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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Camus, l'engagement de l'écrivain - Conférence lundi 20 octobre, hôtel Pams, Perpignan, entrée libre : dialogue Eugène Kouchkine, Stéphane Babey

Littérature
Littérature

* L'engagement de l'écrivain :

Camus écrit : "J'aime mieux les hommes engagés que les littératures engagées. Du courage dans la vie et du talent dans les oeuvres, ce n'est déjà pas si mal." (Oeuvres complètes, La Pléiade, 2, p.1970)

L'auteur de La Peste pense que la littérature doit être libérée de l'idéologie. Militant du parti communiste algérien pendant deux ans, animateur d'une cellule, orateur, il ne fut jamais un adhérent orthodoxe; il quitta vire le parti et préféra s'engager sur le chemin libertaire. (cf. Lou Marin, textes libertaires de Camus).

- - -

Ecrivain engagé dans ses écrits, dans ses récits sur les souffrances contemporaines, Marie M-Ndiaye, le nouveau prix Goncourt * a profité de sa notoriété pour stigmatiser "la monstruosité de N. Sarkozy"; elle visait, avec ce vocable, l'action du gouvernement en ce qui concerne l'immigration. Il ne s'agit pas ici de montrer combien cette politique à l'égard des exclus, des sans-papiers, des étrangers pauvres et faibles (on accepte bien sûr les étrangers riches!) est peu humaniste.

Il s'agit de savoir si un écrivain est bien inspiré en utilisant son nom pour parler des choses publiques (la Res Publica). Un intellectuel a plus la vocation de l'engagement : Derrida, Bourdieu, B.H Lévy... Souvent, l'intellectuel est aussi un grand écrivain et Voltaire, Sartre ou Camus se sont intéressés aux problèmes politiques et sociaux de leur temps.

Je pense qu'un écrivain a le droit de tout dire et qu'un prix littéraire ne doit pas l'aliéner ou lui faire perdre un peu de sa liberté d'expression. Peut-être les "écrivains" de l'Académie française se sentent-ils un peu fonctionnaires et moins enclins à l'engagement (cependant Eric Orsenna a eu des paroles dignes et fortes); de même Sartre a-t-il peut-être refusé le Nobel car il pensait que cette distinction, paradoxalement, le bâillonnerait...)

Je pense surtout que l'écrivain s'engage dans son écriture : c'est le "langage qui l'engage". Le style doit être rupture, innovation, force qui va de l'avant.

Ainsi, il peut arriver que des écrivains conventionnels dans leur oeuvre, tels Jules Romains, A. Koestler, E. Hemingway, Orwell ou Bernanos, se soient pleinement immergés dans leur temps (lors de la guerre civile espagnole, par exemple).

A l'opposé, des écrivains conservateurs, ou réactionnaires (Proust) ou fascistes, antisémites (Céline) à l'engagement physique et social très limité, ont été des auteurs révolutionnaires en créant un style nouveau et une oeuvre unique, originale, novatrice, au XXème siècle.

L'écrivain doit d'abord écrire, et bien, si possible, et de façon puissante, submergeante. C'est ce que fait Marie M-Ndiaye et c'est déjà beaucoup. Elle peut aussi s'exprimer publiquement...tout en sachant que la parole de l'écrivain n'a jamais pu changer le monde ni remettre en cause la décision et le pouvoir des politiques...

J.P.Bonnel

* novembre 2009.

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