Michel Pinell
Hier, la première partie de l'entretien avec le nouvel adjoint à la culture a été bien lue sur mon blog;, malgré les réactions à "l'affaire Lola" (ouf, je n'avais rien écrit sur ce fait divers créé de toutes pièces…)
Bien sûr, au-sujet de Michel Pinell, des critiques se firent jour : conception populiste de la culture, mégalomanie (il prend tous les domaines culturels à la mairie : avec la démission du directeur de la culture, il faudra un peu partager le gâteau…), autoritarisme…comment un banquier peut s'intéresser à la culture, il ne connaît que l'art contemporain…
M. Pinell aura tout loisir pour répondre; c'est surtout son action et ses réalisations qui plaideront pour lui.
Pour l'instant, il travaille avec le comité territorial d'éducation, avec la Drac (Direction régionale de l'action culturelle), rétablissant les relations entre la DRAC et le Ministère; il lance des APU (appel à projet unique) et veut que les expositions ou les événements culturels soient préparés six mois à l'avance, afin d'informer les publics, de faire participer les scolaires, d'expliquer les "installations" déroutantes ou difficiles, ce qui n'a pas été fait, jusqu'à prédent, au Centre d'Art Contemporain.
Il s'agit ainsi de bien préparer la prochaine expo du CAC sur la "valise mexicaine", autour des photos de Capa : la pédagogie ne peut qu'aider l'art et la culture ! Le 20 septembre, le vernissage de l'exposition se fera en présence de tous les écrivains qui seront primés par le Centre méditerranéen de littérature, afin d'établir des "ponts" entre tous les domaines culturels.
J'ai parlé hier du travail sur le terrain qui a commencé : poser des pierres, ouvrir des espaces dans les quartiers, à Cassanyes, en particulier, pour des actions durables, à demeure.
Autre exemple, avec les préoccupations des commerçants qui préfèrent que la culture et l'animation se déroulent en centre-ville ; pour Michel Pinell, il faut les deux : action périphérique, aux Minimes, au figuier et centrale, place Gambetta, avec "Perpignan sur scènes", offrant des spectacles gratuits, de qualité, créés par des artistes locaux.
En ce moment, la municipalité, après les soirées plus "élitistes" des Estivales, propose des actions culturelles "populaires" : les concours de fresques, de graffitis avec le street art du MOS, du FIT (à la Casa Musicale et aux Minimes) et l'expo de dessins de Berberian au Castillet.
Dans l'immédiat, Michel Pinell travaille à la réorganisation des services (les bureaux seront regroupés rue Rabelais, dans le bâtiment laissé par l'Evêché); il y a des urgences : rétablir les liens entre le FILAF et la ville; Michel a été très présent à ce festival du film et du livre d'art… Mais il tient à ce que tous, animateurs, associations, gens du spectacle vivant, agissent dans la plus grande liberté. il demande cette liberté de mouvement pour lui-même : le maire ne lui demande pas (pour l'instant) des comptes; Michel voit peu J.M.Pujol: il n'est pas de ces courtisans qui le flattent à tout moment…
La rénovation du musée H.Rigaud (pour un coûte 8 millions d'euros) : dès le 15 septembre, deux salles du rez-de-chaussée seront ouvertes au public, montrant des reproductions des oeuvres majeures du musée des Beaux-Arts et surtout une vidéo permettant de visualiser les travaux (le work en progress), le projet scientifique, architectural et les maquettes (gratuité durant la durée des travaux- à noter que le CAC sera payant, des expos plus accessibles et motivantes permettant de faire venir le public).
En outre, le budget de la culture étant consacré au spectacle vivant, il s'agit d'opérer un transfert vers les arts plastiques, la peinture et la photo. "Cependant, il faut faire des économies dans tous les domaines…On peut avoir un autre modèle économique…", suggère l'adjoint à l'action et à la médiation culturelles.
En tout cas, il tient à ce qu'un budget précis soit dévolu à la médiation, aux acteurs locaux : en témoigne l'opération "Perpignan en scènes".
Quant à L'Archipel, c'est une EPCC, il est autonome et c'est le directeur artistique, M. Reixat, qui choisit le programme et décide d'éventuelles "créations". Quant au poste de directeur administratif occupé par J.Paul Alduy -M.Pinell est vise-président), je corrige ma mauvaise source d'information : il ne touche aucun salaire !
Enfin, je fais part à Michel P. de mes préoccupations : l'image, et le slogan, de "Perpignan la Catalane" est-il toujours d'actualité ? L'idée de "catalanité" n'est-elle pas réductrice ? La ville ne doit--elle pas s'ouvre sur la Méditerranée et l'Europe..?
"Le problème de l'identité n'a pas encore été évoqué; pour l'instant, on pratique une communication culturelle avec la population (mails, affiches); J.Marc Pujol veut que Perpignan devienne une "destination"; une agence de développement est créée dans ce sens."
Je lui dis que, à mon avis, le rôle du délégué à la culture est de changer le visage de la ville et d'abord de réconcilier les citoyens avec leur ville, leur quartier (après les élections qui ont vu la poussée de l'extrémisme, en raison de l'indifférence et de l'absentéisme de la population) : Michel P. est d'accord avec cette idée de "réconciliation", d'où son action de médiation. Il veut qu'un nombre plus important de citoyens soient bien dans leur environnement urbain; il va mettre en chantier des groupes de réflexions, sur le livre, par exemple, avec des libraires, écrivains; il va être très attentif (avec l'aide de M.Saez, directeur de la médiathèque) au problème de la lecture, "qui n'est pas une pratique culturelle comme les autres"…
On souhaite beaucoup de réussite au responsable de la culture, qui nous tiendra, on l'espère, de façon régulière, de l'avancée de ses projets…