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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Le latin est une langue morte. Le grec ancien est mort. Vive le collège pour tous !

les Arts, la culture, le savoir…l'excellence pour tous !!

les Arts, la culture, le savoir…l'excellence pour tous !!

 

* Le latin est une langue morte. Le grec ancien est mort. Vive le collège pour tous !

 

 

Nos grands intellos, que j'aime bien (J.Julliard, M.Onfray, R.Debray, M.Winock), nos grands académiciens (M.Fumaroli, A. Finkielfraut, que j'estime), nos politiciens honnêtes (J.P. Chevènement, F. Bayrou) défendent les langues anciennes et prétendent que la réforme actuelle du collège "abandonnne l'excellence républicaine et choisit le nivellement par le bas"…

 

Ce ne sont pas des "pseudo-intellectuels", mais des dinosaures qui, comme moi, qui doit tant au latin, ne se rendent pas compte que la société a évolué. Ils freinent l'Histoire en marche et redoutent le big "retournement" inventé par les nouveaux fachos-racistes… Ils sous-entendent que la réforme, lancée par une heurette, malgré son joli minois, n'est qu'une machine avançant les idées islamistes,  : la réaction machiste, misogyne et teintée de racisme (après la banane de Taubira, voici l'oeuvre barbare de Najat Belkacem !)…

 

Or, la structure du collège, fondée sur la sélection jusqu'au brevet, puis jusqu'au bac, était destinée, après guerre, à former dans les écoles normales, les hussards de la République : la formation d'une élite…

 

Le "collège unique" était une imposture, la démocratie une démagogie : les filières avaient disparu en apparence, mais se reformaient, pour attirer les enfants des classes moyennes, éviter qu'ils ne partent dans le privé, avec les classes réservées aux latinistes, hellénistes, russes (je l'ai constaté au collège J. Macé de Perpignan, autrefois fréquenté par les fils à papa et les filles de bourgeois et d'intellectuels)…

 

Or, la société a changé et les aspirations des jeunes aussi : d'un côté, avec l'enseignement de masse et la poursuite des études (80% d'une classe d'âge : la présence obligatoire, le plus longtemps possible (because le manque de débouchés, de BEP, à cause du chômage) à l'école est devenue ennui, d'où la baisse du niveau, l'absence de motivation de la part des élèves, non ouverts à l'abstraction ou voulant plutôt apprendre un métier…d'où l'impression qu'éducation est devenue distraction, avec son cortège de problèmes de chahut, d'autorité, de perte des repères et des valeurs) : le collège est en crise depuis des décennies et les syndicats occultent cette situation et tous les ministres de l'éducation ont échoué…

 

En effet, pour les nouveaux jeunes, la vie n'est plus au collège, mais dans le virtuel (internet) ou les nouvelles technologies (smartphone, vidéo, tablette) : la culture juvénile des années 2000 n'et plus celle de nos vieux penseurs (génération de 1945/50) : l'orthographe n'est plus une priorité, il s'agit de communiquer vite et d'inventer des codes nouveaux, un dialogue polyactif, non plus un cours magistral ou un dialogue avec l'enseignant…

On peut le regretter, et je regrette cette "décadence" vers la consommation culturelle de masse inventée par le libéralisme marchand, qui fait fi de l'éthique et de la bonne marche de l'éducation ! 

 

La culture a changé : à la méditation grâce à un auteur, à la lecture silencieuse et personnelle, a succédé une culture fébrile, divertissante, ludique, : les jeunes savent beaucoup de choses, mais en mosaïque, sans cohérence, sans vision globale de l'Histoire, de la société, des chronologies politiques, artistiques ou littéraires… 

 

Musiques du monde, cinéma d'action, faits divers violents…les jeunes reçoivent les images agressives et guerrières du monde et les adultes, nous, les intellos septuagénaires, les politiciens irresponsables, tous nous sommes responsables de cette chute dans la vacuité de la réflexion et la "défaite de la pensée", que Finkielkraut a été un des premiers à stigmatiser ! 

 

Les profs enseignent avec leur culture et ne s'interrogent pas sur l'état de la culture des jeunes, sur leurs modes, sur leur état d'esprit, sur leurs désirs de sensations fortes, d'amour et d'amitié. Les jeunes des classes populaires (et les autres aussi, amis ils sont plus sages, plus conditionnés) rêvent à d'autres connaissances, à une ouverture au monde et comme ce qu'on leur apprend n'est pas désiré, est inadapté au présent, ils n'écoutent pas, ils oublient…

 

La réforme actuelle (mai 2015) est un tentative pour adapter le savoir au monde contemporain de la jeunesse. 

Pour s'adapter à un enseignement de masse, plus superficiel : les vraies études commenceront après le bac pas à la fac, où vont les démotivés, mais dans les classes prépas, les grandes écoles. On va, non vers "une excellence pour tous", mais vers une culture de base pour tous : l'excellence existe pour une minorité, comme toujours, et la sélection, nécessaire, opère plus tard….

 

Les profs, face à un public hétérogène et démotivé, sont pris dans un malaise compréhensible : ils ne sont plus entendus, ni reconnus ! 

 

Alors, il faut enseigner les langues vivantes, mais pour aller à l'étranger, savoir se débrouiller et non pour lire Goethe ou Shakespeare ! Il faut enseigner les langues anciennes, mais insister sur les civilisations antiques, connaître nos racines, tout en sachant qu'une partie du public est divers : immigrés de l'Est, d'Afrique, du Moyen-Orient… 

 

Tous doivent devenir Français : instaurons donc un dialogue des civilisations, au lieu de nous focaliser sur "l'identité française" et critiquer l'islam (lui-même caricaturé par les fanatiques) : apprendre le latin pour booster la gymnastique du cerveau, apprendre l'étymologie, comprendre la formation et l'évolution de notre langue nationale. Comparer les langues (régionales, étrangères, des citoyens immigrés) pour saisir le génie linguistique des nations, la syntaxe : comparaison est raison, moteur de la compréhension… Apprenons plusieurs langues en les comparant : catalan, basque, français, latin, hébreu, russe…

 

La réforme s'oppose à l'élitisme, elle est démocratique et on a détourné ses véritables intentions.

 

Elle n'est pas politique : Belkacem ne veut pas supprimer l'histoire de la Chrétienté et avancer les pions islamistes ! Rappelons-nous, à l'opposé, l'intention de J. Chirac qui, en 2005, avait demandé que l'école insiste sur les effets positifs de la colonisation en Afrique noire, au Maghreb, source de polémique avec nos élèves issus de l'immigration…

 

Ainsi, pour aller vers une "école pour tous" et un savoir minimal, pour oser un  enseignement libre développant des esprits libres, critiques, rappelons que les classes de latin et de grec (3% des élèves) sont exsangues, qu'un "enseignement pratique interdisciplinaire" est prévu pour les "langues et cultures de l'Antiquité", destiné à tous…que 500 postes de profs d'allemand (malgré la chute des effectifs dans ce domaine) sont ouverts au concours du Capes…que 2 heures par semaine en 5°, 3 heures en 4° et en 3° sont proposées pour les langues anciennes… que les les classes bilingues n'existent pas (les élèves sont dispersé dans plusieurs classes) … que l'on introduit pour tous une langue vivante 2 dès la 5°, donc un an plus tôt… 

 

Quant à l'Histoire, il ne s'agit, ni d'aller vers la "repentance", la mauvaise conscience des anciens colonisateurs ou des Blancs maîtres du monde, ni de flatter le public issu de la croyance musulmane; sans poursuivre le "roman national" qui fait la part belle aux héros, aux généraux, aux hauts-faits, il faut apprendre l'Histoire chronologique, le récit écrit par le sang et les souffrances des "anonymes", les soldats de l'an deux, les poilus de 14/18, les constructeurs de pyramides, les maçons et ingénieurs qui ont dressé nos monuments, construit notre patrimoine national… 

 

L'Histoire, ce n'est pas que Napoléon, Hitler, Staline, Vercingétorix ! La Gaule, ce n'est pas que le général De Gaulle… La France, c'est la France des inventions, des révolutions, des artistes subversifs, des poètes maudits, du peuple en marche et qui ne se résigne pas !

 

Des gages sont donnés…Les profs seront-ils sages..? La volonté du gouvernement est forte : il ne va pas, pour une fois (immobilité de Bayrou, recul permanent de Jospin…) remettre la réforme, qui n'est que réformette, aux calendes…grecques !

 

Amoureux du latin, lecteur de nos grands intellectuels du moment, je pense au nouveau peuple des élèves, bigarré, d'origines très diverses, englué dans l'univers des communications rapides du "village global". Il ne s'agit pas de se mettre au niveau des jeunes, au diapason des modes numériques, mais de s'adapter, d'évoluer, en mariant l'érudition antique aux aspirations modernes et aux langages contemporains…

 

J.P.Bonnel

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