Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.
* ECRIRE LE CAMP, ses mémoires :
L'appel à écriture est lancé par la plasticienne Anne-Laure Boyer : il s'adresse à tous, internés ou descendants, élèves ou professeurs, parents, enfants...
Les camps français d'internement et de relégation ont trop longtemps été occultés. Ces Lettres de Rivesaltes seraient l'occasion pour chacun de s'approprier cette histoire lourde et complexe, afin de la porter collectivement.
Plus il y aura de lettres et plus ce projet sera riche de vos regards, de vos parcours et de vos ressentis, pour construire ensemble une mémoire collective et tournée vers le présent.
…Il s'agit de saisir ce lieu pour déclencher une réflexion collective autour des questions plus générale que posent les camps sur l'exil, le racisme, la gestion administrative des flux migratoires, l'acte de faire histoire, la fabrique de la mémoire collective et individuelle,la transmission et la non-transmission…
contact : A.L. Boyer : 06 08 12 24 91 -
lettresderivesaltes@gmail.com
http://lettresrivesaltes.com
* Le mémorial est ouvert au public à partir de mercredi 21 octobre (entrée 8 euros) - direction autoroute A9- Rivesaltes - entrer dans la zone artisanal e- très mauvais fléchage - un seul panneau visible dans la zone, juste avant le chemin qui mène au mémorial.
** Des sentiers ont été dessinés pour marcher à travers les baraquements laissés en l'état (depuis 40 ans, occultation, destruction, vol de fresques et de dessins d'internés… ) ces bâtiments ne seront pas réhabilités ("ce serait du cynisme", a déclaré l'architecte Ricciotti)…Ils disparaîtront donc avec le temps…
Outre cette polémique, il y eut la collaboration de l'Etat français (Pétain) avec les nazis… la découverte de documents (archives du camp) dans une déchetterie…l'oubli pendant des décennies… la participation faible et tardive de l'Etat, poussé par la région L/R.
Coût : 24 millions d'euros - fonctionnement : 2,7 millions d'euros par an.
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Au camp de Rivesaltes
Il s'agit d'un lecture déambulatoire d’extraits de Ana Non, roman de l’écrivain andalou Augustin Gomez-Arcos. Ilot F du camp de Rivesaltes. (*)
Ou Déambulation théâtrale, parmi les allées et les baraquements ravagés par les herbes du temps. Quelques éléments suffisent au décor, des rails, une estrade, des figurants qui vous offrent un bout de pain, un verre de vin.
Car le décor est naturel, orchestré par cette tramontane froide de l’été qui charrie des bouffées de thym en labourant les Corbières et la plaine du Roussillon : didascalies inattendues, que Christian Hernandez n’avait sans doute pas intégrées à sa mise en scène.
Vent violent venant voler ses arpèges à la guitare de Pedro Soler…Le décor, c’est le camp lui-même, ce champ de ruines, cette désolation de la mémoire, griffée par les signes de la mort et mordue par le vent de l’Histoire. Pour ces raisons, cette performance n’est pas un spectacle, ce serait indécent de la qualifier ainsi. Et les spectateurs n’en sont pas, mais des acteurs qui revivent dans leur tête, même s’ils ne les ont pas vécus, la Retirada, l’exil, l’oppression, la menace fasciste, toute une histoire de souffrance…
Dans la nuit qui tombe, dans cet espace tragique, bordé par une ligne d’éoliennes, délimité par des pins nés du hasard, les phrases du romancier suggèrent aux spectateurs debout, silencieux, sidérés, les paroles de tous ceux qui ont été retenus ici, ou y sont morts ou ont été transportés plus loin, vers les camps de la mort…
La divagation d’Ana Non, femme de 75 ans, interprétée par la voix forte et grave de Danielle Catala, semblant près de tomber à chaque pas dans sa longue route réelle menant du sud au nord de l’Espagne, retrouver son fils : trajet initiatique, aussi, conduisant à la quête de l’Autre, de vraies valeurs, mais le destin sera impitoyable.
Il fallait du courage et tout un travail d’intériorisation pour mener à bien cette pièce ambulatoire. Les résultats en furent un pathétique renforcé et une tristesse infinie. Témoins les yeux à la chaleur humide de Marianne Petit, responsable du Mémorial du camp de Rivesaltes, à qui l’on souhaite l’imagination et la force susceptibles de réitérer de telles rencontres…
JPB
(*) vendredi 27 juin 2008
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** IL RESTE DES BARBELÉS SUR LE CAMP DE RIVESALTES
Le Mémorial de Rivesaltes inauguré le 16 octobre est un progrès pour le Pays Catalan, car une longue période sombre est enfin révélée officiellement. Les «indésirables» d’hier retrouvent une partie de leur dignité. Mais le silence est assourdissant sur le coût exorbitant du site, 23 millions d’euros puisés dans les caisses publiques, en pleine crise des migrants. Les réfugiés d’hier seraient-ils plus importants que les réfugiés d’aujourd’hui ?
Convergence Démocratique de Catalogne estime qu'un devoir de connaissance s’impose pour révéler au plus grand nombre les méthodes orchestrées et camouflées par trois républiques consécutives. L’Ecole et la télévision publique se doivent d’arracher définitivement les barbelés symboliques entourant la mémoire de l’internement en Roussillon. Un petit pas est franchi, mais le drame des camps, d’Argelès à Rivesaltes, des Haras de Perpignan jusqu’au Barcarès, mérite bien plus qu’un mémorial.
Le devoir de mémoire commence par le savoir et ne saurait se résumer à un budget exorbitant.
Communiqué de presse, 19 octobre 2015.