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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Poètes du printemps : Jo Falieu, Joan Iglesis, Tomas Tranströmer

Poètes du printemps : Jo Falieu, Joan Iglesis, Tomas Tranströmer

Je n’ai nul besoin d’autre chose…

Je n’ai nul besoin d’autre chose :

Le sourire de mes amis,

L’abri trouvé, un soir de pluie,

Quelques mots d’amour mis en prose…

Je n’ai nul besoin d’autre chose.

Je n’ai nul besoin d’autre chose :

La chaise où je peux être assis,

Mon cœur que le printemps nourrit

De rêves fous, de passions roses…

Je n’ai nul besoin d’autre chose.

Je n’ai nul besoin d’autre chose :

Le soleil brillant sans souci,

La mer vibrant à l’infini,

La musique qui me repose…

Je n’ai nul besoin d’autre chose.

Je n’ai nul besoin d’autre chose :

La route aux platanes conquis,

Les rues envahies par le bruit,

Les places que le jour arrose…

Je n’ai nul besoin d’autre chose.

Je n’ai nul besoin d’autre chose :

Le ciel azur près de mon lit,

La main qui se tend aujourd’hui,

Le vent qui effeuille les roses…

Je n’ai nul besoin d’autre chose.

Je n’ai nul besoin d’autre chose :

Le souvenir de jours enfuis,

Le temps qui nous ride et meurtrit

De sa cruauté toute cause…

Je n’ai nul besoin d’autre chose.

Elne le 5 avril 2015 - Jean Iglesis

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Jean IGLESIS

Poème "Je suis passé sur cette terre..."

Je suis passé sur cette terre…

Je suis passé sur cette terre…

J’ai fait ce que je devais faire :

Tendre la main à l’homme exclu

Qui brave le froid dans la rue,

Sourire à la femme blessée,

Trahie par ses amours passées,

Parler à l’enfant qui s’est tu

Face aux mensonges entendus,

Partager des mots, un instant,

En rompant ma part de pain blanc,

Pleurer les heures disparues

Du bonheur qui ne viendra plus

Et que n’espère plus personne

Dans la douleur du glas qui sonne,

Prendre le parti du plus faible,

Proie choisie, sous le vol de l’aigle,

Regarder poindre le soleil

A l’horizon d’un ciel vermeil,

Ensanglanté par mille guerres

Ne déclinant que la misère.

Je n’ai pas été un héros,

De courage, n’en ayant trop.

J’ai fait ce que je pouvais faire.

Je suis passé sur cette terre…

Elne le 24 mars 2015

Jean Iglesis

voir l'en-tête complet

Dans le lit de la haine

Dans le lit de la haine,

Ne sommeillent ni les nounours,

Ni les espoirs de meilleurs jours.

Les enfants dans la nuit d’ébène,

Cernés par les croquemitaines,

Rêvent de gloires incertaines.

Bercés par le chant des sirènes,

Poings serrés et mains déjà pleines,

Ils dorment tandis que reviennent

Les vieux démons qui les ramènent

Aux horreurs de l’histoire ancienne,

Dans le lit de la haine.

Dans le lit de la haine,

Il fait si noir que dans un four.

Les comptines ont tourné court.

Les enfants sous le ciel amène,

Repus de joies un rien obscènes,

Rêvent d’une vie mise en scène

Et de conquêtes aériennes.

Ils dorment sans qu’ils se souviennent

Des libertés perdant haleine,

Des droits que l’on bafoue sans gêne,

Des leçons de l’histoire ancienne,

Dans le lit de la haine.

Dans le lit de la haine,

Les craintes ont exclu l’amour.

Le doute bat sous l’abat-jour.

Les enfants sous la lune pleine,

Croulant dessous le joug des chaînes,

Rêvent de guerres inhumaines,

Remportées sans aucune peine.

Ils dorment tandis que reviennent

Les navires sans capitaine,

Les chefs de l’armée mexicaine,

Les relents de l’histoire ancienne,

Dans le lit de la haine.

Elne le 13 février 2015

Jean Iglesis

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Poètes insurgés - Jo FALIEU 18 02 2015

Ils étaient de ceux qui hurlaient

sur les barricades

les poètes sont gens de la rue

en ces temps de révolte

en ces temps de révolution

1789 1830 1848 1870

ce siècle en a connu des secousses sociales

l'histoire parle avec la voix du peuple

qui est aussi celle des poètes

Paris insurgé

poètes insurgés

au cœur des villes

au cœur de la souffrance

de la solitude et de la soumission

venue du fond des siècles

outrages aux plus faibles

aux plus démunis

qui n'ont plus rien à perdre

que leurs chaînes

ils étaient là debout

comme une érection

au cœur de leur désir de vivre

comme un jet de salive mauve

qui hurle dans les toundras

Tu ne diras jamais assez ta révolte

ils étaient des milliers

à écrire sur les murs

des mots de haine

des mots de joie

avec ce sourire des incompris

j'avais le cœur en bandoulière

et devant

sur le qui vive des jours de nostalgie

il passait comme un air de guerre

qui ressemblait à de l'amour

ils avaient inventé l'insurrection

vagabonds de boulevards

gens de rien

capables de tout

Puis vient un jour le vent se lève

et tu te dresses un beau matin

jour de détresse ou jour de gloire

il pleure

dans les yeux de ta misère

mais ce bonnet phrygien

comme un signe hors du temps

tu pleurais

sur la lucarne de la mort

quand battait la mitraille

poète d'un "temps de rire aux assassins"

tu construisais la Commune

et Verlaine aimait Arthur

tenant les mains de Jeanne-Marie

"mains sombres que l'été tanna"

Communeux

gens de tornades et d'aventures

dans le galimatias de jours

demain il fera beau dans la grisaille

Courbet ouvrait le sexe de la femme

comme un matin du monde

une offrande à la vie

à la liberté de brusquer les tabous

" L' Insurgé son vrai nom c'est l'homme"

chantait Pottier

homme de lutte et d'espoir

homme vrai

à cheval sur ses certitudes

et ses rêves

Dans les remous d'histoire

comme une chance qui passe

le poète est debout

force de la Raison qui ennoblit les cœurs

qui donne raison à la force

quand il s'agit de briser ses chaines

et de lever la tête face aux tyrans

Mais tu chantais aussi l'amour

la grandeur d'âme

poète de la rue

tu chantais pour la femme

tu chantais pour l'enfant

pour l'émancipation de l'homme

pour l'infirmière au grand cœur

ainsi chantait Clément

comme un temps de cerises

Insurgés des temps de révolutions

ils avaient crié leurs audaces

Insurgés aussi des temps de guerre

"Ah! Que maudite soit la guerre!"

chantaient ceux de Craonne

sur le plateau des condamnés

Ils refusaient la boucherie

pour ne pas mourir

du mépris de leurs chefs

Ils s'insurgeaient

pour refuser une guerre de boue et de tranchée

un tombeau sur mesure

fusillés pour l'exemple

Joffre t' étais pas obligé

La guerre

on y a perdu l' Apollinaire

et cet éclat d'obus

son turban sur la tête

et la grippe espagnole

Des insurgés aussi

dans l'autre guerre

des déserteurs

des partisans

hommes humiliés

insurgés contre l'occupation

le régime de Vichy

les collabos

Insurgés ceux de la Résistance

échapper aux wagons plombés

aux rafles

au STO

le chant des partisans

sonne encore aujourd'hui

comme un clairon "Ami si tu tombes …."

Druon Kessel

mais aussi René Char maquisard

capitaine Alexandre

feuillets d'hypnos

chant d'amour

pour cette armée de l'ombre

une parole nue

pleine de ce qui se tait

dans le respect

et l'humilité

des hommes sans gloire

sans haine

sans pardon

poètes qui se levaient

et qui tombèrent torturés humiliés

exécutés

ou pour finir

à crever dans les camps

Max Jacob à Drancy

Benjamin Fondane à Birkenau

Desnos à Terezin

tant d'autres

poètes fusillés

Plus tard en Algérie

Tahar Djaout Jean Sénac

poésie insurgée

contre l'ordre d' Etat

qui fige la pensée

contre la misère et la corruption

Insurrection aussi du poète

contre le Verbe

dans les arcanes mêmes

de l'écriture poétique

Lautréamont

Rimbaud Mallarmé

bousculer le rituel

d'une versification figée d'un carcan

décrocher du sordide et du quotidien

laisser surgir la vraie vie

se faire voyant

"par un long et raisonné dérèglement de tous les sens"

s'ouvrir à l'éclosion de sa pensée

car "Je est un autre" qui se lève en moi

mettre au panier

l'alitération

le nombre de pieds

ouvrir le poème à sa folie

laisser venir les mots tels qu'ils sont

en ribambelle en syncope

ce souffle court qui hurle dans l'épure

les mots

dans une ritournelle

un spasme une orgie

une transe

jeter la rime aux orties

jouir de l'insulte

laisser vivre la musique du verbe

dans un défoulement

une extase un rêve

Révérence à l' Apollinaire

à Reverdy

à Jarry et Tristan Tzara

délire baroque des poètes Dada

délire méthodique des Surréalistes

Breton Aragon Crevel

Tous les autres

déchirés dans leur engagement

poétique et politique

Le poète insurgé n'a pas de frontière

hors les murs des prisons

il sait dire le rire des étoiles

écouter dans le silence des vagues

la tristesse du monde

Ils ont assassiné Garcia Lorca

le poète andalou

quand surgit la mitraille

dans les rues de Grenade

Vladimir Maïakovski

la révolte jusqu'au bout de soi

ultime désespérance

Nazim Hickmet

éternelle flamme d'amour

où bascule l'histoire

comme à Madrid

la sentinelle de la Puerta del sol

Comme à Alger

où l'on tue les poètes

qui exaltent la vie

la liberté

Tahar Djaout

Jean Sénac

deux hommes fiers sont morts

défiant la peur

dans leur quête d'espoir

Comme ceux-là

ceux de l'affiche rouge

qui criaient "la France"

en s'abattant

ils avaient choisi

la liberté ou la mort

mais c'était la mort

qui les avait rejoints

nous laissant jouir de la liberté

Poésie sans frontière

comme une fronde de l'esprit

comme un art de vivre

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Décès du prix Nobel de littérature 2011, 

La poésie simple et limpide de Tomas Tranströmer, décédé à l'âge de 83 ans, a été traduite en 60 langues. Mais avant son prix Nobel, il était peu connu hors des cercles des amateurs de poésie.

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Tomas Tranströmer, lauréat du prix Nobel de littérature 2011.

REUTERS/Jessica Gow

Le poète suédois Tomas Tranströmer, lauréat du prix Nobel de littérature en 2011, est décédé à l'âge de 83 ans, a annoncé vendredi à l'AFP son éditeur, la maison suédoise Bonnier. 

 
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