Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
Film de Bruno GARCIA, avant-première (entrée libre : projectioncollioure@gmail.com -
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Aragon : La halte de Collioure
``à Antonio Machado qui vint à Collioure dormir
…A jamais ici demeure
de qui les yeux se fermèrent
au bruit amer de la la mer
Machado qu'ailleurs l'on meure
Machado qu'ailleurs les flammes
le saccage e l'épouvante
ailleurs les camps la mort lente…
O mort la voie est ouverte.
(dans le recueil Les Poètes, Gallimard, 1960)
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Pinceaux de Collioure
* Dufy disait, en admirant l'éclat des barques catalanes : "Collioure sans voiles est une nuit sans étoiles !"
* Matisse : "Il n'y a pas en France de ciel plus bleu que celui de Collioure; je n'ai qu'à fermer les volets de ma chambre et j'ai les couleurs de la Méditerranée en moi."
* Willy Mucha : "Si mes racines ne sont pas dans la terre, elles sont dans ton ciel, Collioure."
* J.H. Lartigue : "La mer et le clocher sont toujours là, mais plus la société du bonheur de vivre modeste, plus la civilisation de la peinture, mais celle du bronzage, la société du corps consommé à petits feux de soleil dans les yeux et de crieuse musique dans ce qui pourrait servir d'oreilles… Quelques cadavres de barques, mais la scène est vide quand l'arène est jonchée d'humains en sursis."
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Reflets sur la plage
Toute la plage du port du Boramar se reflète dans les ballons minéraux que vend la fillette aux longs cheveux roux.
Quand le regard n'est plus obnubilé par ce spectacle, surgit le musée rose de l'église habillée de terres rouges.
Une autre fille, allongée à même la promenade, vend des poèmes : de modestes feuilles de cahier quadrillé sont étalées sur une vieille table en formica. Les textes parlent des thèmes éternels : le soleil, la mer, la lune et les petits oiseaux…
Dans cet espace calme survient soudain un groupe de musiciens de jazz. La musique crève l'abcès sournois de la sérénité des vacances. Chaud saxo menant le motif, cuivres ivres reprenant au vol la dernière note du sax, nette trompette, airs aigus à couper le beurre, jazz qui jazz et nous fait bondir dans le sable chaud ou dans l'eau tiède…
Les bruits sonores des instruments sont répercutés par les solides remparts du château et la longue enceinte de l'église baroque amarrée en amont du port. Les ruelles qui montent et ont, parfois, l'idée de redescendre, sont, elles aussi, investies.
Pour réintégrer la réalité, il faut retourner nos regards, épris de soleil et d'espace vagabond, vers la mer. Aux barques pesantes et colorées, se sont substitués de frêles embarcations et de luxueux bâtiments de plaisance, sans oublier la flottille un peu ridicule des planches à voile qui font prendre conscience à l'Homme de son pauvre sens de l'équilibre…
D'autres regards, c'est indéniable, préfèrent se pencher, entomologistes, les pupilles quelque peu enflées, sur la foule protéiforme des seins libres, érigés, flasques ou en apesanteur… Reflets de l'âme sur la plage
J.P.B.
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Transparence de Collioure
Avant…Quand ? Homme des vieilles écritures !
L'âge quand le bourg antique, la plate aux filets, le faubourg aux salaisons, la couronne de vignes vertigineuses et cascadantes…contenaient fort dans leurs remparts jaloux la beauté des intimités…
Le cerveau se heurtait à un tenace mystère.
Désormais, aujourd'hui, où en sommes-nous de cette mémoire des hommes..?
Qui parle ici ?
Qui ose se prononcer sur l'éternité utopique des lieux..?
On peut parler de transparence de Collioure : chaque été, je la retrouve féminine au seuil de chaque soleil.
Mais je peux écrire ce qui a changé : une maison neuve, un commerce, une cave aménagée, un mur, des murs, d'autres horizons…
Je peux constater ce qui a changé : les gestes modernes sont des simulacres, blancheurs désespérantes.
Les visiteurs ne lisent plus les signes dans les vents, les cartes à jouer, les chemins des collines.
Mon seul bonheur, mon dernier espoir : j'essaie de regarder toute la mer et je ne comprends pas tout…
JPB