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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Où es-tu, Valentine ? - Poèmes de Jean Iglésis - Culture et cultures, par Gildas Richard

Où es-tu, Valentine ? - Poèmes de Jean Iglésis - Culture et cultures, par Gildas Richard

Premier Café philo de l'année 2016, sur le thème de La culture et les cultures.

Débat animé par Gildas Richard et organisé par l’association culturelle Les Rendez-Vous de Saint Estève.

Le dimanche 14 février, à 18h, au Théâtre de l’Étang.

Entrée libre et gratuite.

"Appartenir à telle ou telle culture" et "avoir une plus ou moins grande culture" : l'on sent bien intuitivement que, de l'une à l'autre expression, le sens du terme "culture" n'est pas le même. En y regardant de plus près, on peut même considérer que ces sens s'opposent : tout le monde appartient nécessairement et naturellement à une certaine culture, alors qu'être cultivé paraît être le résultat d'un travail, voire d'une lutte ; dans un cas il suffit de laisser agir l'extérieur, alors que dans l'autre il faut le mettre à distance. Et s'il y a bien chaque fois une distinction entre culture et nature, c'est de façon si différente que l'usage, ici, d'un seul et même mot, risque d'entraîner bien des méprises.

Gildas Richard est professeur de philosophie à Perpignan. Il anime régulièrement des séances ciné philo au cinéma Castillet.

Ce Café Philo est parrainé par T.A.S.

Pour tous renseignements : Les Rendez-Vous de Saint Estève Mel : rdvse@rdvse.fr Tel : 06 32 47 21 14

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Prochains CEPS :

Lundi 7 mars, Histoire du royaume de Majorque par Jean Villanove.

Lundi 4 avril, L’ultime chemin de Walter Benjamin par Jean-Pierre Bonnel.

Lundi 9 mai, Les catastrophes naturelles en Méditerranée par Henri Got.

Lundi 13 juin, Les chemins de la Retirada par Serge Barba.

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Poèmes pour la Saint-Valentin

 

Jean Iglesis

 

 

Credo (je t’aime…)

 

Comme l’enfant rêvant sous le ciel étoilé

Qui laisse sur la mer s’enfuir tous les voiliers

Je t’aime

 

Comme le chêne voit les ombres une à une

Mourir sous le soleil qui rend la terre brune

Je t’aime

 

Comme le mendiant aux portes de l’église

Qui tend la main vers le destin malgré la bise

Je t’aime

 

Comme l’oiseau volant vers des climats féconds

Quitte  soudain sa voie pour d’autres horizons

Je t’aime

 

Comme le marinier découvre au cœur de l’huître

Une perle d’espoir à l’éclat blanc ou bistre

Je t’aime

 

Comme le paysan au sortir du printemps

Délaisse les moissons pour n’écouter qu’un chant

Je t’aime

 

Comme la pluie des pleurs qui brise le silence

Pour offrir au maudit une nouvelle chance

Je t’aime

 

Comme l’esclave aux bras meurtris qui prend la fuite

Laisse derrière lui une geôle détruite

Je t’aime

 

Comme le loup-garou au soir de pleine lune

Hurle passionnément sa douleur sur la dune

Je t’aime

 

Et simplement pour ne le dire qu’en deux mots

Sachant ce que j’éprouve au creux de tous mes maux

Je t’aime

                       Dans le regard des femmes

 

Le retour du roi qu'on acclame,

Sa mise en échec par la dame,

Reflets d'un verre ou d'une lame, 

Brillent dans le regard des femmes.

 

Je n'ai nul besoin de sésame

Pour entrer au cœur d'une trame.

Je vois le glaive, avant le blâme,

Poindre dans le regard des femmes.

 

Amant de quelque psychodrame

Ou simple client de Paname,

Chaque soir donne le programme

D'un film, dans le regard des femmes.

 

De wagon-lit en vague à l'âme,

Je voyage tout feu tout flamme

Et les draps sont des oriflammes,

Battant dans le regard des femmes.

 

Les espoirs vont en télégrammes,

Plaintes déposées sans réclame, 

Baisers écrits en calligrammes,

Perdus dans le regard des femmes.

 

 

 

Dans l'or de tes cheveux

 

Dans l'or de tes cheveux, j'ai vu grandir le monde,

Chaque jour éclairé par l'astre de ton cœur,

Mon amour s'étendant comme une plaine blonde

Aux épis frémissant sous ton rire moqueur.

 

Dans l'or de tes cheveux, j'ai découvert des plages,

Chaque matin baignées de soupirs et de pleurs,

Mon amour embarquant sur des rêves volages,

Promesses de marins ivres de chants menteurs.

 

Dans l'or de tes cheveux, j'ai retrouvé l'enfance,

Chaque soir oubliée à la lune naissant,

Mon amour scintillant au creux du ciel immense,

Reflétant un bonheur tracé, luminescent.

 

Dans l'or de tes cheveux, j'ai vu luire la flamme

Chaque nuit ravivée au lit de nos ébats,

Mon amour parcourant tous tes sentiers de femme,

Paysages mêlés dans l'ardeur des combats.

 

Dans l'or de tes cheveux, j'ai réécrit l'histoire,

Chaque page effeuillée au souffle de mes vœux,

Mon amour relisant les lignes d'un grimoire

Aux mots nés puis éteints dans l'or de tes cheveux...

 

 

 

Des choses de la vie

 

Me passerais-je même des milliers de fois

"Les choses de la vie" en vidéocassette, 

Je n'oublierais jamais le timbre de ta voix, 

Un jour heureux de mars, vibrant de 5 à 7.

 

Des mots, mots démodés dans cet aréopage

D'aveux et de refus, éclatants et secrets,

Et puis toi, proue aimée, brisant de ton visage

Le calme de la mer, infini de regrets.

 

De la suite des ans, peuplés d'instants volages,

Je voudrais conserver la passion et le miel

Qui fixent à jamais les banales images,

Aux anges refusant de remonter au ciel.

 

Quel amour mensonger - dût-il brûler la chair ! -

Serait assez puissant pour effacer nos rêves ?

Le cœur, dissimulé sous le masque de fer,

Bat pour toi sans faillir, ma Princesse de Clèves.

 

 

Elle... (Loulou – La garçonne)

 

Elle entrouvre les yeux, efface de son cou

Les baisers oubliés  d'un dernier rendez-vous.

Elle quitte son lit, mis sens dessus-dessous,

Et rejoint un miroir qui lui redira tout.

 

Elle éclaire ses yeux, sourit, puis fait la moue,

Gomme d'un rien de fard dix années sur ses joues,

Arrache un blanc cheveu qui luttait vent-debout

Et narguait sa beauté, mortelle malgré tout.

 

Elle voile ses yeux d'un regret à cent sous,

Feint d'aimer à jamais, toujours d'un amour fou.

Elle cherche en son cœur les serments un peu flous

De ceux qui l'ont chérie et lui ont repris tout.

 

Elle ferme les yeux, s'endort d'un sommeil doux,

Ses rêves dominant des jours mis bout-à-bout.

Elle rit aux bonheurs, façonnés à son goût,

De ceux qu'elle a perdus, lesquels ont perdu tout...

 

 

 Elle

 

Elle

A la chevelure insoumise,

Aux yeux donnant sur la tendresse,

Aux lèvres gercées par l'hiver...

 

Elle

Dont les paroles sont autant de rayons de soleil

Que les silences sont des jours de pluie...

 

Elle 

Qui sourit à ma venue

Et sanglote à mon départ...

 

Elle

Qui est à chaque jour présente à mes côtés

Pour me faire oublier les tourments de la vie...

 

 

Femme

 

Longtemps, j'ai erré sur les rives de l'ennui.

Longtemps, j'ai crié ton nom aux vents du hasard.

Je t'ai appelée dans les matins froids.

Je t'ai appelée dans les soirs fiévreux,

Femme.

 

J'ai rencontré des sirènes qui chantaient comme toi.

J'ai connu des amours qui aimaient comme toi.

J'ai contemplé des feux qui se consumaient comme toi.

J'ai cru en des mensonges qui auraient pu être les tiens,

Femme.

 

Dans ma quête sans fin, j'avais foi en ta découverte.

J'aurais tout renié pour pouvoir étreindre ta main.

Je me serais tu à jamais pour pouvoir t'entendre.

Je serais devenu aveugle pour t'avoir comme canne ou comme chien,

Femme.

 

Je t'ai donné le visage d'une de ces madones qui peuplent les églises  et qui éclairent  le cœur des manants de leur seule présence.

Je t'ai donné la voix de la mère qui chante pour apaiser l'enfant qui a peur de s'endormir.

Je t'ai donné le pas de l'étrangère qui passe dans l'indifférence et que l'on reconnaît soudain, au détour d'un éclat de rire. retrouvée, redécouverte, ressuscitée.

Je t'ai donné le parfum qu'ont au printemps les prés, bénis et rebaptisés par la rosée du matin,

Femme.

 

Au cri du mot amour,

J'ai accroché ton sourire dans mon ciel sans astre

Pour le meilleur des soirs de noces

Et pour le pire des jours sans pain,

Femme.

 

 

Je t'aime pour tes yeux...

 

Je t'aime pour tes yeux, pareils à des miroirs

Dans lesquels j'entrevois mon image docile.

Ton amour me pétrit comme on pétrit l'argile

Et me rend plus heureux, meilleur au fil des soirs.

 

Je t'aime pour tes yeux, tels deux lumières vives

Qui guident mon navire en cette obscurité

Où je confonds sans fin mensonge et vérité...

Quand tes bras suppliants ressemblent à des rives.

 

Je t'aime pour tes yeux, creusant au fond de moi

Pour extraire au grand jour l'homme que tu passionnes,

Mélancolique amant qui souffrit des automnes,

Ces automnes fiévreux où je cherchais ta voix.

 

Je t'aime pour tes yeux, impalpables délices

Que je n'échangerais pas pour d'autres trésors

Et que je sens, posés sur moi, lorsque je dors,

Rêvant à des pays emplis d'ambre et d'épices.

 

Je t'aime pour tes yeux, saphirs fins et sacrés,

Luisant de tous leurs feux au midi de ma route,

Tandis qu'un vent nouveau vient abolir le doute

D'abandonner ce port où tes yeux sont ancrés.

 

 

 

L’amour est tel ...

 

L’amour est tel un fruit dispos

Que tu veux croquer sans ambages.

Veuille ne pas en prendre ombrage

Si nous en conservons la peau.

 

L’amour est tel un feu de joie

Qui s’éteint au soir sous la cendre

Et, tandis que le corps festoie,

De mon mal je te dois défendre.

 

L’amour est tel un long repas

Qu’alimentent les mois qui passent.

J’en oublie, quand mes bras t’enlacent,

L’arrière-goût d’un seul faux pas.

 

C’est un jour noir sur l’agenda…

Ne montre pas mon coeur du doigt.

Si je suis porteur du sida,

Il n’ira jamais jusqu’à toi.

 

 

 

La captive

 

Longtemps, je vous ai vue, altière, inaccessible,

Bravant les mécréants de la plus haute tour,

Égrenant les baisers, donnés jour après jour

Aux lèvres d'un printemps qui me prenait pour cible.

 

J'étais le fier gardien dont la ronde insensible

Foulait sans s'émouvoir le trèfle de la cour.

A mon devoir soumis, je guettais alentour 

Les murmures naissant d'une armée invisible.

 

Les merles, captivés par vos chants inaudibles,

 Rivalisaient de leurs couleurs, de leurs discours,

Portant au bois secret l'éclat de vos atours,

Rais de lumière offerts aux chênes impassibles.

 

Combien d'heures, peuplées d'un silence terrible, 

Vous ai-je devinée, heureuse en contre-jour ?...

Levant malgré la loi le front vers cette tour

Où vous rêviez, victime d'un sort intangible.

Ton sourire

 

Ton sourire offre au jour qui point son équilibre.

C’est le sextant qui guide à l’horizon tous les navires.

Contre vents et marées mon cœur chavire

Devant tes yeux vainqueurs et ton sourire.

 

Ton sourire est un champ de blé dessous la brise

Ondulant au poids des épis qu’octobre grise,

Un chant profond rompant un silence électrique

Qui lézarde les murs d’oubli aux teintes brique.

 

Ton sourire éveille les désirs et les délires.

Il éclaire d’un trait tous les masques de cire,

Chassant les vieux démons et les vampires

Terrorisés au ciel de ton sourire.

 

Ton sourire ouvre les cachots aux hommes libres.

Aux lèvres des manants telle une arme qui vibre,

Il tourne en dérision reines et tristes sires,

Ridicules pantins qui dans l’orgueil se mirent.

 

Ton sourire est l’île qu’on se plait à découvrir

Entre bonheurs passés et peines à venir.

Le parfum de la mer qui gronde ou se retire

Naît et s’évanouit au gré de ton sourire.

 

Ton sourire est une musique volatile

Qui court, résonne, fuit dans les rues de la ville.

Qui l’entend ne saurait pourtant la retranscrire

Tant elle est impossible à saisir.

 

Sous la cendre des ans, sous le vent qui soupire,

Sous l’écorce des bois que l’hiver veut meurtrir,

Au-dessus des sentiers que le temps sait détruire,

Comme un astre éternel, sur moi luit ton sourire.

 

Jean Iglesis

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