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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Visa pour le droit à l'image : Daniel Berehulak, photo-journaliste & Henri L'Héritier, écrivain

Daniel Berehulak

Daniel Berehulak

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- - - Visa pour le droit à l'image

 

 

Depuis 27 ans, c'est la rentrée rituelle pour le festival photo de Perpignan : grâce à "Visa pour l'image", c'est l'occasion de beaux discours sur la misère du monde, un moment de bonne conscience, les cocktails, les repas en ville, la médiatisation du roi de la fête, la récupération politique, un effet d'annonce : depuis 10 ans, la création d'un centre mondial du photo-journalisme au couvent des Minimes...

 

Depuis 27 ans, rien n'a changé, ni le rituel indécent ni les guerres, injustices et catastrophes du monde…

 

 VISA ne sert à rien, oui aux "retombées" économiques pour cafés, restaurants, hôtels, commerces et loueurs à la sauvette… Oui, retombée médiatique : Perpignan se fait connaître en septembre, et par des crimes et disparus tout le reste de l'année...

 

Rien ne change dans le monde et Visa n'est pas une prise de conscience, ou alors éphémère, dans la société de spectacle. Le public du samedi fait le tour des expositions, se sent voyeur face à cet étalage de vies privées saccagées, voudrait agir mais ne fait rien… 

Et the show continue, et l'exhibitionnisme… et les fameuses "retombées" qui suggèrent les radio-actives de nos chères centrales ou au napalm de nos chères guerres coloniales...

 

Comment changer ? En ne faisant plus confiance (ne plus voter pour eux) aux gouvernements qui vendent des armes aux tyrans que nous, Occidentaux, anciennes nations coloniales, avons mis au pouvoir : quand ces dictateurs se font moins conciliants, on les bombarde (Khadafi..), on détruit nos propres armes (qu'ils nous ont achetées) pour mettre en selle un autres dictateur, à qui on va vendre nos nouvelles armes (rafale, etc…) et ainsi de suite… Et M. Leroy et consorts, vous pourrez montrer vos belles photos !!!

 

J.P.Bonnel

 

C'est dit mais je voulais au départ répondre à mon collège écrivain et ami : sur le droit à l'image

 

 

 

Henri Lhéritier, le 31.8.2015 (blog et facebook) - merci à lui pour publication de son point de vue (droit au texte...)

 

« VISA » SANS VISAGE :

 

Selon que l’on est puissant ou misérable notre visage, son image plutôt, n’a pas la même valeur.

Les modèles involontaires des photos exposées à travers de la ville, lors du festival « Visa, » à Perpignan, ignorant l’exploitation que l’on fait d’eux, ont peu de chance de trouver un de ces avocats tonitruants, défendeur du droit à l’image, qui se déciderait soudain à protéger leur visage, si grossièrement exposé, aux fins d’émotions spectaculaires, dans tous les lieux de la cité. Ce serait pourtant une belle cause humanitaire.
Quelle désinvolture, celle qui consiste à afficher, sans autorisation, les traits de la misère, de la peur ou du désespoir, en les captant, gratis, au bout du monde, tandis qu’à notre porte, sous peine de procès, on ne peut plus se permettre de publier la photo d’un passant anonyme, sans que la justice n’ait son mot à dire. Même la gueule du chien de telle ou telle starlette est floutée au nom du droit des animaux.
L’homme d’Occident serait-il plus fragile ? Serait-il plus respectable que l’homme du tiers monde ? Plus susceptible ? Plus timide ?
La misère a un visage, la richesse n’en a plus ou ne montre le sien qu’en le monnayant.
Avec nos photos, monsieur, nous faisons une bonne œuvre, nous plaidons, auprès de l’Occident, la cause des humains abandonnés aux quatre coins du monde, nous sensibilisons les citoyens aux malheurs qui frappent là-bas. Se donne-t-on bonne conscience avec cet argument ? D’ailleurs, ajoutera-t-on, cynique, avant leur droit à l’image, il est nécessaire de songer d’abord à les soigner et à les nourrir.
Or, on ne fait rien de cela, on les repêche en mer en pestant contre leur nombre, leur sans-gêne, et on les expose pour titiller notre voyeurisme. Ne serait-ce point un néo-colonialisme, cette utilisation artistique du malheur ?
Ne faudrait-il pas donner les mêmes droits que nous à ces damnés, des droits supplémentaires même car leur déchéance nous fait un spectacle ?
Voici un projet intéressant pour «Visa »: œuvrer à la création d’une fondation du droit des sans droits, une Sacem de la misère.

 

**

 

C'est en lisant Le Monde daté d'aujourd'hui (mardi 1er septembre 2015) que je me réconcilie un peu avec Visa et surtout que je peux rendre hommage au photographe qui est interrogé par le quotidien (page 16, culture) :

 "J'aime être proche de les sujets, passer du temps avec eux, établir une relation de confiance, et c'était compliqué."

 

…et plus loin : "Je n'ai pas essayé de faire de belles images, mais des images nécessaires."…

 

On sent là la sincérité de Daniel BEREHULAK, loin de l'ego, du show et des photos truquées, embellies… Loin de la mort revue par photoshop…


J.P.B.
 
PS. Sur le droit à l'image, j'ai oublié de citer ce passage très intéressant de l'article : "Après avoir photographié une petite patiente da,s une clinique; il a fait un voyage en voiture de neuf heures dans la brousse pou obtenir de sa mère l'autorisation de publier l'image "C'était une histoire positive, la fillette s''en est sortie." Témoignage essentiel ! Ethique du journaliste !
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