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Création et information culturelle en Catalogne et... ailleurs.

Parler de grenades avec Eliane Comelade et Maria Lluis

Grenade - Ville de Grenade - Pinceaux de Maria- Toile : grenades de M.Luis - Aquarelle de M. LLUIS (photos J.Pierre Bonnel)
Grenade - Ville de Grenade - Pinceaux de Maria- Toile : grenades de M.Luis - Aquarelle de M. LLUIS (photos J.Pierre Bonnel)
Grenade - Ville de Grenade - Pinceaux de Maria- Toile : grenades de M.Luis - Aquarelle de M. LLUIS (photos J.Pierre Bonnel)
Grenade - Ville de Grenade - Pinceaux de Maria- Toile : grenades de M.Luis - Aquarelle de M. LLUIS (photos J.Pierre Bonnel)
Grenade - Ville de Grenade - Pinceaux de Maria- Toile : grenades de M.Luis - Aquarelle de M. LLUIS (photos J.Pierre Bonnel)

Grenade - Ville de Grenade - Pinceaux de Maria- Toile : grenades de M.Luis - Aquarelle de M. LLUIS (photos J.Pierre Bonnel)

De la grenade en peinture,

 chez Maria LLUIS, avec Eliane COMELADE

 

 

Je vais chercher, près du lycée Arago, qui me rappelle l'adolescence, Eliane Comelade. 

Elle vient de publier un petit livre modeste et admirable aux éditions Talaia : elle y décrit sa vie quotidienne dans le quartier Saint-Martin; de façon naturelle, d'une écriture simple et spontanée. Elle y parle de ses voisins, des commerçants, du marché écolo du mercredi; parfois, elle sait être féroce et pester contre ces lycéens impolis qui viennent manger sur les trottoirs au lieu de rester à la cantine; contre cette association trouble qui distribue de mauvais légumes; contre la municipalité qui part à vau-l'eau...mais quittons ces polémiques qui fatiguent et nous détournent de l'essentiel...

 

Eviter la distraction, le "divertissement" pascalien, comme écrivait Blaise... Pascal, tiens...c'est le prénom du fils musicien d'Eliane; aujourd'hui, je ne parlerai qu'avec l'autre, le médecin.

 

Nous avons pris rendez-vous avec Maria la plasticienne, l'ancienne céramiste de Sant-Vicens, la femme généreuse qui ne peint que des femmes, de jeunes femmes réfléchies, qui ont les yeux fermés vers l'intérieur de l'âme et du corps...

 

Je n'étais pas revenu dans son atelier depuis des années, après son départ de Montescot. Sa maison semble subir, depuis l'avenue, les embarras d'une artère menant vers les marchands du Temple de la route du Perthus. Et le bruit incessant des voitures...mais il suffit d'entrer dans l'oblong appartement qui mène à un riche jardin insoupçonné, et c'est le paradis ! 

Je me l'imagine ainsi, le paradis, dans ce décor artiste, avec des femmes riches de savoirs, d'expériences, de recherches sans cesse renouvelées...

 

Je ne donnerai pas à lire aujourd'hui, tout le compte-rendu de l'entretien : je le réserve à une publication ultérieure, pour 2017, j'espère, quand j'aurai fait le tour des personnalités catalanes qui ont vécu la moitié, ou les deux tiers, du XX° siècle…

 

Je me cantonnerai à une digression sur le thème de la grenade. Et Maria parle :

"Le rouge domine, dans mes tableaux; c'est ma latinalité; je suis latine, méditerranéenne, catalane aussi, mais je veux être plus ouverte…"

Comme une grenade..? Il y a celle que l'on ouvre pour admirer ses quatre cents grains, puis celle que l'on dégoupille pour jouer à l'apprenti terroriste…

"J'ai présenté une exposition sur ce thème à Genève…"

 Alors Eliane d'enchaîner : 

"Le rouge de Maria est un rubis. Toiles grenadines…C'était le fruit le plus utilisé au Moyen-Age: on utilisait les graines rouges dans les repas et…la littérature…"

 

La poésie arabo-musulmane… Cela me rappelle Lorca et je vais rechercher ce "madrigal" extrait du "livre de poèmes" de 1921/22:

 

"Mon baiser était une grenade

profonde et ouverte,

ta bouche une rose

de papier.

 

Au fond un champ de neige

mes mains étaient des fers

pour les enclumes

et ton corps le couchant

d'un angélus…" (Poésie/Gallimard, Poésies 1, page 85)

 

"On les égrenait au début du repas et on les mélangeait avec des grains de raison ou dans un jus aigre-doux de grenade avec du miel…On buvait les grenades pressées comme des oranges, en Israël… Elles ont la couleur du rubis, comme les toiles de Maria, ces grenades, qu'elle travaille dans de nombreuses "études" ou épures, à l'aquarelle…" 

 

Eliane me donne envie de rêver…

 

Les gens n'ont plus la patience de décortiquer les fruits ou les légumes; on achète tout prêt ou le produit congelé. On vit une époque "formidable" comme l'écrivit Reiser, une époque qui se veut "rapide"; on n'a plus le temps, sensuel, de goûter la peau ou le sperme d'un fruit…

 

Rapprochons, dans notre conversation gastronomico-littéraire, les grenades des kakis; Eliane les aime très frais, avec un peu de sucre. Moi je ne les consomme que blets, écrasés dans le champ, totalement "esclaffés"…

 

"Oui, je les mets une heure au frigo; cuits, ça se délite, ce n'est pas intéressant…" poursuit notre amie raffinée, à la longue mémoire des recettes, à la cuisine créative, à la parole souvent "volcanique", comme l'on dit du côté d'Olot…

 

 

JPBonnel

 
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