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Par leblogabonnel
HOUELLEBECQ, de Plateforme à Soumission
A l'heure où le romancier publie son roman Soumission (en arabe, le mot "islam" contient cette définition, entre autres), je me suis replongé dans le roman Plateforme, lu en Juin 2001 (Flammarion éditeur).
Bien sûr, il ne faut pas confondre auteur et narrateur; seul celui-ci, ou le personnage principal, est responsable des jugements formulés dans un livre. Il faut reconnaître que l'auteur aborde des aspects sociétaux, français ou mondiaux, que le politiquement correct occulte, et qu'il a du courage et souvent l'esprit Charlie… Mais un Charlie raciste, stigmatisant les Arabes et l'Islam plus que les autres religions…
Ainsi, sur le fanatisme en Afghanistan, il est écrit (page 38) qu'en survolant ce pays, "on ne distinguait qu'un noir total : les Talibans devaient être couchés et mariner dans leur crasse"… La critique du fanatisme est vulgaire et porte sur le corps plutôt que sur l'âme…
C'est pareil quand le narrateur se moque des Chinois qui "agissent absolument comme des porcs. Pour ne rien arranger, ce sont des porcs nombreux…"
Mais revenons aux musulmans : "Les Arabes (page 115)…leur crâne entouré de cette espèce de torchon de cuisine auquel on reconnaît Y. Arafat dans ses apparitions télévisées…"
Attaques ad hominem, remarques sur le corps, la coutume, ce n'est pas glorieux… Heureusement, la technique romanesque sauve le livre et arrive à vous mener jusqu'à la fin, même si, au cours de cette traversée houleuse, vous vomissez souvent…
Plus directe, cette attaque, qui pourrait conduire son auteur à être poursuivi par une fatwa à la Salman Ruschdie : "Je m'appliquerai à éprouver de la haine pour les musulmans…" (page 357).
Ou, page 260 : "J'appelle les musulmans les minables du Sahara…L'islam ne pouvait naître que dans un désert stupide, au milieu des bédouins crasseux (décidément, cette hantise de la saleté présumée de ces "barbares" !) qui n'avaient rien d'autre à faire que d'enculer leurs chameaux…"
On ne rit pas. On pense que la provocation gratuite de l'esprit Charlie ne peut qu'entraîner des réactions tragiques. Un mot ou un dessin ne peuvent pas changer de façon positive le monde, mais ils ont le pouvoir d'engendrer la guerre !
En effet, "l'art ne peut changer la vie" (page 24) et le livre de Houellebecq ne transformera pas la littérature : son style est réaliste, conformiste, seules les formules sont provocatrices, à l'instar d'un Céline, le génie en moins… A part ça, on peut sourire quand l'auteur égratigne les "mythes" (barthiens ?) des années 80 : Jack Lang, la mode du Vieux Campeur pour les sportifs bourgeois et branchés, la FNAC des bobos urbains, le guide du Routard des marginaux, des gauchistes et des profs de gôche, l'humanitaire et le tourisme sexuel "l'avenir du monde"…(page 114).
J.P.Bonnel
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