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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Rivesaltes : Valls, fous le camp ! - Témoignages : collégiens, lycéens, Michel lloubes

Camp de Rivesaltes
Camp de Rivesaltes

VALLS hors du CAMP !

*Ce vendredi 16 octobre 2015 est rouvert le camp d'internement avec l'inauguration du Mémorial.

Cet hommage a été voulu par Christian Bourquin (voir articles précédents dans le blog) et la Région a financé le projet avant que l'Etat ne s'engage. D'où la venue du premier ministre Valls aujourd'hui pour couper le ruban.

On a envie de lui dire, à ce premier ministre "nouvelle droite", à ce Catalan de pacotille : "Fous le camp de ce camp !" Il est dédié à ceux qui n'acceptent pas la violence des idéologies, des chefs, des petits chefs, des délateurs, d ceux qui traitent les salariés, victimes des violences sociales et psychologiques, de "voyous"..!!!

JPB

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*Le « OFF » de l’inauguration du mémorial de Rivesaltes Les élèves du lycée Aristide Maillol et les élèves du collège Marcel Pagnol ont mis tout leur potentiel imaginatif et créatif au service du « Journal de Rivesaltes 1941 – 1942 » de Friedel-Bohny Reiter. Ce texte et le film qu’il a inspiré à la cinéaste Jacqueline Veuve jouent un rôle fondateur dans la constitution d’une conscience locale concernant le camp d’internement de Rivesaltes.

Une équipe d’enseignants du lycée Maillol est impliquée dès 1997 dans de nombreux projets pédagogiques qui ont contribué à éveiller l’intérêt pour cette mémoire. C’est lors de ces projets que nous avons pu rencontrer avec nos élèves l’infirmière Friedel-Bohny Reiter. Ce sont les élèves de Maillol qui, en 2000, ont pu présenter à Friedel Bohny-Reiter la baraque K 12 où elle accueillait les enfants et qui n’avait pas pu être localisée lors du tournage du film (voir photo ci-dessous). Cette dynamique s'est poursuivie depuis et, cette année, à l'occasion de l'inauguration du Mémorial, les équipes pédagogiques du lycée Maillol et du collège Marcel Pagnol, ont souhaité travailler sur ce thème avec l'artiste berlinois Roman Kroke (www.Roman-Kroke.de/fr/) . C’est la qualité pédagogique exceptionnelle de cet artiste, que nous avons pu expérimenter à plusieurs reprises, qui nous a motivé à refaire appel à lui pour préparer nos élèves à cet évènement majeur pour notre région. Les élèves du lycée Aristide Maillol ont travaillé avec lui une demie journée sur le camp et trois jours dans un lieu emblématique, lié également à des chapitres de l’histoire du camp de Rivesaltes: La Coûme à Mosset. Nous sommes heureux et fiers de pouvoir vous montrer dans la ville de Rivesaltes même les œuvres créées par eux lors de ces ateliers. L’exposition sera visible aux Dômes de Rivesaltes du 16 au 30 octobre 2015.

Les équipes du lycée A. Maillol et du collège Marcel Pagnol .

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**Témoignage (extraits oubliés sur les réseaux sociaux, octobre 2015) de Michel Lloubes : merci à l'ancien journaliste de L'Indépendant !

A LA MEMOIRE DU CAMP DE RIVESALTES ET DES RIVESALTAIS Lorsque je me suis vu hier soir sur FR3, embrumé et elliptique, j’ai compris l’inutilité de ma démarche. Je connaissais pourtant bien le grand zapping de l’information, l’utilisation de l’émotion, devenue fondations murs, toit, foyer et âme même du reportage télévisuel… Le réalisateur ne m’a pas piégé du tout, et je comprends ses embarras lorsqu’il dut réduire une bonne demi-heure d’interview non pas en deux minutes trente-cinq de bonheur, comme chantait Sylvie Vartan, mais en moins d’une minute ! Bon, ce n’est pas grave, l’essentiel n’est pas là, mais dans ce qui va se jouer demain. Avec l’inauguration de ce mémorial seront mobilisées les caméras carnivores du monde entier toujours aussi réductrices et requérantes. Elles vont nous balancer toute l’histoire du camp de Rivesaltes, plus celui de Gurs, du camp des Milles, du Vernet, de Bram, de Beaune la Rolande, de Drancy, plus l’ensemble de la déportation, de la Retirada, des guerres coloniales, plus tous les Sangatte du monde, le tout concentré dans ce bref espace de ma terre natale ! Il y aurait de quoi être secoué ! Eh bien non, demain sera pour moi un jour de fête. Oui, demain, au moment où le Premier Ministre coupera le ruban tricolore, je cesserai enfin mon travail de deuil, comme l’on dit désormais. Vingt et un ans que cela dure. Depuis mes premiers pas avec Claude Delmas et Claude Vauchez et quelques autres au sein de ce collectif exclusivement formé de bénévoles et de militants, au bon sens du terme, d’enseignants passionnés, (à l’époque, c’était un pléonasme), voulant retrouver la mémoire de ce camp… Tout un travail oublié des politiques et des professionnels de la mémoire qui prirent la suite et qui ont aujourd’hui, quelles que soient leurs motivations profondes, ce qu’ils voulaient. Bien sûr, il fallait faire, garder trace, c’était d’ailleurs notre but à tous, mais je ne me reconnais pas aujourd’hui dans ce grand parallélépipède qui ose à peine sortir de terre, dans cette énorme et couteuse trace dont je me demande si elle deviendra sillon… Le camp, pour moi, a aussi fini son travail de deuil, il entre désormais dans le temps du tourisme mémoriel. Nul doute que l’été, lorsque la tramontane (ah que qualificatifs terribles lui a-t-on fait subir à cette vieille comparse), soufflera sur nos plages, tongs et marcels, afflueront. Bien sûr, fils et filles, petits-enfants, neveux et cousins, y trouveront, et à raison, l’hommage tardif qui leur est dû… Mais pour demain, que dis-je demain, aujourd’hui ! Pour toutes ces « unes » et ces directs sanglants, la réponse est-elle dans ces quatre murs, aussi magnifiques soient-ils ? Quand les clameurs se seront tues, les caméras parties, et ma vieille amie la tramontane hivernale revenue chasser les multitudes, il faudra que j’aille retrouver la fresque de Friedel. Je suppose qu’elle doit y occuper la place d’honneur, car elle a été découpée pour cela. La première fois que je l’ai vue, la fresque, c’était à la préhistoire de la découverte du camp, que nous ratissions sans plan, et avec la jeep du capitaine A., à nos trousses. J’avais enfin l’immense bonheur de toucher du doigt le témoignage, la seule preuve sur le terrain, qu’ILS n’avaient pas été totalement abandonnés. La certitude qu’il était venu d’un pays très riche et très en paix, dans une terre accablée de malheurs, des hommes et des femmes capables de solidarité et d’amour. Cette portion d’humanité souriante que Friedel Bohny Reiter voulait évoquer dans ces paysages alpestres, verdoyants, aux longs sapins sombres, chalet, fontaine et vaches tout résonnants du chant de l’alphorn. Cette espérance de paix, de vie, de bonheur, c’est tout ce que Friedel portait en elle et qu’elle offrit généreusement. Elle ne sera pas là demain et je ne crois pas qu’elle aurait aimé être de ces grands discours, qui plus est, si politiquement et mémoriellement corrects et si régionalement opportuns, autour de petits fours fourrés au rutabaga et ronds de jambes perchées sur des semelles en bois !

Bien sûr que sera bien rendue la cruelle réalité. Bien sûr que l’on s’y croira et que l’on y pleurera. Mais j’ai un doute quant à ceux qui sont partis loin, trop loin et tous ceux qui aujourd’hui arrivent, je pourrais presque dire reviennent dans un pays cette fois en paix et riche, presque très riche mais qui les accueille comme en ce temps-là. Alors, champagne, et musique, pour et avec tous ceux qui ne seront pas de la fête ! Le deuil est fini, enlevez vos brassards, vos robes et vos voiles noirs de dessus vos têtes, la vérité est là, au fonds de ce puits où la lumière ne vient que du ciel, il n’y a qu’à se baisser… A moins que de ramasser la poussière et s’en couvrir la tête, comme jadis on le faisait avec des cendres.

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