Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
** LOUIS CODET, de Perpignan à Montmartre
La ville de Perpignan ne lui rendra pas hommage ! Cette mairie a tant à faire… A défaire, surtout ! A détricoter le réseau culturel, à gommer la mémoire de la cité (Les Beaux-Arts…) De Jean-Marc Pujol, dans 4 ans, on ne saura rien, mais les gens cultivés d'ici savent maintenir le souvenir d'un écrivain de talent, né à Perpignan, et pourtant si méconnu…
Serge Bonnery, journaliste à L'Indépendant, écrivain, animateur de la Maison des mémoires (maison de Joë Bousquet) à Carcassonne, a l'idée lumineuse de raconter (*) la vie et l'oeuvre de Codet, mort à 37 ans sur le front belge, en 14, année terrible, dont on vient de fêter, avec fracas (mais pas d'obus ni de feux d'artifice pour l'ami d'Apollinien chantant le bruit et le meulière des bombes !) le centenaire…
Je reprends donc La petite chiquette, prix Rencontre 1908, décerné par J.L Curtis, M.Nadeau, R. Kanters à L. Codet, préface de Gilbert Signaux, qui dit les talents du romancier, petit-neveu de Voltaire, ami de Marie Laurencin, Louis Amade et Pierre Camo.
De son vivant, il vit peu d'oeuvres publiées : les éditeurs refusèrent son roman Louis l'indulgent…Il arrive à ces marchands de papiers de n'avoir pas de flair ni de goût ! Gallimard se rattrapa, plus tard : il avait bien dit non à Proust !! L. Codet publie donc son premier livre chez Fasquelle, La rose du jardin, en 1907. La même année, l'auteur travaille à la Chiquette, publié en avril 1908 toujours chez Fasquelle; mais Codet est, en février, en Corse…
Il reviendra peu souvent dans sa province natale, la Catalogne, et ses romans parlent peu du pays (ci-dessous, un poème); dans Louis l'Indulgent, un chapitre, "Le camp d'Argelès", page 27, décrit de façon poétique un campement militaire entre mer et montagne, qui "enchantaient l'oeil par leurs changements harmonieux".
C'est dans ses poèmes en prose, que j'ai rencontré (édition Gallimard de César Capéran, 1927) plusieurs descriptions de notre terre : Finestret "au pied des montagnes grandioses qui forment le massif du Canigou", Vinça, où le personnage a une "mapitresse, une assez jolie fille de Vinça" et le Canigou "bleu, avec sa crête immense, tous ses plis aux arêtes lumineuses et les ombres fraîches de ses forêts. Vous reconnaissez, près du village, l'entaille d'où sort la rivière où l'on prend les truites…"(pages 129 à 136),
l'évocation de sa jeunesse (p.150), et les visons rapides de Barcelone (p.195)...
L. Codet m'enchante, et la musique de sa phrase, et le lyrisme de ses sensations ! Comment oublier un auteur qui sait exprimer des formules aussi profondes, comme nul auteur actuel de cette Catalogne nordique et merdique :
"Ici les montagnes paraissent coloriées comme un châle des Indes", ou, sur les toreros : "…princes des hommes aux vêtements dorés et aux bas roses, qui font ruisseler au soleil le sang splendide des taureaux…" (p.202).
"Et ils jouent de la guitare énervante, comme chantent les grillons dans les blés." (1899).
Et pour finir, cette réflexion admirable, montrant que l'Homme, même dans les pires instants (la guerre, la misère…) a besoin de beauté, qui doit sauver le monde :
"J'ai remarqué ces jours derniers, disait Louis, combien l'instinct esthétique gouverne les hommes…" ("Le camp d'Argelès").
"La couleur est la voix des choses." (à propos de Manet).
(*) Hall du conseil général des PO 66, vendredi 6 février 2015, à 17h30 (entrée gratuite)
- - -
Louis Romain Jean-Pierre Codet © site des amis de Claude Simon
Louis Codet (1876-1914), cousin germain de la mère de Claude Simon et frère aîné de Paul Codet, son tuteur, était lui aussi romancier.
Louis Codet est né à Perpignan le 8 octobre 1876.
Peintre, élève de l’Académie Julian, il est notamment l’ami de Guillaume Apollinaire et Marie Laurencin. il publie de son vivant La Rose du jardin (1907) puis La Petite Chiquette (1908), l’histoire plus ou moins autobiographique, d’un jeune peintre montmartrois et de son amie au langage vivant et populaire. Il écrit également dans quelques revues, la Revue Blanche, les Marges, la Nouvelle Revue française.
Mobilisé, comme le père de Claude Simon, dès le début de la première guerre mondiale, il est blessé à Steenstrate (dans les Flandres belges) le 5 novembre 1914. Touché à la gorge par un éclat d’obus, il est évacué au Havre mais, mal soigné, meurt six semaines plus tard auprès de sa femme, Marguerite Diemer, épousée depuis peu..
Louis Codet a publié deux livres lorsqu'il meurt le 27 décembre 1914 au Havre à la suite d'une blessure de guerre. A 38 ans, il laissait de nombreux textes inédits, dont une nouvelle, César Capéran, que Gaston Gallimard s'empressa de publier en 1918.
biographie extrait du site : http://www.lmda.net
À 38 ans, il laisse de nombreux textes inédits, et son œuvre est en grande partie posthume : César Capéran en 1918, La Fortune de Bécot en 1921 et Louis l’indulgent en 1926. César Capéran, publié par Gaston Gallimard en 1918, vient d’être réédité par les éditions ePagine.
le port catalan
Que j'aime la douceur de la mer catalane,
Au retour des bateaux, le soir, quand les pêcheurs
Traînent sur les galets, jusqu'au pied des platanes,
Leurs barques aux beaux flancs, claires comme des fleurs.
On pèse les poissons qu'on vend sur le rivage,
Et le vieux Gaudérique en bonnet phrygien,
Fume sa pipe, assis sur un rond de cordages,
Tandis qu'un enfant nu joue avec un gros chien.
Une voile palpite encore au vent d'Espagne ;
On voit parmi les chênes-verts de la montagne
Descendre les mulets portant les raisins noirs...
Que j'aime la douceur de la mer catalane !
Nous danserons, ce soir, quelque lente sardane,
Sous la lune qui luit, pure comme un miroir.
Louis Codet, 1876-1914. Poèmes et chansons (1926).
*Œuvres
*Éditions récentes
*Sur Codet :
*auto-copinage :
*Livre à paraître (fin février 2015, début mars, pour les élections départementales) de Jean-Pierre Bonnel :
Les 365 jours de J.Marc Pujol (propositions pour Perpignan, la culture et campagne mars 2014 des Municipales) -
Souscription (10 euros chez l'auteur 06 31 69 09 32, ou chèque JPB, 9 rue St-Jean, Perpignan) Ensuite, prix public : 14 euros. (éditions "Les mots en scène" - collection "Maux en scène")
*Conférence sur Walter Benjamin de JPBonnel (lectures par Hanna Fiedrich), au théâtre de l'Etang, St-Estève, le 4 avril 2015 à 18h30, entrée libre. (diaporama, dédicace)
*Les articles les plus lus : 1.Alain Géli, un projet pour Perpignan