Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
Par leblogabonnel
Comme l'écrit si bien son fils Germinal, Teresa REBULL vient de ranger, de façon définitive, sa guitare...
Adieu sa voix, sa guitare, sa poésie, sa gentillesse, sa conviction intacte de révolutionnaire, sa fidélité à la Catalogne…malgré les désillusions, les déceptions...
Je ne suis en aucun cas autorisé à parler d'elle, mais depuis des mois, depuis 2013, je me rendais régulièrement chez elle, à Banyuls de la Marenda, pour recueillir des souvenirs, partager un goûter, parler de la vieillesse, de l'actualité, de politique, de l'Indépendance de la Catalogne… Je publierai un jour ces textes...
Pour l'instant, quelques mots pour penser à Teresa...
La mer à Banyuls, c'est Teresa Rebull
Je vais à Banyuls et je ne vois pas la mer, la plage, les rochers...
Je vais par les escaliers, par un jour de pluie qui fait pâlir les citrons
par les rampes qui me disent qu'elles mènent à la mer.
mais je ne veux pas voir la mer !
on s'habitue à tout, à la beauté, au soleil de la Méditerranée, au bleu indélébile...
on ne se rend pas compte de sa chance, de son bonheur.
on marche, court dans l'indifférence, aveugle à ce décor, à ces jardins d'orangers, à ces senteurs de miel venues des amandiers de février.
Je vais voir Teresa qui est plus belle que la mer !!!
Malgré l'âge, malgré le poids du corps et du temps, malgré sa tristesse d'être assise, d'endurer la misère du corps, de la mort.
Mais elle me parle de vie et d'amour
elle est pleine d'enthousiasme et de beauté
l'intelligence présente, la mémoire toujours en éveil, l'élan affectif, la confiance en l'Homme mais pas aux partis, aux syndicats...
Teresa ou l'enthousiasme de la révolution permanente.
Elle me parle de son passé
Voilà le cinéma du siècle qui défile devant moi
Il sort un océan d'images et de cris de la mémoire.
Elle me bouge, me provoque : "Tu n'as pas lu ça, tu ne sais rien ! Tu es un tiède, tu navigues entre deux eaux..!"
Il ne pleut plus. Le bonheur est revenu face à la petite terrasse rouge, grâce à la peinture des mimosas, devenue soudain plus lumineuse, grâce au livre de Bénédicte, de Varian Fry ou de Walter Benjamin...
En descendant l'étroit escalier de sa maison, j'ai envie d'aller voir la mer, bien seule, décidément, aujourd'hui...
Jean-Pierre Bonnel
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