Christiania la hippie
Depuis quarante-trois ans, la communauté danoise demeure, pour les utopiste en quête d'idéal et de cité radieuse, un symbole. Celui d'un collectif issu des années 1960; en effet, le 26 septembre 1971, un groupe de hippies fonde la ville libre de Christiania, après s'être emparé de la caserne de Bâdmansstraede.
Ce n'est qu'en 1989, après une longue lutte que le parlement danois légalise l'occupation et exempte la communauté des règlements sur la protection du patrimoine et de l'environnement.
La cité libre est autogérée depuis quatre décennies par ses habitants. Ce quartier de Copenhague, situé à l'est de la capitale, est composé de quelques rues synonymes de liberté et, en particulier de consommer du haschisch.
La communauté comprend neuf cents habitants, environ, et ne se renouvelle pas beaucoup; la moitié des habitants ont entre 30 et 49 ans; malgré les 150 enfants dénombrés (1), il y a peu de jeunes et quasiment pas de personnes âgées; en outre le collectif compte une majorité d'hommes : "Sur le plan démographique, Christiania est un quartier de quadras."
Pour vivre dans cette cité, chaque adulte paie 250 euros par mois, tout compris : électricité, chauffage, impôt foncier, crèche, frais collectifs... "On peut donc vivre à Christiania sans être riche." (Hans Drachmann)
(1) enquête de 2004 - article de "Courrier international" n°705 du 6 mai 2004.
*Historique de ce long conflit : En 1969, l'armée danoise abandonne une caserne 22 hectares, à moins d'un kilomètre du Parlement, au centre de Copenhague.
Octobre 1971 : un article d'un magazine alternatif appelle à l'occupation des lieux. Les squatters se retrouvent vite près d'un millier (mais deux hommes pour une femme...)
1973 : Le gouvernement social-démocrate accepte de ne pas faire jouer son droit de propriété pendant trois ans et reconnaît à C. le statut d' "expérience sociale".
1975/76 : Résolution du Parlement exigeant l'évacuation des lieux; devant le soutien massif à la communauté, le gouvernement recule et la municipalité adopte un plan de solution progressive étalée jusqu'en septembre 1976.
1977 : rassemblement à Christiania de tous les groupes de quartiers, communautés d'action, etc, d'Europe. Le collectif demeure sur place.
1979 : Les habitants de la communautés excluent définitivement junkies et dealers d'héroïne.
1989 : Le parc est légalisé; faute de place et malgré la construction de quelques maisons individuelles, Christiania n'a pas dépassé le millier d'habitants.
2006 : L'utopie de la "ville libre" a vécu, rattrapée par la pression immobilière dans la capitale danoise. Les habitants de ce quartier ont accepté, la mort dans l'âme, un plan de rénovation.
Après deux ans et demi d’âpres négociations avec les pouvoirs publics, les Christianites n’ont pas eu d’autre alternative que d’accepter, fin mars, un plan qui ouvre la voie à la normalisation. Le gouvernement prévoirait la construction de 300 logements. Les anciennes casernes converties en appartements seraient rénovées mais les habitations en bois construites par les squatteurs sur les anciens remparts de la ville détruites.
‘Au-delà de Christiania, le gouvernement œuvre à la normalisation de tout Copenhague et de tout le Danemark. Le pays est en train de devenir extrêmement homogène, on ne supporte aucune différence
2011 : Les actions Christiania ont un large succès : en deux jours, les habitants de l'enclave, située en plein coeur de Copenhague, ont réussi à collecter plus de 250 000 euros; les donations affluent sur internet; la survie du dernier grand squat d'Europe, qui fête ses 40 ans (septembre 2011), est assurée ! Ils avaient le choix entre partir ou racheter l'enclave...
* sources et références : Libération : 14 décembre 1977 - 5 septembre 2000 - 4 juin 2002 - 22 novembre 2006 - 30 septembre 2011 -
----- Jean Iglesis : Complainte du Bourdigou
Hameau du Bourdigou en pays catalan,
Il y a bien longtemps, tu as été construit
Par des gens valeureux dont le nom est honni...
Chacun a su prouver, par l'œuvre, ses talents.
Plaisir des vacanciers, problème des puissants,
On a voulu tuer tout ce que tu étais :
Un paradis de bois, un village d'été
Mais tout ce qui fut fait se montra impuissant.
Tu fus même accusé d'être non hygiénique ;
On disait "bord d'égouts" en énonçant ton nom
Mais ceux qui y vivaient se moquaient d'un surnom
Qui n'était mérité par ce lieu édénique.
Le feu a consumé le bois de ta jeunesse.
Il a, dit-on, été créé par accident,
Illuminant le ciel d'un espoir finissant...
Mais tout fut reconstruit comme dans la Genèse.
Hameau de cabanons, on veut te transformer
En ville de béton hostile et onéreuse.
Qu'ils tuent tes aloès, cité calme et heureuse,
Ton souvenir en nous luira à tout jamais..