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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Palmyre, l'irremplaçable trésor, la légende de Zénobie - Paul Veyne, Louis-François Casas

Palmyre en mai 1785, par L.F. CASAS

Palmyre en mai 1785, par L.F. CASAS

 

Il me fallait absolument lire cette petite monographie de Paul Veyne, historien, helléniste, ami de René Char, dont j'avais apprécié le livre de souvenirs. 

 

Pour Veyne et pour Palmyre, pour l'actualité, la guerre en Syrie, et pour la beauté du site - en partie détruit par Daech (1)-  et du style.

L'actualité du sujet, c'est aussi cette exposition, proposée par le musée des Beaux-Arts de Tours : 200 dessins de Cassas, témoignage précieux à propos des ruines de l'antique "perle du désert"" (2)

 

Palmyre, bien sûr, l'oasis luxuriante, image séduisante de l'exotisme oriental, sur l'ancienne route de la soie, à laquelle elle doit son luxe et sa beauté, carrefour caravanier "d'un opulent commerce entre l'Orient et l'Occiident, tenu par les tribus sémites." (Le Monde)

 

Ville araméenne colonisée par les Grecs, les Romains, qui en font une des "provinces les plus riches de l'Empire, avec la Tunisie et la Turquie d'Asie" (Veyne, page 21). Véritable cité gréco-romaine, loin de l'emprise des architectures religieuses et royales, idée neuve en Syrie.

Ville où l'on parle l'araméen, langue diplomatique et internationale,remplacé, à l'écrit, par le grec des conquérants (Veyne, p.53), puis, avec la conquête arabe,  parlé encore par les Juifs (qui abandonnent l'hébreu) et les nouveaux dominateurs. Il survivra au grec et "quand la Syrie devient chrétienne, une riche littérature dite "syriaque" traitera en araméen les plus hauts sujets philosophiques et théologiques de la pense hellénique qui, jusqu'alors, n'était confiée qu'au grec." (Veyne, p.53)

 

Devenue en 200 "colonie", c'est-à-dire cité romaine égale de Rome, ses habitants, fiers d'être Romains, gardent une double "dientité".

Le règne du roi Odainath, l'homme le plus célèbre de son temps, puis de sa veuve Zénobie, est occupé à chasser les envahisseurs, Perses et Goths, pour la défense de l'Empire romain d'Orient. Puis c'est le déclin de la Syrie et la décadence de l'unité de l'empire. La Syrienne veut devenir empereur : Zénobie conquiert l'Egypte avec une armée de Syriens, de Palmyriens et de Barbares, en 272, mais voulant tout, elle fut faite prisonnière par Aurélien…

 

Elle fut sans doute décapitée par ce peuple romain si raffiné, utilisateur de Barbares, lors du triomphe: coutume de mettre ainsi à mort le chef ennemi…

 

Elle devint une légende : Zénobie est synonyme de reine chaste, pourvu de toutes les vertus, à la fois féminines et viriles...

 

JPB

 

- - -

(1)  A Palmyre, site inscrit au patrimoine de l’Unesco en 1980, les deux principaux temples de Bêl et Baalshamin, les trois plus ­hautes tours funéraires et l’arc de triomphe ont été détruits à l’explosif, en septembre 2015, par l’organisation Etat islamique (EI) qui avait pris possession de la ville au printemps. Les dessins de Cassas donnent la mesure de ce qui n’existe plus.

(2) Le 23 mai 1785, Louis-François Cassas (1756-1827) est à Palmyre, en Syrie. Premier artiste français à parcourir ce désert du Levant, avide de dessiner les ruines qui fascinent l’Europe des Lumières. Ebloui par ce qu’il voit, il travaille sans relâche durant trente-quatre jours. Et rapporte, à Constantinople, au comte de Choiseul-Gouffier, ambassadeur de Louis XVI auprès de la Sublime Porte, qui l’emploie, un portefeuille de 200 dessins sur le motif, relevés, esquisses, ­croquis, destinés à illustrer le Voyage pittoresque de la Syrie, de la Phénicie, de la Palestine et de la Basse Egypte, que projette de ­publier le diplomate. (site du journal Le Monde, 19.1.2016)

 

Un trésor dont le Musée des beaux-arts de Tours expose les feuilles à la pierre noire d’une remarquable précision reprises à la gouache et les aquarelles réalisées à son retour à Rome, en 1787. Ce témoignage unique, à découvrir au sein de l’exposition « Voyages en Italie de Louis-François Cassas (1756-1827) » (qui évoque en réalité d’autres destinations de l’artiste), prend une résonance inattendue à la lumière de la barbarie djihadiste en marche en Syrie et en Irak visant à éradiquer toute culture antique.

 

 

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