Rencontres avec les épouses des prisonniers et exilés politiques catalans : à Saint-Estève, Pays catalan - Chez Ramon Faura -
Laura MASVIDAL - Blanca, épouse de Jordi TURULL
Maria Romanach -
Ce lundi matin, à 8h30, j'écoute la revue de presse de France-Inter : Claude Askolovitch parle de la rencontre d'hier dans ce "lointain -mais en France! - département des Pyrénées-Orientales"...
Aucun nom n'est cité et l'info se perd dans le flot ininterrompu de l'actualité...
Pour nous, hier, chez Ramon Faura, le géant barbu des Angelets, en compagnie d'autres anges hospitaliers, sa compagne, sa fille, sa mère et son père, ce fut un jour grave, beau et joyeux, même si l'événement est empreint de tristesse à la pensée des exilés, des prisonniers...
Les épouses (liste ci-dessous) et les conjoints nous apportent des nouvelles, nous parlent des conditions de visites, des perspectives. Elles sont heureuses de constater qu'ici, au-delà de la frontière, on pense à elles, on pense à eux, si loin, à Madrid, Bruxelles, Allemagne, Ecosse…
La journée nez sera jamais marquée par la haine ou la revendication indépendantiste. Ramon, d'ailleurs le précise dans son discours introductif : il ne s'agit ici que de défendre les prisonniers, la liberté et la démocratie en Catalogne, en Espagne et dans toute l'Europe !
Je m'entretiens d'abord avec LAURA, MASVIDAL épouse du ministre de l'Intérieur. *
Voici son témoignage : elle me dit la difficulté de communiquer avec son mari, dans la prison de Madrid. "Seuls dix appels par semaine sont autorisés, pour cinq minutes. Joaquim FORN n'a pas internet, il peut voir les télés…espagnoles et reçoit les journaux avec 5 jours de retard. Il a été mis à l'écart, dans la prison située à une heure de Madrid. Une visite est autorisée par semaine (le couple se parle à travers une vitre); une autre visite "intime "est permise une fois par mois…
Quant au moral, ça va, mais en tant que ministre de l'intérieur il redoute que la vérité soit déformée: les seules informations dont disposent les juges sont déformées; il pensait pouvoir se défendre, mais…
Il se trouve en prison "prévisionnelle", comme pour les criminels. C'est un régime d'exception !
Pour les familles, c'est compliqué de se rendre à Madrid (ou à Bruxelles) : la distance, le coût, les enfants dont il faut s'occuper… Le gouvernement va dissocier les exilés et ceux qui sont déjà emprisonnés. La justice a été très rapide pour les mettre en prison !
En effet, il s'agit d'une justice politique : ça va changer pour du pire ! Il y a une phobie de la Catalogne en Espagne: une campagne de désinformation donne une vision biaisée de notre pays. Les personnes qui veulent une justice objective sont minoritaires car les médias transforment la réalité.
Le parlement vote les lois, qui sont refusées par l'Etat espagnol : on ne peut appliquer ce qui voté à Barcelone…
Une entretien de mon mari, en janvier dernier, avec les journaux français (Le Monde, Le Figaro…) n'a pas été publié car il y a eu pression du gouvernement espagnol et de l'Ambassade d'Espagne à Paris…Le gouvernement de Madrid avance que c'est un problème économique : la dette de l'Espagne avec l'Europe, mais en réalité, c'est un problème d'orgueil national…"
J.P.Bonnel (texte et photos)
** Entretien avec Blanca, épouse de Jordi TURULL, porte-parole du gouvernement catalan, emprisonné à Madrid :
Elle téléphone chaque jour à Jordi; 10 appels de 5 minutes sont autorisés chaque semaine; elle se rend à Madrid deux fois par semaine. Les perspectives sont floues : ça change chaque semaine ! On a fait appel au tribunal constitutionnel. Jordi a été candidat pour la présidence du parlement catalan : lors du premier débat pour l'investiture, il a été mis en prison ! C'était le 23 mars dernier...
Mon mari était avocat à Barcelone. Il a été député; à présent, il vit au jour le jour; il compte sur l'action de ses avocats...
***Avec Maria ROMANACH, épouse de Lluís PUIG, ministre de la culture, exilé à Bruxelles (maria.romanyach@terrassa.cat)
Elle est psychologue, psycho-thérapeuthe à Terrassa, banlieue de Barcelona.
Elle va rencontrer son mari chaque semaine à Bruxelles; ils sont mariés depuis 40 ans; ont une fille âgée de 32 ans, mariée, travaillant dans une maison d'édition de livres pour enfants.
Maria me déclare : "La culture est le pilier de la société: sans culture, un pays ne peut pas avancer. Lluis, mon époux, est un travailleur de la culture. Pour la culture, pur tous ! Il s'est intéressé à tous les arts, musique...pendant dix ans dans le département de la culture. Il travaillait avec VESC, société de promotion de la culture populaire. de la Generalitat de Catalunya.
Sa formation est polyvalente. Il n'appartient à aucun parti politique; il faisait partie de "Ensemble pour la Catalogne". Il fut ministre pendant trois mois, puis partit en exil en Belgique. ..
Ce gouvernement espagnol est intolérant... Je n'ai pas décidé encore d'aller vivre à Bruxelles. Pour l'instant, je reste en Catalogne...On va voir...
On a créé "ACDC" :
Associacio' catalana pels drets civils.
info@adretscivils.car
www.adretscivils.cat
Toutes les familles (18) des personnes en exil ou en prison ont un but unique : les droits civiques, revendiquer les droits qu'ils nous ont enlevés ! Il y a des réunions périodiques pour une aide financière, pour les enfants, pour les voyages en Belgique, Madrid...
"L'Europe dit prendre parti pour la liberté; elle ne peut plus se taire !
"Il est important de rester optimiste !
"La constitution ? Elle peut être interprétée ! Elle l'est : les Catalans sont vus comme des terroristes, comme des partisans de la sédition !
"La France doit s'engager : ce n'est pas un problème intérieur à la Catalogne, c'est une excuse, pas la vérité !
L'Europe prend la défense de Madrid : il faut respecter la constitution espagnole... Or, ils ne peuvent pas démontrer qu'il y a eu rébellion ou sédition. Les paroles sont interprétées : il n'y a pas eu de violence !
"Le chemin à prendre est celui du dialogue, mais Madrid ne veut pas dialoguer !
(propos recueillis par JPB)
****Entretien avec Diana Riba (femme de Raül Romeva, ministre des affaires extérieures :
il a été emprisonné deux fois à Madrid, d'abord un mois en conditionnelle, puis à présent depuis deux mois à Madrid... Sont en prison La présidente du parlement de Catalogne, Carme Forcadell, depuis deux mois, ; cinq conseillers; Jordi Cuixart et Jordi Sanchez, présidents d'associations culturelles, depuis 8 mois; le vice-président Oriol Junquera, d'Esquerra republicana de Catalunya (ERC), depuis 7 mois...
L'époux dd Diana est économiste de formation, spécialiste de sociologie et des relations internationales. professeur à l'Institut de la culture et de la paix, à Barcelone (Université autonome); depuis deux ans, député européen à Bruxelles.
"Et il n'est pas nationaliste !"
Diana travaille dans le domaine de l'éducation; elle a un emploi du temps flexible, s'occupant de ses enfants, un fils de neuf ans et une fille de 12 ans.
Si on fait le bilan des exils r arrestations : 9 personnes sont en prison - 2 restent chez eux, en liberté conditionnelle - 7 en exil : 3 en Belgique, 1 en Ecosse, 1 en Allemand (Puigdemont; son épouse et ses deux filles continuent de vivre à Gérone).
jpb
(à suivre : le groupe de chanteurs LLAMP TE FRIGI - leur nouveau disque
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Rencontre entre les organisateurs et soutiens des Concerts per la Llibertat en Catalogne Nord et les membres de l'Associació Catalana de Drets Civils, composée des familles et amis des prisonniers et exilés politiques catalans.
La cérémonie commencera par la remise des 4000 euros récoltés lors du premier concert et la présentation des différentes associations et personnalités présentes.
Puis, il y aura un apéritif avec la présence de vignerons locaux qui nous feront goûter leurs vins avec un petit concert du groupe Llamp te Frigui qui vient de sortir un album en hommage aux républicains catalans et espagnols. Pour finir, les personnes présentes seront conviées à un repas composé d’une sardinada (sardines grillées), coques catalanes, conills amb cargols (lapin avec des escargots), etc.
Les personnes présentes sont :
* Laura Masvidal (femme de Joaquim Forn, ministre de l’intérieur, emprisonné à Madrid) ;
- Maria Romañach (femme de Lluís Puig, ministre de la culture, exilé à Bruxelles) ;
- Ferran Cívit (compagnon de Meritxell Serret, ministre de l'agriculture, exilée à Bruxelles)
- Oriol Ponsatí & Joana Caño (frère et belle-soeur de Clara Ponsatí, ministre de l’enseignement, exilé en Ecosse) ;
- Diana Riba (femme de Raül Romeva, ministre des affaires extérieures, emprisonné à Madrid) ;
- Josep Surroca Bassa (fils de Dolors Bassa, ministre du travail, des affaires sociales et des familles, emprisonnée à Madrid) ;
- Laura Masvidal (femme de Joaquim Forn, ministre de l’intérieur, emprisonné à Madrid) ;
- Yves Escape, adjoint de la mairie Pesillà de la Ribera ;
- Joël Mene, adjoint de la mairie de Villefranche de Conflent ;
- Jean-André Magdalou, maire d’Alenyà et son adjoint Gabriel Terrasa ;
- Arnau Porra, adjoint de la mairie du Soler ;
- Nicolas Garcia, vice-président du Conseil Départemental 66 ;
- 40 membres des Angelets de la Terra, organisateurs des Concerts per la Llibertat ;
- 10 membres des castellers des Angelets del Vallespir ;
- 2 membres du CDR Vallespir-Empordà.