Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
Je n’ai nul besoin d’autre chose…
Je n’ai nul besoin d’autre chose :
Le sourire de mes amis,
L’abri trouvé, un soir de pluie,
Quelques mots d’amour mis en prose…
Je n’ai nul besoin d’autre chose.
Je n’ai nul besoin d’autre chose :
La chaise où je peux être assis,
Mon cœur que le printemps nourrit
De rêves fous, de passions roses…
Je n’ai nul besoin d’autre chose.
Je n’ai nul besoin d’autre chose :
Le soleil brillant sans souci,
La mer vibrant à l’infini,
La musique qui me repose…
Je n’ai nul besoin d’autre chose.
Je n’ai nul besoin d’autre chose :
La route aux platanes conquis,
Les rues envahies par le bruit,
Les places que le jour arrose…
Je n’ai nul besoin d’autre chose.
Je n’ai nul besoin d’autre chose :
Le ciel azur près de mon lit,
La main qui se tend aujourd’hui,
Le vent qui effeuille les roses…
Je n’ai nul besoin d’autre chose.
Je n’ai nul besoin d’autre chose :
Le souvenir de jours enfuis,
Le temps qui nous ride et meurtrit
De sa cruauté toute cause…
Je n’ai nul besoin d’autre chose.
Elne le 5 avril 2015 - Jean Iglesis
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Jean IGLESIS
Poème "Je suis passé sur cette terre..."
Je suis passé sur cette terre…
Je suis passé sur cette terre…
J’ai fait ce que je devais faire :
Tendre la main à l’homme exclu
Qui brave le froid dans la rue,
Sourire à la femme blessée,
Trahie par ses amours passées,
Parler à l’enfant qui s’est tu
Face aux mensonges entendus,
Partager des mots, un instant,
En rompant ma part de pain blanc,
Pleurer les heures disparues
Du bonheur qui ne viendra plus
Et que n’espère plus personne
Dans la douleur du glas qui sonne,
Prendre le parti du plus faible,
Proie choisie, sous le vol de l’aigle,
Regarder poindre le soleil
A l’horizon d’un ciel vermeil,
Ensanglanté par mille guerres
Ne déclinant que la misère.
Je n’ai pas été un héros,
De courage, n’en ayant trop.
J’ai fait ce que je pouvais faire.
Je suis passé sur cette terre…
Elne le 24 mars 2015
Jean Iglesis
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Dans le lit de la haine
Dans le lit de la haine,
Ne sommeillent ni les nounours,
Ni les espoirs de meilleurs jours.
Les enfants dans la nuit d’ébène,
Cernés par les croquemitaines,
Rêvent de gloires incertaines.
Bercés par le chant des sirènes,
Poings serrés et mains déjà pleines,
Ils dorment tandis que reviennent
Les vieux démons qui les ramènent
Aux horreurs de l’histoire ancienne,
Dans le lit de la haine.
Dans le lit de la haine,
Il fait si noir que dans un four.
Les comptines ont tourné court.
Les enfants sous le ciel amène,
Repus de joies un rien obscènes,
Rêvent d’une vie mise en scène
Et de conquêtes aériennes.
Ils dorment sans qu’ils se souviennent
Des libertés perdant haleine,
Des droits que l’on bafoue sans gêne,
Des leçons de l’histoire ancienne,
Dans le lit de la haine.
Dans le lit de la haine,
Les craintes ont exclu l’amour.
Le doute bat sous l’abat-jour.
Les enfants sous la lune pleine,
Croulant dessous le joug des chaînes,
Rêvent de guerres inhumaines,
Remportées sans aucune peine.
Ils dorment tandis que reviennent
Les navires sans capitaine,
Les chefs de l’armée mexicaine,
Les relents de l’histoire ancienne,
Dans le lit de la haine.
Elne le 13 février 2015
Jean Iglesis
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Poètes insurgés - Jo FALIEU 18 02 2015
Ils étaient de ceux qui hurlaient
sur les barricades
les poètes sont gens de la rue
en ces temps de révolte
en ces temps de révolution
1789 1830 1848 1870
ce siècle en a connu des secousses sociales
l'histoire parle avec la voix du peuple
qui est aussi celle des poètes
Paris insurgé
poètes insurgés
au cœur des villes
au cœur de la souffrance
de la solitude et de la soumission
venue du fond des siècles
outrages aux plus faibles
aux plus démunis
qui n'ont plus rien à perdre
que leurs chaînes
ils étaient là debout
comme une érection
au cœur de leur désir de vivre
comme un jet de salive mauve
qui hurle dans les toundras
Tu ne diras jamais assez ta révolte
ils étaient des milliers
à écrire sur les murs
des mots de haine
des mots de joie
avec ce sourire des incompris
j'avais le cœur en bandoulière
et devant
sur le qui vive des jours de nostalgie
il passait comme un air de guerre
qui ressemblait à de l'amour
ils avaient inventé l'insurrection
vagabonds de boulevards
gens de rien
capables de tout
Puis vient un jour le vent se lève
et tu te dresses un beau matin
jour de détresse ou jour de gloire
il pleure
dans les yeux de ta misère
mais ce bonnet phrygien
comme un signe hors du temps
tu pleurais
sur la lucarne de la mort
quand battait la mitraille
poète d'un "temps de rire aux assassins"
tu construisais la Commune
et Verlaine aimait Arthur
tenant les mains de Jeanne-Marie
"mains sombres que l'été tanna"
Communeux
gens de tornades et d'aventures
dans le galimatias de jours
demain il fera beau dans la grisaille
Courbet ouvrait le sexe de la femme
comme un matin du monde
une offrande à la vie
à la liberté de brusquer les tabous
" L' Insurgé son vrai nom c'est l'homme"
chantait Pottier
homme de lutte et d'espoir
homme vrai
à cheval sur ses certitudes
et ses rêves
Dans les remous d'histoire
comme une chance qui passe
le poète est debout
force de la Raison qui ennoblit les cœurs
qui donne raison à la force
quand il s'agit de briser ses chaines
et de lever la tête face aux tyrans
Mais tu chantais aussi l'amour
la grandeur d'âme
poète de la rue
tu chantais pour la femme
tu chantais pour l'enfant
pour l'émancipation de l'homme
pour l'infirmière au grand cœur
ainsi chantait Clément
comme un temps de cerises
Insurgés des temps de révolutions
ils avaient crié leurs audaces
Insurgés aussi des temps de guerre
"Ah! Que maudite soit la guerre!"
chantaient ceux de Craonne
sur le plateau des condamnés
Ils refusaient la boucherie
pour ne pas mourir
du mépris de leurs chefs
Ils s'insurgeaient
pour refuser une guerre de boue et de tranchée
un tombeau sur mesure
fusillés pour l'exemple
Joffre t' étais pas obligé
La guerre
on y a perdu l' Apollinaire
et cet éclat d'obus
son turban sur la tête
et la grippe espagnole
Des insurgés aussi
dans l'autre guerre
des déserteurs
des partisans
hommes humiliés
insurgés contre l'occupation
le régime de Vichy
les collabos
Insurgés ceux de la Résistance
échapper aux wagons plombés
aux rafles
au STO
le chant des partisans
sonne encore aujourd'hui
comme un clairon "Ami si tu tombes …."
Druon Kessel
mais aussi René Char maquisard
capitaine Alexandre
feuillets d'hypnos
chant d'amour
pour cette armée de l'ombre
une parole nue
pleine de ce qui se tait
dans le respect
et l'humilité
des hommes sans gloire
sans haine
sans pardon
poètes qui se levaient
et qui tombèrent torturés humiliés
exécutés
ou pour finir
à crever dans les camps
Max Jacob à Drancy
Benjamin Fondane à Birkenau
Desnos à Terezin
tant d'autres
poètes fusillés
Plus tard en Algérie
Tahar Djaout Jean Sénac
poésie insurgée
contre l'ordre d' Etat
qui fige la pensée
contre la misère et la corruption
Insurrection aussi du poète
contre le Verbe
dans les arcanes mêmes
de l'écriture poétique
Lautréamont
Rimbaud Mallarmé
bousculer le rituel
d'une versification figée d'un carcan
décrocher du sordide et du quotidien
laisser surgir la vraie vie
se faire voyant
"par un long et raisonné dérèglement de tous les sens"
s'ouvrir à l'éclosion de sa pensée
car "Je est un autre" qui se lève en moi
mettre au panier
l'alitération
le nombre de pieds
ouvrir le poème à sa folie
laisser venir les mots tels qu'ils sont
en ribambelle en syncope
ce souffle court qui hurle dans l'épure
les mots
dans une ritournelle
un spasme une orgie
une transe
jeter la rime aux orties
jouir de l'insulte
laisser vivre la musique du verbe
dans un défoulement
une extase un rêve
Révérence à l' Apollinaire
à Reverdy
à Jarry et Tristan Tzara
délire baroque des poètes Dada
délire méthodique des Surréalistes
Breton Aragon Crevel
Tous les autres
déchirés dans leur engagement
poétique et politique
Le poète insurgé n'a pas de frontière
hors les murs des prisons
il sait dire le rire des étoiles
écouter dans le silence des vagues
la tristesse du monde
Ils ont assassiné Garcia Lorca
le poète andalou
quand surgit la mitraille
dans les rues de Grenade
Vladimir Maïakovski
la révolte jusqu'au bout de soi
ultime désespérance
Nazim Hickmet
éternelle flamme d'amour
où bascule l'histoire
comme à Madrid
la sentinelle de la Puerta del sol
Comme à Alger
où l'on tue les poètes
qui exaltent la vie
la liberté
Tahar Djaout
Jean Sénac
deux hommes fiers sont morts
défiant la peur
dans leur quête d'espoir
Comme ceux-là
ceux de l'affiche rouge
qui criaient "la France"
en s'abattant
ils avaient choisi
la liberté ou la mort
mais c'était la mort
qui les avait rejoints
nous laissant jouir de la liberté
Poésie sans frontière
comme une fronde de l'esprit
comme un art de vivre
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Décès du prix Nobel de littérature 2011, La poésie simple et limpide de Tomas Tranströmer, décédé à l'âge de 83 ans, a été traduite en 60 langues. Mais avant son prix Nobel, il était peu connu hors des cercles des amateurs de poésie. Tomas Tranströmer, lauréat du prix Nobel de littérature 2011. REUTERS/Jessica Gow Le poète suédois Tomas Tranströmer, lauréat du prix Nobel de littérature en 2011, est décédé à l'âge de 83 ans, a annoncé vendredi à l'AFP son éditeur, la maison suédoise Bonnier. |