EXO à 100 mètres du centre du monde, Perpignan
3, avenue de Grande Bretagne. 66000 Perpignan / Tél : 04 68 34 14 35
Du 12 Octobre au 22 Décembre 2019
Marcos CARRASQUER
Jours de folie
Zulo, 2019. Huile sur papier, 120 x 160 cm.
Rosa LOY
Préservation du temple
Adoration, 2009. Caséine sur toile, 110 x 90 cm.
Marcos CARRASQUER
Peintre d’origine espagnol, né en 1959 aux Pays Bas, Marcos Carrasquer vit et travaille à Paris.
LES VANITÉS DE NOTRE TEMPS
Comme mis en boîte, personnages et objets coexistent dans une réalité, apparemment inexplicable. Tous appartiennent à la même composition, ironiquement solennelle et déclamatoire. Déclamatoire oui, car il y a une touche satirique dans ce silence chaotique où rien ne semble tenir du hasard. Si tout est rendu avec une objectivité méticuleuse, c’est surtout la négation de toute
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relation qui nous pousse à créer des connecteurs rationnels et logique. Impossible de ne pas se questionner sur un quelconque sens, sur une énigme à percer, un message à décoder. Pourquoi cette liasse de dollars ? Quel lien unit ce vieil ordinateur cassé à ce pot à cornichons ? Pour autant, est-ce que nous nous interrogeons de la sorte lorsque nous déposons négligemment un livre près d’une boîte à médicaments sur une table de nuit ? Non, évidemment. En ce sens, les peintures de Marcos Carrasquer sont des interrogations sur le caractère construit des choses. À l’image de Max Ernst, l’artiste cherche volontairement « la rencontre de deux réalités distantes sur un plan étranger à toutes deux ». Ce principe d’association irrationnelle de figures hétérogènes, où le bon sens comme la logique font défaut, est proche du « modèle intérieur » que réclame André Breton. Néanmoins, si un mystérieux jeu de correspondances et d’apparences est invariablement tangible dans l’œuvre de Marcos Carrasquer, il ne s’agit pas pour autant de surréalisme. S’émane davantage une confrontation-fusion riche en références historiques et en allégories sur fond de sarcasme. D’une toile à l’autre, des dénominateurs communs se distinguent : l’horloge, le nazi, la maladresse, la laideur, l’argent, le pansement, le téléphone portable ou le livre. Ces éléments forment un vocabulaire carrasquerien, employé pour dépeindre une humanité tyrannique, vilaine et tourmentée. Ici, l’être humain n’est que la matérialisation acerbe de ses défauts. Si Francisco de Goya portraiturait avec raillerie les ravages du temps sur deux vieillardes parées de richesses futiles, Marcos Carrasquer à son tour peint les vanités de notre époque. Les traits fatigués, aigris ou vicieux rivalisent de disgrâce comme pour mieux ridiculiser la superficialité des apparences. Cette hyper-superficialité, omniprésente, étouffe notre mal-être, nous rend stérile face à l’horreur, nous fait perdre la mémoire. Ces livres et ces horloges incarnent ainsi la dilution du lointain souvenir
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qui s’efface au fil des heures... Les réminiscences de l’extrémisme, de la corruption et des atrocités du passé n’altèrent en rien notre imperturbable tranquillité... Focalisés sur l’instantanéité de notre téléphone ou l’allure de notre physique, nous sommes ces êtres devenus uniformément beaux mais emplis de défauts innombrablement laids.
Anne-Laure Peressin
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L'armoire, 2016. Encre sur papier, 120 x 160 cm.
« Marcos Carrasquer dessine sur papier ou peint sur toile, les contours d’une humanité meurtrie sans aucune concession. Il ne s’embarrasse, d’aucune gêne, barrière, cherchant toujours dans ses dessins comme ses peintures une mise à nu de l’être humain, avec tous ses travers, ses défauts, ses torts. Né aux Pays-Bas, de parents ayant fui le franquisme, l’artiste est totalement libre. En s’interdisant la moindre censura, il n’est jamais rentré dans la norme actuelle du «moule» contemporain et a toujours imposé, par son style très reconnaissable, son graphisme, d’une précision inouïe, et, surtout, son imagination de révolte, ses propres règles. Ses œuvres ont souvent une teneur politique qui dénonce tant les horreurs militaires que la violence de la guerre. Les scènes, que l’on peut situer entre cauchemars et rêves, donnent à Marcos Carrasquer la possibilité de mêler tragique et grotesque. A travers cette micro-exploration de la cruauté humaine, de la manifestation du cauchemar, et de la violence, naît aussi l’espoir dans ce théâtre de l’humanité». Galerie Polaris pour Artshebdomedias
Kleenex, 2019. Huile sur toile, 95x127 cm.
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« Le dessin de Marcos Carrasquer est d’une efficacité diabolique, sa peinture est emmenée par une technique somptueuse. Sur des formats d’un à deux mètres de côté, ses compositions déploient des mises en scènes délirantes... mais parfaitement rigoureuses. Elles inspirent des sentiments contradictoires : on se trouve à la fois fascinés par leur exécution, et repoussé par les
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sujets généreusement sordides. C’est là qu’il faut faire un effort : derrière le dolorisme pénible du premier regard, l’ironie ravageuse se glisse. La laideur, la violence, l’absurde, tous ces gentils condiments de la condition humaine se trouvent fixés là, arrêtés par le pinceau de Carrasquer, épinglés pour être soumis à notre observation ».
Article paru dans Artension de mars 2011
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Lull,2018. Huile sur toile, 200 x 240 cm. Marcos CARRASQUER
I sleep in the kitchen with my feet in the hall, 2016. Huile sur toile, 50 x 100 cm. Marcos CARRASQUER
Marcos CARRASQUER
Rosa LOY, née à Zwickau (République Démocratique Allemande) en 1958, vit et travaille à Leipzig, Allemagne.
« C’est une expérience entièrement unique, que de suivre la peintre Rosa Loy dans ses mondes picturaux et de les explorer, pour en découvrir à notre ère, ce qui a été au cœur de l’existence féminine pendant des milliers d’années.
L’artiste a étudié à l’Académie des Beaux-Arts de Leipzig dans les années 80 et vit encore aujourd’hui dans la ville de l’Est de l’Allemagne et compte parmi ceux de la nouvelle école de Leipzig. On parle de la NLS (New Leipzig School) comme l’un des phénomènes artistiques du XXIe siècle qui a attiré l’attention du marché international de l’art, après la chute du mur.
Ses thèmes picturaux parlent du mystère féminin, nouvelle féminité, et du nouveau romantisme, qui, en rétrospective, a joué un rôle primordial dans la peinture saxonne.
1Icônes, 2014. Caséine sur toile, 85 x 51 cm
Rosa Loy convoque le courage d’intégrer féminité et beauté dans sa peinture représentative et son travail ouvre un grand spectre de possibles interprétations pour nous.
Sa quête d’une nouvelle féminité se nourrit de savoir féminin traditionnel et des mystères qu’il comporte touchant à la nature profonde de l’être humain et de la nature qui l’entoure. Ses compositions picturales foisonnantes de détails et riches de symboles, deviennent ainsi un écho de mythes anciens et de cultures tournées vers le spirituel. Les figures habitant ses paysages et ses jardins oniriques sont exclusivement des femmes, communicant entre elles ou vaquant à leurs activités dans une atmosphère d’amour et de bienveillance. Il y a ici les connotations d’un monde de contes de fées, hanté par des créatures mythiques, de trolls, et traduit en une pratique artistique fille de la poésie et de l’imagination. Pourtant, en y regardant de plus près, bien que les figures féminines, souvent représentées comme des couples de jumelles ou de sœurs, s’inscrivent dans un réseau très sensible de relations proches d’une sensibilité très féminine de la nature et de la société, son travail n’est pas sous-tendu par une pensée politique ou féministe. Dans son amour de la couleur et ses compositions, Rosa Loy
emprunte aussi à la Renaissance. Ainsi, elle aime utiliser la peinture à la caséine (une ancienne peinture à bas d’eau et issue de protéines de lait) et l’organisation de l’espace pictural caractéristiques des peintures murales de cette période ».
Karin Pernegger
Des nouvelles, 2018. Caséine sur toile, 60 x 50 cm
Rosa Loy peint à l’aide de la caséine, une ancienne peinture à base d’eau et issue de protéines de lait, Loy remplit de grandes toiles par des compositions faites de rêves mystérieux et fascinants habitées exclusivement de femmes.La caséine confère de l’intensité à ses peintures, à la fois sombres et ravissantes, abondantes en références aux contes de fées, à l’histoire allemande et à l’histoire de l’art, à l’érotisme freudien, au régime autoritaire et à la mort.
Ses peintures mettent souvent en scène deux filles –des jumelles ou des amantes- dont la relation ambiguë évoque l’érotisme. Souvent, ces femmes utilisent des outils d’horticulture. On remarque l’absence d’hommes...Les toiles intimes et surréalistes de Rosa Loy sont riches d’arbres, de fleurs et d’eau...Ces jardins semblent offrir un répit au machisme ambiant (en particulier dans l’art...)
« Les femmes sont belles, fortes, intelligentes, courageuses et sexy. Elles représentent la moitié de la population mondiale. Ce sont des mères, des amies ou des adversaires, des amantes, des filles, et des grand-mères. Il y a autant des femmes qu’il y a de raisons de les peindre. Le féminin est une énigme particulière qui a été traitée de manière quelque peu chaotique au cours du siècle dernier. Je tente de réviser cela ».
Je milite pour que la femme soit indépendante, sage et belle ; et que dans tous les aspects de la société, de la famille et du travail, hommes et femmes soient égaux en droits. Je crois qu’il peut exister un véritable partenariat entre les femmes (Yin) et les hommes (Yang) et permettre à notre société d’évoluer vers plus de justice... ».
« Quand je commence une peinture j’ai une idée très claire de la couleur, de la forme et de la composition, comme si je pouvais voir une peinture imaginaire devant moi ».
« À un moment donné, la peinture se fait seule...Je suis artisan, en ce que j’utilise mes outils pour me rapprocher le plus possible du tableau imaginé...Je suis souvent surprise par ce que mon pinceau a peint. Les rêves, les espoirs, le passé et ce qui va arriver dans l’avenir sont tous contenus dans mes œuvres ».
« Maintes et maintes fois, j’ai l’impression que la toile développe elle-même une idée et ne m’utilise que pour la peindre. Je suis toujours touchée lorsque les gens m’expliquent mes peintures en racontant leurs propres histoires ».
Rosa Loy expose beaucoup notamment en Allemagne, mais aussi aux Etats-Unis. Elle est représentée dans les principales collections de musées, notamment le musée d’Art Moderne de New York, le musée d’art contemporain de Los Angeles et la collection de la Deutsche Bank.
Publié le 14 janvier 2019 par Perceval
Chanson, 2017. Caséine sur papier, 140 x 100 cm.
INFOS PRATIQUES
Où : Centre d’Art Contemporain àcentmètresducentredumonde 3, avenue de Grande Bretagne, 66000 PERPIGNAN
Quand : du 12 octobre au 22 décembre 2019 Vernissage : Vendredi 11 octobre à partir de 18h30
Tarif normal : 5 euros
Tarif réduit : 3 euros
Gratuit pour les moins de 18 ans
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 14h à 18h
Web : www.acentmetresducentredumonde.com
Contact : contact@acmcm.fr 04 68 34 14 35
Visuels HD sur demande