Lieu insolite :
Le "Wagon de Dali" est enfin arrivé à Perpignan (1965/2015)…après un tour de France, après Font-Romeu...
La première phase de l'été dalinien dans les Pyrénées Orientales s'est terminée le 28 juillet, à Font-Romeu. Près de 4.000 estivants enthousiastes sont montés au site grandiose du prestigieux Grand Hôtel pour visiter le "Wagon de Dali". Ils ont pu découvrir au passage le cadre architectural classé du "paquebot des cimes", ouvert exceptionnellement aux peintres régionaux du mouvement créatif "Les Héritiers de Dali" et au grand public.
Perpignan la dalinienne va entrer dans la danse surréaliste pour entamer un mois d'août brûlant, promis à des animations délirantes. Le "Wagon de Dali", principal témoin du voyage historique de Dali dans le Roussillon, est d'ores et déjà arrivé.
Amené le 29 juillet depuis Font-Romeu sur le plateau du camion-grue de la société Padrosa de Figueras, ce fourgon hybride a été déposé dans l'après-midi sur la Place de Catalogne, face à la gare de Perpignan, située à l'autre extrémité de l'Avenue du Général de Gaulle.
Salvador Dali y est passé le 27 août 1965 avec sa muse Gala dans une calèche, ovationné par une foule euphorique de 10.000 personnes. Il faut savoir que le fabuleux fruit du passage triomphal de Dali par la principale station ferroviaire du Roussillon fut un tableau, une oeuvre monu-mentale de 406 x 295 cm, intitulée "Le Mystique de la gare de Perpignan", présentée officiellement à New York en décembre 1965. (Photo Jacques Barde, L'Indépendant 1965)
Dans ce tableau emblématique en forme de croix de Malte, le génial artiste catalan a reproduit un étrange véhicule rail-route, bardé de codes chiffrés. C'est le "Wagon de Dali", unique symbole ferroviaire de l'oeuvre de Dali. Dans le cadre de mes recherches sur les sources de l'inspiration dalinienne, j'ai retrouvé le fourgon-modèle en 1986 sur la gare de tri de Saint-Assiscle, grâce à l'aide de la Préfecture des P.O. et aux indications du propriétaire, les Transports Raymondis (dont le nom figure sur la toile). A l'époque, le véhicule, déclassé et laissé à l'abandon, était en très mauvais état et servait de refuge à un clochard.
Des projections culturelles constructives ont voulu que ce véhicule bizarre soit réhabilité et transformé - à mon initiative - en espace culturel vivant. De 1995 à 2013, le "Wagon de Dali" a circulé en Europe comme "plus petit espace surréaliste du monde", véritable antenne mobile de la gare de Perpignan. La carrière de ce fourgon surréaliste avait commencé en 1995 comme attraction touristique du "Triangle dalinien" à Rosas sur la Costa Brava (E). La tournée européenne s'est achevée en décembre 2013 par un accueil officiel au Grand Palais des Champs-Elysées. Le rayonnement de cet espace populaire est en fait un reflet magique de l'incomparable "phénomène Dali", qui continue depuis 1989.
J'ai veillé à ce que ce véhicule-modèle de 1965 soit présent en 2015 à Perpignan pour figurer au centre des célébrations à titre de témoin majeur des commémorations daliniennes. A l'heure actuelle, j'ignore le programme d'animation réservé à cet espace culturel représentatif. L'intérieur du "wagon" est décoré d'une douzaine de reproductions des principales oeuvres picturales de Dali. (*)
En plus, le fourgon est accompagné d'une magnifique réplique du tableau "Le Mystique de la Gare de Perpignan" de 1965, réalisée par Kodak-France aux dimensions originales (406 x 295 cm). Bref, cet ensemble iconographique exceptionnel a pour objectif d'ouvrir l'univers créatif de Salvador Dali au grand public des Perpignanais et aux estivants du mois d'août. 5O ans après le passage du Maître, son wagon-modèle de-viendra un incontournable "lieu de mémoire", qui attend des milliers de visiteurs en mal d'émotions surréalistes.
Roger Michel Erasmy, le 29.7.2015
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**PERPIGNAN : le « Wagon de Dali »
Le « Wagon de Dali » est stationné depuis 16h sur la place Catalogne à Perpignan. Le témoin historique du voyage triomphal de Salvador Dali de 1965 est donc maintenant en place, face à la gare de Perpignan, dont il fut depuis 1995 l’antenne mobile en Europe.
ouvert au grand public dès mardi prochain 4 août 2015
Perpignan 2015 Presse le Wagon arrivé
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- - - A LIRE :
**JEUDI 27 AOUT A PARTIR DE 16H00, dédicace Librairie Torcatis |
Rencontre avec Jean-Jacques CARRERE pour son roman UNE JOURNEE DE GALA Paru aux éditions du Rouergue.
Le 27 août 1965, Dali est venu à Céret, délicieuse cité du pays catalan. Sous le prétexte de célébrer l'anniversaire de cette visite restée dans les annales, Jean-Jacques Carrère réunit entre l'Espagne franquiste et la France du général de Gaulle de vrais personnages et des organisations officiellement douteuses (le SAC, l'OAS) en une rocambolesque histoire d'arnaque artistique. Aussi loufoque qu'un Dali, aussi joyeux qu'une sardane, ce roman tisse une attachante galerie de portraits où se mêlent figures célèbres, héros postiches et gloires locales.
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À l'occasion du cinquantenaire de la visite de Dali et Gala, ce 27 août je ferai une signature de cet ouvrage devant la librairie Torcatis, de 16h à 17h. Jean-Jacques Carrère
(lescarrere@gmail.com)
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***** LE PÉRIPLE DE DALI DU 27 AOÛT 1965 À PERPIGNAN
(J.P.Bonnel)
La calèche de Dali à Perpignan -
Réception à sant-Vicens (photo de R.Julia- Ville de Perpignan)
Il fallait désormais rendre hommage au "Centre de monde", à ce lieu ferroviaire, noeud pictural et financier unique, par où transitaient les chefs-d'oeuvre du Génie, en partance pour l'Europe entière !
On emprunta donc un train, affrété spécialement pour l'occasion, un wagon de marchandises transformé en décor baroque, et on arriva vite à Perpignan. Auparavant, les foules pressées aux arrêts d'Elne et du Boulou, purent apercevoir le couple installé dans un fauteuil posé sur un tapis d'ocelot : ils faisaient, depuis la vitre du côté droit, ouvert pour le voyage mémorable, de grands signes aux foules frénétiques venues les voir, l'espace d'un soupir...
A quelques encablures de Perpinya, on troqua le peu poétique Diesel qui amenait l'inqualifiable cortège pour une loco diaprée : pavoisée de drapeaux catalans, elle pénétra enfin dans l'antre mythique du "Centre du Monde" ! Dali et Gala ne s'égarèrent pas dans la salle des pas perdus : une réception préméditée et solennelle les accueillit, avec les discours de bienvenue des élus et un échange rapide avec le Docteur Pagès, savant local, grand théoricien de la gravitation; les micros et caméras enregistrèrent cette phrase superbe de Dali : "La gare de Perpignan devait servir de point de rencontre à nos deux cerveaux."
Le discours hyperbolique, dans la cour de la gare, ne fut hélas, sauvegardé par aucun média social, culturel ou convivial, twitter, youtube et facebook dormant encore, en cette année mémorable, dans les limbes... Seuls, quelques photographes intrépides du quotidien L'Indépendant, purent capter des image mémorables du Maître !
La foule Hénorme, Gala et le capitaine Moore firent silence, puis le trio de l'Ampurdàn se glissèrent dans une calèche, comme à Céret, même si la sobriété, à l'exception de la baratine écarlate du conducteur ! Parmi les Perpignanais ébahis et heureux, le cortège descendit l'avenue jusqu'à la Place de Catalogne, puis se rendit au centre historique de la cité catalane : place Arago, la Loge, la rue Louis Blanc et le Castillet...
Avant d'atteindre le porche de l'ancienne porte médiévale, la calèche fit halte devant la bijouterie citée plus haut : je vis alors une jeune fille apporter une bague ornée d'une mouche (déplacée de Gérone..? ) d'or et de grenat (bien de la ville de Perpignan, ciselée par les artisans des ateliers Ducommun !). Ce bijou était destiné au doigt de Gala, qui apprécia sans doute l'objet d'art symbolique. Je vis le Maître donner un tendre baiser à la jeune fille, fière de frôler ainsi les joues mates et la moustache érectile du peintre !
La station suivante était située dans les jardins de Sant-Vicens, haut lieu des artistes et artisans roussillonnais : on parla, en ce lieu, d'apothéose ! En effet, le propriétaire, Firmin Bauby, la foule fidèle et la cour esthète firent une aubade au génie de Port-Lligat : la cobla accompagna les pas daliniens en direction du patio; là, une estrade, recouverte d'un immense tapis fleuri et dressée avait accueilli deux rouges fauteuils royaux parés de velours... Le théâtre surréaliste n'aurait été complet sans un décor composé d'objets faisant référence à l'oeuvre picturale, une cage d'osier renfermant un rossignol en céramique, un chou-fleur disproportionné et la présence de nymphes virginales et de jeunes éphèbes désirables... En outre, deux adorables filles en collants noirs apportèrent un brasero de cuivre somptueux : l'encens qui en émanait conféra alors une dimension mystique au discours unique de Dali : il s'agissait d'une interminable logorrhée, à l'accent dadaïste et catalan, tissé d'onomatopées, de vocables insolites et de borborigmes indéfinissables...
La foule émerveillé en eut pour son argent ! Les danseurs du Roussillon pouvaient alors ouvrir les bans et inviter les curieux à un vernissage roboratif ! Les jardins s'animèrent grâce aux danses traditionnelles et au masticage de dents alléchées par les tables qui regorgeaient d'anchois, de et de vins Muscat... Dali ne montrait pas la moindre émotion et couvait d'un oeil égaré la belle réception... Tout ne fut que féerique, surréaliste, métaphysique et gastronomique !
Le Maître et sa douce amie ne repartirent qu'après la cérémonie des cadeaux : parfum de grande marque, pendule en céramique et captation de l'événement -pour l'éternité- grâce aux nombreux techniciens de la télévision qui avait tenu à préparer une émission, diffusée quelques jours plus tard dans les lucarnes locales...
Ce fut, en ce mois d'août 1965, la seule apparition populaire et collective du Maître dans les hauts-lieux de la Fidelissima via de Perpinya...
**** à lire aussi : Dali à la gare de Perpignan en 1963 - Dali et la politique : idéologie ou idiologie - Chez Dali à Port-Lligat - etc...
Articles publiés par J.P.Bonnel dans
"L'Indépendant, édition Costa Brava - dans "La Semaine du Roussillon" - dans les recueils "Catalogne en peinture", "CatalognARTS" et "Peintres en Catalogne, du local à l'universel" -
© Jean-Pierre Bonnel (article déjà publié dans le blogabonnel du 9 JUILLET 2012 (lire la première partie sur Céret).