostracisme de communautés dont le sort indiffère la société permet de générer du consensus grâce à sa démonstration d'une puissance biologique régulatrice. Le lieu de l’ostracisme est un lieu «autre» qui permet la production d’un espace public «normal». L'admonestation publique des minorités a des finalités proches. Cette question-là balaye le social, réenchante la politique aux yeux d'une partie de nos compatriotes. Elle paraît réaffirmer un semblant de récit groupal et de volontarisme des autorités. C'est pourquoi, ces jours-ci, à Béziers et ailleurs, ils iront manifester contre le 19 mars. C'est pourquoi, ces jours-ci, à Béziers et ailleurs, ils iront voter Front national.
D’emblée, on remarque que la nostalgie Algérie française revendique désormais le terme de «guerre», alors même qu’il a fallu attendre 1999 pour que la France reconnaisse qu’il s’est agi d’une «guerre» et non d’«opérations de maintien de l'ordre». La crispation n’est donc pas exempte d’ouverture, même si le terme «guerre» paraît surtout permettre de mettre en cause l’abandon à l’ennemi de populations françaises. C’est là le cœur de l’argumentation de la mobilisation contre le 19 mars: les massacres de harkis perpétrés après cette date ne permettraient pas que l’on puisse considérer la guerre comme alors achevée.
D’un point de vue historique, l’argumentaire n’est guère recevable car les historiens ne fonctionnent pas sur une répartition guerre/paix mais mettent en avant la notion de «sortie de guerre».
Ainsi, après la Libération en 1944, la France a connu des exécutions sommaires, des internements «jusqu’à cessation des hostilités», officiellement promulguée au printemps 1946, l’organisation du ravitaillement, etc. On ne se défait jamais d’un conflit quand on a signé des accords de paix: c’est un processus plus délicat qui mène à l’état de non-belligérance. Le fait que des massacres aient suivi les accords de paix ne constitue donc pas rationnellement un argument pour ou contre la commémoration de cette date. C'est une question politique, mais non historique.
Les harkis, une tragédie française
En outre, les massacres de harkis et leur sort après leur rapatriement constituent d’épineuses questions. Elles constituent le cœur du propos de Robert Ménard, qui lie ainsi diverses thématiques:
«Nous sommes ici pour dire tout cela à ceux qui armaient le bras des assassins, des bourreaux des Français d’Algérie. Des assassins, des bourreaux qui nourrissent encore aujourd’hui une haine à l’égard de la France, de ses valeurs, de son histoire, de ses combats, de sa civilisation. Une haine qui pousse certains à abattre des journalistes parce qu’ils sont journalistes, à abattre des policiers parce qu’ils sont policiers, à abattre des Juifs parce qu’ils sont juifs. Cette haine de la France est comme une insulte, comme une gifle pour d’autres musulmans, pour nos amis musulmans, pour nos frères harkis, eux qui ont choisi la France, qui sont morts pour la France. Eux qui ont été massacrés, certains écorchés vifs, ébouillantés. Eux qui ont été abandonnés sur ordre de l’État français, livrés à la vindicte du FLN.»
Ceux qui armaient
le bras
des assassins,
des bourreaux
des Français d’Algérie.
Des assassins,
des bourreaux
qui nourrissent encore aujourd’hui une haine à l’égard de la France
Robert Ménard
Qu’en fut-il précisément du sort des harkis? Les associations harkis ont sanctuarisé le chiffre de 150.000 personnes assassinées; un bilan fin est encore délicat à construire. Spécialiste des harkis, l’historien Abderahmen Moumen explique que le chiffre de 150.000 victimes «provient d’une péréquation à partir des chiffres du rapport de 1963 de l’ancien sous-préfet d’Akbou, qui estimait que le bilan des massacres dans son ancien arrondissement était situé entre 1.000 et 2.000 victimes: en multipliant ces chiffres par le nombre des 72 arrondissements de l’Algérie, on a abouti aux chiffres de 72.000 morts, selon la version basse, ou 144.000 morts selon la version haute, chiffre aussitôt arrondi à 150.000». Les historiens travaillant sur cette question ne sont pas encore parvenus à une estimation faisant consensus, faisant varier les bilans des massacres de 10.000 à 70.000 personnes.
Les harkis ont ensuite été victimes de politiques d’ostracisme. Si on ignore plus guère les difficultés qui furent souvent les leurs pour rejoindre la métropole, le traitement des harkis arrivés à destination demeure trop souvent méconnu. La nationalité française ne leur fut pas reconnue d’emblée: regroupés dans des camps de transit, ils durent la réclamer.
Les harkis, des indésirables?
Les camps pour harkis étaient parfois d’anciens camps d’internement récupérés. Selon les calculs d’Abderahmen Moumen, le plus grand site fut celui de Rivesaltes (juste à côté de Perpignan, pas très loin de Béziers), où avaient précédemment été concentrés des républicains espagnols, des juifs européens, des collaborateurs, des soldats allemands prisonniers de guerre et, juste avant, des nationalistes algériens –pour le lecteur soucieux de l'ensemble de cette histoire, je me permets de renvoyerà Rivesaltes, le camp de la France, que je viens de publier avec Abderahmen Moumen.
22.000 harkis y transitèrent entre septembre 1962 et décembre 1964. Des familles y demeurèrent jusqu’en 1977. Elles n'étaient ni internées, ni autonomes. Les personnes étaient plus traitées comme des réfugiés algériens que comme des français. Un abyssal mépris les couvrait, les échanges épistolaires entre administrations n’hésitant pas à les parler d’«incasables», de «déchets», d’«irrécupérables». Leurs prédécesseurs espagnols de 1939 étaient eux dits «indésirables». Dans une société désintéressée du sort des populations recluses, l’État donne libre cours à sa puissance biopolitique.
L’extrême droite sait toujours aujourd’hui mobiliser la représentation des «communistes porteurs de valise» et des «traîtres gaullo-communistes qui abandonnèrent les harkis». Tout est mis dans un même sac de manière à mobiliser contre la gauche le segment correspondant du corps électoral, méthode de toujours, qui n’a pas attendu l’invention du slogan «UMPS».
Mais, il est vrai que le Parti communiste français fit alors feu de tout bois. Ainsi, à propos du centre de Rivesaltes, la presse du parti n'hésita pas à titrer entre autres «Rivesaltes. Que compte faire le conseil municipal pour nous débarrasser des harkis» ou «Rivesaltes aura-t-elle une municipalité harki?». L'anti-impérialisme venait servir d'excuse à la péjoration ethnique, en un ton ayant peu à envier à celui de la presse d'extrême droite lorsqu'il s'agissait de fustiger les républicains espagnols rassemblés dans les camps français en 1939.
Les rapatriés, une cible politique convoitée
Mais, pour l'extrême droite actuelle, la thématique de l'abandon des harkis permet tout à la fois de se faire le chantre d'un patriotisme de contrat social et de faire passer un virulent message contre la présence d'origine arabo-musulmane en France. On le voit dans le discours de Robert Ménard, avec son saisissant raccourci qui mène des nationalistes algériens aux terroristes islamistes. Ménard n'hésite pas non plus dans son discours à proclamer: «colonisation de peuplement, disait-on de la présence française en Algérie. Il faut parler aujourd’hui, en France, d’immigration de peuplement, d’immigration de remplacement». L'analogie historique sert ici à légitimer la critique ethnique, avec une référence codée mais transparente au thème du «grand remplacement» –une thématique présente dans l'extrême droite radicale depuis des décennies, mais qui a su trouver le succès récemment, en lui soustrayant le fait que ce remplacement était jusque là censé être l’œuvre du complot juif.
Il n'y a pas qu'à Béziers que l'on se soucie de manier la mémoire de la guerre d'Algérie à des fins politiques. Les rapatriés, harkis et pieds-noirs, ont fait souche, principalement sur le littoral méditerranéen. L'Ifop a calculé que ce segment représentait 12% du corps électoral en Languedoc-Roussillon et 15% en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Chacun cherche cette manne. A Perpignan, la mairie UMP n'est pas moins hostile à la commémoration du 19 mars que celle de Béziers: longtemps appuyée sur la clientèle pied-noir, elle est entrée en concurrence sur ce terrain tant avec le FN qu'avec le PS. Ce sont les élus départementaux puis régionaux de ce dernier parti qui ont initié un projet de Mémorial de Rivesaltes qui ouvrira en septembre, avant les régionales. C'est là qu'une semaine avant le premier tour de la présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy était venu, en tant que président de la République, reconnaître au nom de la France la tragédie harki, avant que le candidat Sarkozy ne fasse le soir même un meeting extrêmement virulent contre l'immigration et l'islamisme.
La fabrique des mémoires
Un vétéran lors de la visite de Nicolas Sarkozy au camp de Rivesaltes, le 14 avril 2012.
REUTERS/Pascal Parrot.
Avec Abderahmen Moumen, nous avions bien suivi ces opérations, ayant été tous deux contactés pour savoir si nous accepterions de servir de guide au président.
J'étais allé finalement observer la contre-manifestation du FN. Quand Marine Le Pen et Louis Aliot sont allés diverses fois déposer des gerbes au souvenir des harkis sur le camp de Rivesaltes, je m'y suis aussi rendu. J'ai demandé à Marine Le Pen quelles leçons de l'histoire signifiait pour elle ce camp ouvert pour des républicains espagnols et fermé en 2007, le centre de rétention administrative pour immigrés clandestins qui y était ayant été déplacé, et agrandi, pour ne pas entrer en résonance avec le futur mémorial. Elle m'a réprimandé, s'exclamant qu'elle n'avait pas de leçons à recevoir, alors que ma question était tout à fait sincère (et que je me la pose toujours).
La mémoire n'est pas un phénomène spontané. Quand on étudie son histoire, on se rend compte qu'elle est une coproduction entre des institutions politiques et des groupes de la société civile. Quand il y a un segment électoral et un tissu associatif, comme dans le cas harki, peut émerger une mémoire, et on peut s'appuyer sur celle-ci pour construire une dynamique politique. Quand il n'y a pas de tissu associatif, les faits demeurent dans l'oubli ordinaire (il n'existe pas de «mémoire» des nationalistes algériens emprisonnés à Rivesaltes avant que n'y soient les harkis, ou des militaires coloniaux guinéens et indochinois qui y partagèrent un temps le sort de ces derniers).
La mémoire fonctionne comme un marché, avec des acteurs qui y visent à la concentration des capitaux sociaux. On a là une poursuite de l'histoire sociale, traçant une logique structurelle entre les phases du camp de Rivesaltes jusqu'à sa mise en mémoires –ce pourquoi nous avons traité ainsi la question de ses mémoires, plutôt que de rentrer dans une étude de l'émergence de son musée: c'eût été, en ce dernier cas, s'intéresser à sa production et sa réalisation, par exemple aux modalités de ses contrats publics, question certes légitime, mais déplaçant la focale.
Sur la question de la défense des rapatriés d'Algérie, l'extrême droite a une longue pratique. L'UMP et le FN se disputent la clientèle.
Les socialistes ont accompagné la production d'une mémoire républicaine espagnole en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, mais essayent également d'investir ce champ –tant et si bien que nous en eûmes certains, l'autocollant «Je suis Charlie» fraîchement collé, affirmant qu'ils ne voulaient pas voir publier notre ouvrage sur Rivesaltes, estimant que leur position quant à cet objet devait leur assurer le monopole de la production à son sujet... sans bien saisir que cette réclamation faisait démonstration de notre très pondéré et magnanime propos quant au fonctionnement des mémoires comme un marché.
La dynamique autoritaire
Le lieu
de l’ostracisme
est un lieu «autre» qui permet
la production
d’un espace public «normal»
Néanmoins, l'articulation identité-autorité fonctionne pleinement au bénéfice politique de l'extrême droite. On comprend dès lors bien le positionnement de Robert Ménard, qui n'avait pas fait mystère de sa fibre pied-noir durant la campagne des municipales. Peu auparavant, il avait publié un ouvrage intitulé Vive l'Algérie française! Béziers est une ville en grande difficulté: comme nous le rappelions dans une note publiée avant les élections municipales, 33% de la population y vit sous le seuil de pauvreté. L'équipe élue ne change pas le vécu social. Elle se sert de signes d'identité et d'autorité: ainsi des buzz organisés autour de la crèche de Noël placée dans l’hôtel de ville, ou des provocatrices affiches quant à l'armement de la police municipale... ou de cette opération quant au 19 mars. L'absence d'impact du politique sur les réalités socio-économiques est ici clairement compensée par une offre de signes en charge de réassurer la cohésion du groupe ethno-national majoritaire.
L'usage politique de la mémoire, pointant ici du doigt les personnes originaires des mondes arabo-musulmans, poursuit la dynamique dont furent en fait victimes les harkis eux-mêmes: la mise à l'écart de groupes minoritaires au bénéfice de l'unitarisme autoritaire. Il y a là une logique, quant on songe que l'histoire d'un camp comme celui de Rivesaltes nous montre que l’ostracisme de communautés dont le sort indiffère la société permet de générer du consensus grâce à sa démonstration d'une puissance biologique régulatrice. Le lieu de l’ostracisme est un lieu «autre» qui permet la production d’un espace public «normal». L'admonestation publique des minorités a des finalités proches. Cette question-là balaye le social, réenchante la politique aux yeux d'une partie de nos compatriotes. Elle paraît réaffirmer un semblant de récit groupal et de volontarisme des autorités. C'est pourquoi, ces jours-ci, à Béziers et ailleurs, ils iront manifester contre le 19 mars. C'est pourquoi, ces jours-ci, à Béziers et ailleurs, ils iront voter Front national.
Les harkis ont ensuite été victimes de politiques d’ostracisme. Si on ignore plus guère les difficultés qui furent souvent les leurs pour rejoindre la métropole, le traitement des harkis arrivés à destination demeure trop souvent méconnu. La nationalité française ne leur fut pas reconnue d’emblée: regroupés dans des camps de transit, ils durent la réclamer.
Les harkis, des indésirables?
Les camps pour harkis étaient parfois d’anciens camps d’internement récupérés. Selon les calculs d’Abderahmen Moumen, le plus grand site fut celui de Rivesaltes (juste à côté de Perpignan, pas très loin de Béziers), où avaient précédemment été concentrés des républicains espagnols, des juifs européens, des collaborateurs, des soldats allemands prisonniers de guerre et, juste avant, des nationalistes algériens –pour le lecteur soucieux de l'ensemble de cette histoire, je me permets de renvoyerà Rivesaltes, le camp de la France, que je viens de publier avec Abderahmen Moumen.
22.000 harkis y transitèrent entre septembre 1962 et décembre 1964. Des familles y demeurèrent jusqu’en 1977. Elles n'étaient ni internées, ni autonomes. Les personnes étaient plus traitées comme des réfugiés algériens que comme des français. Un abyssal mépris les couvrait, les échanges épistolaires entre administrations n’hésitant pas à les parler d’«incasables», de «déchets», d’«irrécupérables». Leurs prédécesseurs espagnols de 1939 étaient eux dits «indésirables». Dans une société désintéressée du sort des populations recluses, l’État donne libre cours à sa puissance biopolitique.
L’extrême droite sait toujours aujourd’hui mobiliser la représentation des «communistes porteurs de valise» et des «traîtres gaullo-communistes qui abandonnèrent les harkis». Tout est mis dans un même sac de manière à mobiliser contre la gauche le segment correspondant du corps électoral, méthode de toujours, qui n’a pas attendu l’invention du slogan «UMPS».
Mais, il est vrai que le Parti communiste français fit alors feu de tout bois. Ainsi, à propos du centre de Rivesaltes, la presse du parti n'hésita pas à titrer entre autres «Rivesaltes. Que compte faire le conseil municipal pour nous débarrasser des harkis» ou «Rivesaltes aura-t-elle une municipalité harki?». L'anti-impérialisme venait servir d'excuse à la péjoration ethnique, en un ton ayant peu à envier à celui de la presse d'extrême droite lorsqu'il s'agissait de fustiger les républicains espagnols rassemblés dans les camps français en 1939.
Les rapatriés, une cible politique convoitée
Mais, pour l'extrême droite actuelle, la thématique de l'abandon des harkis permet tout à la fois de se faire le chantre d'un patriotisme de contrat social et de faire passer un virulent message contre la présence d'origine arabo-musulmane en France. On le voit dans le discours de Robert Ménard, avec son saisissant raccourci qui mène des nationalistes algériens aux terroristes islamistes. Ménard n'hésite pas non plus dans son discours à proclamer: «colonisation de peuplement, disait-on de la présence française en Algérie. Il faut parler aujourd’hui, en France, d’immigration de peuplement, d’immigration de remplacement». L'analogie historique sert ici à légitimer la critique ethnique, avec une référence codée mais transparente au thème du «grand remplacement» –une thématique présente dans l'extrême droite radicale depuis des décennies, mais qui a su trouver le succès récemment, en lui soustrayant le fait que ce remplacement était jusque là censé être l’œuvre du complot juif.
Il n'y a pas qu'à Béziers que l'on se soucie de manier la mémoire de la guerre d'Algérie à des fins politiques. Les rapatriés, harkis et pieds-noirs, ont fait souche, principalement sur le littoral méditerranéen. L'Ifop a calculé que ce segment représentait 12% du corps électoral en Languedoc-Roussillon et 15% en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Chacun cherche cette manne. A Perpignan, la mairie UMP n'est pas moins hostile à la commémoration du 19 mars que celle de Béziers: longtemps appuyée sur la clientèle pied-noir, elle est entrée en concurrence sur ce terrain tant avec le FN qu'avec le PS. Ce sont les élus départementaux puis régionaux de ce dernier parti qui ont initié un projet de Mémorial de Rivesaltes qui ouvrira en septembre, avant les régionales. C'est là qu'une semaine avant le premier tour de la présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy était venu, en tant que président de la République, reconnaître au nom de la France la tragédie harki, avant que le candidat Sarkozy ne fasse le soir même un meeting extrêmement virulent contre l'immigration et l'islamisme.
La fabrique des mémoires
Un vétéran lors de la visite de Nicolas Sarkozy au camp de Rivesaltes, le 14 avril 2012.
REUTERS/Pascal Parrot.
Avec Abderahmen Moumen, nous avions bien suivi ces opérations, ayant été tous deux contactés pour savoir si nous accepterions de servir de guide au président.
J'étais allé finalement observer la contre-manifestation du FN. Quand Marine Le Pen et Louis Aliot sont allés diverses fois déposer des gerbes au souvenir des harkis sur le camp de Rivesaltes, je m'y suis aussi rendu. J'ai demandé à Marine Le Pen quelles leçons de l'histoire signifiait pour elle ce camp ouvert pour des républicains espagnols et fermé en 2007, le centre de rétention administrative pour immigrés clandestins qui y était ayant été déplacé, et agrandi, pour ne pas entrer en résonance avec le futur mémorial. Elle m'a réprimandé, s'exclamant qu'elle n'avait pas de leçons à recevoir, alors que ma question était tout à fait sincère (et que je me la pose toujours).
La mémoire n'est pas un phénomène spontané. Quand on étudie son histoire, on se rend compte qu'elle est une coproduction entre des institutions politiques et des groupes de la société civile. Quand il y a un segment électoral et un tissu associatif, comme dans le cas harki, peut émerger une mémoire, et on peut s'appuyer sur celle-ci pour construire une dynamique politique. Quand il n'y a pas de tissu associatif, les faits demeurent dans l'oubli ordinaire (il n'existe pas de «mémoire» des nationalistes algériens emprisonnés à Rivesaltes avant que n'y soient les harkis, ou des militaires coloniaux guinéens et indochinois qui y partagèrent un temps le sort de ces derniers).
La mémoire fonctionne comme un marché, avec des acteurs qui y visent à la concentration des capitaux sociaux. On a là une poursuite de l'histoire sociale, traçant une logique structurelle entre les phases du camp de Rivesaltes jusqu'à sa mise en mémoires –ce pourquoi nous avons traité ainsi la question de ses mémoires, plutôt que de rentrer dans une étude de l'émergence de son musée: c'eût été, en ce dernier cas, s'intéresser à sa production et sa réalisation, par exemple aux modalités de ses contrats publics, question certes légitime, mais déplaçant la focale.
Sur la question de la défense des rapatriés d'Algérie, l'extrême droite a une longue pratique. L'UMP et le FN se disputent la clientèle.
Les socialistes ont accompagné la production d'une mémoire républicaine espagnole en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, mais essayent également d'investir ce champ –tant et si bien que nous en eûmes certains, l'autocollant «Je suis Charlie» fraîchement collé, affirmant qu'ils ne voulaient pas voir publier notre ouvrage sur Rivesaltes, estimant que leur position quant à cet objet devait leur assurer le monopole de la production à son sujet... sans bien saisir que cette réclamation faisait démonstration de notre très pondéré et magnanime propos quant au fonctionnement des mémoires comme un marché.
La dynamique autoritaire
Le lieu
de l’ostracisme
est un lieu «autre» qui permet
la production
d’un espace public «normal»
Néanmoins, l'articulation identité-autorité fonctionne pleinement au bénéfice politique de l'extrême droite. On comprend dès lors bien le positionnement de Robert Ménard, qui n'avait pas fait mystère de sa fibre pied-noir durant la campagne des municipales. Peu auparavant, il avait publié un ouvrage intitulé Vive l'Algérie française! Béziers est une ville en grande difficulté: comme nous le rappelions dans une note publiée avant les élections municipales, 33% de la population y vit sous le seuil de pauvreté. L'équipe élue ne change pas le vécu social. Elle se sert de signes d'identité et d'autorité: ainsi des buzz organisés autour de la crèche de Noël placée dans l’hôtel de ville, ou des provocatrices affiches quant à l'armement de la police municipale... ou de cette opération quant au 19 mars. L'absence d'impact du politique sur les réalités socio-économiques est ici clairement compensée par une offre de signes en charge de réassurer la cohésion du groupe ethno-national majoritaire.
L'usage politique de la mémoire, pointant ici du doigt les personnes originaires des mondes arabo-musulmans, poursuit la dynamique dont furent en fait victimes les harkis eux-mêmes: la mise à l'écart de groupes minoritaires au bénéfice de l'unitarisme autoritaire. Il y a là une logique, quant on songe que l'histoire d'un camp comme celui de Rivesaltes nous montre que l’ostracisme de communautés dont le sort indiffère la société permet de générer du consensus grâce à sa démonstration d'une puissance biologique régulatrice. Le lieu de l’ostracisme est un lieu «autre» qui permet la production d’un espace public «normal». L'admonestation publique des minorités a des finalités proches. Cette question-là balaye le social, réenchante la politique aux yeux d'une partie de nos compatriotes. Elle paraît réaffirmer un semblant de récit groupal et de volontarisme des autorités. C'est pourquoi, ces jours-ci, à Béziers et ailleurs, ils iront manifester contre le 19 mars. C'est pourquoi, ces jours-ci, à Béziers et ailleurs, ils iront voter Front national.
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CONFERENCE
Les images : de la grotte Chauvet à nos jours
Qu’une image représente son équivalent dans la réalité reste une question énigmatique. Le spectacle du monde médiatisé par les images, nous apparaît comme une évidence alors que nous savons que les images peuvent être trompeuses. La ressemblance entre une chose et son image spéculaire est peut-être, une vue de l’esprit, ce que Maurice Merleau Ponty dénomme "la foi perceptive".
Envisager une continuité "évolutive" depuis les peintures et gravures rupestres de la grotte Chauvet ou de Lascaux à l’extension actuelle des images virtuelles sera un essai introductif préalable à ces interrogations.
Structure de l’exposé :
-Les premières images chez l’homo sapiens
-rappel sur les sociétés primitives : les Indiens d’Amazonie
-référence au dernier de Descola - retour au Horla de Maupassant
Une rue P. Sergent à Perpignan
Pour célébrer les accords d'Evian, L. Aliot mettre les drapeaux en berne. Pour ne pas oublier l'action de l'OAS, et avant le dernier meeting de Marine à Perpignan, le maire ira faire un tour au cercle algérianiste avec Suzy Nicaise, présidente des Pieds-Noirs de droite.
Le grand événement de ce 18 mars sera bien sûr l'inauguration d'un rue P.Sergent..
La mort de Pierre Sergent L'homme de l'OAS Membre du bureau politique du Front national et ancien chef militaire de l'OAS-métropole pendant la guerre d'Algérie, Pierre Sergent est décédé, mardi 15 septembre à Paris, des suites d'une longue maladie, à l'âge de soixante-six ans. Il était conseiller régional du Languedoc-Roussillon et conseiller municipal de Perpignan (Pyrénées-Orientales).
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CONFERENCE WALTER Samedi
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19 |
MarsDe 18 h à 20:00 heures
CONFÉRENCE, CULTURELLE À BANYULS-SUR-MER
Les images : de la grotte Chauvet à nos jours
Qu’une image représente son équivalent dans la réalité reste une question énigmatique. Le spectacle du monde médiatisé par les images, nous apparaît comme une évidence alors que nous savons que les images peuvent être trompeuses. La ressemblance entre une chose et son image spéculaire est peut-être, une vue de l’esprit, ce que Maurice Merleau Ponty dénomme "la foi perceptive".
Envisager une continuité "évolutive" depuis les peintures et gravures rupestres de la grotte Chauvet ou de Lascaux à l’extension actuelle des images virtuelles sera un essai introductif préalable à ces interrogations.
Structure de l’exposé :
-Les premières images chez l’homo sapiens
-rappel sur les sociétés primitives : les Indiens d’Amazonie
-référence au dernier de Descola - retour au Horla de Maupassant,
Je pense à cette femme juive
qui dirigeait un théâtre
dans le ghetto de Vilno.
Oui, un vrai théâtre.
Prenant sur sa ration de pain de chaque jour,
elle pétrissait et modelait de petites poupées de mie.
Et tous les soirs,
cette femme affamée
animait ces apparitions nourrissantes,
faisant entrer ses acteurs de pain sur son théâtre minuscule,
devant des dizaines de spectateurs affamés
comme elle,
et comme elle, promis au massacre.
Tous les soirs, jusqu’à la fin.
Il faut garder la trace de cette femme
comme une plaie inguérissable.
Il le faut
car si nous oublions le petit théâtre de pain du ghetto de Vilno,
nous perdons le théâtre...et un bout de vie !
Guy JACQUET
(théâtre de la Rencontre - Perpignan)
Muses du Théâtre National d'Art Dramatique de Lituanie, à Vilnius
L'histoire du Théâtre national d'art dramatique de Lituanie à Vilnius commence par le récit d'une femme et ses enfants qui attendent sur le rivage, un bateau revenu du Groenland, et la complainte d'une femme de pêcheur. L'histoire de cette institution commence avec la pièce de Herman Heijermans "La Bonne Espérance" (1901). En octobre 1940, les rideaux rouges du théâtre s'ouvrent, et la toute première représentation de l'histoire du théâtre a lieu. La première pièce jouée au Théâtre portait sur l'exploitation des pêcheurs, et la chaloupe du pêcheur est, depuis ce jour, devenue son emblème. Aujourd'hui, le Théâtre National d'Art dramatique lituanien attire les foules grâce à ses invités de renommée mondiale et à ses spectacles variés, mais aussi grâce à l'architecture éblouissante de sa façade. Les Trois muses sur sa façade sont devenues non seulement le symbole de ce théâtre, mais aussi des sculptures mondialement reconnues.
Traditions théâtrales
Le Théâtre national d'art dramatique de Lituanie est situé dans le bâtiment actuel (Gediminas Avenue 4, Vilnius) depuis 1951. Auparavant, les représentations théâtrales avaient lieu dans les locaux de la rue de Basanavičius, où fut d'ailleurs jouée la pièce de Herman Heijermans "La Bonne Espérance". Pendant la Seconde Guerre mondiale, le théâtre servait de théâtre municipal de Vilnius. Après avoir été successivement appelé le Théâtre d'Art dramatique d'Etat de Vilnius, puis le Théâtre d'Art dramatique académique de Lituanie, il est connu depuis 1998 sous le nom de Théâtre dramatique national lituanien. Avant son déménagement dans les nouveaux locaux du 4 de l'avenue Gediminas, c'est là qu'avaient lieu les événements de la Société Culturelle Polonaise "Liutnia". Lorsque le théâtre a finalement été installé dans le nouveau bâtiment, la propriété a été rénovée, et le sculpteur lituanien Stanislovas Kuzma a été invité à décorer la façade de l'entrée principale (1981).
Le drame, la comédie et la tragédie : Les Trois Muses sur la façade du Théâtre national d'art dramatique représentent les principales formes de la culture théâtrale grecque : Drame (Calliope), Comédie (Thalia) et Tragédie (Melpomène). Il faut dire que, si on veut être rigoureux, dans la dernière version des trois formes dramatiques principales de la culture grecque, la Satyre a remplacé le Drame (Calliope). Cependant, l'auteur des muses du Théâtre National, Stanislovas Kuzma, a décidé de s'en tenir aux Drame, Comédie et Tragédie. Ces Trois Muses représentent un répertoire large et varié du théâtre.
"Une tragédie est une forme de drame qui excite les émotions de pitié et de peur."
La poétique d'Aristote
L'honneur perdu des Corses
La Corse (La ? Une minorité...) manifeste pour un criminel, ce grand courageux qui assassina le préfet Erignac dans le dos. Vendu par ses deux complices, il était sous haute surveillance sur le continent.
Les Corses qui cassent tout en enrôlent dans leur déambulation des collégiens et lycéens qui ne demandent que ça pour ne pas aller en classe (crédules, maniables, j'ai ou voir comment les profs les invitaient à la manif, "la fête", pour eux...le printemps, presque Mai 68...) accusent à présent l'Etat d'avoir placé volontairement Yvan le terrible avec un jidahiste particulièrement méchant... Dans les prisons on trouve rarement des anges, mais peut-être aurait-on dû protéger cet individu: on va bien donner 100 euros par mois aux détenus qui travailleront en prison...
Puis ce brave peuple corse bloque un bateau où l'Etat cynique aurait caché des CRS... Fake, complotisme... Les Corses s'enfoncent dans une revendication indépendantiste mortifère...
Le célèbre préfet Bonnet, pas "gentil-gentil" avec les Catalans, disaient qu'ils étaient comme les Corses, mais l'honneur en moins...
Désormais les Corses ont perdu l'honneur et sont devenus des Catalans !
JPB (12 mars)